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Pannella Marco - 15 agosto 1983
UN COMPLOT CONTRE LA REPUBLIQUE
Le Quirinal est un obstacle, Pertini est en danger

par Marco Pannella

SOMMAIRE: L'expiration du mandat présidentiel de Sandro Pertini se rapprochant, les attaques visant à mettre hors jeu le Président se déchaînent au Quirinal. Le Quirinal est un obstacle, Pertini est en danger. Dans une longue défense passionnée et ponctuelle de la figure et du travail de Pertini, Marco Pannella répond aux attaques et propose une lecture des événements et de la situation hors du jeu du régime des partis. Journal du mois d'août.

(NOUVELLES RADICALES n. 34, 15 août 1983)

("Le Quirinal (1) est devenu aujourd'hui un point clef pour les exigences d'une hégémonie des partis qui a déjà occupé toute autre institution de la République. Il l'est à plus forte raison pour ceux qui voudraient même imprimer des tournants formels aux processus de dégradation des institutions et d'ablation-annulation de la démocratie et de la Constitution. Il le serait à plus forte raison pour ceux qui auraient raison de craindre et qui voudraient empêcher des revirements de la part de secteurs de la classe dirigeante des partis, qui choisiraient par hasard de sortir de leur crise en rentrant au sein de la Constitution et de la démocratie.

Pour tous ceux-là, avec Pertini (2) comme Président de la République, le Quirinal est un obstacle insurmontable, peut-être le dernier obstacle désormais. Oter cet obstacle, acquérir le contrôle de ce point clef peut devenir essentiel. Pertini est donc en danger. Un danger politique ou, par suite, un danger également physique?

Pannella a eu le tort avec une polémique ouverte en plein mois d'août de mettre la question au centre de l'attention du débat, et par conséquent, aussi et en premier lieu, de la conscience collective du pays. Cette fois les attaques qui lui sont adressées par des hommes et des secteurs de la classe dirigeante des partis dont il a dévoilé les intentions et les desseins cachés autant que facilement reconnaissables, et par une partie de la presse elle aussi de parti, sont amplement justifiées.

Pannella a posé dès à présent le problème de la succession de Pertini: de Pertini à lui-même; ou d'autres hommes à Pertini qui soient capables - comme le fut ce Président exceptionnel - de défendre le Quirinal contre l'asservissement du régime des partis et contre les conditionnements et les desseins "maçonniques", antidémocratiques et criminels. Mais il a aussi posé la question de défendre le Président Pertini contre les dangers politiques (et donc également physiques) qui peuvent lui porter atteinte.

Aux lecteurs de NR, qui ont connu cette polémique uniquement à travers les compte-rendus et les commentaires d'une presse presque toujours orientée à sens unique (et naturellement dans un sens furieusement anti-radical), nous fournissons une publication ponctuelle de toutes les interventions du secrétaire du Parti radical sur le "cas Pertini".")

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21 août

Empêcher la conquête du Quirinal de la part des forces du régime des partis

Puisqu'il existe une seule colline, à Rome, sur laquelle les lotisseurs et les lotis ne se sont pas acharnés, le Quirinal, il est naturel que des sièges du régime des partis et du siège d'un Parlement effacé et dégradé, les deux majorités politiques qui oeuvrent en Italie, visent dès à présent à conquérir la Présidence de la République en 1985, à l'expiration du premier mandat du Président Pertini.

Les deux majorités politiques sont la majorité que Berlinguer (3) appelle "institutionnelle", contrôlée par le Parti communiste, par la Démocratie chrétienne de De Mita (4) et Andreotti (5), et la majorité en quelque sorte imposée et contrôlée par le Parti socialiste, par des courants minoritaires et proches de Fanfani (6) dans la DC, par les sociaux-démocrates et les libéraux. Les républicains de Spadolini (7) se sont constitués illusoirement en arbitres.

Nous considérons que pour la République il serait très grave de laisser le champ libre à ce jeu, et d'enfermer dans cet enclos les possibilités de candidatures et d'élections pour la Présidence de la République. Contraires, à présent, à l'élection directe du Chef de l'Etat (qui serait aujourd'hui l'élu de la RAI-TV (8), des Berlusconi, et des puissants financiers, amis du régime des partis), il nous semble donc nécessaire dès à présent d'agiter le problème dans l'opinion publique, de faire surgir des candidatures opportunes et populaires, d'intéresser le Pays avec des motivations et des intérêts limpides, responsables et clairs.

Gare à laisser aux vieux clans opposés, aux candidats de régime imaginables par les partis des "unités nationales", par les "partis de la fermeté", aux alliés ou à ceux qui sont soumis au chantage de la P2 (9), qui sont poursuivis par leur propre passé, devant gagner pour ne pas mourir éliminés, le monopole des travaux préparatoires et de la gestion de l'affaire. Commençons donc à entamer la discussion, avec la clarté que depuis toujours des noms donnent aux raisonnements et aux propensions abstraites.

Le premier candidat à la succession de Pertini doit être Pertini. Nous sommes inquiets de la peur et de la haine mal dissimulées des forces de régime qu'il a bouleversées. Nous demandons que la sécurité du Président soit défendue avec plus de rigueur, tant contre les tasses de café que contre les attentats d'un autre genre. Si la réélection de Pertini était empêchée - avant tout par la volonté du Président - nous ne voyons que deux autres candidats: Cesare Merzagora et Leonardo Sciascia (10).

Il faut s'organiser, organiser dans le Pays des forces qui permettent aux citoyens de peser de façon déterminante sur le Parlement des Partis pour qu'il redevienne le Parlement de la République.

22 août

Il faut veiller sérieusement sur la sécurité du Président

"J'ai entendu dire par des collègues qui font autorité, ces dernières heures, qu'il aurait été indélicat et inélégant d'ouvrir la discussion sur la succession de Sandro Pertini à la Présidence de la République. Alors parlons clairement: il n'y a pas de force politique responsable qui ne se soit pas posée, toujours, pour des raisons de méthode, depuis l'époque de De Nicola, en passant par celle de Segni (11), de Saragat (12) et de Leone (13), l'hypothèse aussi de se trouver dans la situation de devoir affronter le problème du Quirinal pas uniquement à son échéance naturelle.

Et des échéances qui ne sont pas naturelles, en Italie, il y en a toujours eu au moins deux à prévoir: celles "humainement" naturelles (maladies, décès, démissions, accidents de parcours), et celles procurées par la violence, et par des violences de toute sorte, de celles typiques de la Renaissance à celles qui sont devenues à la mode depuis cent ans (attentats "anarchistes", "terroristes", et ainsi de suite). Nous sommes de l'avis que Pertini court un danger grave et que le Président le sait. Plus ce patriarche grandit et résiste splendidement comme un chêne au destin ultra-séculaire, mieux il se porte et travaille de façon efficace, plus nous craignons qu'il y ait quelqu'un qui trame et avec de mauvaises pensées. Il s'agit de le décourager.

Avant tout, bien sûr, sur le plan de la sécurité du Président. Nous sommes le pays où même le Saint-Père a été atteint par la volonté d'assassinat, où Moro (14) et Dalla Chiesa (15) ont été tués, où les "cadavres excellents" s'accumulent plus que jamais.

Mais il faut aller à la racine, prendre des mesures urgentes: il faut qu'on sache dès à présent que Pertini peut pas prolonger son mandat aussi longtemps qu'il le veut.

Jusqu'à ce que sa conscience et ses médecins lui diront qu'il est dans la plénitude de ses forces et de ses capacités au service du pays.

Mais il faut aussi qu'on organise et qu'on se fasse promoteurs d'une ou plusieurs candidatures à sa succession, qui soient susceptibles d'être craintes, plutôt que souhaitées, par les candidats les plus dangereux du régime des partis, des mafias internationales, des déstabilisants de tout genre et tout niveau.

Pertini. Ou Sciascia. Ou Merzagora

Il faut que du bas, du pays, et des meilleurs responsables de la classe dirigeante, on travaille d'urgence dans cette direction, dès maintenant.

Nous nous engageons dans cette direction. Les candidatures de Cesare Merzagora et de Leonardo Sciascia doivent prendre tout de suite de la force. Ce sont des choix différents, qui peuvent correspondre à des opinion politiques différentes, et même opposées. Mais l'une et l'autre ont des caractéristiques de noblesse, de sérieux, de capacité, de rigueur et de vigueur intellectuelles, morales, civiles, politiques, de vraie indépendance, et d'amour pour la démocratie, la liberté, la paix. En définitive ce dont un pays, et également notre époque, a besoin. Si ces candidatures montreront tout de suite qu'elles deviennent fortes et probables, on aura aussi donné la meilleure contribution à la Présidence et au Président Pertini, pour les deux prochaines années et - au cas où - les suivantes".

23 août

Quel ennui ce Pertini pour la P2, l'Amérique du Sud, les "bulgares", les libyens et les membres du régime des partis

"Le grand Festival de la P2, qui n'a pas eu ses pétards d'inauguration avec l'échec des attentats ferroviaires, est à présent en plein déroulement. On a libéré Gelli (16), on recommence joyeusement avec la guerre des dossiers, on profite de l'occasion de la liberté de Giudice et de Gissi pour rappeler à qui de droit les risques qu'on court si on ne libère pas aussi Musselli et d'autres amis, on fait savoir à Cefis (17) aussi que ou bien il fait aussi partie officiellement de la cordée ou alors il y a toujours une corde qui peut interrompre comme sous la Tamise des carrières trop certaines, ou des tentations trop loquaces, on avertit la DC et le PSI pour que le totem ou le tabou PCI comprenne, on fait circuler comme un chantage la candidature de Grassini comme Commandant des Carabiniers...

Il n'y a pas à dire, le spectacle fait pâlir les festivals de l'amitié de Rimini et - en perspective - ceux de l'Université et de la DC. Si avec l'assassinat de Dalla Chiesa on obtînt manifestement de rendre le régime des partis plus raisonnable et plus loyal, il ne nous parait pas invraisemblable que le même résultat puisse être assuré à court terme dans toute la péninsule.

Il ne suffit pas que le PC et la DC aient mis le Parlement en demeure, dans ses moments cruciaux pour la sécurité, dans la Commission de surveillance sur les services secrets, dans la P2, dans la RAI, et dans la Commission d'Enquête, grâce à l'oeuvre vraiment tchécoslovaque, plus que polonaise, de normalisation assurée par la "majorité institutionnelle", sur le dos de la "majorité politique". On veut tout, tout de suite: et si Craxi (18) ne pourra pas l'accorder, il faudra faire en sorte d'avoir le Gouvernement qui fut manqué sans l'arrivée du cadavre de D'Urso.

Des ennemis efficaces et déterminés, sans tâches, la P2 en a vraiment peu. Comme les régimes sud-américains, le régime libyen, ceux de la "bulgarian connection": disons qu'il y a surement le Président de la République, qui ne fait même pas très attention - disons-le - aux conseils du Palais Chigi (nous parlons du passé, pour l'instant) ni de la Farnesina, ni des "services", s'il s'agit de droits de l'homme et de droits constitutionnels. Et il y a aussi, rendons-lui cet hommage, ce nouveau Ministre de l'Intérieur, en ce qui concerne du moins - précisément - les aspects "intérieurs" de cette affaire".

23 août

Nous ne sommes pas tranquilles. Gelli en liberté, la P2 est de nouveau à l'attaque

Massimo Teodori a demandé aujourd'hui la convocation immédiate de la Commission P2. Nous demandons aux Présidents des Chambres de convoquer immédiatement les Commissions parlementaires de surveillance sur les services de sécurité et sur la RAI-TV.

La logique dit qu'en ce moment, dans une certaine partie du monde, il ne peut pas ne pas y avoir un "sommet", reconstitué avec la liberté de Gelli, pour mettre à exécution les plans d'attaque, après avoir conduit victorieusement à bon port ceux de défense. Les premiers signes des dossiers qui recommencent à se répandre. Un parlement mis en demeure, comme durant les pires années du terrorisme et de l'alliance de plomb entre P2 et P38.

