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Feltri Vittorio, Pannella Marco - 12 aprile 1985
Pannella: Je ne cherche pas des électeurs parmi les morts de dénutrition d'Afrique.
C'est le leader PR, candidat au Sous-Secrétariat à l'aide au Tiers-Monde, qui parle.

"Il faut comprendre que la vie d'un être humain n'est pas une simple formalité bureaucratique" - "Il ne faut plus perdre des jours et des semaines: une catastrophe sans précédents est trop proche".

par Vittorio Feltri.

SOMMAIRE: Une loi pour l'intervention extraordinaire de l'Italie contre l'extermination par la faim, avec mille carences, ayant été approuvée, Marco Pannella annonce sa disponibilité pour être candidat à l'application de cette loi, en tant que Sous-Secrétaire du gouvernement. La lenteur de la bureaucratie, l'insensibilité du gouvernement. La perspective qu'un radical collabore avec Andreotti. La démagogie de La Malfa. L'histoire politique de Marco Pannella: le Parti Libéral, le Parti Radical, L'Etat, l'Eglise. Les radicaux verts de toujours. Les rapports avec le Psi: une carte demandée depuis des années, qui n'arrive pas à cause de l'obstructionnisme de la direction de Via Del Corso (Siège du Psi, NDT). La position radicale sur le referendum du Pci sur l'Echelle Mobile.

("Corriere Della Sera, 12 Avril 1985)

Rome - Rutelli apparaît dans l'encadrement de la porte de la pièce de Pannella: "Excuse-moi Marco, puis-je entrer? Ils ont encore renvoyé".

"Renvoyé quoi?

"La nomination du Sous-Secrétaire".

"Encore? Mais qu'est-ce qu'ils attendent?" Et il ouvre ses bras, plus agacé que découragé. Puis il s'adresse à moi, comme pour justifier cet agacement et, peut-être aussi pour préciser qu'il ne pense pas à lui-même, à la charge, mais à ceux qui devraient-être les bénificiaires de la loi: "Chaque jour qui passe, là-bas il y a des personnes qui meurent. Et nous, nous perdons du temps. Mais quand comprendront-ils donc que la vie d'un être humain n'est pas une formalité bureaucratique?"

Pannella défait légèrement sa cravatte, son col de chemise, et boit au goulot de la bouteille d'eau minérale: gestes exagérément lents, comme pour retrouver son calme. Mais il éclate encore: "Je le dis et je le répète. S'ils ne se dépêchent pas, je retire ma candidature. Je le jure!"

- Pardonnez-moi, Pannella, mais qu'est-ce qui vous a conduit à le faire?

"C'était un devoir. Même si c'est pour moi une chose difficile. C'est une tâche terrible, je le déclare sans ambages. La loi est sur la ligne, dégradée, que nous n'arrivons pas à imposer non seulement en Italie mais aussi en Europe et dans le Tiers-Monde. Je me suis dit alors que nous ne pouvions pas ne pas être disponibles pour assurer l'exécution de cette mesure, pour atteindre l'objectif: réduire le taux de mortalité dans les pays où la faim est meurtière. Certes, être candidat pour devenir le millième sous-secrétaire de cette République à 55 ans, dont 40 d'honorable carrière, m'a demandé du courage et un peu d'humilité".

- C'est une tactique, ou c'est vrai que s'ils ne se décident pas rapidement, dans quelques heures, vous vous retirez? Si vôtre disponibilité était chronométrée, ne croyez-vous pas que la chose serait peu appréciée par ceux qui, comme vous dites, meurent de faim?

"De deux choses l'une: ou bien il est exact que ce dont nous avons réussi à convaincre notre gouvernement, qui à Bruxelles, au Sommet européen, a imposé à la Communauté des dix de se dépêcher à temps, parce que dans cent jours une catastrophe sans précédents aura lieu en Afrique, et alors il n'est guère possible de continuer à perdre des jours et des semaines ; ou bien cela ne l'est pas. Mais si ça l'est, il faut-être très clair. Nous sommes dans un cas où les reflets partitocratiques ne peuvent pas avoir le champ libre, autrement il est inutile de créer des illusions sur ce que l'on peut faire effectivement".

- Si vous étiez appelés à administrer les fonds, vous devrez collaborer, sinon dépendre, du Ministre, qui est Andreotti. Singulière perspective pour un radical !

"A l'égard d'Andreotti, j'ai toujours eu une grande estime en dehors des très grands motifs d'affrontement politique. Et j'ai toutes les raisons de croire que son état d'âme envers moi est identique. Une éventuelle collaboration, ponctuelle, pourrait se révéler précieuse, aussi bien en tant qu'expérience personnelle que pour le Pays".

