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Teodori Massimo - 1 dicembre 1985
P2: L'histoire secrète (9) LE SYSTEME P2 HERITIER DE SINDONA. GELLI ET ANDREOTTI A LA RESCOUSSE DU BANQUEROUTIER.

Faits et méfaits - hommes, banques et journaux, généraux et terroristes, vols et assassinats, chantages et pouvoir - selon les documents de l'enquête parlementaire sur la loge de Gelli.

par Massimo Teodori.

SOMMAIRE: »On a beaucoup écrit sur la P2 et sur Gelli, mais la vérité sur la loge et sa prise de pouvoir dans l'Italie d'aujourd'hui a été gardée secrète. Contrairement à ce qu'affirme la relation Anselmi votée à la majorité en conclusion de l'activité de la Commission d'enquête parlementaire sur la P2, la loge n'a pas été une organisation de malfaiteurs externe aux partis, mais interne à la classe dirigeante. L'enjeu pour la P2 a été le pouvoir et son exercice illégitime et occulte avec utilisation de chantages, de vols à grande échelle, d'activités subversives et de gigantesques imbroglio financiers, et même avec le recours à l'élimination physique de personnes "gênantes".

L'"histoire secrète" de Teodori est une reconstitution de faits et de responsabilités sur la base de milliers de documents; c'est la réélaboration et la réécriture de la relation de minorité présentée par l'auteur au Parlement au terme des travaux de la Commission d'enquête parlementaire. Elle illustre les milieux-ambiants de l'association de malfaiteurs Gelli-P2; elle fournit l'interprétation des activités subversives des services secrets et celles des Cefis, des Sindona et des Calvi: elle élucide le rôle de la P2 dans l'"affaire Moro" et dans l'"affaire d'Urso", dans la Rizzoli et dans l'ENI, dans les Forces Armées et dans l'Administration publique. Elle révèle les intrigues avec le Vatican, les méfaits des Pazienza, des Carboni et la trouble "affaire Cirillo".

(Editions SUGARCO - Décembre 1985)

CHAPITRE IX - LE SYSTEME P2 HERITIER DE SINDONA. GELLI ET ANDREOTTI A LA RESCOUSSE DU BANQUEROUTIER.

Sindona protagoniste de la lutte pour le pouvoir jusqu'à sa chute en 1974.

Michele Sindona fut, jusqu'au krach de Septembre 1974, l'un des plus grands protagonistes de la lutte pour le pouvoir en Italie. En symbiose avec la Démocratie chrétienne qu'il avait soutenue par de généreux financements, ledit "sauveur de la Lire", comme l'avait défini andreotti, avait été l'aiguilleur des finances vaticanes en Italie et à l'étranger et le protagoniste par excellence d'une grande partie des aventures financières bancaires et boursières des premières années Soixante-dix.

Respecté et favorisé jusqu'en 1974 par la Banque d'Italie, allié dans de nombreuses opérations de grandes spéculations à Eugenio Cefis, président de l'ENI jusqu'en 1971, puis président de la Montedison, respecté et courtisé par la classe dirigeante démochrétienne, en accord avec une grande partie de la finance dite catholique à travers le Banco di Roma et le Banco Ambrosiano, Sindona avait été bloqué dans son édification d'un énorme château de cartes financier et spéculatif par sa chute au cours de l'Eté 1974, tandis que sa Banca Privata Italiana, le coeur italien d'un système bancaire et spéculatif international, se mourait. Jusqu'à ce moment-là Sindona s'était servi de parrainages et à son tour il en avait offert non seulement dans le monde des affaires mais aussi dans la politique, dans les administrations de l'Etat et dans les cercles internationaux liés à la finance d'assaut américaine représentée par John B. Connoly et David M. Kennedy, ainsi qu'à la mafia de Cosa Nostra et ses ramifications sicil

o-américaines.

Bon nombre des éléments nationaux et étrangers auxquels Sindona était lié, devaient par la suite se retrouver dans la P2 ou dans son entourage. Et même davantage car le réseau piduiste se forme et se consolide pour la plus grande partie, autour des canaux, des contacts et des rapports qui avaient été établis par Sindona. La Loge qui, jusqu'en 1974-75 avait une composition à prédominance militaire, étend son appartenance à des hommes de la finance et de l'administration publique. La rencontre entre Gelli et Sindona remonte à 1974; l'établissement de contacts opérationnels pour les opérations sindoniennes à la mi-1976: et c'est précisément cela qui permet au chef de la P2 de faire un saut de qualité dans la gestion de son réseau.

Outre le Sindona banquier à son apogée, ce qui nous intéresse c'est, sous l'aspect de la P2, l'affaire sindonienne post-krach, c-à-d, celle qui s'articule entre 1974 et 1979. Certes, entre les alliances et les parrainages de Sindona, avant et après 1974, il y a une étroite connexion; mais la présence de la P2 en tant que telle est opérationnelle après la chute de l'empire sindonien.

En Septembre 1974, la Banca Privata Italiana (BPI) est mise en liquidation forcée et l'avocat Giorgio Ambrosoli est nommé commissaire liquidateur. En Octobre, simultanément à la déclaration de faillite aux Usa de la Franklin Bank, la magistrature milanaise lance un mandat d'arrêt contre Sindona, qui avait déjà quitté l'Italie pour les Usa. C'est à partir de ce moment-là qu'a lieu une nouvelle phase de l'action sindonienne destinée à poursuivre l'objectif de la révocation de la liquidation forcée. Les projets de sauvetage qui se succèdent pendant cinq années, les pressions sur la magistrature et sur les politiques, la mobilisation d'alliés et complices, sont destinés à résoudre un théorème dont les données sont simples. Si la liquidation est révoquée, toutes les procédures civiles sont simplifiées, dédramatisées, et elles perdent tout leur poids dans les aspects pénaux. Pour atteindre l'objectif de la révocation, Sindona, ses amis, parrains et alliés mettent en acte des opérations politiques, judiciaire

s, financières et administratives qui impliquent des hommes et des forces de tous types.

La Banque d'Italie est soumise à des pressions par des menaces et des chantages qui se fondent sur les comportements contradictoires du Gouverneur Guido Carli au cours des années précédentes. Après avoir écrit à Carli le 10 Février »Vous pensez vraiment Docteur Carli vous en sortir de toutes ces histoires? , Sindona menace le nouveau gouverneur, Paolo Baffi, le 17 Mars 1977: »Je vous ai averti pour que vous ne vous disiez pas un jour, lorsque vous serez accusé de complicité, que vous n'étiez pas au courant de la situation; et pour vous mettre en garde contre ceux qui essaient de vous entraîner dans leurs responsabilités pour vous obliger à les défendre .

Même le Banco di Roma, l'un des plus grands partenaires des opérations sindoniennes, fait l'objet d'avertissements. Le 18 Juillet 1977 Sindona écrit à l'administrateur délégué Ferdinando Ventriglia, lui demandant pourquoi il veut continuer d'apparaître comme l'unique responsable du krach: »Jusqu'à quand voulez-vous continuer de vous rendre responsable d'actions, d'irrégularités et de délits commis ou faits commettre par d'autres? . C'est ainsi que l'accord entre Sindona et Banco di Roma, avec la disponibilité de la banque à débourser une somme considérable, est l'unique résultat concret de toute la série de tentatives de sauvetage jusqu'en 1979.

Mais dans sa recherche effreinée, le banqueroutier trouve un soutien, principalement dans la Démocratie chrétienne et chez certains de ses plus hauts représentants. Amintore Fanfani avait été le secrétaire de parti auquel Sindona avait providentiellement accordé deux milliards de lires à l'occasion de la campagne pour le referendum sur le divorce au Printemps 1974, à la veille de la crise qui devait le conduire, durant l'Eté, à sa chute. Mis en cause, Fanfani s'intéresse à la question, chargeant l'avocat Giuseppe Bucciante de suivre les développements de l'offensive sindonienne. L'avocat Bucciante reçoit des avertissements de la part de Sindona qui menace, en Novembre 1975, »de jeter en pâture toutes les choses qu'il avait tues jusque-là , à savoir, ses rapports financiers avec la Dc.

Ce même représentant de Fanfani se rend, en Février 1976, à New York, pour rencontrer Sindona, lequel lui renouvelle la menace du scandale si Fanfani ne s'active pas en sa faveur et s'il ne restitue pas la somme (2 Milliards). L'avocat Bucciante déclare: »Guzzi et Strina [les avocats de Sindona] disent que si le prof.Fanfani et les autres, qui étaient intéressés ou co-intéressés dans les histoires de la DC n'étaient pas intervenus pour appuyer Sindona, lequel se déclarait victime politique de cette situation, ils auraient dévoilé toutes les choses qu'ils avaient tues jusqu'à ce moment-là... . L'année suivante, en février 1977, le représentant fanfanien, concordant l'action avec le représentant andreottien, Fortunato Federici, rencontre le commissaire liquidateur Ambrosoli pour discuter et avoir des informations, pas tant sur les dettes de la Dc que sur l'état des projets d'arrangement en rapport à la liquidation.

Andreotti au centre du sauvetage de Sindona.

Le grand parrain du sauvetage de Sindona est Giulio Andreotti, à la tête du Gouvernement durant ces années 1976-1979. Les raisons pour lesquelles Andreotti devient l'interlocuteur fixe de Sindona sont exposées dans une lettre que ce dernier, poursuivi par un mandat d'arrêt et échappé aux Usa, écrit au Président du Conseil en septembre 1976 pour »le remercier des sentiments d'estime témoignés à des amis communs , et pour lui exposer »précisément en considération de l'intéressement montré à l'affaire toutes les questions qui doivent-être affrontées par la »mobilisation d'amis politiques .

S'adressant à Andreotti, Sindona expose son programme et ses nécessités: »S'opposer à l'extradition voulue par les juges sur la base d'un jugement de culpabilité préconçu; exercer une pression sur l'appareil judiciaire et administratif; arranger les affaires bancaires de la BPI en même temps que celles de la Société Générale Immobilière (SGI) sur lesquelles le président du Conseil s'est déjà penché; tourner la page de la grave injustice de la liquidation forcée, de façon à tranquiliser les petits actionnaires et le Banco di Roma qui serait autrement impliqué; s'opposer à la sentence d'insolvabilité et insister pour un jugement positif du TAR (tribunal administratif régional, NDT) qui annule le décret de mise en liquidation du ministre du Trésor pour la révocation de la liquidation de la BPI . La stratégie est ainsi énoncée: »ma défense aura deux point d'appui, juridique et politique . Sindona soutenait qu'il avait été victime d'un complot: »Je dirai, preuves à l'appui, que j'ai été mis dans cette situat

ion par la volonté de personnes et de groupes politiques que vous connaissez très bien et qui m'ont attaqué parce qu'ils savaient qu'en m'attaquant, ils auraient porté atteinte à d'autres groupes auquels j'avais donné mon appui par des interventions officielles .

Dans la lettre reçue par le président du Conseil, se trouve la clé du rapport Andreotti-Sindona: il y a la continuité de l'estime qui lie l'homme d'Etat au banqueroutier, au nom de laquelle est sollicitée la continuité de l'intéressement; il y a le rappel des groupes aidés par le groupe Sindona; il y a la menace, et à peine voilé, le chantage des »situations difficiles et complexes qui concerne aussi des organismes et institutions d'Etat ; il y a enfin, l'appel à la contre-attaque politique commune nécessaire contre ceux qui, par le complot, ont touché Sindona pour toucher les politiques auxquels il était lié.

Le canal qui relie Andreotti à l'équipe opérationnelle pour le sauvetage de Sindona jusqu'à l'été 1978, c'est Fortunato Federici, à la fois conseiller d'administration du Banco di Roma et médiateur entre Sindona et Andreotti. Après sa mort, c'est le coordinateur du groupe sindonien qui garde les rapports, l'avocat Rodolfo Guzzi, incriminé pour une série de délits commis par le groupe sindonien.

Entre Juillet 1978 et Mars 1979, les contacts entre Guzzi et Andreotti sont très fréquents: huit rencontres directes et trois conversations téléphoniques. C'est la période durant laquelle la position de Sindona s'aggrave par rapport aux justices italienne et américaine. En substance, l'objet des rencontres, des mémorandum et des appels téléphoniques c'est l'information et la coordination de l'action sur deux voies sur lesquelles s'exerce la pression sindonienne: l'extradition et la régularisation des affaires bancaires.

Après Mars 1979, lorsque Sindona passe de la criminalité financière à la criminalité ordinaire (menaces et intimidations envers Cuccia; intimidations puis, en juillet, assassinat Ambrosoli; en Août, aventure sicilienne), l'avocat Guzzi éprouve la nécessité d'informer Andreotti sur les développements de la situation et de ses choix de dissociation des nouvelles entreprises sindoniennes, le rencontrant en juin, puis en septembre, durant le faux enlèvement et, enfin, en mai 1980, pour lui communiquer le renoncement au mandat de défense.

Il y a donc une continuité de rapports entre Andreotti et Sindona, confirmée explicitement par de nombreuses déclarations. L'avocat Michele Strina: »Lorsque [Sindona] disait changer ou obtenir un changement de la situation même sur le plan politique, il pensait en premier lieu à Andreotti . Pour Sandro Magnoni: »... M'autorise à penser avoir entre nous... un sincère ami en vous et un formidable expert avec qui pouvoir concorder, coup par coup, les décisions les plus importantes . L'avocat Bucciante, représentant de Fanfani: »Sindona dit que tandis qu'Andreotti avait pris à coeur la situation, les autres s'en fichaient complètement et, enfin, Guzzi: »J'ai l'impression qu'Andreotti s'est toujours intéressé à cette situation .

En janvier 1977, un mémorandum préparé pour Andreotti et remis à l'avocat Mario Ungaro énonce le programme d'action de Sindona: »Vous devriez faire quelque chose au moins en Italie pour la clôture de la position et précisément: a) solliciter la Banca d'Italia pour le remplacement d'Ambrosoli; b) revoir le comportement du juge d'instruction et du ministère public qui, trois ans après, n'ont toujours pas réussi à prendre de mesures conclusives sauf pour le mandat d'arrêt; c) trouver une solution pour la BPI, sollicitant les intéressés, telle à faire tomber les délits de faillite présumés; d) éviter la mise aux archives de la pratique pendante de la Commission d'Enquête à l'égard d'Ugo La Malfa, premier responsable de toute cette situation .

Avel le temps, les conseils se font menaces et chantages avec un mémorandum du 1er mars 1979 par lequel on demande »d'intervenir sur Christopher Warren, afin de représenter la situation nationale et les conséquences négatives pour les deux pays au cas où l'on demanderait des éclaircissements à Sindona ; puis, ils s'explicitent par une annonce de Guzzi, par lettre, le 9 mars 1979, selon laquelle »le client a annoncé devoir faire d'importantes déclarations parce que l'on n'a pas effectué les interventions que l'on aurait dû faire. Le 23 mars on reparle des rapports internationaux: »Jusqu'ici notre ami n'a dénoncé aucune personnalité ni révélé d'importants secrets d'Etat qui pourraient nuire... la sécurité nationale , et si rien ne sera fait, »notre ami serait contraint... .