Un Président de la République, "fou" de raison, de sagesse, d'honnêteté intellectuelle, de respect de ses idéaux, qui sont ceux de la très grande majorité des italiens, qui est parti depuis des mois à l'attaque contre les dictatures sud-américaines qui sont liées pour la vie aux idées de Gelli et à leurs défenseurs; qui a indiqué avec entêtement dans les réalités multinationales et internationales les racines les plus solides et profondes des infâmes éversions même nationales et qui devra pourtant s'être demandé, à la fin, la raison de certaines de ses solitudes désormais évidentes.

Non. Nous ne sommes pas tranquilles. Que le Gouvernement sache que nous agirons non pas sur la base des erreurs passées de tel, ou de tel autre, mais de son travail actuel. Qu'il sache que nous jugeons honteux que se lèvent contre lui des accusateurs, des "opposants" qui ont été les principaux alliés politiques de la P2. Et qui, aujourd'hui, ne peuvent pas éviter d'être soumis à un chantage. La porte de la dignité et du salut est de plus en plus étroite. Mais il faut, Président Craxi, avec des gens comme votre Ministre de l'Intérieur, l'ouvrir tout de suite, à n'importe quel prix. Ou vous récolterez le pire.

En attendant, nous le répétons, que l'on veille sur Pertini. Et que l'on sache que si quelqu'un osait le toucher, de toute façon, ou même empêcher un second mandat de sa part, si possible, qu'à sa place il n'y a aura pas de remplaçants comme De Francesco pour Dalla Chiesa.

Il faut que des candidatures comme celles de Merzagora et de Sciascia apparaissent probables, surtout au cas où il y aurait d'autres ennuis. Il est bon de le répéter, surtout au PCI.

24 août

Rutelli: 260 milliards sont un chantage sur les partis

Les craintes exprimées par Marco Pannella sur la sécurité du Président Pertini naissent d'un contexte que le Parti Radical est en train d'essayer de mettre en évidence depuis des mois. Nous avons identifié et analysé les raisons objectives et les projets subjectifs de déstabilisation et de mise en demeure de la République démocratique; il suffit de reparcourir les prises de position radicales de ces derniers mois pour voir qu'"on a voulu" les garder cachées à l'opinion publique et à la classe politique elle-même, d'autant plus au moment où des événements ponctuels confirmaient ces jugements et ces analyses.

Le Parti Radical, force d'opposition et non de pouvoir, a fait des dénonciations spécifiques bouleversantes, sur lesquelles aucune Enquête journalistique et encore moins aucune réponse de la part des Ministres et des organes compétents n'a voulu faire la lumière.

A ceux qui nous demandent des exemples concrets, je repropose un événement concret et gigantesque, en rapport évident avec les desseins et les contextes auxquels Pannella se réfère: nous avons documenté que quelque chose comme 260 milliards de lires ont été distribués uniquement l'année dernière en rémunérations d'intermédiation pour la vente d'armes. Le Ministre du Commerce extérieur - mais il n'est pas tout seul - est à connaissance des noms et des prénoms de ceux qui ont encaissé cet pots-de-vin colossaux distribués officiellement: pourquoi ne va-t-on pas demander tout de suite en attendant, à ceux qui en sont au courant de faire tomber ce sale brouillard?

24 août

Les ennemis de la République doivent passer sur le cadavre du Président

Si à Palerme on avait pu craindre qu'à la place de Dalla Chiesa...

Je pense et je sais ce que j'ai dit. J'ai dit exclusivement ce que j'ai écrit. Les ennemis de la République doivent nécessairement passer sur le cadavre du Président, s'ils veulent mener à bonne fin leurs desseins par trop clairs; car contre toute prévision de leur part Pertini continue à grandir, comme personne et comme homme politique, comme homme d'état et comme démocrate. Par conséquent, on contribue à reconquérir une République démocratique, une patrie à respecter et à aimer, en défendant la vie et la politique de Pertini; mais, encore plus certainement, on défend Pertini en battant et en dissuadant les ennemis de la République qui sont tout puissants, et qui sont en train de l'enterrer aussi sur le plan institutionnel, avec l'aide de la "majorité institutionnelle", en paralysant le Parlement, en violant les lois, en préparant des "successions" à Pertini comme tout le monde le sait.

Je le répète: si à Palerme on aurait pu craindre qu'à la place de Dalla Chiesa on aurait pu appeler quelqu'un comme lui et surtout que la République se serait engagé à fond sur la ligne des Costa, des La Torre, des Chinnici, Dalla Chiesa serait probablement encore vivant. Il est donc grand temps d'engager le Pays, l'opinion publique, les forces démocratiques dans une campagne, dans une lutte explicite pour que l'on sache dès maintenant que l'Italie exige autre chose, que le Parlement peut et doit confirmer Pertini, ou élire à sa place des hommes comme Sciascia et Merzagora.

Si on veut en savoir plus sur nos jugements, sur nos "informations", sur nos convictions, il suffit de rapporter et d'analyser ce que nous avons fait, ce que nous avons écrit et demandé. Sérieusement. Lorsque Kappler s'échappa, nous découvrîmes que ce jour-là dans tout le Latium et la capitale le militaire le plus haut en grade présent était un capitaine. Mais aujourd'hui il ne s'agit pas uniquement d'officiers et pas même d'état major. Il s'agit des institutions mises en vacances, confisquées par le régime des partis, mais aussi attaquées et frappées par des pouvoirs occultes mais pas toujours parallèles, une "majorité institutionnelle" conduite par la DC d'aujourd'hui et par le PCI (qui a "tranché" avec l'URSS, mais pas avec le stalinisme et avec une vision autoritaire, jacobine, étatiste, de la politique réduite à une pure foi dans le pouvoir) et qui sabotent en synchronie avec les P1, P2 et P38 le jeu démocratique, les majorités politiques officielles et qui veulent éliminer toute force alternative authe

ntique d'opposition nonviolente, constitutionnelle et populaire.

25 août

Les preuves sont là. Logiques et implacables. Il suffit de vouloir les voir.

Je le répète, je pense et je sais ce que j'ai dit, et je n'ai dit que ce que j'ai écrit. Je ne répondrai certainement pas de ce qui a été imprimé par d'autres: encore moins, par exemple, de ce que m'attribue l'organe du PCI-P2 qui, à deux occasions, celles dont il a profité pour s'occuper de "mon" cas, falsifie, en mettant même entre guillemets les fausses citations, le texte et le contexte. Selon de vieilles traditions de style goebellien et stalinien qui n'ont jamais cessé.

Je n'ai jamais pensé à un "complot" visant à éliminer, physiquement, politiquement ou moralement le Président Pertini; je n'en ai jamais parlé, et je ne l'ai jamais écrit. Nous sommes par contre en train de lutter tout seuls, longtemps, contre un complot qui est désormais en état avancé de réalisation contre la République, et que constatent maintenant même les cailloux, sauf Gallucci et quelques autres. Comme Carmelo Spagnolo à l'époque, seulement pour ne pas nous écarter du sujet et du lieu. Nous avons déjà exprimé, dans d'autres moments très graves, notre conviction que l'ennemi le plus dangereux pour les marionnettistes de Gelli et pour Gelli, pour ses marionnettes, était le Président Pertini, et que la Présidence de Pertini si unique, si extraordinaire, singulière, hélas en quelque sorte effectivement impossible à répéter, occupait une place qui suivant les calculs devait être occupée par les marionnettistes ou les marionnettes de la P2-PCI, une alliance historique trop négligés jusqu'ici. Nous avons tou

jours pensé, dit et écrit que nous en étions réduit à avoir affaire avec une politique criminelle internationale - et pas uniquement nationale - de déstabilisation rigoureuse et féroce de toute la région méditerranéenne, et d'élimination de toute alternative démocratique et pacifiste, nonviolente et respectueuse de la loi. Dans le passé il y eut non pas des attentats au Président de la République - on ne le craignait pas autant qu'aujourd'hui, de toute façon - mais des massacres et l'attentat contre le Pape.

Mais nos lectures des événements ont eu des correspondances uniques, qui sont documentées par les actes officiels du Parlement, et par les textes sténographiques des interventions "officielles" de la RAI-TV. Se citer, dans ce cas-ci, est gênant: pour les autres.

Su la P2, sur Rizzoli (19) et leur politique insensée sur le point d'être sanctionnée par le plus éclatant des succès politiques, sur les coresponsabilités en cours du PCI, sur l'audience prestigieuse de Gelli auprès de leaders et de chefs de Gouvernement prestigieux, nous avons dénoncé des "dangers" - sans preuves! - qui sont actuellement inscrits comme des réalités dans les actes judiciaires, tant de la Magistrature que du Parlement.

Si nous avions les "preuves" que les imbéciles et les provocateurs affirment d'attendre ou de croire qu'elles peuvent exister, les "dangers" - qu'on nous le permette - n'existeraient déjà plus: les coupables et les trames seraient déjà vaincus et démasqués. Mais les preuves logiques sont là et elles sont inébranlables, sur la situation de danger latent et croissant pour le Président Pertini dans ces semaines du massacre manqué sur le train, de la libération de Gelli, de l'arrivée immédiate de nouveaux dossiers, de l'assassinat probable de l'adversaire le plus dangereux... de l'Argentine pour la P2 et pour ses marionnettistes internationaux.

Naturellement, on se déchaîne maintenant sur un seul aspect - le moins "politique", en perspective le plus 'neutralisable' (et nous sommes déjà convaincus que ces jours-ci nous avons imposé l'attention et des mesures utiles de dissuasion plus adéquates) - de notre initiative: celui de l'attentat, de l'élimination "physique" du Président. On glisse, par contre, sur celui de l'élimination politique de Sandro Pertini, de plus en plus nécessaire par contre comme homme d'état et comme démocrate-chrétien, on glisse sur l'aspect de réalisation avancée du jeu démocratique et de manifestation arrogante du pouvoir et des objectifs de cette "majorité institutionnelle" qui est le fer de lance de la conjuration du régime des partis, en grande partie aussi de la P2, ou alliée subjectivement avec la P2 et ses marionnettistes.

La mise en vacances des institutions, depuis 5 mois désormais, sur le front justement du contrôle et de l'orientation des Services de Sécurité et de l'Enquête sur la P2, outre que sur celui de la surveillance et de l'orientation sur les médias de masse d'Etat, et celui sur les crimes ministériels - la Commission d'Enquête - peut être due aussi à la négligence de la plupart: mais pas nécessairement de tous. Et elle peut être de toute façon exploitée par ceux qui pensent résoudre leurs difficultés politiques, suivant leurs propres traditions culturelles et personnelles, avec la real-politik d'une certaine "unité nationale", de l'hégémonie des partis et anti-démocratique.

Nous ne sommes donc pas devant un "complot" de type anarchiste-républicain contre la figure du Chef de l'Etat, mais devant une politique féroce qui comporte un attentat et un complot contre la sécurité de l'Etat, un attentat à la Constitution, une insurrection armée (si ce crime peut être configuré pour l'emploi des molotovs et de quelques revolvers de la part de groupes d'"autonomes"), et qui trouve dans le Président de la République un obstacle surmontable, le premier - si possible - à éliminer, par tous les moyens.

Nous avons donc posé - également comme dissuasion - dès à présent la question d'un renouvellement souhaitable du mandat présidentiel pour le prochain septennat, en l'opposant officiellement aux manoeuvres et aux luttes tout aussi féroces que cachées pour la succession déchaînée et déterminante pour les événements politiques et la vie institutionnelle et civile du Pays, parmi les candidats historiques - et moins historiques - des diverses factions du régime des partis.

Nous avons proposé une méthode et même des exemples, et des candidatures alternatives, et sur ce front on fait la sourde oreille. Alors que la prudence et le sens de responsabilité imposent, "toujours, en toute circonstance, même les plus normales", que les hypothèses de succession lorsqu'elles ne sont pas assurées comme aux USA par la Constitution et par le système des "Conventions", soient avancées, connues et examinées, à la lumière du jour, en démocratie, contrairement aux dictatures où elles le sont dans le secret et avec les complots de palais.

Alors, le problème est le suivant: est-ce que nous voulons ou non assurer, dans des circonstances si graves et si dangereuses, au Chef de l'Etat démocratique, anti-P2 et anti-hégémonie des partis, le soutien extraordinaire souhaitable, ou veut-on qu'il reste le plus possible seul, et que le jeu démocratique soit annulé ou hypothéqué par la "majorité institutionnelle, du régime des partis et de plus politiquement et constitutionnellement irresponsable, officiellement demandée par Berlinguer pour demain, et déjà opérationnelle et prédominante aujourd'hui?

Sur ce point, comme sur celui de la sécurité de l'Etat et du Président, la polémique et l'initiative politique est à ses débuts. Nous ne cesserons certainement pas de lutter sur le front de la vie de dizaines de millions de personnes assassinées par la faim et la misère, pour qu'un décret de vie soit émis pour au moins 3 millions d'entre eux avant cette année. Mais nous le ferons en continuant à exiger qu'il n'y ait pas dans notre Pays un massacre de légalité et de démocratie, une condition nécessaire pour la poursuite de toute politique de violence, de mort, d'extermination.

25 août

Que la magistrature ouvre une Enquête et qu'elle agisse tout de suite contre les complices de la P2

"En ce qui concerne l'initiative du Parquet Général de la Cour d'Appel de Rome, après avoir fourni le témoignage qui m'était demandé, je ne puis que confirmer ma conviction, notre conviction, que le complot notoirement en cours et en dangereux renforcement contre la République et la Démocratie, met objectivement et exceptionnellement en danger la sécurité du Président de la République.

Par conséquent, l'initiative judiciaire en question est la bienvenue, parce que nous souhaitons et considérons nécessaire que, dans le cadre des tenants et aboutissants pénaux de l'attentat à la sécurité de l'Etat, d'attentat à la Constitution, d'insurrection armée, on Enquête aussi sur les directions des partis qui ont mené une politique de collaboration ponctuelle avec les autorités militaires et de propagande de la P2, alors que la réalité destructive et criminelle de cette association de malfaiteurs était connue et illustrée par la presse ou par d'autres forces du régime des partis et parlementaires.

Ces forces et ces personnes ont fait semblant d'en ignorer la nature, l'existence et le travail, elles ont trafiqué des influences et de l'argent avec ses représentants et ses agents, et elles ne peuvent être encore que conditionnées et inspirées par ce choix politique.

J'espère que la Magistrature enquêtera et se mettra tout de suite au travail en ce qui concerne les chroniques et les documentations apparemment ponctuelles et qui n'ont pas encore été démenties d'après lesquelles des représentants de la politique italienne auraient mené des opérations qui ne pourraient que représenter une participation à une faillite frauduleuse du groupe éditorial Rizzoli-P2 et aux illégalités pénales effectuées par le banquier Calvi (20).

A ce propos l'exemple de ce qui est attribué par les documents publiés par "L'Espresso" au Président Flaminio Piccoli (21) est valable: les rapports connus et précisés entre le Banco Ambrosiano et de nombreux partis, en commençant par le PCI, en plus de la DC et du PSI, à une époque désormais absolument suspecte et avec Calvi officiellement dans une position très difficile.

Jusqu'à preuve du contraire nous voulons pencher pour l'innocence: mais franchement cette preuve commence dans certains cas plus graves tout au moins à se préciser!".

Nous le disons depuis 1982

"Nous avons la confirmation qu'aux sommets du 'pentaparti' on donne pour sûres une autre dissolution anticipée des Chambres, de nouvelles élections et qu'on se prépare aussi techniquement à un rythme accéléré à les affronter.

Les raisons de cette certitude nous sont absolument obscures. Nous craignons que, comme cela s'est déjà passé avec la gestion au massacre du cas d'Urso, les "grands vieux" de la déstabilisation méditerranéenne et italienne qui agissent librement depuis 20 ans aient de nouveau réussi à entraîner des forces politiques démocratiques et républicaines dans des erreurs qui seraient ensuite payées par eux aussi. L'année dernière c'est ce qui arriva au PCI et au journal "La Repubblica", cette année c'est au tour du PSI et maintenant aussi du PRI, de la DC et du PLI. Et ce qui nous inquiète le plus c'est que cette perspective implique que dans les prochaines semaines se vérifient des événements inconnus aux étrangers à ces complots, mais qu'elle exige aussi et au préalable l'élimination "physique" ou morale du Président Pertini qui, comme c'est Son devoir, a toujours assuré Son opposition irréductible à la réalisation de ce dessein".

26 août

P2, PCI, régime des partis. Alliés, complices, successeurs.

Comme c'était prévisible, après le nuage soulevé par plusieurs journaux sur mes affirmations et déclarations - que je confirme intégralement, mais dans la version de Nouvelles Radicales et pas dans celle de ceux qui comme "L'Unità" ont l'habitude de mettre entre guillemets leurs propres affirmations pour les faire passer pour des déclarations m'appartenant, aujourd'hui c'est le festival: "...Pannella admet... Pannella démentit... Pannella retire... Pannella soutient de ne pas avoir de preuves...". Un autre "leitmotiv": mais que veut Pannella, réellement? A quoi vise-t-il?

Alors nous précisons encore une fois.

Nous ne sommes au courant d'aucun complot "direct" contre le Chef de l'Etat. Nous savons qu'est en plein déroulement un complot de plus en plus grave contre la République qui comporte et inclut nécessairement d'avoir à affronter l'ennemi le plus dangereux et le plus efficace de la République, des membres de la P2 et du régime des partis si souvent unis ou convergents.

