contre l'extermination par la faimpour sauver 5 millions de vies humaines
Food and Disarmament International
Groupe parlementaire radical
(Food and Disarmament International - Boulevard de l'Empereur, 3 -100 Bruxelles - Belgique * Radical Parliamentary Group, Camera dei Deputati - Rome, Italy))
-- Editorial
-- 79 Prix Nobel disent: sauvons les tout de suite
-- Du Manifeste des Prix Nobel aux votes parlementaires: les étapes d'une action pour la vie
-- Action des Radicaux en Italie contre l'extermination par faim dans le monde avant le manifeste des Prix Nobel
-- Action des Radicaux "Italien" au Parlement Europeen av le "Manifeste" des 79 Prix Nobel
-- Faire sauter les verrous de la faim
-- Une opération choc
-- Un plan d'urgence pour la survie
-- Food and Disarmament International
Editorial
Fait sans précédent, 79 Prix Nobel, de tous pays et de toutes disciplines, ont voulu s'unir pour proclamer la possibilité -- donc le devoir -- d'assurer la survie immédiate des millions de personnes aujourd'hui à l'agonie, terrassées par la faim et par la misère.
En juin 1981, ils lançaient le Manifeste des Prix Nobel contre l'holocauste par la faim. Plus qu'un appel, c'est une sommation. Une injonction à l'action immédiate qui place chacun, gouvernant ou simple citoyen, institutions et individus, autorités morales, responsables des mass media et peuples aux mains nues, devant ses responsabilités et ses possibilités d'action.
Rappelant les causes politiques et réversibles de l'extermination par la faim en cours dans le monde, ils proposent une méthode: faire de l'action pour la survie des "damnés de la terre" le moteur du développement et de la création d'un nouveau rapport Nord Sud d'intérdépendance. Faire surgir une nouvelle volonté politique qui donne priorité absolue à cette tàche. Sans délai.
Ils indiquent que c'est désormais en fonction de cette priorité que devront se faire les choix politiques: pour les électeurs quand ils votent, et pour les élus dans leurs actions parlementaires, afin que de nouvelles lois soient votées et des mesures adéquates prises. Ils appellent à l'action non violente. Ils affirment que si les medias informent, tout est possible, mais seulement dans ce cas.
Lancé simultanément dans diverses capitales, en juin 81, le Manifeste des Nobel recueille tout de suite de très nombreuses adhésions de personnalités, de parlementaires... de tous pays.
La voix des 79 Nobel, très vite, trouve un écho dans divers parlements, notamment en Belgique, au Luxembourg, en Italie et au Parlement Européen.
En reprenant à leur compte le Manifeste, tous ces parlements en ont approuvé les recommandations, et engagé les gouvernements respectifs à en mettre les objectifs au centre de leur politique en matière de relations extérieures et de développement.
De même, ces parlements déclarent vouloir donner force de loi au »droit à être libéré de la faim et appellent à conférer un effet juridique contraignant aux résultats des négociations globales NordSud.
Il nous revient de faire en sorte que les actes des responsables politiques soient en accord avec leurs paroles. C'est une question de vie ou de mort qui nous concerne tous.
Plusieurs jeûnes ont été entrepris en divers pays dans ce but, parmi lesquels celui du député au Parlement Européen Marco Pannella, celui du Père Dominicain Jean Cardonnel, ou ceux des sénateurs belges et italiens et de dizaines de citoyens d'Europe.
Deux propositions de loi d'initiative populaire ont été introduites au Parlement italien pour la survie de millions de personnes en 1982, signées par plus de 1.300 maires/bourgmestres (sur un total de huit mille que compte l'ltalie).
Une pétition est en cours en France, par laquelle des centaines de maires demandent au Président de la République les mesures nécessaires à la survie, en 1982, de millions de femmes, d'hommes, d'enfants.
A Rome, le jour de Pâques, une "Marche pour la survie de cinq millions de personnes en 1982" a rassemblé plus de cinquante mille personnes.
En Belgique, une initiative similaire s'est déroulée le 5 juin. Un grand élan de vie, pour faire vivre.
Il est possible d'amplifier tout cela, de faire savoir qu'une majorité demande avec les Nobel et avec le Parlement Européen, avec tous les parlementaires dont les paroles sont restées lettre morte, que nos gouvernements, nos Etats, nos sociétés, sauvent ces vies dès cette année, et s'engagent sur la voie de la mise en place d'un nouvel ordre mondial qui ne reproduise plus les charniers d'aujourd'hui.
C'est possible. Si chacun se fait multiplicateur, relais de cette action. Par des gestes simples, par l'écriture, la parole, les marches, I'action non violente.
Pour que vivent cinq millions de condamnés à mort.
Pour que ne restent pas inertes les demandes impératives exprimées ces temps derniers par les plus hautes autorités intellectuelles et morales, et les délibérations sans précédent de diverses institutions. Pour accorder le vécu et la parole.
Pour donner vie.
79 Prix Nobel disent: sauvons les tout de suite...
Nous soussignés, femmes et hommes de science, de lettres et de paix, différents les uns des autres par la religion, I'histoire ou la culture, qui avons été distingués parce que nous recherchons, honorons et célébrons la vérité dans la vie et la vie dans la vérité, afin que nos ceuvres soient un témoignage uneversel de dialogue, de fraternité et de commune civilisation dans la paix et le progrès, nous soussignés, donc, adressons un appel à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté, aux puissants et aux humbles, chacun d'eux avec ses propres responsabilités, pour que soient rendus à la vie des dizaines de millions d'êtres humains que la faim et le sous développement font agoniser, victimes qu'ils sont du désordre politique et économique international qui règne aujourd'hui.
Un holocauste sans précédent, dont l'horreur embrasse en une seule année toute l'horreur des massacres que nos générations ont connus dans la première moitié de ce siècle, est aujourd'hui en cours et déborde de plus en plus, à chaque instant qui passe, le périmètre de la barbarie et de la mort, dans le monde non moins que dans nos consciences.
Tous ceux qui constatent, annoncent et combattent cet holocauste son unanimes à définir comme étant avant tout politique la cause de cette tragédie.
Il faut donc une nouvelle volonté politique et une nouvelle et spécifique organisation de cette volonté, qui tendent directement et manifestement -- et cela avec une priorité absolue -- à surmonter les causes de cette tragédie et à en conjurer au plus tôt les effets.
Il faut qu'une méthode et une procédure adéquates, parmi celles déjà existantes ou imaginables, soient au plus tôt choisies ou élaborées et mises en oeuvre; il faut qu'un ensemble de projets convergents et correspondant à la pluralité des forces, des responsabilités et des consciences les rendent effectives.
Il faut que les plus grandes autorités internationales, il faut que les Etats, il faut que les peuples -- trop souvent tenus dans une totale ignorance de la pleine possibilité de réalisation d'une politique de vie et de sauvetage -- telle que la réclament aussi, angoissées, quelques unes des plus hautes autorités spirituelles de la terre, agissent, s'unissant ou unis par l'action, avec des objectifs ponctuels, précis et appropriés, pour que soit attaquée, combattue et vaincue, partout où elle sévit, cette mort qui menace, envahit et condamne désormais une grande partie de l'humanité.
Il faut se révolter contre ce faux réalisme qui incite à se résigner, comme à une fatalité, à ce qui, en réalité, ressort des responsabilités de la politique et du "désordre établi". Il faut lutter réellement pour que ce qui est possible soit réalisé et non gaspillé -- peut être pour toujours. Il faut que se convertissent en quelque chose de positif aussi bien ces modes et ces démarches d'assistance qui donnent surtout bonne conscience à bon marché et qui ne sauvent pas ceux à qui ils sont destinés, que ces cruelles et infécondes utopies qui sacrifient les hommes d'aujoud'hui au nom d'un projet d'homme et la société d'aujourd'hui au nom d'un projet de société.
Il faut que les citoyens et les responsables politiques choisissent et votent, à leurs niveaux respectifs, électoraux ou parlementaires, gouvernementaux ou internationaux, de nouvelles lois, de nouveaux budgets, de nouveaux projets et de nouvelles initiatives qui soient immédiatement mis en ceuvre pour sauver des milliards d'hommes de la malnutrition et du sous développement, et de la mort par faim de centaines de millions d'êtres, à chaque nouvelle génération .
Il faut que tous et chacun donnent valeur de loi au devoir de sauver les vivants, et de ne pas tuer et de ne pas exterminer, que ce soit même par inertie, par omission ou par indifférence.
Si les puissants de la terre sont responsables, ils ne sont pas les seuls.
Si ceux qui sont sans pouvoir et sans violence ne se résignent pas à rester passifs, si, de plus en plus nombreux, ils proclament qu'ils n'obéiront plus qu'à une seule loi, celle, fondamentale, des Droits de l'Homme et des peuples, loi qui est en premier lieu Droit et droit à la vie; si ceux qui sont sans pouvoir et sans violence s'organisent, utilisant leurs rares mais durables armes -- celle de la démocratie politique et des grandes actions non violentes "gandhiennes" -- se proposant et imposant des choix et des objectifs chaque fois limités et adéquats: si cela se produisait, il est certain, comme aujourd'hui c'est certainement possible, que notre ère ne serait plus celle de la catastrophe. Notre savoir ne peut se borner à contempler, inertes et irresponsables, I'horrible fin qui menace.
Notre savoir, qui nous dit que l'humanité tout entière est eile même, et de plus en plus, en danger de mort, ne peut être que science de l'espoir et science salvatrice, substance des choses auxquelles nous croyons tous et que nous espérons tous.
Si les moyens d'information, si les puissants de ce monde qui ont tenu à nous honorer par les témoignages de reconnaissance qui nous ont été décernés, consentent à écouter et aussi à faire écouter en cette occasion notre voix et notre oeuvre, ainsi que celle de tous ceux qui, au cours de ces semaines, sont en train d'oeuvrer dans le monde dans la même direction, si les femmes et les hommes, si les gens savent, s'ils sont informés, nous ne doutons pas que l'avenir puisse être différent de celui qui menace et semble arrêté pour tous et dans le monde entier.
Mais cela seulement dans ce cas.
Il faut sans plus tarder choisir, agir, créer et vivre pour faire vivre.
Liste des signataires
Vincente ALEIXANDRE - Nobel Prize for Literature 1977
Hannes ALFVEN - Nobel Prize for Physics 1970
AMERICAN FRIENDS SERVICE COMMITTEE - Nobel Prize for Peace 1947
Philip ANDERSON - Nobel Prize for Physics 1977
Christian ANFINSEN - Nobel Prize for Chemistry 1972
Kenneth ARROW - Nobel Prize for Economics 1972
Julius AXELROD - Nobel Prize for Medicine 1970
David BALTIMORE - Nobel Prize for Medicine 1975
Samuel BECKETT - Nobel Prize for Literature 1969
Saul BELLOW - Nobel Prize for Literature 1976
Baruj BENACERRAF - Nobel Prlze for Medicine 1980
Baruch S. BLUMBERG - Nobel Prize for Medicine 1976
Heinrich BOLL - Nobel Prize for Literature 1972
Norman Ernest BORLAUG - Nobel Prize for Peace 1970
BUREAU INTERNATIONAL DE LA PAIX - Nobel Prize for Peace 1970
Elias CANETTI - Nobel Prize for Literature 1981
Owen CHAMBERLAIN - Nobel Prize for Physics 1959
Mairead CORRIGAN - Nobel Prize for Peace 1976
Andre COURNAND - Nobel Prize for Medicine 1956
Jean DAUSSET - Nobel Prize for Medicine 1980
John Carew ECCLES - Nobel Prize for Medicine 1963
Odysseus ELYTIS - Nobel Prlze for Literature 1979
Ernst Otto FISCHER - Nobel Prize for Chemistry 1973
Paul John FLORY - Nobel Prize for Chemistry 1974
Ragnar GRANIT - Nobel Prize for Medicine 1967
Roger GUILLEMIN - Nobel Prlze for Medicine 1977
Charles HARD TOWNES - Nobel Prize for Physics 1964
Haldan Keffer HARTLINE - Nobel Prize for Medicine 1967
Odd HASSEL - Nobel Prize for Chemistry 1969
Gerhars HERZBERG - Nobel Prize for Chemistry 1971
Robert HOFSTADTER - Nobel Prize for Physics 1961
David HUBEL - Nobel Prize for Medicine 1981
Francois JACOB - Nobel Prize for Medicine 1965
Brian JOSEPHSON - Nobel Prize for Physics 1973
Alfred KASTLER - Nobel Prize for Physics 1966
Lawrence R. KLEIN - Nobel Prize for Economics 1980
Polykarp KUSCH - Nobel Prize for Physics 1955
Wassily LEONTIEF - Nobel Prize for Economics 1973
Salvador LURIA - Nobel Prize for Medicine 1969
Andre LWOFF - Nobel Prize for Medicine 1965
Sean MAC BRIDE - Nobel Prize for Peace 1974
Cweslaw MILOSZ - Nobel Prize for Literature 1980
Eugenio MONTALE - Nobel Prize for Literature 1975
Nevill MOTT - Nobel Prize for Physics 1977
Gunnar MYRDAL - Nobel Prize For Economics 1974
Daniel NATHANS - Nobel Prize for Medicine 1978
Louis NEEL - Nobel Prize for Physics 1970
Marshall NIRENBERG - Nobel Prize for Medicine 1968
Philip NOEL-BAKER - Nobel Prize for Peace 1959
Severo OCHOA - Nobel Prize for Medicine 1959
Linus PAULING - Nobel Prize for Chemistry 1954 and Nobel Prize for Peace 1962
Arno PENZIAS - Nobel Prize for Physics 1978
Adolfo PEREZ ESQUlVEL - Nobel Prize for Peace 1980
Rodney Robert PORTER - Nobel Prize for Medicine 1972
Ilya PRIGOGINE - Nobel Prize for Chemistry 1977
QUAKER PEACE AND SERVICE - Nobel Prize for Peace 1947
Isidor Isaac RABI - Nobel Prize for Physics 1944
Tadeus REICHSTEIN - Nobel Prize for Medicine 1950
Burton RICHTER - Nobel Prize for Physics 1976
Martin RYLE - Nobel Prize for Physics 1974
Anwar EL SADAT - Nobel Prize for Peace 1978
Andrei D. SAKHAROV - Nobel Prize for Peace 1975
Abdus SALAM - Nobel Prize for Physics 1979
Frederik SANGER - Nobel Prize for Chemistry 1958 and 1980
Arthur SCHAWLOW - Nobel Prize for Physics 1981
Kai SIEGBAHN - Nobel Prize for Physics 1981
Albert SZENT-GYORGYI - Nobel Prize for Medicine 1937
Hugo THEORELL - Nobel Prize for Medicine 1955
Jan TINBERGEN - Nobel Prize for Economics 1969
Nikolaas TINBERGEN - Nobel Prize for Medicine 1973
Sir Alexander TODD - Nobel Prize for Chemistry 1957
Ulf VON EULER - Nobel Prize for Medicine 1970
George WALD - Nobel Prize for Medicine 1967
Ernest WALTON - Nobel Prize for Physics 1951
James Dewey WATSON - Nobel Prize for Medicine 1962
Patrick WHITE - Nobel Prize for Literature 1973
Torsten WIESEL - Nobel Prize for Medicine 1981
Maurice WILKINS - Nobel Prize for Medicine 1962
Betty WILLIAMS - Nobel Prize for Peace 1976
Du Manifeste des Prix Nobel aux votes parlementaires: les étapes d'une action pou la vie
24 Juin: Le Manifeste contre l'extermination par la faim et pour le développement qui rassemble déja 53 lauréats du Prix Nobel est rendu public simultanément à Paris, Rome, New York, Bruxelles et Genève en présence et avec le soutien des plus hautes autorités spirituelles de toutes confessions, de parlementaires, de personnalités, de représentants de gouvernements. Des messages de soutien de plusieurs Chefs d'Etat, en particulier du Tiers Monde, sont aussi diffusés alors.
18 Juillet: Le Sénat Belge vote à l'unanimité une résolution engageant le Gouvernement à faire de l'Appel des lauréats du Prix Nobel l'axe central de sa politique en matière de relations extérieures et de coopération au développement, et l'invite à élaborer, seul ou en coopération avec d'autres pays, un plan d'urgence concret destiné à arracher à la mort par faim une population particulièrement menacée dans son existence. Cette décision avait été précédée par une mobilisation des citoyens en Belgique au lendemain du lancement du Manifeste des Prix Nobel, qui s'est traduite notamment par la conduite d'une grève de la faim.
27 Juillet: A la House of Lords, à Londres, présentation à la presse du Manifeste des Prix Nobel en présence de personnalités politiques.
30 Juillet: La Chambre des Députés Italienne approuve une résolution qui, en réponse au Manifeste des Nobel, engage le Gouvernement à repérer et allouer un montant supplémentaire de 3 milliards de dollars pour des interventions d'urgence destinées à assurer la vie à des millions de personnes en danger de mort par faim.
3 Septembre: Le Député au Parlement Européen, Marco Pannella, annonce au cours d'une conférence de presse à l'UNESCO, à Paris, pendant la Conférence de l'UNCTAD sur les Pays les Moins Avancés, qu'il a commencé la veille une grève de la faim pour que soit garantie la survie d'au moins un dixième de ceux qui sont destinés à mourir de faim en 1982.
Des comités de soutien aux Nobel et à la grève de la faim du député Pannella se sont constitués par dizaines dans toute la France.
29 Septembre: Le Parlement Européen adopte, à la majorité absolue de ses membres, une résolution (1 375/81) que le Ministre des Relations Extérieures de la France, Mr Cheysson, qualifie d'historique, demandant aux 10 Etats membres de la CEE d'arracher à la mort par faim au moins 5 millions de personnes avant fin 1982 et prévoyant à cette fin la création d'un fonds spécial de 5 milliards d'ECUS. Il demande par ailleurs à la Commission des Communautés Européennes de présenter les grandes lignes d'un plan d'urgence adéquat dans les 30 jours suivant l'adoption de la résolution.
14 Octobre: Un colloque international réunit, à Strasbourg, dans les locaux du Parlement Européen avec plusieurs des Prix Nobel signataires du Manifeste, les plus hauts représentants des diverses organisations du système des Nations Unies, de nombreux ambassadeurs, des experts et des parlementaires qui tous ont bousculé au dernier moment leur calendrier pour étudier immédiatement les problèmes posés par l'application de la résolution approuvée par le Parlemente Européen.
L'Osservatore Romano salue cet événement auquel il consacre plusieurs services en première page.
16 Octobre: A l'occasion de la Journée Mondiale de l'Alimentation, une délégation est reçue à Rome par le Président de la République italien et à la FAO.
17 Octobre: Les Nobel participent à la marche pour la survie et la vie qui rassemble plusieurs milliers de personnes à Rome.
11 Novembre: Le Parlement du Luxembourg approuve à l'unanimité une résolution qui, rappelant le Manifeste des Prix Nobel et la résolution du Parlement Européen, demande, entre autre, au Gouvernement d'élaborer un plan d'urgence comme celui proposé par le Sénat de Belgique.
19 Novembre: Willy Brandt et 150 autres parlementaires européens adressent un appel solennel aux chefs d'Etat et de Gouvernement de la CEE, avant la réunion au sommet de Londres, afin qu'une suite concrète soit donnée sans retard à la résolution du Parlement Européen. Le député Pannella suspend alors sa grève de la faim.
26 27 Novembre: Plus de 200 évêques du monde entier somment les chefs d'Etat de la CEE, réunis à Londres, de mettre en oeuvre le plan prévu par la résolution du Parlement Européen.
3 Décembre: Le Gouvernement italien pose la question de confiance contre une résolution présentée par 180 députés de sa propre majorité pour une application pratique et immédiate d'un plan de sauvetage de 3 millions de personnes en 1982. Néanmoins, le Parlement réaffirme sa prise de position du 30 Juillet.
18 Décembre: Le Parlement italien confirme ses résolutions précédentes à l'occasion d'un débat sur la politique étrangère.
19 Décembre: La Chambre des représentants de Belgique approuve à l'unanimité une résolution identique à celle votée en Juillet par le Sénat.
1er Mars 1982: 1300 Maires d'ltalie, de toutes tendances politiques, rendent publique la pétition qu'ils adressent au Président de la République lui demandant d'intervenir auprès des institutions pour que les résolutions parlementaires et les demandes des Prix Nobel se traduisent, à brève échéance, en actes concrets.
Le Père Dominicain français Jean Cardonnel commence un jeûne de 40 jours pour interpeler l'opinion publique et les responsables politiques en France.
3 4 Mars: Les Prix Nobel annoncent au cours d'un colloque auquel ils ont invité des parlementaires de divers pays d'Europe qu'il ne reste plus que 100 jours, que la décision d'une opération survie pour sauver 5 millions de vies puisse avoir effet en 1982 et proposent une grande manifestation à Rome, le jour de Pâques, et l'intensification de la campagne d'action pour ces 100 jours. Les participants au colloque reprennent à leur compte, à l'unanimité, ces propositions.
Fin Mars: Les députés du groupe parlementaire radical à Rome engagent une bataille, qui durera plusieurs jours et nuits, contre les prévisions de budget pour les trois années suivantes afin d'obtenir que l'ltalie affecte tout de suite 0,7% de son PNB à l'aide publique au développement, et que l'allocation de 3 milliards de dollars, demandée en Juillet 81 et confirmée ultérieurement, se fasse effectivement pour une opération d'urgence destinée à sauver des vies.
11 Avril: Plus de 50.000 personnes défilent à Rome en ce jour de Pâques pour demander une opération survie qui sauve de la mort au moins 5 millions d'agonisants. A la tête du cortège se trouvent plusieurs lauréats du Prix Nobel, des Maires signataires de la pétition en Italie et des collègues d'autres pays, ainsi que des parlementaires de plusieurs pays de la CEE et de divers partis. Le Pape, dans son allocution, rappelle le drame de la faim et la possibilité de la résoudre par des mesures adéquates et notamment par la réduction des dépenses d'armement.
19 Avril: Des belges, francais, italiens, espagnols manifestent simultanément à Moscou, Prague, Budapest, Bucarest, Berlin Est et Sofia dans le but d'informer les populations sur le Manifeste des Prix Nobel, la résolution du Parlement Européen et les autres initiatives contre l'extermination par la faim. Presque partout, ils sont arrêtés, dans certains cas pour plusieurs jours.
22 Avril: Le Parlement Européen, à l'issue d'un débat, réaffirme à l'unanimité la demande du plan d'urgence contenu dans la résolution 1 375/81 qu'il a adressée à la Commission des Communautés Européennes.
24 Avril: 1300 Maires d'ltalie et plus de 50.000 électeurs déposent au Parlement deux propositions de loi d'initiative populaire pour que l'ltalie assume à elle seule la tâche d'une opération survie destinée à sauver de la mort par faim et sous développement au moins 3 millions de vies et demandent, pour ce faire, la création d'un fonds spécial de 3 milliards de dollars, géré par une haute autorité qui deviendrait un Haut Commissaire pour la lutte contre l'extermination par la faim.
Fin Avril: Les députés du Groupe Parlementaire radical au Parlement Italien mènent bataille jour et nuit contre les dépenses militaires (qui dépassent 10:000 milliards de lires et impliquent une dépense supplémentaire de plus de 50.000 milliards de lires pour la période qui va jusqu'à 1986) et pour une différente utilisation de ces ressources, notamment pour la lutte contre la faim. 5 députés radicaux sont expulsés, et par des.violations du règlement, le budget est approuvé.
28 Avril: Le Sénat belge, après débat, approuve une nouvelle résolution engageant le gouvernement à rnettre en oeuvre le plan d'urgence pour sauver 5 millions de vies demandé par le Parlement Européen, les 79 Prix Nobel, et les deux Chambres du Parlement à l'unanimité.
29 Avril: Deux sénateurs belges, Alphonse Royen et Georges Trussart, entament un jeûne dans les locaux mêmes du Sénat qu'ils occupent afin de soutenir la résolution qui vient d'être approuvée par le Sénat et d'en garantir l'application par le gouvernement. Cette action se prolongera jusqu'au 14 Mai.
12 Mai: Le Sénateur radical Gianfranco Spadaccia entame à Rome une grève de la faim qui se terminera le 9 Juillet lors de la discussion de la proposition de loi des 1300 Maires afin d'obtenir du Gouvernement une prise de position sur les engagements dans la lutte contre la faim.
13 Mai: Un groupe de Sénateurs dépose à Bruxelles une proposition de loi pour la création d'un fonds spécial pour mener l'opération survie.
15 Mai: Sur convocation des Maires de 10 grandes villes italiennes, un congrès réunit à Milan en présence d'une délegation de Prix Nobels et de parlementaires de différents partis, des représentants de communes d'ltalie qui décident de fonder un Comité Permanent de lutte contre l'extermination par la faim, et de lancer une série d'initiatives destinées à accélérer le processus de prise en compte par le Parlement de la proposition de loi des Maires .
16 Mai: Le Vice secrétaire du Parti Radical à Rome, Giovanni Negri, entame une grève de la faim qui se concluera le ll Juillet, demandant l'application d'une résolution de la Commission du Parlement sur l'information qui prévoyait des émissions de débat à la radio et à la télévision aux heures d'écoute maximum pour informer sur les problèmes de l'extermination par la faim et leur possible solution.
3 Juin: 86 Maires d'ltalie se rendent auprès du Président de la République pour lui présenter les pétitions des Maires et leurs propositions de loi d'initiative populaire et requérir son intervention. Ils seront reçu ultérieurement par le Président du Sénat et par le Président de la Commission des Affaires Etrangères de la Chambre.
5 Juin: Une grande marche a lieu à Bruxelles à l'appel, entre autre, de 60 Bourgmestres de Belgique.
14 Juin: A la veille d'un débat sur la faim au Parlement Européen à Strasbourg, les plus hautes autorités religieuses de toutes confessions en France rendent public un appel pour que tout soit mis en oeuvre pour que soit effectivement appliquée la résolution 1 375/81 du Parlement Européen.
15 Juin: D'importantes manifestations ont lieu à Strasbourg où se tient également, dans les locaux du Parlement, un colloque réunissant de nombreux lauréats du Prix Nobel, des Maires de plusieurs villes d'Europe, des représentants des organisations internationales, et des représentants des Eglises. Une délégation, reçue par le Président Dankert, lui remet une pétition signée par plusieurs milliers de Maires d'Europe, ainsi que par des dizaines de milliers de citoyens européens.
24 Juin: La Commission des Affaires Etrangères de la Chambre des députés italienne, commence l'examen de la proposition de loi des 1300 Maires d'ltalie qui sera discutée à plusieurs reprises durant tout le mois de Juillet.
Juillet: Afin de solliciter l'approbation rapide de la loi en discussion, le député européen Marco Pannella entreprend à trois reprises une grève de la soif, de concert avec plusieurs centaines de militants radicaux qui font la grève de la faim. 10 ministres, des dizaines de députés appartenant aux diverses formations politiques, le Président du Sénat expriment leur soutien à ces propositions de loi.
Le 3 Août, la Commission donne son accord sur un projet de texte. Ce dernier doit maintenant être soumis à l'examen du Parlement, en séance plénière.
Action des Radicaux en Italie contre l'extermination par faim dans le monde avant le manifeste des Prix Nobel
Le 1er janvier 1979, le député Radical Marco Pannella annonce qu'il va commencer une grève de la faim -- qui finalement aura duré 40 jours -- et dont le but est d'empêcher que l'année de l'Enfant devienne l'année d'Hérode, celle de la mort par faim de millions d'entre eux. Son action non violente est soutenue par un comité de personnalités politiques, ecclésiastiques et culturelles prestigieuses. Marco Pannella demande que l'ltalie alloue une somme de 5.000 milliards de lires pour combattre la faim dans le monde. Ce chiffre représente 2% du P.N.B. italien: 1% en tant que contribution ordinaire, plus 1% comme contribution extraordinaire pour une intervention d'urgence. Ceci vise entre autre à modifier l'inadéquate répartition budgétaire italienne à ce propos. Le montant global de la contribution pour 1979 était seulement de 0,06% du P.N.B. et avant cela, I'ltalie n'avait alloué qu'un montant de 200 milliards de lires par an, c'est à dire 0,02% du P.N.B.
Le dimanche de Pâques de 1979, une "Marche pour la Paix, la Vie et le Désarmement" a eu lieu à Rome où 10.000 personnes défilèrent à travers les rues jusqu'à la Basilique St Pierre, pour présenter un appel de laîcs au Pape pour combattre la faim. Une délégation de ce groupe a été reçue par les plus hautes autorités politiques italiennes, parmi lesquelles le Président Sandro Pertini, qui appella solennellement à une réduction des dépenses d'armement et une augmentation des dépenses pour l'élimination de la faim.
La "Marche de la Paix" s'est renouvelée l'année suivante avec un jeûne collectif d'une semaine, auquel prirent part plusieurs centaines de personnes, le premier Satyagraha Gandhien en Occident.
50.000 personnes ont participé à cette marche de la paix, soutenues par des milliers de déclarations de solidarieté et de sympathie de la part des administrations municipales des plus grandes villes Italiennes et de membres des Parlements Italien et Européen .
Grâce à l'initiative du groupe parlementaire Radical -- une petite minorité -- le Parlement Italien, pour la deuxième fois seulement en 30 ans, a été convoqué en session extraordinaire, en août 1979 par ses propres membres pour discuter des mesures à prendre pour mettre fin à l'extermination de millions d'êtres humains en cours dans le monde.
A partir de ce moment, I'action continue du Groupe Parlementaire Radical (des centaines d'heures d'intervention, des dizaines de sessions, de motions, de questions écrites ou orales, d'interpellations et demandes de clarification officielle) pendant un an et demi, a obligé le gouvernement italien à augmenter le façon continue les contributions financières dans la loi de budget de 1981 jusqu'à un total de 4.500 milliards de lires réparti sur trois ans, chiffre situant la contribution italienne au développement dans la moyenne des pays industrialisés .
Dès 1979, le Partito Radicale a demandé que le problème de l'éradication de la faim dans le monde occupe désormais la première place de tous les programmes politiques, nationaux et gouvernementaux et que l'ltalie proclame une semaine de deuil national en hommage à ceux qui sont exterminés par la faim. Pour la même raison, un signe de deuil a été apposé sur le symbole du parti.
Action des Radicaux "Italiens" au Parlement Europeen avant le "Manifeste" des 79 Prix Nobel
Dès le premier jour des travaux de la nouvelle Assemblée, la premère élue au suffrage populaire, ils exigent que le premier grand débat soit dédié au développement et à la lutte contre l'extermination par faim et malnutrition. Ainsi, après les travaux des Commissions, en novembre 1979, le P.E. approuve une résolution invitant les Etats membres à verser 0,70% du PNB pour le développement. Les radicaux proposent ensuite des "hearings publiques" sur ce thème, qui se tiennent à Bruxelles avec la participation de Willy Brandt, Tanco, Gilman, Saouma, Chonchol, Parotte, certains ministres des pays du tiers monde et certains représentants des agences spécialisées de l'O.N.U.
Cependant, les amendements au projet de budget sont rejetés, et les radicaux votent donc contre le budget de la C.E.E. Ils dénoncent l'immobilisme du groupe de travail et du Parlement Européen face à l'urgence de sauver des millions d'agonisants.
Entretemps, Mmes Bonino et Macciocchi participent à la "Marche pour la Survie" au Cambodge, et à leur retour, elles arrivent à faire adopter par le Parlement Européen un financement extraordinaire d'aide, vu les conditions alimentaires désespérées de ce pays.
En juin 80, les radicaux proposent une motion de rejet global du budget de la C.E. en raison de l'insuffisance grave des sommes allouées à l'aide au développement. En septembre, ils tentent en vain de faire incorporer au projet de résolution sur la faim examiné par le Parlement les propositions du rapport Brandt, de la Commission Carter, du Conseil Mondial de l'Alimentation, de la FAO, du Groupe des 77. Les radicaux seront donc les seuls à voter contre le texte sur la faim approuvé par le Parlement Européen car l'aspect politique du problème est largement gommé. Ils avancent alors notamment l'hypothèse d'investir le Conseil de Sécurité de l'ONU et de la création d'une "task force" contre la faim.
A la fin de l'année 80, le Parlement, après avoir rejeté la plupart des propositions des radicaux, approuve un budget d'aide au développement inférieur à celui de l'année précédente.
Très importante aussi l'action à l'Assemblé ACP CEE (I'assemblée des pays d'Afrique, Caraîbes et Pacifique et de la Communauté Européenne ayant signé le traité de Lomé 11), et à son Comité paritaire, où des affrontements souvent dramatiques, notamment lors de sessions à Luxembourg et à Freetown, ont enfiri permis de politiser le débat et de faire surgir des mayorités qui n'expriment plus le partage entre européens et tiers monde.
Faire sauter les verrous de la faim
La mort par misère et par faim est la résultante d'un système de pouvoirs politiques, économiques et sociaux, de données locales, nationales et transnationales. Tout cela est aussi enraciné dans les mentalités individuelles et les cultures. Parfois conflits et guerres viennent aggraver les choses.
Un travail en profondeur, fait de patience, de persévérance et de rigueur est donc nécessaire pour en assurer la solution durable et stable. Un traitement de fond adapté, chaque fois réinventé, qui requiert temps et méthode, mais aussi et surtout volonté. Un ensemble de mesures qui ne concernent pas seulement les zones à hauts taux de mortalité, mais qui englobent les pays riches, mesures inspirées par une vision équilibrée du monde et de la société.
Cette réorganisation ne peut se faire que par des transformations qui requièrent le concours de l'ensemble du tissu social. Donc aussi des décisions politiques nouvelles.
Pour obtenir ces changements, des organisations non gouvernementales, des forces sociales, voire politiques, parfois même des institutions, sont à pied d'oeuvre depuis très longtemps. Par ailleurs, dans les zones touchées par les conséquences du désordre économique et politique international qui règne aujourd'hui, des groupes de volontaires tentent, depuis des années, de remédier aux situations les plus dramatiques, tout en préparant des solutions à plus long terme. La plupart ont compris la nécessité d'un travail de conscientisation dans les pays les plus favorisés. Sans l'action de ces personnes, il est probable que le désastre social serait encore plus grand que celui que l'on connait, et les changements nécessaire relégués à un futur bien plus hypothétique.
Mais tous ces groupes se heurtent aux comportements et aux échelles de valeurs établis, et plus encore que l'absence de volonté politique, ils ont contre eux la mauvaise volonté politique. Ils ont contre eux les priorités politiques dominantes qui placent la lutte contre l'extermination par la faim et la guerre au sous développement aux derniers rangs des choix parlementaires et gouvernementaux et réduisent, dans les mass media, ce sujet au niveau des problèmes secondaires au lieu d'en faire un thème majeur et central du débat social et politique.
Une société tendue vers la vie
Il n'y aura ni changement suffisant de comportements et de mentalités, ni restructuration des échelles de valeurs dominantes, ni débat d'ampleur suffisante pour amener les transformations qui s'imposent, aussi longtemps que la lutte contre la mort par malnutrition et par sous développement ne sera pas devenue un objectif prioritaire de nos sociétés. Il n'y aura pas d'évolution sensible tant que dominera la résignation à laisser mourir, la capitulation devant »ce qui semble raisonnable et possible de faire contre l'invention et la mise en actes d'un autre »possible . Le renversement des valeurs, devenu désormais impératif, commence par l'expression sociale de ce que la vie est la valeur première, celle que la société garantit et protège avant tout. Tolérer la mort -- et qui plus est sur une telle échelle -- c'est tuer dans l'oeuf tout espoir de transformation des structures et d'émergence d'une culture nouvelle.
Ce n'est donc qu'en se mettant littéralement »en état de guerre contre la mort par faim que l'on permettra au processus de développement de démarrer efficacement, et au dialogue social de s'instaurer.
Sauver cinq millions de personnes de la mort par malnutrition et sous développement dans les 12 mois: voilà l'objectif minimum proposé par les Nobel et par le Parlement Européen qui peut permettre d'entamer le grand renversement à opérer.
Cinq millions de vivants restitués à leur développement. Cinq millions de vies pour lutter et transformer les structures. Une "opération Survie" qui crée le "choc" nécessaire afin que prenne corps et racine le débat public à travers les mass media pour que soient enfin entendues et mises en actes les propositions des organisations non gouvernementales qui depuis longtemps mènent un travail inlassable et fondamental qu'il faut désormais aider massivement à déboucher.
Cinq millions de survivants, pour une prèmière année de vie.
Une opération choc...
Quelles que soient les mesures à prendre à court, moyen ou long terme, pour mettre fin à l'holocauste du sous développement, une chose s'impose immédiatement: il faut empêcher de mourir. Cette tâche essentielle ne souffre plus le moindre retard.
... pour mettre en marche un processus
Cette opération n'est pas un aboutissement. C'est, au contraire, la première étape du long trajet qui nous conduira à l'effacement de notre situation de nations privilégiées. Pour que soit laissé le champ libre aux peuples maintenant sous tutelle.
Le travail d'urgence est inséparable du travail à long terme. Il en est la condition nécessaire bien que non suffisante. Le mouvement pour l'immédiate survie s'inscrit dans la perspective d'une transformation radicale des rapports de peuple à peuple. Il ne s'agit pas d'une "aide", mais plutôt d'un éveil de possibilités d'action et de concertation populaire, à commencer par les décisions dont nous pouvons et devons investir non propres gouvernements.
Un devoir de société...
C'est un tâche d'une ampleur telle que les initiatives privées ne suffisent pas. Elle requiert des moyens que seuls les Etats peuvent investir. Il en est de même des nécessaires mesures politiques à prendre en ce qui concerne l'ordre juridique international. C'est aussi un devoir d'élémentaire solidarité humaine et, en ce sens, c'est à la société dans son ensemble -- donc à sa représentation politique et institutionnelle -- qu'il revient de l'assumer. Il est donc juste de s'adresser aujourd'hui aux pouvoirs publics.
... garanti par les ONG
Cela ne signifie nullement qu'ils devront tout faire par eux mêmes, au risque de reproduire les erreurs ou les calculs d'intérêts du passé. Il s'agit de se donner les moyens d'aKeindre l'objectif chiffré en vies humaines. Donc d'une action coordonnée, totalement inédite, conçue de concert entre pouvoirs publics, organisations internationales et organisations non gouvernementales, et dont la réalisation pratique reviendrait pour beaucoup Ç ces dernières. Une approche nouvelle pour un objectif nouveau.
Un seul critère de mesure: le nombre de vies sauvées de la mort
L'objectif de l'"Opération Survie", ce n'est pas d'obtenir de l'argent, ni un accroissement des aides pubbliques au développement. L'objectif est d'arracher à la mort par misère et par faim cinq millions de vies avant la fin de cette année et d'en assurer la survie pour un temps suffisamment long pour que ces personnes aient la possibilité de se prendre en charge elles mêmes.
Nous ne voulons pas compter en sommes d'argent, car cela n'aurait pas de sens. Notre seul critère de mesure est le nombre de vies effectivement sauvèes de la mort. Nous voulons restituer à leur développement ceux qui y sont aujourd'hui soustraits parce qu'à l'agonie.
Utiliser au mieux les ressources
Il n'y a pas, en l'occurrence, de remède pire que le mai. Même s'il est impossible de se prémunir contre tout risque de "faux parcours" ou de détournement.
S'attaquer aux taux de mortalité, chiffrer les résultats en vies sauvées: voilà une méthode qui permet d'évaluer correctement les moyens proposés et de mesurer, sans tricherie, les résultats. Passer le plus possible par le réseau sanguin que constituent les organisation non gouvernementales qui ont déjà fait preuve de désintéressement réduit aussi les dangers.
Mais rien ne peut les éliminer totalement.
Pas plus qu'il n'est possible d'avoir la certitude absolue de construire, sur tout cela, un développement idéal. Mais ce n'est pas pour cela que l'on a le droit d'attendre en contemplant l'accumulation des morts lentes et des cadavres.
La vie, même imparfaite, c'est l'espoir
D'ailleurs, laisser mourir une masse humaine sous prétexte que sa pure et simple survie nuirait à un développement authentique et "correct" serait criminel. Il est nécessaire d'être attentif et de prendre des garanties. Mais il est impensable de sacrifier des millions de vies au projet d'avenir idéal, d'où seraient exclus les moindres risques d'erreurs. Nous ne pouvons d'allieurs pas prétendre que d'autres n'aient droit à la vie que dans la mesure où l'on garantit de réaliser ce que nous n'avons même pas su réaliser dans notre partie du monde. Si l'on attend toutes les garanties, le changement n'aura jamais lieu. Demain sera comme d'habitude, et la mort restera gagnante. Qui plus est, si la décision de principe de sauver ces millions de vies humaines n'est pas prise, nous n'aurons aucun processus à contrôler. C'est cette décision qu'il nous faut obtenir avant tout dans les jours qui viennent.
Sauver, c'est possible: une question de priorités
C'est la seule option "raisonnable". Elle est techniquement possible, et budgétairement supportable. Prétendre le contraire serait, en fait, sous les apparences d'un "constat", exprimer une décision politique de ne rien changer à notre manière d'exister. C'est en fait une question de priorités, donc de volonté. Face à l'holocauste qui s'étend, nous ne serions coupables que de prétendre n'être pas capables d'y mettre un terme à bref délai.
Un plan d'urgence pour la survie...
Un plan d'urgence pour la survie, ce n'est pas un programme d'aide alimentaire. C'est une opération concertée, intégrée, portant en soi les germes de l'autosuffisance: c'est garantir la survie par les prémisses du développement.
Le premier objectif est de s'attaquer aux taux de mortalité les plus élevés pour les réduire, pour en suivre la progression descendante. Il ne s'agit donc pas de réaliser une survie artificielle, ni un martèlement de choc aveugle. A l'inverse, il s'agit de concerter et de coordonner les efforts en une série d'actions intégréss. Cette action peut n'être pas suffisante en soi, mais elle est nécessaire, faute de quoi les actions de plus longue haleine échouent, et les nécessaires projets de développement et de restructuration contemplent l'accumulation des morts.
Il convient d'agir avant tout dans les pays à plus hauts taux de mortalité. Ils peuvent être morcelés entre zones à très haute mortalité et régions plus "favorisées". L'action doit se concentrer dans les zones les plus touchées. Il faut faire, pour chacune d'entre elles, I'inventaire des causes principales et des causes secondaires de mortalité (hygiène, maladies, eau, nutrition, pauvreté, ressources, récoltes, usage prioritaire des sols, propriété, carences structurelles, déculturation, etc.). On doit aussi prendre connaissance des projets en cours et des plans existants. Egalement des conditions politiques.
A partir de ces éléments, les organisations non gouvernementales compétentes, les organisations spécialisées du Système des Nations Unies (Unicef, PNUD, FAO, Conseil Mondial de l'Alimentation, Programme Alimentaire Mondial, OMS, CUNCED), les experts, les représentants locaux et les institutions partie prenante à l'invitation des ministères impliqués, peuvent alors élaborer de concert l'ensem, ble des mesures adaptées à chaque situation particulière.
L'action tendrait donc à "geler" le processus de sous alimentation, de dégration sanitaire et d'appauvrissement des régions et des populations les plus démunies par une intervention d'urgence sur les causes primaires de cette situation, en permettant en même temps l'amorce d'un processus d'autosuffisance, notamment alimentaire, donc de développement. Tout cela passe par la création d'un réseau diversifié de services, de structures, de moyens de formation et d'éducation, par la multiplication des petites infrastructures de base diffuses et réparties, modestes mais permettant un fonctionnement élémentaire.
Il faut, à la fois, assurer eau potable, éducation sanitaire, stockage sur place de denrées alimentaires, transports pour échanges locaux et interrégionaux, planning familial, une part éventuelle d'aide alimentaire, apprentissage des éléments de base de culture des sols perdus par les effets des transformations coloniales, etc. Une opération de transport de produits de nécessité immédiate conduite par les Etats d'Europe doit permettre d'éviter le "racket" du transport et la flambée des coûts constatés à chaque opération de secours habituelle.
Ces actions vont de pair avec l'élaboration de stratégies alimentaires nationales, une réglementation de la politique de production agricole (donnant priorité aux cultures vivières sur les cultures d'exportation), de la politique des prix, de la politique de commercialisation et de distribution, ainsi qu'un accord sur le quota d'aide alimentaire en fonction de la production locale afin de permettre la baisse puis l'élimination de l'aide extérieure. Bien sûr, cela requiert la recherche d'une cohérence entre politiques de développement et politiques économiques internes, lutte contre la désertification, économie de l'énergie domestique, hydraulique villageoise, recherche adaptée aux données des lieux et des cultures.
Ainsi, priorité doit être donnée simultanément au développement accéléré de la capacité autonome de production agricole, pour subvenir aux besoins locaux en assurant l'autosuffisance, et à l'ensemble des mesures destinées à assurer la survie immédiate des agonisants.
Cela peut faire l'objet de négociations difficiles et parfois longues. Mais dans ce contexte, toutes ces choses deviennent envisageables .
Voici que par le plan d'urgence et la réalisation de l"'Opération Survie", I'action immédiate et l'établissement de politiques à plus long terme et de reconstitution du tissu social, loin de se contrarier ou de s'ignorer, s'apportent un mutuel appui.
Food and Disarmament International
Fin 1980, début 1981, des concertations ont eu lieu entre militants non violents et tiers mondistes, et divers lauréats du Prix Nobel (dont Adolphe Perez Esquivel, Lord Philip Noel Baker, Mairead Corrigan, Seàn Mac Bride, etc.) d'où est née l'initiative du Manifeste des Prix Nobel et de la campagne que ces derniers ont lancée et animent. Les mêmes personnes qui ont assumé la charge de servir le lancement du Manifeste se sont constituées en association, fondant ainsi "Food and Disarmament International".
Assurant le service de la campagne des Nobel, "Food and Disarmament International" ne vise pas à reproduire le travail des organisations concernées par la lutte contre la faim et le désarmement. Ses buts et moyens sont spécifiques.
Elle a pour buts:
-- de mener campagne pour assurer le droit des personnes et des peuples à la nourriture et au désarmement;
-- d'assurer le droit à l'information sur la solution possible des problèmes d'alimentation et de désarmement, et ceci par les mass media des services publics en premier lieu;
-- de promouvoir des actions gouvernementales nationales et internationales, législatives, institutionnelles et autres, pour assurer le droit à la vie aux personnes et aux peuples, droits niés par la faim et les armes, par le sous développement et la violence.
Ses moyens sont ceux des grandes campagnes non violentes (Satyagraha), du recours aux marches, aux jeûnes, à des formes d'initiatives non violentes individuelles et collectives qui mettent en évidence la violence institutionnalisée et posent les problèmes de façon telle que la réponse ne puisse être éludée.
Son siège international est situé à Bruxelles.