AVANT-PROJET DU DOCUMENT DE TRAVAIL SUR LA CONSTRUCTION DU PARTI RADICAL TRANSNATIONAL
DOCUMENT COMMISSION 87
SOMMAIRE: Dans ce document, on propose certains problèmes avec leurs alternatives relatifs à la construction du Parti Radical transnational.
La Commission, chargée par le Secrétaire du Parti, a été investie des problèmes liés à la construction d'"un parti international et internationaliste, laïc et nonviolent, pour les droits humains, les Etats-Unis d'Europe, le droit à la vie et la vie du droit, la lutte contre l'extermination par la faim, la défense de la planète contre les menaces et les attaques lancées contre l'équilibre de l'écosystème".
L'option indiquée par le Congrès du Parti Radical indique la construction d'un parti dépourvu de limitations territoriales, dont les points charnières sont l'antinationalisme et l'antiautoritarisme. D'où les deux documents (le préambule du Statut et le Manifeste des Nobels) qui constituent les points de base du projet, et dont l'objectif est avant tout la sauvegarde des droits de la personne humaine qui doivent dépasser les barrières de la souveraineté et des droits nationaux.
Le Parti Radical transnational entend surmonter la division européenne en se donnant pour objectif les Etats-Unis d'Europe dans le but de fournir une force politique à la civilisation libéral-démocratique. En effet, la voie idéale à parcourir est celle qui ferait des Etats-Unis d'Europe une institution destinée à étendre dans tous les pays où les droits de la personne sont déniés, un droit supranational à caractère libéral-démocratique.
A ce jour, cependant, l'unique référence vers laquelle le Parti Radical peut se tourner, est l'Europe. Le coût d'une Europe des 12 nations est très élevé: les institutions nationales n'arrivent plus à faire face à la dimension supranationale des problèmes urgents, car, tandis que les problèmes sont réels, les solutions sont vieilles et inefficaces; du reste, les institutions communautaires n'arrivent pas à concevoir un unique gouvernement européen du moins pour ce qui est exclusivement du ressort communautaire.
La plupart des partis européens décide de réaliser l'intégration politique européenne avec des pouvoirs supranationaux séparés, mais le problème concerne les temps de sa réalisation, car de cette manière on court le risque de ne pouvoir utiliser, pour des fins électorales, les instruments de contrôle social et économique, aujourd'hui aux mains des partis nationaux. L'européisme, en effet, devrait-être complètement libre de tout conditionnement politique et économique des différents pays et être transversal pour tous les partis. Mais un parti transnational européen n'existe pas encore. Le Parti radical pourrait le devenir: il faudra avant tout renoncer à concourir aux élections politiques nationales. Du reste, un parti qui n'est plus en compétition sur le plan électoral, mais certainement encore sur le plan des idées et des initiatives politiques, peut entreprendre la bataille pour la construction des Etats-Unis d'Europe. Seul l'engagement total et collectif dans cette direction peut permettre au Parti d
'essayer et de risquer: c'est pourquoi la disparition du Parti radical demeure une prémisse insurmontable.
Si le Parti devient transnational et transpartite, il sortira non seulement du scénario national mais aussi du scénario européen. Ce parti pourrait quand même participer aux élections en soutenant les candidats ou les listes nationales qui ont l'intention d'adopter les mêmes objectifs.
Ses contenus ont déjà été mis en évidence par de nombreux documents du Parti radical, tandis que les initiatives politiques devraient se concentrer avant tout sur l'élection du Parlement européen, qui aurait ensuite pour tâche de rédiger un nouveau projet de traité.
On a avancé une autre proposition qui préconise la création de deux partis, l'un radical européen, qui ne se présenterait qu'aux élections européennes; l'autre, le parti du groupe fédéraliste européen, qui aurait pour objectif de réformer le système électoral en Italie et qui aurait une structure transpartite.
PRELIMINAIRE
La Commission chargée par le secrétaire du Parti radical, sur mandat du Conseil Fédéral, d'analyser les problèmes inhérents à la construction du Parti radical transnational et d'envisager les alternatives possibles sur lesquelles puisse s'exprimer le congrès du Parti radical convoqué pour la fin-octobre 1987, a considéré qu'il était nécessaire de rédiger un premier document de travail par lequel puisse s'ouvrir le débat dans les différentes instances du parti. La collecte des contributions permettra à la commission de rédiger le document de travail conclusif à laisser à la discrétion du Secrétaire fédéral.
En particulier, la Commission n'a pas été investie des problèmes liés à la réalisation de cette partie du mandat qui impose "l'investissement des ressources financières, d'organisation et militantes nécessaires pour atteindre avant le prochain congrès ordinaire de novembre l'objectif de plusieurs milliers d'inscrits hors d'Italie", mais des problèmes liés à la construction du "parti international et internationaliste, laïc et nonviolent, des droits humains, des Etats-Unis d'Europe, du droit à la vie et de la vie du droit, de la lutte contre l'extermination par la faim, de la défense de la planète contre les menaces et les attaques perpétrées contre l'équilibre de l'écosystème".
PARTI INTERNATIONAL OU EUROPEEN
L'option indiquée par la motion du 32ème Congrès du Parti Radical est univoque: parti international et internationaliste, sans limitations territoriales dans l'aire européenne.
Pour confirmer cette option on peut invoquer les délibérations des congrès depuis 1967, à partir de celui de Florence: "L'antinationalisme et l'antiautoritarisme sont des points de référence nécessaires pour que cette lutte puisse être la lutte que de fortes minorités radicales conduisent dans le monde entier tant dans les sociétés bourgeoises de démocratie politique, que dans celles qui se situent à la première place dans la lutte anti-impérialiste et anticapitaliste ayant pour but le développement économique et la conquête d'une authentique autonomie civile, que dans les autres sociétés à capitalisme d'Etat, elles aussi autoritaires".
A partir de ce type de formulations, qui, partant d'une optique nationale, visent une perspective internationaliste, et par conséquent non-européenne, et dont au contraire le fédéralisme européen était entendu comme un moment particulièrement caractéristique, on est arrivé à deux textes dans lesquels cette orientation a trouvé sa synthèse la plus achevée, et qui constituent des points de référence fondamentaux du projet du parti transnational: le préambule du Statut et le Manifeste des Prix Nobel.
L'indication fondamentale de ces deux documents, de ce point de vue, réside dans la volonté qui s'y exprime de se fixer comme objectif de faire de la politique, et par conséquent de se constituer en force politique pour défendre la personne et ses droits, et le droit comme instrument, en surmontant les barrières des souverainetés et des droits nationaux, entendus comme les négateurs du droit supérieur de la personne. Faisant bloc également l'affirmation du droit-devoir de faire de la politique, et par conséquent de se constituer en partie politique, avec le but de gouverner les différents problèmes vrais et de fond de notre époque avec la conscience que ces derniers ne peuvent-être affrontés à l'échelle des états, des politiques et des partis nationaux.
A la lumière de cette considération et d'autre part, en considération de l'importance acquise aujourd'hui par l'action fédéraliste européenne au PR, il est opportun de préciser les rapports entre la dimension transnationale et la dimension européenne. L'objectif des Etats-Unis d'Europe a aujourd'hui une valeur politique et idéale radicalement différente de celle qu'il avait à l'époque de Cattaneo ou durant la première guerre mondiale, ou encore de celle qu'il pouvait avoir à la fin de la seconde guerre mondiale. L'Europe, politiquement, était alors le monde, et les grands contrastes qui ébranlaient le monde en déniant le droit et la paix, étaient ceux qui bouleversaient les états nationaux européens.
Il n'est plus vrai désormais que la création des Etats-Unis d'Europe (de l'Europe occidentale-atlantique: on ne parle que de celle-ci) signifie création de droit supranational comme on l'entendait précédemment; ni qu'elle constitue d'aucune manière, en soi, un pas dans cette direction. Les Etats nationaux européens sont déjà des états dépassés en réalité par leur limitation d'Etats nationaux, avec toute l'impuissance que cela comporte. Ce n'est pas un hasard si la transformation de l'Europe occidentale en province de l'empire américain , du moins en ce qui concerne les décisions stratégiques, fractionnée en états régionaux, a effacé les grands antagonismes nationaux qui représentaient les maux contre lesquels se battait le fédéralisme "historique".
L'européisme prédominant a aujourd'hui une valeur hautement "défensive": cela signifie conquérir pour le peuple européen son propre état "national" aux dimensions adéquates pour soutenir la confrontation internationale, veiller à ses propres intérêts, devenir une puissance dans le monde actuel. Réaliser ensemble une démocratie plus aboutie que dans les états régionaux européens séparés, grâce à la plus grande possibilité que les citoyens européens trouveraient à déterminer des choix aux niveaux où les choix importants se font. L'objectif fédéraliste européen, en tant que tel, est un objectif "national" comme à une échelle plus petite, l'est celui d'une démocratie plus aboutie en Italie, et non pas un objectif transnational, si de transnational l'on donne l'acception du Préambule et du Manifeste des Prix Nobel.
Les limites théoriques de cette position ont été du reste présentes dans certaines initiatives adoptées par le Parti radical avec les propositions d'adhésion à la Communauté de la Yougoslavie et même d'Israël. Il ne s'est pas agi de propositions visant à l'élargissement et au renforcement quantitatif de l'"Etat" européen, mais plutôt de tentatives d'élargissement des ambitions fèdéralistes européennes. Européisme, c-à-d, qui veut-être affrontement politique entre la conception démocratico-parlementaire et la conception totalitaire, entre ceux qui privilégient les droits de la personne et ceux qui les soumettent hiérarchiquement aux intérêts de l'Etat, entre ceux qui revendiquent la nécessité que le droit ne soit pas limité par des frontières et ceux qui défendent la barbarie au nom de la souveraineté nationale et du principe de non ingérence.
Avec ces corrections considérables du fédéralisme européen, le parti radical transnational peut et doit se donner l'objectif des Etats-Unis d'Europe, avec la priorité que sa portée comporte, au même titre - toutes proportions gardées - que l'on se donne des objectifs de démocratie en Italie ou à Naples: parce que les Etats-Unis d'Europe sont nécessaires pour doter de force politique les peuples de l'une des rares zones au monde où est enracinée la civilisation juridico-politico-libéral-démocratique, et pour restituer ou conquérir la force et la dignité à cette civilisation.
Mais ne s'agit-il que d'une priorité déterminée par l'importance historique de l'objectif ou bien la dimension européenne, dans sa conception ouverte, est-elle la dimension obligée du parti radical transnational?
Il se pose en effet le problème de fond qui a toujours empêché la naissance de partis transnationaux ou internationaux. Les partis politiques tendent nécessairement à se représenter, à cause de leurs finalités constitutives, à la mesure des institutions qu'ils envisagent d'occuper ou influencer et, pour ceux qui sont de quelque manière à caractère révolutionnaire, à la mesure des institutions qu'ils envisagent de créer. Quel peut donc être la référence du parti radical transnational si l'on considère combien il est irréaliste, dans les conditions actuelles et dans celles que l'on peut prévoir pour les vingt prochaines années, d'avoir une influence sensible sur les Nations-Unies afin qu'elles deviennent la source effective du droit supranational?
Une directive idéale possible, mais à combler de contenus politiques, et dont on ne peut évaluer la moindre possibilité de succès, est la première évoquée qui ferait des Etats-Unis d'Europe une institution ouverte à tous les états, en dehors de leur position géographique et de leur base éthnique, états qui pourraient y adhérer sur la base d'une acceptation totale d'institutions libéral-démocratiques. L'urgence politique n'est pas simplement de créer le droit supranational dans les pays où, même si à des niveaux insatisfaisants, il y a un alignement considérable sur plusieurs principes démocratiques en théorie consolidés, mais plutôt d'affirmer la prédomination d'un droit supranational libéral-démocratique dans les zones limitrophes de l'Europe géographique, où les droits de la personne sont violemment déniés.
Le fait est que, en dehors des estimations sur la possibilité de mener à bien dans l'espace temporel de cette génération une telle entreprise politique, l'unique référence institutionnelle non italienne que les radicaux peuvent avoir est l'Europe, non pas celle des institutions communautaire mais celle du projet de Traité de l'Union européenne approuvé par le parlement italien. Pour ces raisons-là, sans vouloir exclure à priori la praticabilité politique d'une fédération euro-africaine mais considérant au contraire devoir repousser une conception vélléitaire du parti transnational qui prétendrait pouvoir s'installer politiquement et territorialement, indifféremment, au Japon ou en Amérique du Nord, non pas sur la base d'un projet politique mais d'une simple ambition internationaliste, ce document tient compte, fondamentalement, de la seule dimension européenne.
LE COUT DE LA NON-EUROPE
Le coût de l'Europe des douze nations, des douze bilans et des douze politiques est désormais insoutenable. Dans un document du parlement européen rédigé par Sir Catherwood, on soutient que le coût de la "non-Europe" peut se compter en plusieurs millions d'Ecus chaque année si l'on estime les coûts dérivant de l'ouverture manquée des marchés publics, de l'élimination manquée des contrôles douaniers aux frontières intracommunautaires, de l'harmonisation manquée des normes et des standards, des effets d'échelle sur le prix de revient dus aux dimensions réduites des marchés nationaux, de la duplication des mesures de contrôle et de surveillance, de la duplication des programmes de recherche et d'investissement et de la nécessité de couvrir les risques des changes dans le cas de transactions entre les Etats de la Communauté.
Mais le coût de l'intégration politique européenne manquée est bien plus important si l'on considère par exemple l'impossibilité de concevoir une politique de sécurité fondée sur douze bilans de la défense, douze Etats-Major, douze appareils militaro-industriels, douze politiques étrangères. Ou bien, si l'on examine l'impossibilité pour chaque pays européen de trouver une solution au problème du chômage à partir de douze bilans pour la recherche et pour l'industrie qui se superposent et se doublent, empêchant l'Europe d'être compétitive sur le plan international avec les Etats-Unis et le Japon dans les secteurs avancés où il est possible de créer de nouveaux emplois. Et ce Gap technologique de l'Europe est toujours plus grand bien que les pays de la Communauté dèpensent pour la recherche presque deux fois plus que le Japon.
De même si l'on examine l'impossibilité de concevoir des politiques écologiques et énergétiques capables de faire face aux petits et grands désastres de l'environnement d'aujourd'hui et de demain et au défi énergétique. De même qu'aucun pays ne peut garantir à lui seul la sécurité et la paix, les ressources, les politiques et les institutions nationales sont insuffisantes et impuissantes pour faire face par exemple à une défense efficace du territoire européen contre les désastres et les menaces chimiques, nucléaires, sismiques et hydro-géologiques.
"Il n'existe pas aujourd'hui de grand problème concernant l'économie, la monnaie, le réseau de solidarité de notre développement vis-à-vis des pays les plus pauvres du monde, la défense, l'écologie, le développement scientifique et technologique, l'universalité de la culture - affirmait Altiero Spinelli - qui puisse être affronté aujourd'hui sérieusement avec des critères et des instruments nationaux".
On assiste en particulier à la crise des institutions nationales et communautaires, des partis nationaux et des internationales des partis, du droit national et du droit communautaire et international en raison de leur incapacité à fair face aux urgences politiques du moment. Le clivage progressif des principes libéraux de la démocratie parlementaire et du partage des pouvoirs auquel on assiste, même si en mesures diverses, dans tous les pays européens au nom des urgences déterminées par la crise économique, par le déficit des finances publiques ou par le terrorisme rouge, irlandais ou basque, représentent les symptômes les plus évidents de l'incapacité des institutions étatiques nationales de faire face à la nouvelle dimension des problèmes. La réduction progressive des pouvoirs parlementaires que l'on peut constater en Italie comme en France ou en Belgique, le passage toujours plus massif des pouvoirs législatifs à l'exécutif à travers l'abus de pouvoir des mesures d'urgence ou des "pouvoirs spéciaux"
, aussi bien lorsqu'on l'accomplit à travers des modifications constitutionnelles ou règlementaires que lorsque il est imposé en forçant la loi, sont le témoignage, du moins en partie, de l'impuissance des institutions étatiques nationales à faire face à la dimension supranationale des problèmes émergents, économiques ou déterminés par la criminalité ou le terrorisme, et aux influences du développement technologique sur les processus décisionnels. Les problèmes sont en effet réels, mais les solutions adoptées sont trop vieilles et inefficaces: on répond à la nécessité réelle de trouver des sièges internationaux d'élaboration des politiques économiques, monétaires capables de se confronter à la dimension multinationale des plus grandes entreprises, y compris les entreprises criminelles, par l'invention de sièges extra-institutionnels de décision politique, soustraite à la loi et au contrôle démocratique et en plus inefficaces, comme le Conseil européen des chefs de gouvernement ou le sommet des cinq-sept pays
les plus industrialisés ou par le renoncement, du moins en théorie, de la part de l'Etat, d'intervenir sur les processus économiques; on répond à la nécessité réelle de se doter de procédures décisionnelles capables de répondre avec la rapidité imposée par exemple par les mécanismes monétaires internationaux ou par les systèmes d'alarme nucléaires, par le passage progressif des pouvoirs décisionnels du Parlement et du Gouvernement, aux autorités monétaires et militaires.
Les institutions communautaires sont du reste paralysées par l'incapacité de concevoir un unique "gouvernement"européen, du moins dans les matières du ressort communautaire. Les "égoïsmes nationaux" et les intérêts des gros centres de pouvoir économique et politique l'en empêchent systématiquement. Du reste, cette hypothétique autorité supranationale ne pourra jamais être légitimée démocratiquement tant qu'elle ne pourra recevoir la confiance d'un Parlement Européen, comme unique expression de la souveraineté populaire européenne, doté des pouvoirs effectifs. D'autre part, le Parlement européen ne pourra jamais avoir la capacité d'imposer le processus d'intégration politique européenne tant qu'il sera composé de partis dénués de vocation européenne et surtout incapables de représenter les intérêts des groupes sociaux et économiques que l'on trouve dans l'Europe politique.
La crise des institutions communautaires est donc avant tout une crise d'insuffisance de ce droit communautaire demeuré inachevé dans les Traités malgré les tentatives évolutives sanctionnées par les sentences de la Cour du Luxembourg. Le Parlement européen tenta d'apporter une solution à ce "déficit démocratique" avec le projet de Traité de l'Union porté à terme au cours de la législature précédente sous la conduite de Altiero Spinelli. Le PE, dans cette législature également, a dénoncé la crise institutionnelle de la Communauté, entre autre par un document dans lequel le "déficit démocratique" est défini par le rapporteur Michel Toussaint comme le "résultat du passage au niveau communautaire des compétences qui appartenaient auparavant aux Parlements nationaux, passage qui n'a pas été accompagné d'une croissance parallèle des pouvoirs du Parlement européen".
LES RAISONS DE LA CONSTRUCTION D'UN PARTI TRANSNATIONAL POUR LES ETATS-UNIS D'EUROPE
La majorité presque totale des forces politiques européennes, si l'on exclut les labouristes anglais, une petite formation danoise, les communistes et les gaullistes français, le Pasok grec et les Gruenen allemands, partage la nécessité d'arriver à l'Union européenne, c-à-d, à l'intégration politique européenne, par la création de pouvoirs supranationaux effectifs séparés. Du reste, le projet de Traité de l'Union fut approuvé à la grande majorité par le PE dans la législature précédente avec le vote négatif ou l'abstention des groupes politiques cités plus haut.
Comme le confirme l'opinion publique européenne, comme le prouvent les sondages semestriels de l'"Euro-baromètre", dans sa grande majorité favorable à l'Union européenne.
Le désaccord est par contre presque total sur les temps et les modes de réalisation de l'Union européenne. Il est donc facile d'affirmer que dans l'état actuel des choses, pour ce qui concerne les intérêts et les volontés politiques des partis des pays de la communauté, à moins d'évènements politiques imprévisibles, non seulement l'Union politique européenne ne se réalisera pas au cours des vingt prochaines années, mais même le modeste projet d'intégration complète du marché interne qui devrait-être réalisé, selon l'Acte unique de Luxembourg,selon toute probabilité échouera avant 1992.
Cette contradiction entre énonciation et engagement fédéraliste effectif des partis des pays européens peut-être expliquée en partie sur la base de l'imcompatibilité entre les intérêts corporatifs ou nationaux représentés par les groupes politiques et le projet de passage de pouvoirs vers les nouvelles institutions européennes. Le risque de ne pas pouvoir utiliser pour des finalités électorales une partie des instruments de contrôle social et économique aujourd'hui aux mains des partis nationaux refroidit toute vélléité européenne. Il suffit de penser aux conséquences sur les centres de pouvoir politique national de l'ouverture à l'égard de la concurrence européenne des ordres publics ou la coordination communautaire des subventions d'état aux dvers secteurs publics.
Un autre élément de conditionnement anti-européen est déterminé non seulement par les intérêts des groupes économiques "parasitaire" par rapport à l'état national, mais aussi par les grandes multinationales européennes qui, si d'un côté elles invoquent la libéralisation du marché européen et des échanges commerciaux, de l'autre préfèrent avoir comme contrepartie une Commission et un Conseil faibles et conditionnables, plutôt que de fortes institutions communautaires capables de contrôler et d'intervenir effectivement sur l'économie, et peut-être même intentionnées à établir de sévères lois antimonopolistes.