Les auteurs de ce complot, qui s'étend et se renforce, ont amplement prouvé qu'ils ont recours aux plus grandes méthodes criminelles, y compris l'assassinat, y compris les massacres. Ils agissent dans un contexte international qui a amené à la tentative d'assassinat du Pape, à l'assassinat de Dalla Chiesa, de Galvaligi, de La Torre, de Chinnici et de dizaines d'autres personnes engagées contre eux, ou de toute façon dangereuses, ou dont la disparition pouvait servir à la déstabilisation et à la "réforme" de Gelli de l'Etat italien. L'Etat italien, dans tous ces cas, a été accusé d'imprévoyance, et - par les sources les plus autorisées - on a souvent souligné, surtout récemment, que cette "imprévoyance" pouvait signifier une complicité et des collusions dans l'Etat lui-même. Même le Président de la Commission d'Enquête sur la P2, la députée Anselmi, a récemment avancé le soupçon que les services de sécurité de l'Etat, longtemps dirigés par les militaires de la P2, pouvaient être responsables dolosifs de l'iss

ue tragique de l'affaire Moro.

Pendant des années nous avons vu juste. Nous avons indiqué des vérités qui sont confirmées aujourd'hui, et qui furent liquidées à l'époque soit avec la conjuration du silence soit avec le dénigrement. Nous étions prévoyants, et si nous avions été par conséquent au gouvernement nous ne serions pas aujourd'hui dans la situation actuelle, et nus n'aurions pas ce bilan tragique et inquiétant que tous font sur les conditions de l'Etat italien.

Nous continuons à être les mêmes. Nous considérons, et nous considérions encore plus ces derniers jours, que le Président Pertini est exposé à de graves dangers, plus que ne veulent l'admettre avec une bonne foi superficielle ou avec mauvaise foi, la plupart de ceux qui comptent. Ces dangers sont conséquents à l'existence du complot que nous connaissons tous à présent: ce sont toutes sortes de dangers. De l'élimination physique à l'élimination politique, c'est-à-dire de la politique républicaine menée et réanimée à plusieurs reprises directement par le Président Pertini et par le démocrate Pertini.

Les objectifs d'une grande partie de notre classe dirigeante, pourrie, corrompue et corruptrice, qui dans le passé a eu avec la P2 et directement avec Gelli des rapports politiques, d'affaires, d'affaires malhonnêtes, coïncident avec les objectifs de la P2. La P2 représente aussi sous beaucoup d'aspects une tentative de "rationalisation" du régime des partis désormais agonisant, de donner au "monde" une Italie "stabilisée", "fidèle à ses alliances", énergique contre les "terrorismes" (et c'est pourquoi il faut qu'ils existent, qu'ils se développent, qu'ils deviennent de plus en plus "puissants" et monstrueux). S'il n'y avait pas eu aussi un "visage propre" de la P2, si l'on n'avait pas pu impliquer aussi "des bonnes fois" pense-t-on vraiment que toute -ou presque toute - la classe dirigeante militaire de l'époque ait été engagée et enrôlée par Gelli et par ses marionnettistes nationaux et internationaux?

Dans ce contexte la succession - et de toute façon l'hostilité nécessaire contre sa charge même dans l'immédiat - de Sandro Pertini, un problème qui mobilise déjà à lui seul légitimement les attentions des partis et des hommes, prend une valeur extraordinaire, et des caractéristiques particulières.

Si bien que nous avons posé, et ça ne date pas d'aujourd'hui, un autre problème: les coalitions politiques actuelles sont déjà naturellement, et pour des raisons encore moins nobles et absolument graves et négatives, déterminées aujourd'hui par l'échéance "naturelle" de l'élection du Président de la République en 1985.

Mais le Pays, et officiellement les partis aussi, n'en savent rien. Il faut rendre à la vie démocratique, à la responsabilité politique, également cet aspect du présent et du futur du Pays. Il n'y a que dans l'obscurité des corridors corrompus et des caves sales du pouvoir que le pire peut continuer à s'affirmer en toute tranquillité. Et il n'y a que dans la certitude ou dans la probabilité que la succession "non-naturelle" éventuelle du Président Pertini, avant l'expiration de son mandat, puisse amener au succès de candidats complices, de marionnettistes, de marionnettes, sur lesquelles on peut exercer un chantage, appartenant à un milieu de parti impliqué, que la P2 et ses associés peut se considérer obligée de jouer ses cartes les plus téméraires et les plus folles.

Alors, nous demandons: "quelle indépendance", quelle tranquillité peut donner - et à qui - un Président de la République qui a fréquenté longtemps et intensément Gelli ou d'autres représentants majeurs de la P2 étant Président du Conseil, et qui a été poussé à mentir visiblement sur la raison de ses rapports avec lui?

Quel sens aurait, par exemple, une élection d'un Président ancien secrétaire de la DC qui a été pendant des lustres l'ami d'Ortolani, qui a eu des rapports financiers avec eux, et qui - si ce que publie par exemple "L'Espresso" était vrai - n'est pas coaccusé avec Gelli (et c'est incompréhensible) de la banqueroute frauduleuse du groupe Rizzoli, la pointe de lance dans les "médias de masse" et dans le Pays de la P2 et de la campagne de "normalisation" de l'Italie, c'est-à-dire de la déstabilisation de la République?

Et la Présidence de la République éventuelle à l'actuel Président du Sénat, Francesco Cossiga (22) qui, comme Ministre de l'Intérieur et ensuite comme Président du Conseil, a assisté tragiquement incapable à la désagrégation des institutions et à l'action d'enrôlement d'une si grande partie de l'administration de l'état dans la P2?

Conformément à sa nature de pur homme de pouvoir, et efficace sur ce point uniquement, cette candidature (de De Mita, à ce que l'on dit) correspond au dessein de l'actuelle leadership démocrate-chrétienne d'opposer aux deveines électorales et politiques une ligne de "majorité institutionnelle", de partage, autrement dit, avec le PCI et avec les hommes du courant "de base", des pouvoirs formels de l'Etat.

Ou, encore, quelle crédibilité auraient des candidats sociaux-démocrates, après que le secrétaire de leur parti a montré - à peu dire - une incroyable légèreté, qu'il s'est même enrôlé dans la P2, alors qu'il était une des rares personnes - en Italie - qui savait de quoi il s'agissait? Et après que pas un seul social-démocrate en Italie n'a montré au moins qu'il considérait juste un minimum de discussion à ce propos?

Et le PSI, le parti qui est aussi celui de Sandro Pertini? C'est aussi malheureusement le parti qui, au niveau de ses dirigeants, a trafiqué avec Calvi, qui a vu s'enroler et qui a ensuite défendu ses représentants qui n'étaient pas secondaires dans les armées du complot. C'est le moins qu'on puisse dire, même si jusqu'à l'affaire D'Urso il a fait l'objet d'hostilités et d'attaques explicites de ce "parti de la fermeté" qui a eu dans la P2 - des services secrets à l'édition imprimée et audiovisuelle - son aile marchante et ses troupes d'assaut. Et les moralistes du PRI? Croient-ils vraiment que l'appartenance de Corona au secrétariat du PRI, jusqu'au début des scandales maçonniques, de ses rapports avec Carboni, avec Pazienza et d'autres, puisse être liquidée comme un épisode et une réalité inconsistante et marginale?

En définitive aucun candidat du régime des partis, ni à travers ses plus hauts représentants, ni à travers des rois fantômes déteins, ou des "externes" inaptes ou incapables de vivre directement des responsabilités d'homme d'Etat, ne peut être craint par les ennemis de la République, si ce n'est comme expression d'une des factions qui s'opposent pourtant à l'intérieur de la sphère dans laquelle ils gravitent.

Tant que la situation historique dans laquelle l'Italie - et le monde - se trouvent sera celle-ci, tant que ses ennemis seront ceux-là, nous répétons que personne comme Sandro Pertini ne peut être meilleur candidat à sa propre succession, qu'il faut déblayer le terrain - comme nous contribuâmes à faire il y a un mois, en nous exposant encore une fois - des spéculations des corbeaux et des chacals sur ses conditions effectives de santé. Des conditions que, les connaissant bien, nous jugeâmes nécessaire de mettre au centre de l'attention de l'opinion publique et soustraire à un climat louche qui voyait déjà des journaux préparer des fiches biographiques, des actions politiques se souder au nom de l'imminence de la disparition et des empêchements du Président.

Et si - c'est la question que nous nous sommes posés alors - les alliances précieuses extorquées ou conquises en vue d'un événement heureusement absolument improbable, avaient poussé la P2 à provoquer l'événement lui-même? Et lorsque nous écrivons - maintenant "P2" nous ne nous référons plus à une "organisation dissoute". Nous nous référons à toute une faction politique du régime des partis dans laquelle se trouvent aussi bien les particuliers qui ont jugé à l'époque pouvoir dominer et utiliser le pouvoir national et international de Gelli, que le parti - le PCI - qui, en tant que tel, a joué manifestement la même carte, à travers la collaboration quotidienne des Pecchioli et des Minucci, pour garder le silence sur autre chose et sur d'autres personnes, avec les autorités militaires et les autorités de la propagande et de la presse de la P2 en Italie.

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N.d.T

1 - QUIRINAL. Une des sept collines de Rome où se trouve le palais du Président de la République. Par extension, le mot "Quirinal" sert à désigner la Présidence de la République.

2 - PERTINI SANDRO. (Stella 1896 - Rome 1990). Homme politique, italien. Socialiste, il fut emprisonné et exilé pendant le fascisme. De 1943 à 1945 il participa à la Résistance. Secrétaire du Parti socialiste, député, président de la Chambre (1968-76), Président de la République (1978-1985).

3 - BERLINGUER ENRICO. (Sassari 1922 - Padoue 1984). Homme politique italien. Député à partir de 1968, secrétaire général du Parti Communiste Italien (PCI) de 1979 jusqu'à sa mort. Après la crise et l'assassinat d'Allende il fut fauteur du "compromis historique", qui amena de 1976 à 1979 à la soi-disant "majorité du non-refus de confiance", la plus haute réalisation de la stratégie de Togliatti pour un accord organique avec la Démocratie Chrétienne. C'est à lui qu'appartînt le projet de donner vie au soi-disant "Eurocommunisme", une tentative de projeter en occident un réformisme qui ne reniât pas tout à fait l'expérience communiste.

4 - DE MITA CIRIACO. (Avellino 1928). Homme politique italien, démocrate-chrétien, député à partir de 1963. Ministre à plusieurs reprises, devenu secrétaire de la Démocratie Chrétienne en 1981 et Président du Conseil en 1988 il se caractérise pour sa polémique ardente avec Craxi et les socialistes et pour ses tentatives d'"ouvertures" au Parti communiste italien (PCI). Exclu de sa fonction par les démocrates-chrétiens modérés, les soi-disants "dorotei", il a été Président de la DC. Chef du courant de gauche.

5 - ANDREOTTI GIULIO. (Rome 1919). Homme politique italien, démocrate-chrétien. Secrétaire de A. De Gasperi, il commença très tôt, comme Sous-secrétaire à la Présidence du Conseil, une carrière ministérielle ininterrompue: Intérieur (1954), Finances (1955-58), Trésor (1958-59), Défense (1959-66), Industrie (1966-68), Budget (1974-76). Président du Conseil de 1972 à 1973, puis de 1976 à 979, et de 1990 à 1992.

6 - FANFANI AMINTORE. (Arezzo 1908). Homme politique italien, professeur d'histoire de l'économie, personnalité éminente de la Démocratie chrétienne, dont il fut secrétaire de 1954 à 1959 et ensuite de 1973 à 1975 en lui donnant une forte empreinte corporative avec l'utilisation de l'industrie publique comme volant du développement économique. Chef du gouvernement (1958-59); 1960-62; 1982-83), ministre des Affaires étrangères à plusieurs reprises, président du Sénat de 1958 à 1973 et ensuite de 1976 à 1982.

7 - SPADOLINI GIOVANNI. (Florence 1925 - Rome 1994). Historien et homme politique italien. Directeur du "Resto del Carlino" (1955-68), et du "Corriere della Sera" (1968-72), Ministre des Biens Culturels (1974-76), secrétaire du Parti républicain à partir de 1979 et ensuite Président du Conseil à partir de 1981.

8 - RAI-TV. Radio-télévision italienne.

9 - P2. Nom d'une loge maçonnique, dont les membres étaient couverts par le secret. A sa tête se trouvait Licio Gelli. Indiquée comme le lieu où l'on trama d'obscures manoeuvres politiques et où l'on géra de gros scandales financiers. Dissoute en 1981 par décision du gouvernement. Ses adhérents subirent presque tous une longue quarantaine politique et sociale.

10 - SCIASCIA LEONARDO. (Racalmuto 1921 - Palerme 1990). Ecrivain, auteur de romans célèbres ("Le parrocchie di Regalpetra", 1956; "Il giorno della Civetta", 1961; Todo modo, 1974), mais connu aussi comme polémiste, participant de la vie civile italienne pendant vingt ans au moins. Il fut aussi député radical pendant une législature, intervenant de façon énergique dans les batailles pour les droits civils (affaire Tortora, etc).

11 - SEGNI ANTONIO. (Sassari 1891 - Rome 1972). Démocrate-chrétien, italien. Ministre de l'agriculture en 1946, il élabora la réforme agraire de 1949. Il fut Président du Conseil (1955-57 et 1959-60), puis Président de la République en 1962, il dut se démettre en 1964 car gravement malade. On parla de lui comme le partisan possible d'un coup d'état pour renverser le premier centre-gauche, trop "progressiste".

12 - SARAGAT GIUSEPPE. (Turin 1898 - Rome 1988). Socialiste, exilé en Autriche sous le fascisme. Ministre dans le premier gouvernement Bonomi de 1944, président de l'Assemblée Constituante en 1946. En 1947 il dirigea la scission de l'aile droite du Parti socialiste italien (PSI) fondant le PSLI (Parti socialiste des travailleurs italiens), ensuite PSDI (Parti socialiste démocrate italien). Vive-président du Conseil et Président de la République de 1964 à 1971.

13 - LEONE GIOVANNI. (Naples 1908). Président du Conseil (1963-68) et ensuite de la République (1971-78) obligé de démissionner, impliqué dans le scandale Lockheed, suite au référendum sur le financement des partis organisé par le Parti radical.

14 - MORO ALDO. (Maglie 1916 - Rome 1978). Homme politique italien. Secrétaire de la Démocratie chrétienne (1959-65), artisan de la politique de centre-gauche. Plusieurs fois ministre à partir de 1956. Président du Conseil (1963-68, 1974-76), à partir de 1976 président de la Démocratie chrétienne, il préconisa le rapprochement du Parti communiste italien (PCI) au gouvernement traçant l'hypothèse d'une soi-disant "troisième phase" (après celles du "centrisme" et du "centre-gauche") du système politique. Enlevé par les Brigades Rouges à Rome, le 16 mars 1978, il fut retrouvé mort le 9 mai de la même année.

15 - DALLA CHIESA CARLO ALBERTO. (Saluzzo 1920 - Palerme 1982). Général des carabiniers. Coordinateur des enquêtes sur les "Brigades Rouges" à partir de 1978, nommé en 1982 super-préfet de Palerme pour la lutte contre la mafia, il fut assassiné ainsi que sa femme.

16 - GELLI LICIO. (1919). Chef de la Loge maçonnique P2 ("Propagande 2") qui affiliait, en secret, des personnalités de premier plan de la politique et de l'administration italienne, à laquelle on attribue la responsabilité de nombreuses affaires obscures liées à la "stratégie de la tension" mise en acte pour conditionner la vie politique italienne dans les "années de plomb". Impliqué dans un grave scandale en 1981, expatrié et ensuite extradé et arrêté en 1982; actuellement en liberté attendant d'être jugé, il garde beaucoup de secrets et une partie de son pouvoir.

17 - CEFIS EUGENIO. (Cividale del Friuli 1921). De 1967 à 1971 Président de l'ENI, l'Organisme national pour les hydrocarbures, et de la Montedison (1971-1977). Protagoniste de la reconstruction économique italienne, favorisée par sa politique pétrolière et du méthane, il se servit de systèmes de pouvoirs et de corruption sans scrupules pour arriver à ses fins.

18 - CRAXI BETTINO. (Milan 1934). Homme politique italien. Socialiste, député à partir de 1968. Devenu secrétaire du Parti socialiste italien (PSI) en 1976, il a profondément changé la physionomie du parti, le faisant devenir l'axe d'un ample projet de réformes même institutionnelles et d'unité des forces socialistes.

19 - RIZZOLI. Famille d'importants éditeurs. Angelo (Milan 1889- 1970) est le fondateur en 1929 de la Maison d'édition du même nom. Propriétaire du "Corriere della Sera", cédé ensuite par le neveu du même nom impliqué dans des scandales financiers-politiques en rapport avec la loge maçonnique P2.

20 - CALVI ROBERTO. Financier italien, assez discuté et même soupçonné d'être proche de la mafia. Directeur du "Banco Ambrosiano", il se rendit responsable d'opérations à risques qui amenèrent la Banque au bord de la crise. Il meurt à Londres en 1982 dans des circonstances mystérieuses et éclatantes, on n'a jamais si par suicide ou assassinat; son cadavre fut trouvé sous un pont de la Tamise.

21 - PICCOLI FLAMINIO. (Kirchbichl, Autriche 1915). Homme politique, italien. Il a été secrétaire de la Démocratie Chrétienne (DC) (1969; 1980-82). Il a été aussi président de la Commission Affaires étrangères de la Chambre.

22 - COSSIGA FRANCESCO. (Sassari 1928). Président de la République Italienne à partir de 1985, il a donné ses démissions le 28 avril 1992. Député depuis 1958, il a été successivement sous-secrétaire (1966) et Ministre (1974). Ministre de l'Intérieur (1976-78) à l'époque de l'enlèvement d'Aldo Moro, il se démit quand on découvrit le corps de l'homme d'état assassiné. Chef du Gouvernement (1979-80). Comme Président de la République, dans la seconde partie de son mandat, il s'est engagé en première personne pour la changement de la Constitution italienne, s'abandonnant à de féroces polémiques avec la plupart des exposants politiques et dépassant les limites établies par le système constitutionnel. C'est pour ces raisons que Marco Pannella a porté plainte contre lui, en août 1991, pour le crime d'attentat à la Constitution.

 
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