Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
sab 10 mag. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Archivio Partito radicale
Fabre Jean - 20 gennaio 1984
Naissance de l'internationalisme radical, un espoir de vie et de paix.
La lutte contre la faim dans le monde.

de Jean Fabre

SOMMAIRE: Le Parlement européen approuve celle qui pour le ministre des Affaires Etrangères Cheysson est une résolution "historique", qui demande à la Commission européenne et aux gouvernements de la CEE d'élaborer des plans d'urgence pour le salut et la vie d'au moins 5 millons de personnes dans le Sud du monde; en évaluant à 5OOO millards de lires la somme nécessaire et à 45 jours le délai technique pour la mobilisation des ressources nécessaires. Il s'agit d'un document qui ne permet plus de tergiversations. Grace à Food and Desarmament et au Groupe parlementaire radical, cette résolution est portée à l'attention des Parlements non seulement européens, dans celle qui deviendra la plus grande mobilisation internationale sur ce thème. Marco Pannella, en grève de la faim depuis le 2 septembre, suspend l'initiative nonviolente pendant trois jours, du 17 au 19 octobre. Le 2O octobre, le Parlement européen commence à éxaminer le bilan; les amendements à soutien de la résolution approuvée contre la faim sont rep

oussés par une étroite majorité. Le commissaire Pisani assure que la "Commission européenne donnera une réponse adéquate". Pannella et Bonino à Cancun pour communiquer à 20 chefs d'Etat la Résolution du P.E. La conclusion est amère: "Cancun est la Munich des années 8O". La mobilisation internationale se poursuit en vue du sommet européen de Londres prévu pour fin Novembre: le président du Conseil italien, Spadolini, ne dit pas un mot en faveur de l'initiative contre l'extermination par la faim, malgré les engagements pris en Italie et en présence du Président de la République Pertini. La bataille continue, au Parlement européen, avec l'engagement total des radicaux.

( NOUVELLES RADICALES N.7, 2O janvier 1981 )

Le 3O septembre, le Parlement européen approuvait, à majorité absolue, une résolution sur la faim présentée par Marco Pannella, que le ministre des Affaires Etrangères, Cheysson, définissait "historique". Après le Manifeste politique des 54 Nobel, ce texte ouvrait une confrontation inéludable entre politiques de mort et la nouvelle coalition qui se constitue, au niveau européen et international, pour une politique de vie. En demandant à la Commission européenne et aux gouvernements des Etats membres de la CEE d'élaborer un plan d'urgence pour sauver 5 millons de personnes de la mort par la faim et

le sous-développement à partir du 1 janvier 1982, en évaluant le coût à 5OOO millards de lires et n'accordant pas plus de trente jours à la Commission pour en référer au Parlement et 45 jours au Conseil européen pour mobiliser les ressources nécessaires, la majorité du Parlement européen ne permettait plus désormais de tergiversations et d'échappatoires. Le document constituait un acte de courage politique à la hauteur de la tragédie de notre époque. Jamais aucun texte parlementaire n'avait donc recueilli d'adhésions si nombreuses et si prestigieuses.

Food and desarmament International et le Groupe parlementaire radical se sont de suite chargés de communiquer à tous les parlementaires d'Europe ( et pas seulement celle des dix ) cette prise de position politique, ainsi qu'aux Nobel, aux autorités politiques et religieuses et aux organisations spécialisées. Des dizaines de lettres, de messages d'adhésion arrivaient de suite des parlementaire de toute l'Europe, annoncant des initiatives convergentes. 15O lettres, venant d'évêques, du Tiers monde pour la plupart, exprimaient non seulement un espoir mais aussi un soutien, informaient sur les messages envoyés à ministres et chefs d'Etat, reconnaissaient dans le jeûne de Marco Pannella un geste de grande valeur politique et humaine. Des messages de chefs d'Etat arrivaient aussi, non seulement d'Europe mais des régions du Sahel, ou de Pays les plus touchés, comme le Bangladesh ou d'autres. Des ambassadeurs, des diplomates européens, africains, latino-américaims, de hauts-fonctionnaires des Nations-Unies, des expe

rts de la faim, des Prix Nobel, ont bouleversé leur calendrier de travail, pour être présents à Strasbourg, au Parlement européen où le 14 octobre Food and Desarmament (1) et le Groupe parlementaire organisaient, ensemble, un Entretien international à très haut niveau, pour étudier immédiatement l'application de la résolution du Parlement, face aux problèmes qu'elle posait. Particulièrement précises ont été les indication de Bradford Morse, directeur du Programme des Nations-Unies pour le développement, et du Secrétaire général adjoint de l'UNCTAD (2), ainsi que celles d'autres éminents spécialistes, qui ont affirmé qu'il est possible, il est raisonable, d'atteindre l'objectif que le Parlement européen a fixé à l'Europe, et qui ont souligné combien, tous comptes faits, la somme demandée était irrisoire par rapport à l'ensemble des budgets des Pays européens.

La rencontre des Prix Nobel avec Spadolini (3) et Pertini (4), le succès de la marche de Rome du 17 octobre, les très nombreux signaux arrivés ces jours là, permettaient de penser que quelque chose pouvait changer. On décida donc de suspendre pendant trois jours ( 17-18-19 octobre ) le jeûne de Marco Pannella, qui durait depuis le 2 septembre. En Belgique, pendant ce temps là, s'ouvrait un grand débat, organisé par la Radio Nationale, qui consacrait une heure par jour, pendant toute la première semaine d'octobre, à l'objectif de la grève de la faim, commencant par un interview d'une heure à Pannella, continuant avec un fil direct avec les écouteurs pendant les trois jours suivants, et terminant par une réplique de Pannella une heure durant. Le huit octobre, à l'initiative de l'Association belge du Parti radical, des centaines de personnes se réunissaient à Bruxelles devant le ministère de la Coopération au Développement pour honorer les morts par la faim et le sous-développement. Le 9, dans le grand amphithé

âtre de l'Université de Bruxelles, Marco Pannella tenait une conférence publique. Un débat animé, souvent déconcertant pour celui qui découvrait que la ligne de partage entre la politique de défense de la vie et les choix de la mort ne passe pas entre la "droite" et la "gauche", mais plutôt passe souvent par la coalition des partis. Un débat riche. Le 2O octobre, la bataille sur le budget commencait au Parlement européen, avec la présentation des amendements, pour un montant de 6OO millards, concordés avec la résolution du 3O septembre. Le relateur, Spinelli (5), se ralliait à faveur. Tout en obtenant un nombre élévé de voix, ils furent pourtant repoussés par la coalition adverse. Le 2O octobre, le Commissaire de la CEE au développement, Pisani, assurait que "la Commission européenne donnera une réponse adéquate à la requête qui lui a été faite par le Parlement...". Emma Bonino et Marco Pannella partaient alors vers Cancun, pour communiquer aux 2O chefs d'Etat réunis au Méxique la résolution du Parlement eur

opéen, le Manifeste des Nobel et les nombreux et prestigieux messages parvenus du monde entier. Malheureusement, la conclusion fut amère: "Cancun est la Munich des années 8O", ont déclaré Pannella et Bonino, en ajoutant: "Il ne s'agissait pas de tenter une médiation, mais plutôt de prendre l'initiative d'une rupture avec le passé et le présent, avec l'holocauste et la guerre". La TV hollandaise, le 27, transmettait un programme basé sur la résolution du Parlement européen, avec des interviews à Pannella. En France, dès le début de la grève de la faim, les comités de soutien s'étaient multipliés; à la veille du Congrès de Florence, ils étaient 54. Le 1 novembre, le comité parisien commencait un sit-in de 48 heures à l'entrée du Panthéon; deux semaines plus tard, une pluie de tracts tombait, devant les caméras, sur la tête des députés français qui discutaient le budget de la coopération au développement: " 5 millons d'enfants, de femmes et d'hommes pour lesquels le Parlement européen a annoncé vie, doivent-ils

mourir ? ". Le 6 novembre, à la Bourse du Travail de Paris, Pannella avait tenu un meeting. Dans la salle comble dans laquelle soixante-dix ans auparavant Jean Jaurès avait tenu quelques uns de ses plus importants discours, là où sont nées quelques unes des plus grandes initiatives qui ont donné corps et force à l'internationalisme ouvrier de classe et au socialisme, Marco Pannella rappelait l'histoire du Front Populaire, son incapacité de comprendre la nécessité de risquer même l'expérience socialiste alors en cours, pour battre le nazisme, le fascisme et le franquisme, et rappelait les millons de morts avec lesquels les générations d'alors avaient payé leur "bon sens", leur sens de la "realpolitik". "Est-ce-que les camarades Cheysson et Mitterrand s'en souviendront ?", demandait Pannella...