Andreotti s'intéresse concrètement aux projets de régularisation dont celui de 1976-1977 concernant la Société Générale Immobilière, et qui fait se mobiliser les chefs piduistes Gelli, Ortolani, le constructeur Genghini, le financier Roberto Memmo et le président des Condotte Loris Corbi. En 1978, le président du Conseil reçoit de Fortunato Federici, un autre projet de régularisation qui passe, à titre personnel, au ministre Stammati, tandis que le sous-secrétaire à la présidence, Franco Evangelisti, le montre sans le remettre, à Mario Sarcinelli, chef du service des contrôles de la Banca d'Italia, simultanément aux déclarations de Gelli qui fait savoir qu'il dispose de moyens pour exercer des pressions sur la Banca d'Italia. Le chef des services des contrôles de la Banca d'Italia, Mario Sarcinelli, qui s'opposait à la régularisation, est incarcéré quelques mois plus tard sur la base de motifs fallacieux. En plus de la régularisation, Andreotti s'occupe aussi de l'extradition et rencontre en Août 1976,

deux italo-américains, Philip Guarino (P2) et Paul Rao Jr., venus en Italie sur ordre de Sindona pour s'entretenir avec Andreotti et Gelli.

Gelli parrain et conseiller

Avec Andreotti, entre en scène en tant que parrain, suprême conseiller et opérateur en défense de Sindona, Licio Gelli et une grande partie du système piduiste. En organisant le sauvetage sindonien, le chef de la P2 met en route les hommes de sa loge, mais il étend et renforce d'autres liaisons, utilisant au fur et à mesure de nouveaux personnages pour des opérations piduistes. La plupart de ceux qui acceptent de courir à la rescousse de Sindona entre 1974 et 1979, résultent appartenir à la P2.

Ce n'est pas un hasard si tant de protagonistes du sauvetage de Sindona résultent liés à la loge. En effet, la dynamique, les modes et les objectifs de l'action de ces personnes se situent dans le cadre d'un même pouvoir représenté par le sindonisme. Autour de la défense de Sindona, il arrive quelque chose de plus qu'une simple gestion d'intérêts à protéger avec acharnement, voire même par la loi du silence et l'utilisation de la force. Un système de pouvoir se renforce et s'étend.

C'est en faveur de Sindona qu'en 1976 certains membres influents de la P2 se mobilisent ouvertement avec la signature de déclarations jurées (affidavit) afin de bloquer l'extradition. Moteur de toute l'opération: Licio Gelli, qui agit, pour la première fois, non plus comme un simple opérateur mais comme »vénérable et puissant »maître de la loge maçonnique.

Carmelo Spagnuolo, alors premier président de la Cour de Cassation, rend directement à New York, une déclaration jurée de cette teneur: »Non seulement les accusations contre Sindona ne sont pas fondées, mais leur hâtive formulation même confirme ce qu'en Italie on sait déjà, à savoir que Michele Sindona a été farouchement persécuté surtout pour ses idées politiques . D'autres puissants maçons descendent publiquement sur le terrain: Francesco Bellantonio, ex-grand maître de piazza del Gesù, qui confirme les déclarations de Spagnuolo sur la base des documents secrets de la maçonnerie; Edgardo Sogno, qui témoigne sur la probabilité selon laquelle Sindona, une fois incarcéré en Italie, court le risque d'être assassiné; Flavio Orlandi, ex-secrétaire national du PSDI; John Mc. Caffery, ex-membre des services secrets britanniques, qui attaque la magistrature et enfin, outre Anna Bonomi et les italo-américains Stefano Gullo et Philip Guarino, un ex-curé de l'appareil du parti républicain de Washington. Licio Ge

lli déclare: »En Italie, l'influence des communistes se fait déjà sentir dans certains secteurs du gouvernement, particulièrement au ministère de la Justice, où durant les cinq dernières années, il y a eu un glissement du centre vers l'extrême gauche. En qualité d'homme d'affaire, je suis connu comme anticommuniste et je suis au courant des attaques lancées par les communistes contre Sindona... Si Michele Sindona devait rentrer en Italie, il ne subirait pas un juste procès et sa vie même serait en danger .

Au Printemps 1974, le chef de la P2 suit fidèlement l'itinéraire de l'attaque sindonienne jusqu'au bout, tout d'abord en tant que médiateur d'affaires et non seulement avec les »frères , puis en temps qu'homme qui peut »garder les contacts et trouver les consensus des politiques , puis encore, pour exercer une ligne de pression sur les organismes de l'Etat, et enfin, en tant que cogestionnaire d'un chantage.

Le premier projet de régularisation interdépendant BPI-SGI est transmis à Gelli dans un mémorandum en septembre 1976, car il devait réaliser avec la participation et l'accord de sociétés financières et bancaires tous les contrôles de la part des milieux maçonniques et piduistes. En effet, Gelli avait été envoyé en juillet 1976 par Sindona à l'avocat Rodolfo Guzzi, afin qu'il coopère étroitement au travail des avocats, tant pour la régularisation que pour l'extradition.

A partir de ce moment-là, le contact Guzzi-Gelli est constant et le »vénérable finit par assumer à plein titre le rôle de membre de la direction stratégique sindonienne. A la tête de l'Immobiliare, il y a le Maçon Arcangelo Belli; Mario Genghini (P2) a conclu avec les autres constructeurs romains l'affaire de l'acquisition de l'Immobiliare de la part du Banco di Roma, dirigé par les piduistes Giovanni Guidi et Alessandro Alessandrini, appuyés par les démochrétiens Ventriglia et Mario Barone. La tâche de Gelli, qui opère en tandem avec Umberto Ortolani, est de se débarasser des obstacles et des difficultés crées par Belli et Genghini, en composant les différents intérêts au sein de ce qui est appelée par le siège de la loge, la congrégation de »via Condotti . L'influence de Gelli ne s'arrête pas là. Lorsqu'il faut procéder à des régularisations extra-judiciaires d'affaires pas tout-à-fait claires, le »maître vénérable entre encore en scène. Il est l'artisan de la clôture d'un conflit portant sur plusi

eurs dizaines de millions de dollars entre le holding sindonien, la FASCO AG, la Edilcentro de l'Immobiliare et une financière américaine, AMDAPCO, d'un certain Daniel Porco, homme d'affaire de la »communauté italo-américaine de New York, déjà recherché comme suspect pour trafic de stupéfiants.

L'intervention et la pression sur l'administration de l'Etat et sur les politiques représentent une autre facette de l'activité gellienne. Un mémorandum de Sindona et de son groupe de défense préparé à New York en juillet 1977 et adressé à Gelli, met au point les opérations à effectuer: »Le commissaire liquidateur et les juges pénaux continuent de trouver un grand créneau pour poursuivre sous chaque profil des vérifications aveugles et unilatérales ne visant qu'à toucher la personne de Michele Sindona . Il faut une intervention politique in extrémis destinée à relâcher la pression sur l'extradition et à obtenir la révocation de la liquidation forcée. Dans ce but, il faut:

a) une intervention auprès de la Cour d'Appel de Milan pour modifier le jugement défavorable; b) une intervention politico-diplomatique pour bloquer les pressions qui polluent le procès d'extradition; c) une intervention pour les solutions techniques, à travers l'autorisation de la Banca d'Italia, du ministère du Trésor et de l'IRI, dont l'urgence est étroitement liée aux possibilités de succès de l'intervention citée au point b) .

Pour bloquer la »périlleuse activité de la liquidation, il faut discréditer Ambrosoli et lui faucher l'herbe sous les pieds; Gelli est chargé de parler avec le général Donato Lo Prete (P2), du commandement de la Garde de Finance, afin qu'il fasse transférer le maréchal Novembre, qui est installé, depuis le jour de la liquidation, dans les banques sindoniennes et qui conduit une oeuvre approfondie de reconstruction des mystérieuses embrouilles financières. Pour l'intervention sur la magistrature, au sujet du recours en Cassassion, on s'adresse aux »frères piduistes Carmelo Spagnuolo et Domenico Pone et au magistrat Angelo Jannuzzi.

Lorsqu'il s'agit ensuite de trouver des consensus sur le énième projet de régularisation patronné par Andreotti et Evangelisti auprès de la Banca d'Italia, Gelli fait croire à Guzzi qu'il a usé de ses bons offices auprès du »frère et ami ministre Stammati, chargé par le président du Conseil d'examiner le projet et d'influencer la Banca d'Italia pour court-circuiter l'attitude négative de Sarcinelli.

Au Printemps 1979, la perspective de résoudre, avec l'aide des puissants, la situation de Sindona arrêté aux Usa, devient toujours plus éphémère. La disparition des Usa en Août 1979 et la permanence en Sicile jusqu'au mois d'Octobre suivant, représente la dernière tentative désespérée de mettre en acte un chantage contre la classe politique dominante en Italie. Sindona est accompagné par les hommes de la mafia et de la Maçonnerie, dont Joseph Miceli Crimi. Par une lettre à Guzzi, le faux sequestré demande une série de documents qui devaient servir à concrétiser l'extrême chantage contre les partenaires et alliés d'hier: ceux-ci concernent en effet des partis et des personnalités politiques, des sociétés financières et le Vatican.

Durant le séjour du banqueroutier en Sicile, Gelli reçoit de nombreux appels téléphoniques, et Miceli Crimi rencontre plusieurs fois le maître vénérable à Arezzo. D'après ce que l'on sait des témoignages ambigus de Miceli Crimi, Gelli faisait partie des rares personnes informées de l'aventure, et il participait de l'extérieur à la tentative sindonienne, tissée de rapports présumés avec des milieux des services secrets américains et étroitement liée aux milieux maçonniques. Miceli Crimi rapporte que Gelli aurait dit qu'il avait fait quelque chose en faveur de Sindona pour le tirer d'affaire, et que l'on aurait vite constaté les effets de ses interventions. Donc, d'après la reconstitution des faits, il apparaît que Gelli est engagé par Sindona dans son aventure sicilienne. »J'ai souvent téléphoné à Gelli de New York pour lui exposer ma situation et pour le prier d'intervenir et éclaircir les faits et obtenir justice , déclare le banqueroutier. Il est très probable que l'intention d'utiliser les dossiers s

ecrets et d'exercer un chantage, pour obtenir ce qu'il n'avait pas obtenu par les pressions, ait été concordée par Sindona, avec la mafia et avec Gelli qui continuait de jouer son rôle de conseiller dans un domaine où il excellait.

La présence de Gelli n'est pas la seule présence massive du système P2 dans l'aventure de la bande Sindona. Si le maître vénérable est le parrain, Roberto Calvi est le partenaire puis le successeur de Sindona. Calvi avait étroitement lié ses affaires à celles de Sindona et, selon la thèse de ce dernier, il devait une grande partie de sa fortune précisément aux enseignements du »maître Sindona. »Tout de suite après la nomination au poste de directeur général de l'Ambrosiano , l'»Agenzia A écrit dans un but de chantage, par Luigi Cavallo: »Calvi constitue aux Bahamas, avec l'aide de Sindona, la Cisalpine Overseas Bank. Suivant toujours les instructions de Sindona, Calvi crée un véritable chef-d'oeuvre de liaisons compliquées, de passages intermédiaires, de prête-noms, de sociétés financières fantômes qui sont à la base de ses fortunes... Avec les fonds de l'Ambrosiano (qui ne figura jamais officiellement) et en pool avec Sindona et Hambro, Calvi participa aux opérations OPA-Bastogi et Centrale... .

Au moment de la disgrâce, Sindona veut que Calvi courre à sa rescousse, et les entreprises communes du passé sont un argument suffisant pour obliger le président de l'Ambrosiano à intervenir, ce qu'il ne le fait jamais avec grand enthousiasme. Et c'est justement Gelli qui appelle Calvi à la rescousse pour les différents projets de régularisation. La transaction entre AMDAPCO et Edilcentro a lieu avec l'intervention de la Cisalpine de Calvi, sollicité par Gelli. Les négociations autour du premier projet d'arrangement (BPI-SGI) sont conduites par Roberto Memmo, un pseudo-financier italo-américain du groupe de pointe de la P2, Fortunato Federici, Loris Corbi, manager andreottien des PP.SS., et Roberto Calvi; une autre tentative, conduite en avril-mai 1977, dans laquelle Corbi entre pour les Condotte, voit encore Calvi comme interlocuteur.

Le sauvetage n'ayant toujours pas lieu, la situation générale empirant et Calvi ne se montrant pas très actif, entre fin-77 et début-78, Sindona passe au chantage contre son ex-compère procédant une fois de plus selon la technique de menace contre ceux qui avaient été ses alliés au cours de la phase précédente. Luigi Cavallo, au service de Sindona, publie plusieurs numéros de l'»Agenzia A qui attaque Calvi, révèle ses embrouilles financières internationales et les opérations menées avec Sindona jusqu'en 1974, ainsi que les numéros des comptes-courants suisses au nom du banquier et de sa famille.

La thèse soutenue est celle de la société entre Calvi et Sindona, une société dont tous les bénéfices allaient à Calvi et tout le passif à Sindona. »Michele Sindona créa le mécanisme opérationnel financier apte à conquérir, en tandem avec Roberto Calvi , écrit l'»Agenzia A , »le contrôle effectif du Banco Ambrosiano. Sindona et Calvi devinrent ainsi des associés et Calvi mena à bon terme d'innombrables opérations financières. Pour décoller, avait compris Calvi, il n'y avait qu'une seule solution: implanter des sociétés financières à l'étranger à l'abri des contrôles du fisc et de la Banca d'Italia, et trahir et dépouiller son associé Michele Sindona. La menace sindonienne à travers Cavallo, sur les opérations Ambrosiano, Centrale et Zitropo Pacchetti, et plusieurs actions d'intimidation directe au siège de l'Ambrosiano de Milan de la part d'un autre exécuteur sindonien, Walter Navarra, convainquent Calvi à solder le compte avec cinq cent mille dollars comptant camouflés derrière une opération fantôme d

e vente d'une villa à Arosio. Une fois de plus l'artisan de cette transaction est Gelli, qui alimente ses dossiers et resserre encore plus ses liens avec Calvi qui lui laisse carte blanche pour liquider ses affaires les plus ambiguës.

Outre Calvi et Gelli, le déploiement de personnages P2 que l'on rencontre dans l'affaire Sindona est très vaste. Roberto Memmo, singulière figure italo-américaine, s'occupe des projets de sauvetage comme trait d'union avec les constructeurs romains avec lesquels il avait négocié l'affaire Pantanella. C'est à son domicile romain, Largo Goldoni, que se réunissent les sindoniens piduistes en automne 1976, pour organiser les affidavit et pour la stratégie de pression sur la magistrature (rencontre de Memmo avec Spagnuolo, Pone et Guzzi); et c'est toujours Memmo qui maintient les contacts avec Calvi et qui intervient, début-1978, sur Enrico Cuccia, afin qu'il donne sa collaboration. L'épisode le plus singulier est la mission confiée par les dirigeants du Banco di Roma à Roberto Memmo, de récupérer en Suisse la fameuse »Liste des 500 contre rémunération de 100.000 dollars.

Un autre homme de la P2 impliqué par Andreotti dans l'affaire sindonienne: le ministre des travaux publics, Gaetano Stammati. Un projet de régularisation préparé au cours de l'été 1978 est inexplicablement confié par Andreotti à Stammati. Inexplicablement parce que Stammati n'était pas le ministre compétent, et par conséquent il ne s'agissait pas d'une charge officielle et parce qu'il s'agissait toujours d'un ministre, qui plus est, investi de la confiance particulière du président du Conseil, qui pouvait utiliser de son influence pour exercer des pressions. Stammati propose et soumet le projet à Francesco Cingano, administrateur délégué de la Banca Commerciale, qui devait participer au sauvetage en tant que banque publique d'intérêt national, ainsi qu'à la Banca d'Italia, à travers le directeur général Carlo Azeglio Ciampi.

Stammati reçoit de Cingano un avis négatif; de la Banca d'Italia, dans un premier temps et selon Guzzi, des signaux de disponibilité de Ciampi semblent arriver, démentis par la suite au cours d'une réunion organisée par le commissaire Ambrosoli et le chef des contrôles, Mario Sarcinelli. Cette tentative de sauvetage qui se prolonge jusque début-1979, est la dernière mise en acte par la bande sindonienne. Tous les instruments d'intervention et de pression des deux centrales de la protection pour Sindona, celle d'Andreotti et celle de Gelli, sont mis en oeuvre. Entre les deux se dessine le rôle de Stammati, point de rencontre et de soudure entre les deux groupes.

Après l'échec de cette tentative, dû au refus catégorique d'Ambrosoli et de Sarcinelli, on met en acte des formes criminelles de pression, dans une nouvelle phase de l'action sindonienne. Sarcinelli est incarcéré sur mandat du substitut du procureur de Rome, Alibrandi, pour des délits qui se sont révélés par la suite inexistants; Ambrosoli reçoit des menaces et des avertissements, puis il est assassiné le 12 Juillet 1979.

De très nombreux dirigeants des organismes et des sociétés qui s'intéressent au sauvetage de Sindona font partie de la P2 ou, plus généralement, de la maçonnerie. Ainsi l'andreottien Loris Corbi, président des Condotte, l'avocat Martino Giuffrida qui se présente au nom d'Ettore Bernabei pour négocier l'extradition au Consulat italien de New York. Francesco Cosentino, du Conseil d'administration de l'Immobiliare, participe à des réunions pour résoudre les luttes intestines de la Dc sur l'affaire Sindona. Même au sommet des banques impliquées figurent des piduistes: Giovanni Guidi et Alessandro Alessandrini au Banco di Roma; Alberto Ferrari à la BNL dont la société fiduciaire étrangère »Servizio Italia , dirigée par le piduiste Gianfranco Graziadei, et qui est le canal de nombreuses opérations entremêlées avec le système sindonien. Plusieurs organismes publics et parapublics qui déposèrent des sommes considérables d'argent dans les banques sindoniennes, avec la perception d'intérêts en extra ou au noir, a

vaient leurs piduistes dans les postes de responsabilité: Maurizio Parasassi au Consorzio nazionale pour le credito agrario, Ezio Badioli et Giancarlo Buscarini à l'ICCREA, Renato Marnetto à la SOFID. Parmi les personnes qui ont reçu des pots-de-vin, déjà à la fin des années Soixante, figure Umberto Ortolani, sur le livret (Orlando) duquel, à la BPF, affluaient des intérêts noirs pour les dépôts effectués par l'Italcasse du »grand aumônier Giuseppe Arcaini et par l'ICIPU-CREDIOP. D'autres piduistes comme Bruno Tassan Din, Angelo Rizzoli et Giorgio Zicari, occupaient un poste de choix dans la liste des quatre-vingt titulaires de comptes-numérotés à la Gemoes-SGI de Sindona, reliée aux sociétés financières étrangères au Luxembourg, aux Iles Cayman et à Nassau, à travers lesquelles passaient les opérations spéculatives financières.

Enfin, des rapports étroits avec Sindona sont entretenus par Massimo De Carolis (P2) qui rencontre le banqueroutier à New York pour la campagne en défense des petits actionnaires, et garde le contact avec Gelli. Le jugement de De Carolis sur toute l'affaire sindonienne qu'il exprime, d'un point de vue interne, dans une interview de septembre 1979, est intéressant. Il soutient que »l'affaire du financier sicilien est l'histoire d'un gigantesque affrontement entre deux factions différentes qui n'ont pas encore déposé les armes, et dont Sindona a été écrasé ; et il continue: »Ce qui est certain c'est que sur un point au moins Sindona a raison: il fut décidé à un certain moment, à froid, autour d'une table, de faire sauter son empire financier, qui à ce moment-là, pouvait lui être retiré sans que ça le dérange... . Au cours de cette même interview, De Carolis, qui parlait deux mois après l'assassinat d'Ambrosoli, tandis que Sindona avait disparu de New York et que personne ne savait ce qui se passait, vise

juste et découvre ce qui se cachait derrière l'affaire: »Je ne pense pas qu'il ne s'agisse que d'un homme politique qui ordonne l'assassinat. Mais je vois que l'on a construit en Italie un système articulé sur des fiefs organisés, chacun doté de ses propres structures, ses journaux, ses banques, ses liens avec les services secrets, ses rapports internationaux et ainsi de suite. Au point que leur logique de fonctionnement n'est plus celle de l'individu. Ils ont une moralité différente, Machiavélique, d'autres procédés, d'autres possibilités d'action. Et l'enjeu est trop important pour qu'ils reculent devant l'homicide. Et l'enlèvement . De Carolis pensait aussi à la P2 dans laquelle il était entré et il incluait également, à raison, la nouvelle affaire sindonienne (fugue ou enlèvement) dans le cadre de ce système de gouvernement invisible.

Le dernier épisode du rapport entre Sindona et cette partie du système de pouvoir italien qui avait opéré pour le sauver, se fonde sur le voyage en Sicile - faux enlèvement - que le banqueroutier entreprend du 2 Août 1979, date de sa disparition de New York, au 16 Octobre, jour de sa réapparition. Il a été vérifié que la gestion du »voyage a été opérée par les hommes de la mafia italo-américaine et par des éléments de la maçonnerie sicilienne, et qu'en arrière-plan, on a décelé de vagues projets de destabilisation dans l'île. Cependant, après différentes enquêtes, ce qui semble avoir été le véritable objectif du voyage en Sicile, est la mise en oeuvre d'un chantage final à travers la recherche et l'utilisation de documents, ainsi que l'élargissement des alliances du sindonisme avec des milieux maçonniques et criminels, le tout caché derrière l'écran nébuleux d'entreprises et de projets de différentes natures. Prisonnier de la mafia de la »famille de John Gambino qui exige le paiement des comptes du pa

ssé en ce qui concerne l'argent confié à ses manoeuvres financières, Sindona, se servant opérationnellement de Joseph Miceli Crimi, s'adresse à Gelli en tant que conseiller suprême et concorde avec lui la recherche et l'utilisation des documents sur la base desquels pouvoir mettre en acte des chantages contre la classe dominante.

Avec la fin de l'aventure sicilienne se termine également l'affrontement de pouvoir qui voit Sindona au premier rang dans cette activité dans laquelle sont étroitement liés le pouvoir officiel et le pouvoir occulte. Mais c'est uniquement le banquier banqueroutier qui tombe. Tout l'héritage sindonien passe avec des fonctions différentes à deux succsseurs: Calvi et Gelli.

Calvi prend les commandes des opérations financières-spéculatives internes et internationales qui avaient trouvé jusqu'en 1974 la leadership de Sindona; il en est même non seulement l'héritier mais aussi le continuateur matériel. Gelli assume la gestion de ce système de pouvoir dont Sindona avait représenté l'un des piliers. A travers le parrainage en faveur de Sindona tombé en disgrâce et en exil, il renforce et étend ses structures; originales par rapport à celles de Sindona puisqu'elles relient la dimension financière à la dimension politique, d'état, des services secrets, de l'information et de la justice.

La succession de la constellation P2 dirigée par Gelli à Sindona et au sindonisme se réalise uniquement grâce à la confiance que font les forces de la particratie à la P2, tout comme elles l'avaient fait à Sindona, en particulier la Dc et Giulio Andreotti. Sindona tente progressivement d'utiliser les armes de la pression et du chantage contre la Dc et Andreotti, ses anciens parrains et bénificiaires. Gelli en assume la gestion à partir de 1976 comme grand professionnel du chantage - lui-même parle d'»intermédiation - opérant dans ce lien ambigu avec les partis et avec plusieurs de leurs représentants, lien qui est propre aux complices d'une série d'opérations en dehors de toute légalité et exclusivement destinées au renforcement du pouvoir.

La clé de compréhension du caractète subversif de la P2 on la trouve précisément dans la seconde partie de l'affaire Sindona dans laquelle un président du Conseil permet que les structures de l'Etat et les structures de la P2 opèrent simultanément et de façon complémentaire contre l'Etat et contre la démocratie.

* Tous les faits, les citations et les références contenues dans ce chapitre proviennent de la très vaste documentation recueillie par la "Commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Sindona et sur les responsabilités politiques et administratives relatives à ce dernier" qui a conduit ses travaux entre Septembre 1980 et Mars 1982.

La Commission a publié la documentation en plusieurs volumes édités par la Chambre des Députés et par le Sénat de la République en 1981 et 1982.

Voir en particulier "la Relazione di minoranza" (Teodori), publiée dans le volume DOC XXIII, N·2 sexties, en date du 15 Avril 1982 et ré-imprimée également dans le livre "La banda Sindona. Storia di un ricatto: Democrazia christiana, Vaticano, Bankitalia, P2, Mafia, Servizi segreti", Edition Gammalibri, Milan, 1982.

 
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