Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
lun 10 mar. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Archivio Partito radicale
Pannella Marco - 15 aprile 1986
Gouvernements de mort
Intervention de Marco Pannella au Parlement européen

SOMMAIRE: Où était le PE, où étaient ses députés quand les pays d'Europe, la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, etc., "faisaient déborder d'armes la Libye, la Syrie, le Moyen-Orient et l'Afrique"? Les larmes d'aujourd'hui sont des larmes de crocodile... C'est la conséquence de la contumace de l'Europe si "le shérif d'Hollywood" fait aujourd'hui ce qu'il fait, contre toutes les traditions parlementaires civiques et humaines des USA". Par conséquent, nous pourrons nous dire fiers d'être européens "le jour où il y aura l'union des Etats européens unis dans le droit, dans la paix et dans la liberté". Non à une "Europe qui va de l'Oural à l'Atlantique", oui à l'Europe-Etat, à l'Europe de la liberté.

(DISCUSSIONS DU PARLEMENT EUROPEEN, 15 avril 1986)

Pannella (NI). (FR) A les écouter, quelle Assemblée extraordinaire de novices, d'enfants de choeur et d'anges vous êtes en train de présider, monsieur le Président.

Aucune autocritique! Rien que la bonne conscience pharisienne!

Mais où étiez-vous, chers collègues, avec vos gouvernements de droite, de gauche ou du centre; où étiez-vous lorsque la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Belgique et les autres faisaient déborder d'armes la Libye, la Syrie, le Moyen-Orient et l'Afrique? Pour alimenter la férocité de leurs dictateurs d'abord contre leurs peuples et aujourd'hui contre les nôtres?

(Applaudissements à gauche)

En concurrence entre vous, comme dans la coopération politique!

En concurrence, l'Angleterre, l'Italie, la France, la Belgique. En concurrence entre eux et, tous ensemble, en concurrence avec la Tchécoslovaquie, la Bulgarie et l'Allemagne de l'Est. Vous formez vraiment l'Europe de l'Atlantique à l'Oural.

Vos larmes d'aujourd'hui sont les larmes de cette Europe, ce sont des larmes de crocodile, parce que vos gouvernements de droite, de gauche ou du centre, sont des gouvernements commerçants, sont des gouvernements de mort ou d'armes!

(Applaudissements à gauche)

Les armes que le criminel Kaddafi et le criminel Hassad ont d'abord testé contre les libertés de leurs peuples et qu'ils utilisent aujourd'hui contre ceux au nom desquels vous prétendez parler, sont les armes que vous leur avez fourni, riant avec votre cynisme imbécile de non-violents. Et vous prétendez maintenant vous ériger en juges de la violence dont vous êtes, même si ignares, les responsables?

Monsieur le Président, on ne devrait jamais demander à un marin de garantir l'ordre public dans un port ou à un shérif d'Hollywood de garantir l'ordre international. C'est un preuve de mauvais goût et c'est contraire à la sagesse. Mais, chers collègues du Parlement de 1986, si différent du Parlement du traité Spinelli (1), du Parlement postiche de Luxembourg et de l'acte unique, du Parlement de la soi-disant coopération politique, n'est-ce peut-être pas comme une "suppléance" à votre incapacité de vous montrer européens, de vouloir une autorité politique européenne, qui fait que le Shérif d'Hollywood fait ce qu'il fait, contre toutes les traditions parlementaires civiques et humaines des Etats-Unis?

Et par conséquent de cette folie, non seulement vous êtes victimes, mais aussi responsables!

Monsieur le Président, le jour où le Parlement aura le courage de dire qu'hier il a ressenti un sentiment d'humiliation en voyant les Douze réunis dans le contexte de la coopération politique - qui n'est pas prévue par nos traités - ce jour-là nous pourrons nous dire fiers d'être européens. Ce sera le jour où nous devrons aussi avoir le courage de voter le projet de traité grâce auquel, face aux Etats-Unis d'Amérique nos alliés et à l'URSS, il y aura l'Union des Etats européens unis dans le droit, dans la paix dans la liberté, et non comme importateurs de paix, qui du reste n'existe pas, et exportateurs des armes les plus lâches, parce que les bilans de vos industries et de vos Etats sont alimentés par ce que vous imposez au tiers monde, par les armes que vous y vendez et qui sont payées par ceux qui meurent de faim, ce sont justement eux qui vous les payent chaque jour!

(Applaudissements à gauche)

Il suffit de voir dans votre pays, monsieur le Président, ou ici dans notre Parlement. Nous devons dire non à cette Europe qui va de l'Oural à l'Atlantique! Et dire oui à une Europe de la fierté, à une Europe-Etat, à une Europe de la liberté, à une Europe qui aura le droit de vivre dans l'interdépendance de pays libres et pacifiques. Non à une Europe au service, comme l'OTAN lui-même, de ce que le Président Eisenhower avait dénoncé comme "l'ensemble militaire-industriel qui domine tout autant cette partie du monde que l'autre"!

Le jour où, députée Veil et chers amis, vous voudrez montrer vos larmes devant les victimes, je vous demande d'annoncer, sans larmes abusives, mais avec le sourire et l'humilité des forts, que vous êtes décidés à remédier à cette "suppléance" et à créer l'Europe des Etats, l'Europe des peuples mais aussi l'Union européenne, pour laquelle nous avons été élus dans ce Parlement!

Le reste n'est rien d'autre que misère, ce sont les tristes bavardages de nos Etats, les tristes bavardages qui ne peuvent faire rien d'autre, dans les moments de violence, qu'être couards, serviles et subordonnés aux autres!

(Applaudissements à gauche)

------

N.d.T.

1 - SPINELLI ALTIERO. (Rome 1907 - 1986). Pendant le fascisme, de 1929 à 1942, il fut emprisonné comme leader des jeunesse communistes. En 1942 il rédigea avec Ernesto Rossi le "Manifeste de Ventotene", dans lequel on affirme que seule une Europe fédérale pourra éviter le retour des guerres fratricides sur le continent européen et lui rendre un rôle mondial. A la fin de la guerre, il fonda avec Rossi, Eugenio Colorni et d'autres, le Mouvement Fédéraliste Européen. Après la crise de la Communauté Européenne de Défense (1956) il devint membre de la Commission Europe, suivant de ce poste d'observation et critiquant l'évolution des structures communautaires. En 1979 il fut élu au Parlement Européen dans les listes du Parti Communiste italien (PCI), devenant l'esprit directif dans la réalisation du projet de traité adopté par ce Parlement en 1984 et connu précisément comme le "Projet Spinelli".

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail