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Teodori Massimo - 1 dicembre 1985
P2: L'histoire secrète (21) - LES MORTS MYSTERIEUSES

Faits et méfaits - hommes, banques et journaux, généraux et terroristes, vols et assassinats, chantages et pouvoir - selon les documents de l'enquête parlementaire sur la loge de Gelli.

par Massimo Teodori.

SOMMAIRE: »On a beaucoup écrit sur la P2 et sur Gelli, mais la vérité sur la loge et sa prise de pouvoir dans l'Italie d'aujourd'hui a été gardée secrète. Contrairement à ce qu'affirme la relation Anselmi votée à la majorité en conclusion de l'activité de la Commission d'enquête parlementaire sur la P2, la loge n'a pas été une organisation de malfaiteurs externe aux partis, mais interne à la classe dirigeante. L'enjeu pour la P2 a été le pouvoir et son exercice illégitime et occulte avec utilisation de chantages, de vols à grande échelle, d'activités subversives et de gigantesques imbroglio financiers, et même avec le recours à l'élimination physique de personnes "gênantes".

L'"histoire secrète" de Teodori est une reconstitution de faits et de responsabilités sur la base de milliers de documents; c'est la réélaboration et la réécriture de la relation de minorité présentée par l'auteur au Parlement au terme des travaux de la Commission d'enquête parlementaire. Elle illustre les milieux-ambiants de l'association de malfaiteurs Gelli-P2; elle fournit l'interprétation des activités subversives des services secrets et celles des Cefis, des Sindona et des Calvi: elle élucide le rôle de la P2 dans l'"affaire Moro" et dans l'"affaire d'Urso", dans la Rizzoli et dans l'ENI, dans les Forces Armées et dans l'Administration publique. Elle révèle les intrigues avec le Vatican, les méfaits des Pazienza, des Carboni et la trouble "affaire Cirillo".

(Editions SUGARCO - Décembre 1985)

APPENDICE - LES MORTS MYSTERIEUSES

Dans notre pays, depuis de nombreuses années désormais, l'élimination des individus est devenu un moyen normal pour résoudre les conflits. L'histoire italienne des quinze dernières années n'est pas seulement ponctuée par les désastres du terrorisme et par la grande criminalité organisée mais aussi par des délits individuels ciblés, utilisés dans la lutte pour le pouvoir, et restés volontairement irrésolus, dans la plupart des cas.

Les morts énumérées dans cet appendice - assassinats, "suicides", "accidents" - sont mystérieuses, en ce sens que, ou bien on ne connaît pas l'assassin et le mandant , ou bien on les a répertoriées comme "suicides" malgré d'éclatantes contradictions, ou bien encore, il y a eu un refus délibéré d'enquêter sur les modalités de l'accident.

La liste des personnages assassinés se réfère au milieu P2. Cela ne signifie pas que la loge P2 ait tué ou ait été le mandant des délits, mais uniquement que la mort de chacun des personnages en question se situe, directement ou indirectement, dans une trame dans laquelle a activement opéré la P2 ou certains de ses représentants. Selon une typologie désormée consolidée, l'origine des morts peut-être reconduite à l'une de ces deux catégories: ou bien pour éliminer un concurrent dans une situation quelconque de pouvoir, ou bien pour réduire définitivement au silence un individu au courant de renseignements occultes délicats et dangereux. Certaines affaires sont très connues: celles du colonnel des services secrets Rocca, du journaliste Pecorelli et du banquier Calvi. Mais la liste des éliminations individuelles ciblées dans un laps de temps de cinq années est beaucoup plus étendue: les fiches contenues dans cet appendice ne sont qu'une partie d'une liste qui pourrait être plus longue.

Donc, l'élimination physique fait partie de la culture de pouvoir italienne, peut-être l'unique, à ce niveau-là, parmi les pays démocrates de l'Occident. L'instrument de l'assassinat est utilisé avec fréquence, non seulement dans le monde militaire et des services secrets, dans les rapports entre les milieux criminels et la main-d'oeuvre terroriste, mais aussi et toujours davantage dans les grandes affaires nationales d'intrigues financières et politiques comme celles de Sindona, Cirillo, Calvi...

La P2 a été aussi cela: le terrain dans lequel la culture de l'élimination individuelle ciblée a pu se développer. Voici quelques unes des morts mystérieuses:

Danilo Abbruciati (Affaire Calvi et milieu criminel)

Représentant bien connu du milieu romain, assassiné le 27 avril 1982 par un gardien assermenté après avoir tiré sur Roberto Rosone, vice-président du Banco Ambrosiano. On ne connaît pas les motifs pour lesquels le boss du milieu romain s'est mêlé d'une affaire concernant la banque de Calvi.

Lié à Flavio Carboni, à Domenico Balducci et à Ernesto Diotallevi qui remit à Calvi un faux passeport au nom de "Gian Roberto Calvini". Il avait été impliqué dans les enlèvements de la bande des marseillais, en particulier ceux de Bulgari, Ortolani (fils d'Umberto) et D'Alessio.

Vito Alecci (Armée et P2)

Le colonnel de l'armée Vito Alecci meurt suicidé dans la région de Catane, le 3 mars 1985. Il avait vécu durant une longue période avec Nara Lazzerini, la secrétaire de Licio Gelli qui avait assisté pendant cinq années aux rencontres du maître vénérable à l'hôtel Excelsior de Rome. Le suicide du colonnel, qui était un vieil inscrit à la P2, est, pour Nara Lazzerini, »bel et bien un homicide à attribuer sans hésitation à la loge.

Giorgio Ambrosoli (Affaire Sindona)

Nommé en 1974 Commissaire liquidateur de la Banca Privata Italiana, il reconstruit par un intense travail de cinq années, les imbrogli qui sont à l'origine du krach Sindona.

Il s'oppose fermement au redressement de la banqueroute sindonienne pour lequel travaillent avec ardeur les piduistes Gelli, Ortolani, Stammati et Memmo, sous les auspices d'Andreotti. Après des mois de menaces, il est assassiné devant la porte cochère de son domicile, le 12 juillet 1979. Il devait témoigner, le lendemain, devant des juges américains sur la banqueroute de la Franklin National Bank de Sindona.

L'exécutant du délit est identifié, c'est William J. Aricò, dit »Billy l'exterminateur , et le mandant, selon l'incrimination de la magistrature italienne, est Michele Sindona (P2).

Antonino Anzà (militaire)

Au cours de l'été 1977, l'alternance au sommet des Etats-major de l'Armée et de la Défense avait été prévue. Au mois d'Août, deux faits éclatants, la démission du général Enrico Nino de son poste de commandant de l'Armée et la fuite de Kappler de l'hôpital militaire du Celio, viennent troubler encore davantage un climat déjà tendu. Le commandant des CC retire peu après sa démission et sur le sillage de l'émotion provoquée par Kappler, renforce sa position au sein de l'armée. Sur le front des Etats-major, à la mi-Août, un troisième fait augmente le désarroi: le 12 août, l'un des concurrents à la charge de chef d'Etat major de l'Armée, le général Antonino Anzà, est trouvé mort d'un coup d'arme à feu à son domicile romain. La thèse du suicide, promptement rendue officielle, contredit de nombreux éléments de faits. Toute la presse écrit que le "suicidé" s'était tiré une balle juste après s'être préparé, sans la consommer, un déjeuner rapide. Quelques jours auparavant, en Sicile, un collaborateur d'Anzà, le

colonnel Giansante, commandant des CC de Messina, s'était lui aussi suicidé. Le commandant des carabiniers, le général Mino, appartenait, comme l'ont témoigné plusieurs personnes, au groupe restreint des gelliens, tout comme plusieurs prétendants à sa succession.

William Joseph Aricò (Affaire Sindona)

L'assassin présumé de l'avocat Ambrosoli meurt le 19 février 1984 dans la prison de Manhattan, le Metropolitan Correctional Center, au cours d'une tentative d'évasion desespérée. Selon la reconstruction de la direction de la prison, Aricò, avec son compagnon de cellule, après avoir scié les barreaux, serait descendu du neuvième étage grâce à des draps noués les uns aux autres. On trouve son cadavre sur une terrasse de la prison: le lendemain, il devait se présenter devant le tribunal de Brooklyn pour une procédure d'extradition en Italie. Il avait été arrêté à Philadelphie en juin 1982.

Domenico Balducci (Affaire Calvi et milieu criminel)

Représentant bien connu du milieu romain, il est assassiné le 17 octobre 1981 devant la grille de sa villa. Ami de Pazienza et financier de Carboni, il entre par le truchement de ces derniers dans les affaires tourmentées de la dernière année de vie du banquier de la P2. Propriétaire d'une villa en Sardaigne où Calvi aurait dû se rendre durant les vacances organisées par Pazienza au cours del'été 1981.

Albert Bergamelli (Milieu et P2)

Au moment de son arrestation, en mars 1976, il déclare: »Quelqu'un m'a trahi, mais il faut qu'il n'oublie pas que je suis protégé par "une grande famille". Jusque-là il était connu comme un casseur féroce et chef, avec Berenguer et Bellicini, d'une bande de kidnappeurs.

C'est après son arrestation que le ministère public, Vittorio Occorsio, commence à trouver des vérifications à une hypothèse de connexions entre la "bande des marseillais", le terrorisme noir et la loge P2 (la grande famille). Après quelques années, Bergamelli, détenu dans la prison d'Ascoli Piceno, établit d'excellent rapports avec Cutolo.

Bergamelli est assassiné en prison en septembre 1982, un peu plus d'un an après l'affaire Cirillo et six mois après le délit Semerari. L'assassin de Bergamelli s'appelle Paolo Dongo, un détenu "commun" qui s'est politisé en prison et devenu par la suite un partisan de la fraction brigadiste dirigée par Giovanni Senzani.

Ermanno Buzzi (Terroriste "noir" et P2)

Accusé pour le massacre de la Loggia de Brescia en 1974, il est étranglé dans la prison de Novara par Pier Luigi Concutelli, assassin du juge Occorsio, au cours de l'été 1981. Ce délit n'empêche pas le ministre de la Justice Mino Martinazzoli de transférer dans la même prison, Carmine Palladino, qui subit le même sort.

Roberto Calvi

La mort du banquier de la P2, le 17 juin 1982, a été analysée, en plus des juges anglais, par une multitude d'articles et d'enquêtes dans la presse italienne. Et pourtant, toutes les questions sur sa mort à Blackfriars Bridge sont restées sans réponse. Il est certain que sa fin est liée aux intrigues de la finance spéculative nationale et internationale auxquelles le système piduiste avait participé. Gelli et Ortolani, avec Pazienza et d'autres, ont été accusés pour le krach de l'Ambrosiano. Bien que le tribunal de Londres ait ratifié la thèse du suicide en première instance, peu de gens ont cru à cette thèse absolument improbable.

Maria Fiorella Carraro (Affaire Cirillo)

Par certains aspects invraissemblables, le "suicide" de la secrétaire d'Aldo Semerari, le 1er Avril 1982, et la disparition du criminologue, au moment même où se déchaîne la polémique au sujet du faux document sur l'"affaire Cirillo" publié par l'"Unità", sont déroutants. Une autre collaboratrice du criminologue, Luisa Barlesi, déclare au magistrat qu'elle ne croit pas au suicide de Maria Fiorella Carraro qui, juste avant sa mort, ne manifestait aucun signe de dépression. L'arme même retrouvée près de son cadavre, une Magnum 357, contribue à accroître les doutes des enquêteurs, tout comme la reconstruction, dans son appartement, des derniers actes de cette femme. L'affaire est rapidement classée aux archives parmi les "suicides".

Vincenzo Casillo (Affaire Cirillo)

Le lieutenant de Cutolo est l'un des principaux protagonistes de l'"Affaire Cirillo". Il entre et sort à son gré de la prison d'Ascoli Piceno pour mener les négociations entre le SISMI, la camorra, les Brigades Rouges et les envoyés de la DC. Un an et demi après la libération de Cirillo, lorsque l'"affaire" éclate dans la presse, le 29 janvier 1983 Casillo saute avec sa voiture bourrée de dynamite au moment où il met le moteur en route. Casillo avait eu affaire au groupe SISMI, dirigé par Pietro Musumeci (P2). Au moment de sa mort il est recherché par la police: sa voiture explose dans sa cachette de Primavalle à Rome, à proximité du siège du SISMI.

Augusto Ciferri ("M.Fo.Biali")

C'est le maréchal du SID chargé d'effectuer les interceptions téléphoniques qui constituent la base du dossier "M.Fo.Biali". Suite à l'ouverture d'une enquête sur la disparition du dossier, le colonnel Demetrio Cogliandro, responsable du dossier, déclare au magistrat que Ciferri ne lui a jamais remis les bobines des interceptions, mais des notes uniquement. Deux jours après, le 12 octobre 1979, la voiture de Ciferri s'écrase contre un arbre. Accident inexplicable, étant donné les conditions normales de la route et de la météo. L'autopsie n'est pas demandée.

Ciferri était l'homme clé pour la crédibilité du dossier "M.Fo.Biali" concernant le général Giudice (P2) et le général Lo Prete (P2), la contrebande du pétrole et l'activité des hommes du SID, Maletti et Viezzer, également de la P2.

Ciferri connaissait aussi Pecorelli (P2) qui avait publié en plusieurs épisodes le dossier "M.Fo.Biali" dans "OP".

Graziella Corrocher (Affaire Calvi)

La secrétaire de Calvi se tue dans l'après-midi du 17 juin 1982 peu après que le Conseil d'Administration du Banco Ambrosiano ait décidé d'ôter les pouvoirs à son président et de demander à la Banque d'Italie d'assurer le haut-commissariat.

La mort de Graziella Corrocher, qui laisse sur son bureau un billet dans lequel elle exprime sa profonde déception pour le comportement de son président, précède de quelques heures seulement celle de Calvi.

Salvatore Florio (Garde de Finance et P2)

Le colonnel Salvatore Florio est l'officier de la Garde de Finance qui active l'enquête sur Gelli en tant que responsable du Bureau I et auquel on doit trois "notes" de renseignements sur le chef de la P2 au Printemps 1974. Suite à la prise en charge du commandemant du corps de la part du gén. Raffaele Giudice (P2) en août 1974, le colonnel Florio est transféré, subissant en outre une campagne diffamatoire à travers de nombreuses lettres anonymes envoyées à ses supérieurs. Après deux années à Gênes, en 1977 Florio est envoyé à Ostia pour diriger l'école des sous-officiers. En juin 1978 il reçoit l'inspection du gén. Giudice et entre les deux hommes commence un affrontement verbal devant témoins. Quelques jours après, durant un voyage en Vénitie, le colonnel meurt dans un accident de la route tout-à-fait inexplicable. Sa voiture, conduite par un chauffeur parfaitement reposé, après une série de dérapages, s'écrase contre le guard-rail de l'autoroute. Des soupçons de sabotage sont officiellement avancés.

On ne restitue pas à la famille la serviette porte-documents que le colonnel avait avec lui cependant que plusieurs dossiers portant le cachet "Ultra-Secret", dont un concernant le général Giudice, disparaissent. Sa femme témoigne devant le tribunal sur les persécutions infligées à son mari par le groupe de la P2.

Boris Giuliano (Mafia et Finance occulte)

Le chef des Gardes Mobiles de Palerme, Boris Giuliano, est tué dans un bar le 21 juillet 1979, dix jours après le délit Ambrosoli. Giuseppe Melzi, l'avocat des petits actionnaires des banques de Sindona, a parlé d'une rencontre qui a eu lieu vers la mi-juin 1979 entre Giuliano et le liquidateur de la Banca Privata, Ambrosoli.

Il est certain que l'avocat Ambrosoli, s'occupant du rééquilibre des banques de Sindona, et le commissaire de Palerme, enquêtant sur les parcours de l'argent mafieux, se sont trouvés face au problème du blanchiment de l'argent "sale" et des circuits financiers nationaux et internationaux à caractère occulte.

Salvatore Imperatrice (Affaire Cirillo)

Elément de la "Nuova Camorra Organizzata" qui participe aux négociations pour la libération de Cirillo en tant qu'accompagnateur de Casillo.

Arrêté quatre jours après la libération de Cirillo, on dit qu'en prison on lui aurait confié une caisse de documents sur l'affaire et sur les négociations avec les services secrets, les BR et la DC.

On le trouve "suicidé" dans la prison d'Avellino le 11 mars 1985, après avoir réussi à s'échapper d'une caserne des carabiniers en octobre 1984 et à sortir indemne des cohabitations forcées dans des cellules où se trouvaient de fameux killers comme Concutelli, Medda, Tuti et Andraous.

