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Teodori Massimo - 1 dicembre 1985
P2: L'histoire secrète (19) - LA CRISE DE CALVI - L'ALLIANCE CARBONI-CORONA-CARACCIOLO-DE MITA

Faits et méfaits - hommes, banques et journaux, généraux et terroristes, vols et assassinats, chantages et pouvoir - selon les documents de l'enquête parlementaire sur la loge de Gelli.

par Massimo Teodori.

SOMMAIRE: »On a beaucoup écrit sur la P2 et sur Gelli, mais la vérité sur la loge et sa prise de pouvoir dans l'Italie d'aujourd'hui a été gardée secrète. Contrairement à ce qu'affirme la relation Anselmi votée à la majorité en conclusion de l'activité de la Commission d'enquête parlementaire sur la P2, la loge n'a pas été une organisation de malfaiteurs externe aux partis, mais interne à la classe dirigeante. L'enjeu pour la P2 a été le pouvoir et son exercice illégitime et occulte avec utilisation de chantages, de vols à grande échelle, d'activités subversives et de gigantesques imbroglio financiers, et même avec le recours à l'élimination physique de personnes "gênantes".

L'"histoire secrète" de Teodori est une reconstitution de faits et de responsabilités sur la base de milliers de documents; c'est la réélaboration et la réécriture de la relation de minorité présentée par l'auteur au Parlement au terme des travaux de la Commission d'enquête parlementaire. Elle illustre les milieux-ambiants de l'association de malfaiteurs Gelli-P2; elle fournit l'interprétation des activités subversives des services secrets et celles des Cefis, des Sindona et des Calvi: elle élucide le rôle de la P2 dans l'"affaire Moro" et dans l'"affaire d'Urso", dans la Rizzoli et dans l'ENI, dans les Forces Armées et dans l'Administration publique. Elle révèle les intrigues avec le Vatican, les méfaits des Pazienza, des Carboni et la trouble "affaire Cirillo".

(Editions SUGARCO - Décembre 1985)

CHAPITRE XIX - LA CRISE DE CALVI - L'ALLIANCE CARBONI-CORONA-CARACCIOLO-DE MITA

L'apparition de Carboni: mettre en acte une colossale opération de corruption et participer au partage de l'empire de l'édition et financier de Calvi.

L'arrestation de Calvi, le 20 mai 1981, bouleverse encore davantage la P2, dont on vient de découvrir l'organisation et les archives. Après son procès et sa libération, le président de l'Ambrosiano et leader financier piduiste, doit affronter de graves problèmes: comment se défendre des graves accusations adressées par la magistrature et se préparer de manière adéquate au procès de la Cour d'Appel? Comment rester à la tête de l'Ambrosiano et le sauver du krach financier?

Au moment du procès il y avait eu une mobilisation considérable d'hommes et de forces politiques en faveur de Calvi avec les interventions particulières de Bettino Craxi, Flaminio Piccoli et Pietro Longo, à la Chambre, durant le débat sur la confiance au gouvernement Spadolini.

A sa sortie de prison, Calvi avait rendu visite au leader républicain, nouveau chef du gouvernement. Mais les rencontres déterminantes, ayant pour but la stratégie défensive des mois suivants, sont organisées dans un premier temps par Pazienza, comme on l'a vu dans le chapitre précédent, en août 1981, lorsque l'on organise la rencontre entre le banquier et le sous-secrétaire au Trésor, Giuseppe Pisanu, à travers Flavio Carboni.

Ce dernier est le second personnage qui tente, après la débandade de la P2 gellienne, de développer son propre réseau de solidarité, d'affaires et d'intrigues, s'appuyant sur Calvi et sur le pouvoir qu'il exerçait encore sur la finance et dans la presse. Les ingrédients de Carboni, comme ceux de Pazienza, ne sont exclusivement que les rapports croisés avec des éléments du monde politique, des appareils d'Etat et de la criminalité ordinaire.

C'est la psychologie fragile de Calvi qui permet tout autour de lui le développement d'un réseau de protecteurs-parasites, prêts à déclarer leur fidélités aux causes des banques mais en fait adonnés à l'exploitation de son centre de pouvoir financier et éditorial. Parmi ces derniers, Flavio Carboni supplante Pazienza dans son rôle de protecteur-conseiller-intermédiaire et, progressivement, entre fin-'81 et début-'82, il se place aux commandes des trames qui se tissent autour du banquier.

La grouillante armée de manoeuvriers activée par Carboni agit selon les canons piduistes ou post-piduistes, en ce sens qu'il s'agit de personnes reliées entre-elles pour réaliser des opérations illégitimes pour gagner le pouvoir. Leur objectif est de sauver des rigueurs de la loi, cet important secteur de la P2 constitué par le système spéculatif Ambrosiano-IOR et d'enrayer le cours de la justice en retournant l'affaire judiciaire négative de Calvi.

Les personnages et les forces qui gravitent autour de l'affaire Calvi opèrent dans cette phase pour mettre en acte une colossale opération de corruption, tirant en même temps des avantages personnels ou de groupe. Ils entendent participer au partage des restes de l'empire financier et d'édition, en établissant des alliances, en exerçant des pressions, en mettant en acte des chantages et, de toutes façons en agissant dans un domaine d'illégalité programmée.

Flavio Carboni s'assure la bienveillance de Calvi en lui faisant croire qu'il est en train de tisser un réseau de rapports dans le but de sauver sa situation personnelle et financière. C'est Emilio Pellicani, son secrétaire, qui témoigne analytiquement des contacts du nouveau manoeuvrier. Dans le mémoire remis à la magistrature, en décembre 1982, il y a un aperçu des activités frénétiques de Carboni: »Au mois de janvier [1982] Carboni intensifie son activité pour Calvi, en se prodigant dans les milieux politiques, économiques et de la presse, pour donner un coup de main au Président [Calvi]. Pour la politique, c'est Binetti et Pisanu qui furent contactés, lesquels devaient intervenir auprès d'Andreatta pour résoudre le problème du Banco Ambrosiano, placé sous le contrôle de la Banca d'Italia, et donner en outre la possibilité à la société financière »La Centrale d'avoir droit au vote... (1).

L'activité de Carboni ne se limite pas aux problèmes gouvernementaux mais touche aussi la maçonnerie et l'utilisation que l'on peut en faire. Pellicani précise: »Armando Corona devait intervenir dans le cadre de la maçonnerie afin que Calvi pût y entrer à nouveau après le scandale P2. Il devait intervenir en outre avec le vice-président de l'Ambrosiano, Carlo De Benedetti... A ce propos, Carboni me rapporta que Corona effectua un voyage en Israël afin que les frères maçons intercèdent auprès de De Benedetti... Au cours de cette période, Corona était engagé dans la campagne électorale pour sa nomination au poste de grand maître de la maçonnerie... (2).

Les projets de Carboni vont dans toutes les directions: »En ce qui concerne la presse, Carboni se prodigue avec son ami Carlo Caracciolo afin que soit trouvé un accord de non-belligérance, ce qui se produisit pendant quelques mois... Les problèmes de Calvi étaient désormais devenus gigantesques et celui-ci avait besoin d'être soutenu par la presse, par les politiques et il cherchait des appuis au Vatican... Le problème était »Il Corriere della Sera , qui devait être cédé au bloc démochrétien... Il y eut une réunion avec Pisanu (chargé de parler de Calvi à Piccoli pour la Dc)... Carlo Binetti qui devait parler au ministre Andreatta... et Cingoli pour le Pci.. En outre, pour la magistrature on avait contacté le sénateur Vitalone et l'avocat Wilfredo Vitalone, avec lequel Carboni eut de fréquentes rencontres... (3)

Même si son mémoire est un cocktail de faits et de circonstances, des paroles de Pellicani il émerge clairement que, pour la défense de Calvi, on avait prévu des interventions illicites sur la magistrature, sur la presse et sur les politiques. Carboni parle même d'une distribution de quelque 100 milliards de la part de Calvi pour les différentes opérations de »protection . Dans ce plan colossal de corruption et d'implications dans la justice, on trouve les prestations de Wilfredo Vitalone, engagé par Calvi sur le conseil d'»amis politiques comme conseiller pour les négociations du »Corriere della Sera , pour la récusation des magistrats milanais qui enquêtaient sur Calvi, pour le transfert des procès de Milan à Rome et pour intervenir sur le ministère du Trésor à propos du décret qui établissait le droit de vote des actions du groupe Rizzoli en possession de la »Centrale .

Carboni réussit à tisser les alliances les plus importantes dans les milieux maçonniques républicains, dans certains secteurs de la Démocratie Chrétienne et dans la presse dite progressiste ayant à sa tête le groupe Scalfaro-Caracciolo. Avec chacun de ces milieux, un rapport d'échanges et d'intérêts occultes et certainement à caractère »réservé est instauré.

Le manoeuvrier présente Calvi à Armando Corona, à qui il avait mis à sa disposition sa maison de Rome. Le représentant sarde, ex-membre du secrétariat national du Pri, jouïra donc de l'apport du président de l'Ambrosiano dans la campagne pour l'élection du grand maître de la maçonnerie de mars 1982.

Le sous-secrétaire au Trésor, Giuseppe Pisanu, entretient des rapports avec Carboni et Calvi, offrant ses services pour la solution des questions financières du banquier, tandis que de son côté, il se renseigne sur la destinée du »Corriere della Sera . Le démochrétien Angelo Roich, président de la région Sarde est également impliqué dans les différentes manoeuvres, en tant que membre du courant DC de De Mita. Carlo Caracciolo, éditeur de l'»Espresso qui s'était mis en contact avec Calvi à travers Pazienza, entre dans cet espèce de groupe d'information et d'action qu'à maintes reprises Carboni a déclaré être son propre centre d'influence, en raison des intérêts commun dans le quotidien »La Nuova Sardegna contrôlé par Corona et Carboni. A la compagnie qui suit assidûment les affaires de Calvi s'associe monseigneur Hilary Franco, un prélat contacté pour entretenir les rapports avec le Vatican, dont la fonction semble avoir été celle d'un influent personnage pour des opérations financières et pour les rap

ports avec les Usa.

Dans le kaleïdoscope des rapports et des manoeuvres orchestrées par Carboni, apparaissent également d'autres personnages dont les histoires s'entrecroisent à un moment donné avec celles du groupe établi (4). Il s'agit des magistrats Francesco Consoli, avocat général auprès de la Cour d'Appel de Milan, et Pasquale Carcasio, substitut du procureur général, qui cherchent l'appui démochrétien et maçonnique pour leur carrière et peuvent être utiles pour les affaires judiciaires de Calvi. Du fonctionnaire de l'ENI, Graziano Moro, qui se prodigue pour réaliser les trames spéculatives avec les finances de Calvi, en présentant en Suisse Carboni aux frères Albert et Hans Kunz. Des représentants du milieu romain Danilo Abbruciati, Domenico Balducci et Ernesto Diotalleva, en rapports d'affaire avec Carboni, qui sont utilisés pour offrir des services à Calvi en échange de généreuses récompenses (5). Des hommes des services secrets et des appareils d'Etat comme le préfet Francesco Pompò qui agit pour son propre intér

êt. Et de madame Maria Angiolillo dont le salon romain est utilisé pour établir des contacts avec la Banca d'Italia ou certains de ses hauts représentants tel que Lamberto Dini.

Le »groupe Carboni : Corona, Caracciolo, Binetti, Pisanu, monseigneur Franco. Derrière le sauvetage de Calvi, les intérêts pour le partage des restes.

La relation entre les divers personnages gravitant autour de Carboni et, à travers lui, Calvi, n'est pas seulement le produit de l'imagination fertile d'un manoeuvrier à la recherche de promotion sociale. De l'automne 1981 à la mort de Calvi, le grand maître de la maçonnerie Armando Corona, l'éditeur Carlo Caracciolo, le sous-secrétaire au Trésor Giuseppe Pisanu, le conseiller du ministre du Trésor Carlo Binetti, et monseigneur Franco Hilary, se reconnaissent réciproquement comme un groupe compact autour de Carboni qui opère au nom des intérêts communs ou convergents et qui est prêt à exploiter les disgrâces financières et judiciaires de Calvi (6).

Il est difficile de comprendre la raison des nombreuses réunions communes ou croisées que ces personnages organisent sans une apparente et plausible explication logique. La série d'appels téléphoniques, relative à des renseignements sur Calvi, durant les derniers jours de sa vie, que tous les personnages du groupe échangent réciproquement, considérant presque Calvi et sa destinée comme une sorte de patrimoine collectif, est également incompréhensible.

L'enjeu de ce complexe de relations est apparemment la réalisation d'un rideau de défense dont le président de l'Ambrosiano pense avoir besoin. Calvi considère que l'appui des partis, de la maçonnerie et de la presse, est indispensable pour son avenir, au-delà de toute règle et de toute loi. Pour obtenir le soutien de ces »pouvoirs , le banquier en difficultés est disposé à mettre en jeu, selon certains témoins, une centaine de milliards et le »Corriere della Sera , en échange d'une solution magique de sa crise.

Mais en réalité, ce qui se plie aux différentes manoeuvres est quelque chose de différent de ce qu'imagine Calvi. C'est l'intérêt des différents protagonistes pour la possession et le contrôle du »Corriere della Sera et pour le partage des restes des éditions rizzoliennes, pour le pouvoir de la maçonnerie et, naturellement, pour les ressources financières de l'Ambrosiano et de son empire international, considérés encore très importants.

L'éditeur Carlo Caracciolo déclare aux magistrats: »Effectivement, mon groupe était intéressé à l'acquisition de plusieurs journaux, à savoir, »Il Mattino de Naples, L'»Alto Adige de Bolzano, ou »Il Piccolo de Trieste (7). De son côté, Federico U. D'Amato, dans une interview du 8 juillet 1984 affirme: »S'il y a une chose qui intéresse les politiques italiens, c'est bien le »Corriere della Sera . A cette époque, on parlait de combinaisons journalistiques, d'attaques contre la propriété, de pressions et les "supérieurs" voulaient tout savoir et l'on me donna des ordres. Calvi était au courant de ma charge et il en était presque content. Il répétait souvent: "dis à ton ministre"... Il espérait être protégé .

La réunion qui a lieu le 2 juin 1982 dans un appartement prêté à Carboni, avec Roich, Corona, Caracciolo, Binetti, et la participation de Hilary Franco et Ciriaco De Mita, scelle, deux semaines avant la mort de Calvi, une convergence d'intérêts au détriment du banquier. Ce jour-là, De Mita devait être élu secrétaire de la Démocratie Chrétienne et la réunion, décrite comme une rencontre »pour exposer la philosophie du nouveau leader démochrétien , avait une signification bien différente, puisqu'il est difficile de penser qu'un leader de parti trouve le temps, durant une journée aussi importante, pour parler de sa »philosophie au grand maître de la maçonnerie et à un prélat du Vatican, aussi important qu'il fût.

Les motivations qui se cachaient derrière cette rencontre concernaient des intérêts très importants. L'enjeu était le contrôle de »Il Mattino de Naples, appartenant à la Rizzoli, et auquel étaient fortement intéressés l'éditeur Caracciolo et le leader démochrétien de la Campanie. Il y avait l'action de la maçonnerie dans ses médiations possibles entre la finance de Calvi et celle de De Benedetti. Il y avait l'attitude qu'un journal comme »La Repubblica , contrôlé en partie par Caracciolo, pouvait avoir à l'égard du nouveau secrétaire de la DC. Il y avait le »Corriere della Sera et la Rizzoli, auquels la Démocratie Chrétienne n'était pas indifférente, à l'époque des grandes manoeuvres pour la vente de paquets actionnaires.

Le succès éphémère de Carboni en tant que manoeuvrier à un niveau complexe des petites affaires et des petites escroqueries est lié à Calvi. Avec la mort de ce dernier, le réseau de relations et de manoeuvres bâties autour de lui s'écroule aussi, ne laissant que les détritus des procédures judiciaires.

Quelle est donc la raison pour laquelle un personnage tel que Flavio Carboni, modeste manoeuvrier, peut soudain parvenir au rôle de grand conseiller et de bâtisseur de trames en faveur de Calvi?

Carboni ne disposait pas, comme Gelli, d'une loge P2 patiemment édifiée, même s'il pensait se servir d'un »groupe pour les mêmes fins que le maître vénérable. Mais comme Gelli, et de la même manière que Pazienza, Carboni pouvait jouïr de rapports politiques dans plusieurs directions, et avant tout avec la Démocratie Chrétienne, dont il aurait patronné l'élection au poste de secrétaire de Ciriaco De Mita (9). Dans ce sens-là, il y a continuité entre la P2 et l'époque post-piduiste, entre Gelli et ses épigones. Chaque personnage qui a tenté de se plascer au centre d'une toile de rapports et d'intérêts, n'a pu développer ses manoeuvres que grâce aux couvertures d'hommes politiques. En cela, Carboni, très différent de Gelli, montre des éléments d'affinité. Il comprend et réalise la formule typique du manoeuvrier: se placer à l'intersection des intérêts et des échanges des hommes politiques sur le terrain de l'illégalité et de la guerre des bandes, et faire fleurir sur ce terrain, des relations et des organ

isations spécialisées.

Tel est le terrain de culture sur lequel a prospéré la P2 de Gelli. Et c'est exactement le même terrain sur lequel se sont développés les phénomènes Pazienza et Carboni. C'est pourquoi, après la P2, il y a déjà et il y aura encore tant d'autres P... avec des aspects différents mais fondamentalement analogues.

NOTES

1. Mémoire d'Emilio Pellicani remis au juge Drignani le 9 décembre 1982, publié dans All. (T.), vol.III, tome XX, pp. 213-282.

2. Ibidem.

3. Ibidem.

4. Toutes ces circonstances sont rapportées dans le mémoire de E. Pellicani, cit., et trouvent confirmation dans les auditions à la Commission P2 de ce dernier, ainsi que d'autres témoins.

5. Outre les rapports à très haut niveau, Carboni était introduit dans le milieu. C'est la conclusion du juge d'instruction Domenico Sica, dans son rapport sur l'association de malfaiteurs romains, déposé au tribunal de Rome en mai 1985: »Un élément important de l'association jusqu'ici décrite est Flavio Carboni. Bien introduit dans n'importe quel milieu, mais évalué de manière négative même par Francesco Pazienza, fréquentateur assidu de prélats et d'hommes politiques, serviable organisateur de petites fêtes privées et capable de procurer n'importe quoi à n'importe qui, Carboni n'a jamais caché ses fréquentations. Durant l'enlèvement de Moro, par exemple, il déclara au journaliste Giuseppe Messina, rencontré sur invitation de Benito Cazora, qu'il était porteur d'un message de la part des milieux de la mafia sicilo-américaine; il organisa une rencontre à Rome avec l'un des chefs de la mafia "dans un bureau du Parquet"; il déclara ensuite que la mafia n'entendait plus s'occuper de l'affaire; il déclara s'être

maintes fois rendu à Palerme. Du reste, les rapports intensifs de Carboni avec Diotallevi, Faldetta, Calò et Balducci, sont incontestables. Mais il faut tenir compte du fait que Carboni fréquentait également Danilo Abbruciati, même s'il le nie. Il est difficile de supposer que Carboni puisse être étranger à l'affaire de l'attentat Rosone, oeuvre - c'est bien connu - d'Abbruciati.

»Il existe de nombreuses traces sur les rapports de Carboni avec d'autres représentants du milieu

»D'Amico Pasquale, collaborateur de Raffaele Cutolo, rapporte que Cutolo lui-même lui avait confié la charge de supprimer Carboni, défini "trafiquant impliqué dans des affaires illicites, habitant à Rome mais d'origine sarde". Selon D'Amico, Selis N., Antonucci P., Serra G., et Untel Claudio, devaient participer à l'attentat. Le Claudio en question, lui avait montré la villa de Carboni à l'EUR. D'Amico rapporte encore que l'attentat avait été commandité par Francesco Gangemi, de Reggio Calabria, mais que cet attentat n'avait jamais eu lieu parce que Cutolo avait changé d'idée: en effet, le camorriste Vincenzo Casillo avait établi un pacte d'alliance avec les "romains" et en particulier avec le groupe ayant à sa tête Carboni. De ce groupe faisaient partie deux proches collaborateurs de Carboni, Danilo Abbruciati et Ernesto Diotallevi, auquel ils servaient de garde du corps.

»A son tour, Fulvio Lucioli, autre personnage important du milieux romain, rapporte qu'il a appris par Maurizio Abatino, en 1981/82, qu'il connaissait Flavio Carboni, qu'il savait lié au redoutable groupe d'Abbruciati, De Pedis, Pernasetti, Frau, Toscano Colafigli et adonné à toutes les activités illicites imaginables (du trafic d'héroïne aux enlèvements, rapines et recel). Selon les dires d'Abatino, l'argent était investi (vraissemblablement) par Carboni, avec un intérêt mensuel de 10%.

»Selon les dire de Maurizio Abatino, Carboni avait blanchi l'argent provenant du groupe Giuseppucci; les rapports avec Abbruciati et les autres, remontaient à 1977. Enfin une note objective: celle de la panique au sein du groupe et que Lucioli perçut, au moment de l'arrestation de Carboni, dans la perspective que celui-ci "pouvait parler". Les déclarations de Giovanni Melluso et les mises au points de D'Amico, paraissent elles-aussi indicatives, pour la reconstitution de la figure de Carboni. Il y a aussi les données des personnes proches du manoeuvrier: Merluzzi, sur l'habilité de Carboni à obtenir des permis de construction impossibles, de Pellicani et Silipigni, pour ce qui concerne les affaires de recel de bijoux et d'argent de provenance illégitime, de madame Angelini (belle-mère de Diotallevi), pour l'utilisation des hommes politiques qui l'avaient aidé pour les permis de construire .

6. CF. Audition de Flavio Carboni à la Commission P2 du 24 février 1983.

7. Interrogatoire de Carlo Caracciolo devant le juge Sica du 12 avril 1983 dans All. (T.), vol III, tome XXII, p. 402.

8. Interview de F. U. D'amato dans »La Repubblica du 8 juillet 1984.

9. La circonstance du soutien de Carboni à travers Angelo Roich à l'élection de De Mita au poste de secrétaire de la DC est relatée dans le mémoire d'Emilio Pellicani, remis au juge Drignani le 9-12-1982 et dans l'audition de Flavio Carboni à la Commission P2 du 24-2-1983, tous deux publiés dans All. (T.), vol. III, tome XX, pp. 213-282.

 
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