- Si vous entrez au gouvernement, comment fera le PR pour rester à l'opposition? S'opposera-t-il aussi à Pannella ou adoptera-t-il la formule des »deux poids - deux mesures ?

"Le gouvernement continuera sa politique sans être conditionné par ma présence comme cinquante-cinquième sous-secrétaire; la politique de Pannella et encore plus celle de mon parti, ne pourront-être mises en cause. Aucune double-voie donc, mais une croissance de responsabilité de laquelle on ne pourra pas tirer une seule opportunité en plus de dialogue vraiment laïque et démocratique".

- Le PSDI vous est favorable. Et le PSI aussi, après les déclarations de Loris Fortuna. Et les autres? En somme quelles sont vos chances de réussir?

"Quelles sont leurs chances, pas les miennes. Je ne suis pas chômeur".

- Admettons que votre nomination arrive, quel sera votre premier pas?

"Le seul sérieux, essayer tout de suite de mettre sur pied une baraque qui résiste à l'avalanche des choses à faire. C'est le trou de l'aiguille à travers lequel la Grande Espérance doit passer. J'aurai comme toujours le sens profond de l'urgence, et le refus de céder à la hâte".

- Et comment pensez-vous dépenser cet argent?

"Avant Tout, que ce soit moi ou un autre, il faudra faire attention à la façon de le dépenser. A ne pas le dilapider. En tous cas, sûrement pas pour encourager nos commerces, honteux et inavouables; ni la corruption; ni l'aide alimentaire".

- Mais alors où finiront ces milliards?

"Ne feignez pas de ne pas le savoir. Les radicaux, depuis cinq ans au moins, illustrent chaque jour la manière de les administrer. Nous suivrons ces indications qui constitueront un programme d'intervention: nous ne pouvons pas ici faire la liste comptable, il faudrait une demi-journée et un demi-journal".

- La Malfa a objecté que 1.900 Milliards sont une trop grande somme pour un pays comme l'Italie qui a un bilan au moins aussi désatreux que l'Afrique. Et nombreux sont ceux qui lui donnent raison.

"J'espère qu'il n'a pas effectivement prononcé une telle non-vérité démagogique. Nous sommes les seuls, malheureusement, à dénoncer que des milliers de milliards ont été fichu en l'air au cours des dernières années, c-à-d, sans résultats pour l'Italie ni pour les millions d'agonisants. A tous ceux qui pensent ainsi, nous répondons que cette loi est faite pour un tout autre genre d'intervention. Le véritable problème, sérieux, urgent, est de convertir en dépenses pour la vie et la paix, les milliers de milliards que l'on destine aux "investissements" militaires insensés".

- Il y en a qui, comme Montanelli, ont écrit que les aides aux Pays dans la misère ne servent à rien parce qu'elles n'arrivent jamais à destination: denrées alimentaires qui pourrissent en cours de route, détournements, etc... Que proposez-vous contre cela?

"Le problème de ce point-de-vue-là n'est pas différent de celui de Naples ou Palerme, ou Reggio Calabria, et pour certains cas, Milan ou Turin. La seule formule valable est celle d'un bon gouvernement, et pour laquelle il faut avoir "les mains propres et un coeur de cristal", comme le chante Francesco De Gregori".

- Certains sont persuadés que si quelqu'un meurt de faim, plutôt que lui offrir un poisson il vaut mieux lui apprendre à pêcher. Cela ne me semble pas idiot.

"Au début, il y a vingt-ans environ, cette maxime de Mao était intéressante. Maintenant, chaque fois que je l'entends, je pense qu'il doit y avoir alentours des usines d'armes et de cannes à pêche. Parce que s'il n'y a pas de poisson, ni d'eau, ni même d'apprenti-pêcheur, parce qu'il agonise, tout l'attirail, y compris le manuel pour pêcher les soles, peut servir au maximum comme ornement pour les tombes".

- Dans la revue missionnaire "Nigrizia", un article du Père Alessandro Zanotelli dénonçait que l'argent des affamés finissent souvent dans les poches des copains, des experts, des chercheurs, des professeurs et autres. C'est vrai?

"Cet article a paru à la une de l'"Unità" et de "La Repubblica", uniquement parce qu'il y avait un projet de tentative d'éviter qu'une loi dangereuse pour l'URSS et pour les voleurs n'aboutisse. Nous partageons ce qu'a écrit "Nigrizia": "...et le PR est le seul parti à avoir publié un livre blanc sur les vices de forme. Ce n'est pas un hasard si, au départ, il faut compter surtout sur une petite armée de missionnaires catholiques, chrétiens et laïques, qui opère en menant la lutte pour le salut de l'humanité contre cet holocauste immonde".

- Il y aurait trente millions d'êtres humains qui risquent de mourir. N'est-ce pas trop même pour Pannella?

"Si ce chiffre est réduit à 30 millions au lieu de 50, comme le déclaraient les agences de l'ONU, cela est dû à l'étude des radicaux. Mais c'est une réduction sur papier. Avec les moyens de la loi, qui ne sont que la moitié de ceux demandés par la proposition Piccoli, je suis sûr que l'on peut, d'ici deux ans, garantir la survie de plus d'un million de personnes".

- Vous soutenez que si on avait laissé faire Pertini, le problème de la malnutrition ne serait plus qu'un mauvais souvenir. Voulez-vous vous expliquer?

"A vrai dire, c'est une phrase que j'ai dite aussi bien à Pertini qu'à Jean-Paul II, parce qu'il s'agit tout simplement d'avoir la volonté politique et humaine de concevoir certains choix et de poursuivre certains objectifs. L'expression est peut-être cinglante, mais dans un monde dans lequel on gaspille des milliers de milliards de lires en équipements militaires, et pour l'exploration, toujours dans des buts militaires, de l'espace et des étoiles, ne pas trouver l'argent pour arrêter l'avancée du désert, qui menace de nous envahir, est une folie".

- Vous êtes d'accord avec le Pape. Est-ce l'engagement contre la faim qui vous unit, ou bien Pannella se souvient-il de son propre passé, lorsque très jeune encore il était partisan des groupes catholiques, comme le rappellent ses biographes?

"Je me suis inscrit en décembre 1945, à 15 ans, au Parti Libéral de Marco Pannunzio et Benedetto Croce. Jusqu'en 1953, lorsque je l'ai quitté définitivement, je suis entré et sorti du PLI en suivant le mouvement ondulatoire des noms "les plus importants" engagés dans la gauche libérale. Le dernier contact que j'ai eu avec le monde institutionnel de l'église, a eu lieu au moment de ma communion en juin 1940. Cela dit, je revendique aussi pour l'intransigeance anticléricale que je suppose être inhérente à tout esprit religieux, parce que nous ne pouvons pas ne pas nous considérer des chrétiens et même des catholiques, si nous avons grandi dans ce pays où tant de cultures catholiques constituent depuis plus d'un millénaire l'univers entier du savoir et de la religion. Je répète en outre, que devant l'extermination par la faim, si je devais m'inscrire aujourd'hui à "cet" Etat ou à "cette" église, je choisirais de m'inscrire à "cette" église. Naturellement c'est une boutade. Mais comme dans chaque boutade au

thentique, il y a sûrement beaucoup de »vrai à moi ".

Les radicaux sont "Verts" depuis toujours

- Les critiques des radicaux insinuent que le cheval de bataille des désespérés d'Afrique est votre cheval de bataille électorale, même si aux administratives vous avez vos propres listes.

"Soyez certains que si cette lutte d'humanisme intégral chrétien et laïque avait été payante en termes de réussite mondaine et de pouvoir, on ne nous en aurait pas laissé longtemps le monopole. Les morts de faim du Tiers-Monde ne sont pas des électeurs".

- Parmi vos cibles habituelles, depuis quelques temps le Pci émerge. Pourquoi?

"Parce qu'aujourd'hui, c'est le véritable Etat dans l'Etat, le seul qui reste. L'Eglise, le monde clérical, pour leur bonheur, ne le sont plus. Parce que le Pci est une immense structure para-étatique qui a une féroce logique bien à elle d'auto-conservation. Parce qu'il est le seul qui peut encore donner des illusions aux grandes masses. Parce qu'il est surtout parti de pouvoir, pilastre de la partitocratie. Ce n'est pas un hasard si sur le front de la lutte contre l'extermination des déshérités, son apport n'a été que négatif, et qu'il a démonté le splendide élan du "peuple communiste" qui, à travers de nombreux maires, était en train de donner énormément, en organisant des manifestations internationales prestigieuses".

- Venons-en aux élections. Pourquoi êtes-vous avec les Verts? Craignez-vous qu'ils ne dévorent la Rose?

"Nous sommes "verts" nous-aussi, depuis toujours. Et nous pensons qu'il est nécessaire pour la démocratie que les "verts" ayant un itinéraire différent du nôtre, se constituent eux-aussi en force politique autonome. Parce que la pollution de la politique et de la morale en Italie est au moins égale, sinon plus grave, que celle de l'environnement. Et dès à présent nous sollicitons la présence de listes de ce genre même aux élections politiques. Si nous ne réussissions pas à proposer pour l'élimination de la partitocratie, des systèmes de partis nouveaux et différents, notre lutte pour un régime démocratique à l'occidentale "parfait" ne pourrait jamais se réaliser".

