Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
gio 06 mar. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Archivio Partito radicale
Pannella Marco - 4 aprile 1984
CONTRE LA DROGUE, UNE REVOLTE CIVILE
par Marco Pannella

SOMMAIRE: Le prohibitionnisme a produit la culture de la déviance et de la drogue et créé une industrie du crime sans précédents aux bénéfices illimités. Pannella propose une ligue internationale contre le prohibitionnisme, et que de la drogue libre - libre de tuer, d'engendrer des bénéfices et un pouvoir pour la mafia et la "camorra" - on passe à la réglementation de la drogue. Par réaction une campagne irrationnelle s'est déchaînée. Même les communautés thérapeutiques et les anciens toxicomanes qu'elles assistent se sont mobilisés. La presse a pu ainsi présenter une alternative inexistante entre les propositions de Pannella et les efforts pour la récupération des toxicomanes.

(NOUVELLES RADICALES N. 68, 4 avril 1984)

Certes, j'aurais préféré que cette fois l'initiative fut prise par d'autres secteurs, par d'autres partis. Les blessures sont vives de quand tous seuls, après des années d'attente à l'époque aussi, nous jugeâmes devoir hisser les drapeaux civils sur le divorce, sur l'objection de conscience, sur l'avortement, sur les codes pénaux, sur le financement public des partis, sur la tolérance sexuelle, sur la P2 (1)... Mais on ne peut plus continuer à se donner une bonne conscience à bon marché. Le problème de la drogue est désormais le vrai problème de la santé de notre société et de nos Etats.

Si en 1975 pour obtenir l'approbation de la loi dans ses principes au moins plus tolérante et efficace, plus civile et plus armée, je jugeai devoir obliger l'Etat, autrement paralysé ou distrait, à m'arrêter, aujourd'hui j'espère qu'il ne soit pas nécessaire d'avoir recours aux armes dramatiques de la non-violence mais que l'appel à la raison et à la moralité humaine et civile de chacun et de tous puisse être suffisant. Et je ne peux pas oublier que la première bataille radicale, aujourd'hui, reste celle de la lutte contre les Chevaliers de l'Apocalypse de la Faim et de la Guerre, pour l'approbation de la loi Piccolo pour le salut de millions d'agonisants, et celle pour des minimums vitaux de pension dans notre pays, tout de suite.

Nous devons hausser le tir, à la hauteur de l'importance de ce fléau. Dire aussi publiquement ce que tous nous nous disons, ou devinons: les effets, même si tellement douloureux, terribles, mortels, de la "consommation" directe de drogue, sont presque peu de chose par rapport aux effets de sa "production" et de son commerce".

Les bénéfices immenses que le régime prohibitionniste garantit sont, sans comparaisons possibles, supérieurs à ceux qui sont assurés par n'importe quelle autre entreprise criminelle ou légale. La terrible puissance conférée par ces bénéfices détermine désormais la vie institutionnelle de bon nombre d'Etats et pèse sur celles de beaucoup d'autres, elle promeut inéluctablement au grade de sujets de pouvoir politique (et de politique subversive), dans de vastes zones du monde entier, les multinationales du crime, elle corrompt et plie notre société avec des organisations tentaculaires, en poursuivant et frappant des générations et des populations toutes entières.

La production, le commerce, le trafic de drogue et d'armes deviennent toujours plus intimement liés et interdépendants, se soudant l'une aux autres dans les agissements les plus obscurs et les plus tragiques du désordre qui règne dans le monde. Des milliers de criminels, dans toute classe sociale et dans chaque pays où les principes de liberté et de droit sont appliqués aussi au moment économique, sont nécessairement payés avec le risque d'abus et de spéculations illégales, se trouvent promus en très peu de temps dans une sorte de nouvelle classe de pouvoir, grâce aussi au processus naturel, nécessaire, de conversion en "argent propre" de leurs bénéfices et en investissements dans des secteurs les plus disparates, insoupçonnés et délicats. Tout le système financier, politique, social risque d'en être pollué et conditionné. La politique répressive à elle seule a désormais révélé toute son impuissance et son incapacité en frappant en général davantage la masse des victimes de ce circuit et de cette entreprise

d'exploitation et de mort, réussissant d'une manière marginale et épisodiquement à couper les tentacules de cette gigantesque pieuvre qui se reproduisent tout de suite.

Le régime prohibitionniste est la cause nécessaire et peut-être aussi suffisante (à la longue) de la naissance et du développement de cette entreprise du crime et de la mort qui prend de l'extension. Il faut couper ce noeud tant qu'on a encore le temps, ou si on a encore le temps: ce qui ne pourra être vérifié que si l'on essaye, avec une bataille civile et politique extrêmement risquée mais tout autant morale et nécessaire.

La pleine dépénalisation de la consommation, la réglementation administrative du commerce, le contrôle (ou le monopole) public de la production comporteraient immédiatement le début du processus de destruction de l'entreprise criminelle fondée sur la "drogue interdite".

Cet objectif doit se traduire sur le plan international, du droit positif des Etats, pour avoir une pleine réalisation. Mais il faut commencer de plusieurs côtés, simultanément et de façon convergente: par les Etats, par la Communauté européenne, par l'ONU.

A cette fin la Ligue internationale anti-prohibitionniste pour la lutte contre la drogue est en cours de constitution, avec son comité italien. Il n'y a pas de temps à perdre. Cette horrible plaie, cette tumeur, sont nourries au lieu d'être soulagées, soignées par une culture et par une politique qui mettent au centre de la cible les victimes au lieu des causes évidentes et des terribles raisons du fléau. Nous demandons donc à tous et à chacun d'assumer ses propres responsabilités. On peut m'envoyer des adhésions, des contributions, des conseils, des insultes et des menaces au Groupe radical, à la Chambre des députés, à Rome. Merci à tous, et en particulier au "Corriere" (2), pour son hospitalité.

-----

N.d.T

1 - P2. Nom d'une loge maçonnique, dont les adhérents étaient couverts par le secret. A sa tête se trouvait Licio Gelli. Indiquée comme le lieu où l'on trama d'obscures manoeuvres politiques et où l'on géra de gros scandales financiers. Dissoute en 1981 par décision du gouvernement. Ses adhérents subirent presque tous une longue quarantaine politique et sociale.

2 - CORRIERE DELLA SERA (LE). Quotidien fondé à Milan en 1876. Considéré pendant longtemps le journal influent par excellence. A tendance modérée.

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail