par Marco PannellaSOMMAIRE: Lettre à Kengo Wa Dondo, Premier Ministre du Zaïre, sur la situation des droits de l'Homme en Afrique et pour solliciter la libération de certains prisonniers politiques dans ce pays.
(Langue de l'original: français)
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Bruxelles, 6 décembre 1982
Monsieur le Premier Ministre,
C'est avec retard que j'apprends votre désignation à la tête du gouvernement de votre pays. Je vous en félicite vivement.
Je suis convaincu que de votre nouveau poste vous persisterez dans la lutte, déjà entreprise au sein de notre Assemblée, pour que les conditions de vie partout dans le monde s'améliorent et que l'extermination par faim soit arrêtée.
Cette nouvelle charge qui vous a été confiée représente sûrement un acte d'hommage à vos capacités et compétences comme homme politique, magistrat et diplomate.
C'est justement à ces capacités et compétences que je fais appel, ainsi qu'à vos aspirations humaines et culturelles, lorsque je vous demande, au nom des droits et libertés individuelles, de bien vouloir assurer à l'image de votre pays et de sa justice, le prestige qui lui est dû, ainsi qu'à des collègues parlementaires et des citoyens, l'exercice et de leurs privilèges et de leurs droits élémentaires de manifestation de leurs opinions.
Je ne me permet pas, Monsieur le Premier Ministre, de pré-juger sur le fond de chefs d'inculpation éventuels fondés sur le respect du droit et des droits à commencer par celui de la défense. Puisque vous êtes certainement au courant depuis des années de nos positions et de nos principes en tant que radicaux, des Parlements européens, de l'Assemblée européenne, de l'Assemblée et du Comité Paritaire ACP-CEE, vous comprendrez sûrement que dans cette démarche je n'y met que la volonté ponctuelle et rigoureuse de renforcer, dans le monde et dans chaque pays, la force et les raisons d'un nouvel ordre politique et économique et d'un nouveau rapport entre pays du Nord et pays du Sud du monde. Tant qu'il sera en effet possible de présenter le respect des droits fondamentaux de l'Homme et des principes de civilisation juridique et de démocratie politique parlementaire comme un monopole de fait, de "civilisation" des pays occidentaux (ce qui est certainement faux et un mensonge), notre lutte risquera d'être perdant
e et nous manquerons de la force morale pour battre, entre autre et ainsi que je viens de le souligner à l'Assemblée ACP-CEE à Rome, le régime de l'Apartheid en Afrique du Sud.
Je suis convaincu, Monsieur le Premier Ministre, de l'attention que vous porterez à cette situation douloureuse, dramatique et urgente ainsi qu'à cette lettre qui en est une conséquence. Je vous en remercie d'avance.
Dans l'espoir que vous voudrez m'honorer au plus tôt d'une réponse, je vous prie d'agréer, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de mes sentiments meilleurs et de ma haute considération.
Marco Pannella