- Des contacts entre PR et PS s'intensifient, pour trouver, semble-t-il des points d'accord. Loris Fortuna veut »définir une aire opérationnelle socialiste et radicale jusqu'à l'hypothèse d'une structure fédérative et associative . Je dois vous avouer que je n'y ai rien compris. Voulez-vous m'éclairer?

"Il y a deux miracles dans la politique italienne et européenne. L'un d'eux est le Psi, qui avec un peu plus de dix poor cent des voix, exprime le Président de la République, le Président du Conseil, des Maires, des Présidents de Régions, de Banques, d'USL (centres de Sécurité Sociale, NDT), etc... L'autre c'est le PR, qui avec moins de trois-mille inscrits, arrive ponctuellement, depuis vingt-ans, à être majoritaire dans les grandes batailles pour les droits civils; et de nombreux chefs-d'Etat du Tiers-Monde le considèrent comme le plus authentique représentant de l'Europe. Nous avons parcouru des chemins inverses; eux, celui de la tentative de convertir le pouvoir par le pouvoir; nous, celui de convertir la politique en politique démocratique des valeurs, des idéaux et des espérances. Mais les racines sont communes. Comme, du reste, elles sont communes au PRI, PLI, PSDI, les catholiques libéraux et le communistes de la tradition de Terracini et Gullo. Nous avons déjà cueilli pas mal de fruits ensemble

. Mais ceux qui sont convaincus comme nous, que la démocratie ne peut vivre qu'en se tournant vers les démocraties anglo-saxonnes, avec de grands partis programmatiques, de civilisation identique, ne peuvent pas faire autrement que constater la justesse des indications de Fortuna. Qui sont celles qui sont inscrites dans la boussole radicale. Il s'agit donc de rassembler dans les faits des forces analogues".

- Mais est-ce que Pannella sous-secrétaire, éventuellement, pourrait-être interprété comme un premier pas vers la réalisation de l'hypothèse de Fortuna?

"Si jamais cela pourrait nous rendre l'hommage d'un pas responsable et démocratique des partis de gouvernement, qui en général, sont au contraire partitocratiques".

- Vous avez demandé, une fois déjà, votre carte au Psi, mais il ne me semble pas que vous ayez reçu un accueil enthousiaste.

"Non pas une fois, mais deux. Je pense que je suis le seul italien depuis 1945 auquel on ait réservé - cela se comprend - ce traitement. Je dois admettre cependant, que pour nous militer dans deux partis, contre les partis-églises, est un objectif presque nécessaire".

- Dans "Il Giornale", j'ai lu votre proposition de ne pas voter pour faire tomber le referendum, selon les normes constitutionnelles. Mais en pratique, quelle différence y a-t-il entre voter et ne pas voter? L'important n'est-ce pas que les "Oui" ne gagnent pas?

"C'est exact. Pour que les "oui" ne gagnent pas il faut que tous ceux, et non pas seulement une partie, qui sont hostiles à la requête du referendum, ou qui la considèrent non-méritante même dans leur propre intérêt, soient quantifiables. Or, si l'on accepte la valeur de ce referendum, on se sépare et l'on annule les 25/30% de citoyens qui n'iront sûrement pas aux urnes. La constitution, pour ce type de consultation, a explicitement prévu l'éventualité d'un refus de la majorité des citoyens, en établissant que si l'on atteint pas 50% des suffrages, le vote est nul. Par conséquent notre position reste celle de toujours:le referendum doit avoir lieu. Et nous sommes plusieurs à penser (le parti ne s'est pas encore exprimé) que cette fois-ci le recours aux urnes ne vaut pas l'aval d'un bulletin, mais exige la condamnation d'un refus préalable. En ignorant l'appel il est impossible de ne pas gagner, parce qu'il est impossible que la somme des abstentions autonomes et de celle des électeurs de la DC, du PSI,

du PRI, du PSDI, du PLI et du PR, plus que celle de la UIL, de la CISL et du courant socialiste de la CGIL, ne soit pas, et de loin, supérieure à 50%. Je le répète: le referendum doit avoir lieu. Et ce sera pour la politique de la direction du Pci, ce qu' a été l'affrontement sur le divorce, en 1974, pour la Dc et le monde clérical: une leçon historique même au profit des perdants".

- Mais pourquoi tenez-vous à ce que le Pci perde des points également sur l'Echelle Mobile?

"Parce que le Pci a parlé du referendum comme d'une poisse. Parce que pendant un an l'épouventail a servi à détourner la politique italienne de la véritable question: la réforme du coût du travail. Et parce qu'un résultat positif pour les communistes ne pourrait pas être soutenu par notre économie. Et le Pci le sait très bien".

 
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