Le Parlement luxembourgeois, quant à lui, approuvait une résolution sur la base du Manifeste des Nobel et du document du Parlement européen. Face aux espoirs qui s'allumaient, la réponse du commissaire Pisani, le 16 novembre au Parlement européen, était indigne; il réduisait l'opération proposée par l'Assemblée à un plan adéquat d'"aides alimentaires" pour un montant de 4O millards.

La balle passait alors au Conseil européen. Le 17 novembre, avait lieu une réunion conjointe entre les ministres des Affaires étrangéres des dix Pays de la CEE et le Bureau de Présidence, à laquelle participait Marco Pannella ( en tant que Président du Groupe parlementaire). De nombreux télégrammes d'évêques étaient arrivés sur les bureaux des ministres. Au cours de la réunion, le Président du Conseil Lord Carrington s'engageait à porter la question à l'ordre du jour du sommet européen prévu à Londres le 26 et 27 novembre. Les jours suivants, de très nombreux députés européens, dont Willy Brandt et une centaine de ceux qui n'avaient pas approuvé la résolution parlementaire, signaient un document invitant les chefs d'Etat et de Gouvernements à éxaminer les points contenus dans cette résolution. C'est à ce point là que Pannella décidait de "suspendre" la grève de la faim, annoncant aussi au Congrès libéral de Florence son intention de le reprendre et de le continuer jusqu'au bout, ou de subir même sur le plan

personnel les conséquences d'une éventuelle défaite.

A Bruxelles, cependant, on refusait à Marco Pannella le droit de tenir une conférence au siège de la CEE, contrairement à ce qui avait toujours été accordé aux députés européens. Refusant de permettre un précédent aussi grave, les radicaux s'opposaient, par une distribution de tracts quotidienne et la désobéissance civile, obtenant par la suite la révocation de la décision. La conférence pouvait ainsi se tenir le 1 décembre, avec la participation d'un nombre jamais vu de fonctionnaires de la CEE.

Quatre jours auparavant, le sommet de Londres qu'Emma Bonino et moi avions suivi sur place, s'était conclu. Spadolini n'avait pas donné un mot en faveur de la résolution européenne, alors qu'en Italie il s'était engagé publiquement en ce sens, et comme le lui avait aussi demandé le Président Pertini. La longue bataille semblait alors entrer dans une nouvelle dimension. Ce qui a été obtenu jusqu'aujourd'hui est un patrimoine acquis. A Bruxelles nous le savons, et en ce qui nous concerne nous voulons aller de l'avant.

* * *

N.d.T.

(1) Food and desarmament: organisation

non-gouvernementale qui s'occupe de la faim

et du développement. Elle a été fondée à

partir du Manifeste des Prix Nobel.

(2) UNCTAD: sigle de Uunited Nations Conference

on Trade and Development, Conférence des

Nations Unies sur le Commerce et le

Développement, convoquée pour la première

fois à Genève en 1964. Son principal

objectif est de promouvoir les exportations

des Pays en voie de développement.

(3) Giovanni Spadolini: (Florence, 1925)

historien et politicien; secrétaire du PRI,

le Parti républicain italien, depuis 1979:

ministre des biens culturels (74-76), et de

l'instruction (79); président du Conseil (81-

85) et actuel président du Sénat.

(4) Sandro Pertini: (Stella, 1896). Socialiste,

emprisonné à plusieures reprises pendant le

fascisme (43-45). Exposant de la Résistance

italienne; député et sénateur (48); président

de la Chambre des députés (68-76). En 1978,

fut élu Président de la République italienne.

(5) Altiero Spinelli: emprisonné pendant le

fascisme (de 1929 à 1945) pour ses activités

antifascistes. En 1942, écrit avec Ernesto

Rossi, l'un des fondateurs du Parti radical,

le Manifeste fédéraliste de Ventotene, dans

lequel est affirmé que seule une Europe

fédérale pourra vaincre les dangers d'un

retour de la guerre fratricide sur le

continent européen. A la fin de la guerre, il

fonde avec d'autres le Mouvement fédéraliste

européen et devient membre de la Commission

européenne. En 1979, il est élu député

au Parlement européen où il se consacre à un

projet de loi mieux connu sous le nom de

"Projet Spinelli" qui fut ensuite adopté par

le P.E en 1984.

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail