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Teodori Massimo - 1 dicembre 1985
P2: L'histoire secrète (5) ENRICO BERLINGUER: INGENU OU PRISONNIER DES AMIS DE LA P2?

Faits et méfaits - hommes, banques et journaux, généraux et terroristes, vols et assassinats, chantages et pouvoir - selon les documents de l'enquête parlementaire sur la loge de Gelli.

par Massimo Teodori.

SOMMAIRE: »On a beaucoup écrit sur la P2 et sur Gelli, mais la vérité sur la loge et sa prise de pouvoir dans l'Italie d'aujourd'hui a été gardée secrète. Contrairement à ce qu'affirme la relation Anselmi votée à la majorité en conclusion de l'activité de la Commission d'enquête parlementaire sur la P2, la loge n'a pas été une organisation de malfaiteurs externe aux partis, mais interne à la classe dirigeante. L'enjeu pour la P2 a été le pouvoir et son exercice illégitime et occulte avec utilisation de chantages, de vols à grande échelle, d'activités subversives et de gigantesques imbroglio financiers, et même avec le recours à l'élimination physique de personnes "gênantes".

L'"histoire secrète" de Teodori est une reconstitution de faits et de responsabilités sur la base de milliers de documents; c'est la réélaboration et la réécriture de la relation de minorité présentée par l'auteur au Parlement au terme des travaux de la Commission d'enquête parlementaire. Elle illustre les milieux-ambiants de l'association de malfaiteurs Gelli-P2; elle fournit l'interprétation des activités subversives des services secrets et celles des Cefis, des Sindona et des Calvi: elle élucide le rôle de la P2 dans l'"affaire Moro" et dans l'"affaire d'Urso", dans la Rizzoli et dans l'ENI, dans les Forces Armées et dans l'Administration publique. Elle révèle les intrigues avec le Vatican, les méfaits des Pazienza, des Carboni et la trouble "affaire Cirillo".

(Editions SUGARCO - Décembre 1985)

CHAPITRE V - ENRICO BERLINGUER: INGENU OU PRISONNIER DES AMIS DE LA P2?

Les représentants des partis de gouvernement - DC, PSI, PSDI, PRI, PLI, MSI - ont voulu faire croire qu'ils ignoraient l'affaire Gelli et la P2. Cela pouvait-être compréhensible du moment que nombreux avaient été les rapports de ces partis avec la P2 ou du moins avec ses représentants, et que la meilleure défense pouvait-être la désinformation. Mais on a vu cette attitude se renouveler lorsqu'Enrico Berlinguer, secrétaire du Pci, a rendu sa déposition devant la Commission parlementaire. Avec le leader communiste, il ne s'agissait pas d'un représentant de la majorité ou du gouvernement qui devait défendre des compromis de parti ou de groupe, mais du plus prestigieux représentant de l'opposition, à la tête du parti qui aurait dû s'opposer frontalement aux trames de la P2 depuis une décennie. S'il était vrai que le fil conducteur de la P2 était représenté par l'anticommunisme, il était impossible que le chef du Pci ne se fut rendu compte et n'ait pas eu vent d'une conjuration ou d'un mouvement de portée au

ssi vaste. Et pourtant ses déclarations contenaient la même stupeur et la même ignorance sur la P2 que les représentants des partis grandement compromis.

Enrico Berlinguer affirmait au cours de l'audition: (1) »Les éléments de ma connaissance de la P2 sont ceux qui résultent des nouvelles publiées dans les journaux ; et encore »Mes connaissances, comme tous les italiens en général, et naturellement comme tous les politiciens italiens, dérivent de ce qu'était l'information de la presse et de la vie politique . A l'invitation de préciser le moment où il avait pris connaissance des faits concernant la P2, il affirmait: »Je dois dire que j'ai pris connaissance des faits dans les journaux au moment où l'on commençait à parler des listes remises par les magistrats à Monsieur Forlani, président du Conseil. Il me semble que c'était durant le Printemps-Eté 1981 .

Et pourtant, les moments où Gelli et les hauts représentants de la P2 étaient entrés en contact avec la structure officielle communiste furent nombreux. Le fait que Gelli avait écrit à l'"Unità" le 16 Mai 1976 sur papier à entête de »maître vénérable de la loge Propaganda 2, revendiquant les mérites d'amitié chez les communistes de sa ville et envoyant un message mafieux au quotidien du Pci, n'a pu échapper au secrétariat national et au (très avisé) centre qui s'occupait des problèmes de l'Etat.

Berlinguer n'était pas au courant de ce passé et ignorait tous les contacts que, dans tel ou tel autre secteur, des hommes importants de son parti avaient pris avec la P2.

Calvi, avec l'Ambrosiano, avait abondamment financé le Pci avec des négociations qui ne pouvaient pas avoir été déléguées à un "expert" de second plan, étant donné l'importance de la question, aussi bien à cause de la somme considérable qu'à cause de la nature de l'interlocuteur bien connu faisant partie du système sindonien-vatican-maçonnique. Malgré cela, Berlinguer déclarait: »Je sais, en termes très vagues, qu'il existait des rapports entre le Pci et plusieurs instituts de crédit, dont le Banco Ambrosiano... Je le répète, de ces opérations je ne connaissait point les détails mais seulement la nécessité dans laquelle se trouvait notre administration d'obtenir des emprunts. Evidemment, nos administrateurs ont trouvé une convenance à établir un rapport de crédit avec le Banco Ambrosiano, convenance d'un point de vue strictement financier .

L'ouverture de crédit à l'égard de la trésoreie centrale du Pci de la part de Calvi avait commencé en 1980, mais les rapports entre les hommes du sommet communiste et la »banque des prêtres et de la P2 existaient déjà auparavant. Dès 1978 Calvi avait délié sa bourse en faveur de "Paese Sera" en crise financière et les contacts entre le chargé de presse de la propagande communiste, Adalberto Minucci, et le président de l'Ambrosiano, étaient devenus intenses. Il ne faut pas négliger ce que Gelli écrivit dans son mémoire N·2: »... le financement de Calvi à "Paese Sera" est réel: un soir, Calvi arriva à notre rendez-vous à dîner avec environ une demi-heure de retard, alors qu'il était d'une ponctualité proverbiale, et il se justifia en me disant qu'il venait d'avoir un long entretien avec un certain Monsieur Minucci, directeur administratif de "Paese Sera", je crois, avec lequel il s'était rendu au siège du Pci, Via delle Botteghe Oscure, où on lui annonça que le financement de 18 milliards de lires, arriv

é à terme, ne pouvait lui être remboursé, et on lui proposa de le transformer en coparticipation .

Pour les dettes de "Paese Sera", qui, ajoutées à celles du parti, dépassaient vingt milliards, le Pci avait donné en garantie, une fidéjussion de l'Unione Immobiliare Centrale, la société qui regroupe les propriétés immobilières communistes dont l'immeuble des Botteghe Oscure, siège central du Pci. A ce propos, devant la Commission, Berlinguer précisait: »En général je ne m'occupe que très peu de ces questions, par conséquent, je ne sais pas exactement quels ont pu être les rapports de "Paese Sera" et de la société propriétaire avec le Banco Ambrosiano . Puis, en élargissant le discours à toute la question de l'édition en référence aux rapports avec les piduistes de la Rizzoli et en particulier avec Tassan Din, Berlinguer admettait: »Nos camarades préposés aux secteurs de la propagande et de l'information avaient des contacts normaux avec les éditeurs et ce, en relation aux sollicitations qui provenaient des responsables de l'édition pour ce qui se référait à la loi, à son approbation puis à son applica

tion .

L'attention et la vigilance des organes du Pci à l'égard des secteurs militaires et de la sécurité ont toujours été particulières en relation à la délicatesse de la question. Le responsable de la direction puis du secrétariat communiste, le sénateur Ugo Pecchioli, avait accordé une attention particulière, depuis de nombreuses années, durant la décennie de développement de la P2, à la politique des services de sécurité, déterminant un tournant, à la moitié des années Soixante, dans les orientations de son parti et établissant de bons rapports avec les appareils de l'Etat dans ce domaine. Se référant à cela, Berlinguer qualifiait les contacts avec les hommes des services secrets avant la réforme de 1977 (SID) et après (SISMI et SISDE) comme "normaux" et destinés aux »parlementaires préposés , à savoir, aux membres des commissions "Interieur" et "Défense" du Parlement.

Sur les nominations des généraux piduistes, Sanvito au SISMI et Grassini au SISDE, le secrétaire du Pci précisait: »En ce qui concerne la question de nos ingérences aux nominations des dirigeants des services secrets et, plus généralement, des forces armées, je me souviens que durant la période des gouvernements fondés sur la majorité de solidarité nationale, nous n'avons jamais indiqué de noms pour la nomination des gradés des services secrets et des forces armées. Il existait une pratique sur la base de laquelle le président du Conseil manifestait ses intentions aux représentants des partis de la majorité qui pouvaient soulever des objections . Là aussi, le secrétaire du Pci déclarait son ignorance quant à l'influence de la P2: »Nous ignorions tout-à-fait que les individus qui se sont révélés être par la suite affiliés à la P2 en tant que chefs des services et responsables de certains secteurs des forces armées pouvaient-être indiqués comme responsables d'activités occultes et opposées aux intérêts f

ondamentaux de l'Etat... Je pense que le fait d'engager ces personnages à la tête des services de sécurité fut déterminé par leur appartenance à la P2 . »Je ne sais pas quand a commencé cette infiltration d'éléments de la P2 jusqu'aux grades les plus élevés des forces armées et des services de sécurité. Par conséquent, il faudrait vérifier, cas par cas, quand ces éléments ont commencé à faire partie de l'organisation .

Comme on peut le constater à partir des déclarations rapportées, l'attitude d'Enrico Berlinguer n'est pas au fond différente de celle des autres responsables. Le prestigieux secrétaire du Pci est arrivé à la tête du parti au début des années Soixante-dix, jouant ainsi un rôle de très grande responsabilité durant toute une décennie d'activité, avec des rythmes croissants, de la P2. Durant ces années la P2 a été à plusieurs reprises mise en cause pour faits subversifs; les vieux rapports entre Gelli et le Pci reviennent à l'horizon en 1972, en 1976 et en 1979, comme nous le verrons par la suite. Il paraît impossible que le chef du Pci n'ait pas eu de nouvelles directes et n'ait pas été au courant de la question. Alors, l'explication de ce qui est un véritable "cas", de nature différente mais pas moins grave que les mensonges des représentants des partis de la majorité, ne peut-être que de deux types. La première, c'est que Berlinguer n'ait pas dit la vérité en affirmant qu'il ignorait tout jusqu'à Castigl

ion Fibocchi pour masquer un embarras qu'il ne pouvait affronter autrement, ou bien qu'il ait agi selon l'inspiration d'une effective ingénuité ou incapacité politico-culturelle de comprendre un phénomène aussi grave. La seconde, au contraire, c'est que le secrétaire du grand parti italien ait été volontairement tenu dans l'ignorance de tout ce qui était en train de se passer et en particulier des rapports que, de fois en fois, les différents représentants communistes établissaient avec les piduistes dans des secteurs comme l'information et les services secrets. Berlinguer déclarait en effet: »Personne ne m'a jamais parlé de cette histoire . Cette interprétation d'un Berlinguer prisonnier de son propre parti et de ses propres hommes est peut-être la plus proche de la réalité: mais elle fait du tort à la politique de "rigueur" du Pci et en particulier à celle de son secrétaire à l'encontre de la P2.

NOTE:

1. Audition d'Enrico Berlinguer à la Commission P2 du 24 Janvier

1984.

 
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