Giovanna Matarazzo (Affaire Cirillo)

Compagne de Vincenzo Casillo, Au courant de toutes l'"Affaire Cirillo" racontée par le lieutenant de Cutolo. Elle quitte Rome après la mort du camorriste et trois mois plus tard, on la considère morte. Le 2 février 1984, on retrouve un cadavre non-identifié, et ce corps lui est attribué dans une déclaration de mort présumée.

Enrico Mino (Militaires)

Le nom du gén. Enrico Mino ne figure pas dans les listes de Castiglion Fibocchi, même si dans les actes de la Commission d'enquête, à maintes occasions, on parle de lui comme un personnage proche de Gelli et Pecorelli. Dans un mémoire envoyé à la commission, l'ex-président de la République Giovanni Leone en parle en ce sens, ainsi que le cap.Antonio Labruna, dans un interrogatoire devant le juge Sica. Sûrement, durant son commandemant , Mino entre en conflit avec des officiers supérieurs des Carabiniers, en particulier avec le gén. Arnaldo Ferrara et avec le colonnel Carlo Alberto Dalla Chiesa. Pendant toute la durée de son exercice, il régna un climat de profonde division et d'affrontement entre les groupes, ce qui fut un terrain d'incubation propice au système de pouvoir et de chantage de la P2.

Au moment le plus délicat du conflit, et en coïncidence avec les polémiques sur la fuite de Kappler, Mino meurt en novembre 1977, s'écrasant avec son hélicoptère durant une inspection dans le Sud. Les doutes sur la nature de l'accident furent renforcés par les polémiques encore en cours sur le mystérieux suicide du général Anzà et sur celui du colonnel Giansante. Avec Mino meurent également le commandant du groupe CC de Catanzaro et d'autres officiers des divisions de Calabre.

Vittorio Occorsio (Milieu et P2)

Le magistrat est tué par des raffales de mitraillettes le 10 juillet 1976: l'homicide est revendiqué par "Ordine Nero".

Occorsio était en train de s'occuper d'enlèvements. A Rome, on avait enlevé le fils d'Umberto Ortolani (P2), le "roi du café" Alfredo Danesi (P2), et Giovanni Bulgari, Joailler, dont le magasin se trouvait Via Condotti, au-dessous du siège de la P2. Le secrétaire de la loge P2, Gianantonio Minghelli, avait été incriminé, puis relaxé, à cause de ses liens avec la bande des marseillais. La veille de son assassinat, le magistrat avait parlé avec un journaliste de la coïncidence entre le montant de l'argent des enlèvements et le coût du siège de l'organisation internationale, à peine constituée, de la P2, l'ONPAM, ayant à sa tête Licio Gelli.

Dans le repaire où l'on arrête Pier Luigi Concutelli, exécuteur matériel du délit, la police retrouve des billets de banque provenant de la rançon des enlèvements de la "bande des marseillais" et des plans pour l'évasion d'Albert Bergamelli.

Carmine Palladino ("Noirs" et P2)

Lieutenant dès 1962 de Stefano Delle Chiaie, après une période d'éloignement de la milice politique, il est à nouveau arrêté dans le cadre des enquêtes sur le massacre de la gare de Bologne. Le 12 août 1982, il est étranglé dans la prison de Novara par Pier Luigi Concutelli, assassin du juge Vittorio Occorsio. Après son arrestation, Palladino avait donné des signes de disponibilité pour collaborer avec les juges. Les rapports avec Concutelli et Dalle Chiaie sont rappelés par la suite par des "repentis" d'extrême droite. Les enquêteurs ont réouvert les enquêtes sur l'homicide Occorsio. Il paraît que Delle Chiaie a armé la main de Concutelli avec une mitraillette Ingram qui fut utilisée pour assassiner le magistrat.

Mino Pecorelli

Ce journaliste, membre de la P2, est avec son agence "OP" au centre de l'information concernant une multitude d'affaires louches dans la République des années Soixante-dix. Un grand nombre de relations, d'amitiés et d'inimitiés gravitant autour de Pecorelli, se situent dans le cadre de la P2, des services secrets et des hommes politiques qui s'en servent.

Il est assassiné le 20 mars 1979. Au cours des derniers mois il avait affronté dans "OP" plusieurs thèmes particulièrement dangereux: le passé de Licio Gelli (P2); la contrebande de pétroles et les responsabilités des généraux Giudice et Lo Prete de la Garde de Finance (P2); les chèques de plusieurs milliards se référant au Président Andreotti.

Dans son agenda figurait une rencontre avec le chef de la P2, deux jours après son assassinat.

Renzo Rocca (Services secrets)

Fidèle au gén.De Lorenzo, installé jusqu'en juin 1967 à la direction du Bureau REI (Recherches Economiques et Industrielles) du SIFAR, le colonnel Renzo Rocca est peut-être le premier et certainement le plus important de la longue liste des "suicidés" obscurs de tous les hauts-gradés de l'armée.

Mis à la retraite par le chef d'Etat-Major de la Défense, le gén. Aloja, quelques mois plus tard, en février 1968, le colonnel ouvre un bureau à Rome, officiellement au nom de la Fiat. Tout les membres du personnel qui collaborent avec Rocca proviennent du SIFAR. Le soir du 27 juin, Rocca est retrouvé mort dans son bureau, un coup de révolver à la tempe, dit-on. Le bureau est immédiatement perquisitionné par le SID - deux groupes d'officiers des services qui se rendent précipitemment Via Barberini juste après la mort du colonnel. Trois officiers sont dépêchés par le Centre de Contrespionnage de Rome, un autre, un colonnel celui-là, dépêché par le chef du Bureau D, le gén. Viola. Juste après eux arrive un fonctionnaire de la division "Affaires Secrètes" du Ministère de l'Intérieur et, en dernier, un simple commissaire qui avertit le magistrat de service. Ce dernier, à peine arrivé, ne comprend pas tout de suite que les précédents visiteurs ont vidé toutes les archives des quatres salles du bureau. Le sub

stitut du procureur Ottorino Pesce ramènera cependant quelque chose au Palais de Justice, mais il ne réussira même pas à consulter ces quelques documents, car le procureur général de Rome, Ugo Guarnera, sur ordre du chef du SID, l'amiral Henke, finira par lui retirer l'enquête qui sera confiée au magistrat Cudillo, qui classera l'affaire aux archives comme "suicide" et rendra au SID, les documents sequestrés.

Luciano Rossi (Garde de Finance et P2)

C'est le capitaine de la Garde de Finance qui en mars 1974 rédige une note de renseignements sur Licio Gelli dans le cadre du Bureau I dirigé par le colonnel Salvatore Florio. Après la nomination du général Giudice (P2) de la part d'Andreotti et de Tanassi, il est éloigné de son service et rencontre bien des avatars, comme le colonnel Florio.

Il meurt le 5 juin 1981 d'un coup de révolver à la tempe après avoir été interrogé au sujet de la "note" qu'il avait rédigée en 1974. Il n'était pas malade, il n'avait pas de motifs pour se suicider, et quelques temps auparavant il avait adopté un enfant. Il avait confié à ses amis qu'il était préoccupé car Gelli l'avait menacé.

Aldo Semerari (Services secrets, camorra et "Affaire Cirillo")

On trouve son corps décapité le 1er avril à Ottaviano, patrie de Cutolo. Criminologue célèbre, il est arrêté le 28 août 1980 pour association subversive dans le cadre des enquêtes sur le massacre de la Gare de Bologne. Les "fascistes repentis" le qualifient dans leurs dépositions comme un élément important du sommet des groupes noirs clandestins dans les années où ils sont en contact avec Gelli et avec d'autres éléments de la P2.

On a récemment révélé que Semerari, frère maçon de Palazzo Giustiniani, outre ses rapports avec la criminalité organisée, avec les terroristes noirs et avec les différentes familles de la camorra, collaborait en réalité avec les services secrets, le SISMI et le SISDE. Avant d'être tué, il a recherché la protection du SISMI à travers l'avocat Renato Era et le colonnel Demetrio Cogliandro. Sa mort doit-être mise en relation avec l'"affaire Cirillo" et l'intrigue BR-Services Secrets-Camorra. Juste avant son assassinat, il écrivit une lettre en revendiquant la paternité d'un faux document publié par l'"Unità" sur les responsables des négociations.

 
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