Les corporations sociales qui prospèrent sur les déficiences et les aides de l'Etat, quant à elles, sont plutôt tièdes à l'égard de toute perspective d'Etat supranational.
Altiero Spinelli, dans les dernières années de sa vie, se rendait compte de tout cela et de bien d'autres choses encore, qui avait depuis toujours cultivé la conviction selon laquelle le processus d'intégration était rendu obligatoire par les dynamiques historiques et qu'il suffisait d'opérer à l'intérieur des institutions et des partis politiques existants pour faire avancer le projet de l'Union. Il avait par contre exclu l'idée, avancée par d'aucuns, selon laquelle seule une force politique et de parti constituée expressément sur un projet de l'Union pouvait réaliser les objectifs du Manifeste de Ventotene, à savoir l'intégration politique européenne au cours de la génération de la seconde guerre mondiale. Ce n'est qu'au moment de l'Appel lancé en 1986 aux congressistes radicaux afin qu'ils se mobilisent, comme pour le divorce ou l'avortement, sur le projet de l'Union, que Spinelli semble se rendre compte que la défaite "des égoïsmes et des bureaucraties nationales" ne pouvait-être produite par ces mê
mes partis qui étaient partie intégrante de ces résistances, mais par une nouvelle association consituée expréssement sur ce projet.
Il est donc possible d'affirmer aujourd'hui, à la lumière des multiples expériences européennes échouées en grande partie, que les espoirs de construction de l'Union européenne sont confiés à la naissance d'un parti qui soit capable de regrouper en lui les divers caractères politiques qu'aucune force politique européenne n'arrive actuellement à faire concilier.
Ce parti devrait avant tout considérer que pour la réalisation de ses propres objectifs politiques, la construction des Etats-Unis d'Europe est essentielle et vitale. L'Europe, non pas comme option possible mais comme raison de sa propre essence et survie politique.
Il devrait avoir de solides liens dans les pays de la Communauté et pouvoir poser sa candidature pour représenter, du moins théoriquement, les groupes fédéralistes des diverses familles européennes qui n'ont pas la force d'émerger. En somme, comme on a l'habitude de dire, à tort, pour les Verts, être vraiment transversal par rapport à tous les partis. Il ne devraient donc pas représenter un danger de concurrence sur le plan national et électoral pour les partis européens existants, puisqu'il renonce à priori à concourir aux élections locales et nationales.
Enfin, il devrait avoir cette détermination politique que seuls des mouvements de forte inspiration religieuse ont eu au cours de l'histoire.
POURQUOI LE PARTI RADICAL TRANSNATIONAL EUROPEEN
Ce Parti transnational européen n'existe pas. Le Parti radical pourrait peut-être décider de le devenir. C'est l'unique parti dans l'Europe actuelle qui peut le faire.
Le Parti radical a en effet pris conscience au cours des dernières années que la forme institutionnelle et l'instrument politique indispensables pour réaliser les objectifs qu'il s'était fixé, et qui sont restés inachevés, sont représentés d'une part par les Etats-Unis d'Europe et de l'autre par l'association en une nouvelle force supranationale de tous ceux qui considèrent comme une priorité politique de notre époque l'affirmation du "droit à la vie et de la vie du droit". On affirmait dans le Manifeste des Prix Nobel qu'"il faut par conséquent une nouvelle volonté politique et une nouvelle organisation spécifique de cette volonté, qui soient directement et manifestement destinées - avec une priorité absolue - à surmonter les causes de cette tragédie et à en conjurer tout de suite les effets".
La bataille pour une sécurité active qui s'appuie sur la réduction des menaces contre la sécurité représentées d'un côté par cette énorme poudrière constituée de millions d'affamés et de sous-développés et de l'autre par des régimes totalitaires et par leurs processus décisionnels de vie ou de mort affranchis par chaque moment de négociation démocratique, suppose au préalable l'existence d'institutions supranationales dotées de pouvoirs effectifs et d'un droit supranational, ainsi que d'une force transnationale capable de les promouvoir.
Ainsi, les batailles pour la démocratie et le droit en Italie sont destinées à échouer si elles ne tiennent pas compte de la crise de démocratie et de droit qui touche, de manières diverses, tous les pays européens à cause de l'incapacité des institutions nationales et des rares institutions supranationales de donner une réponse politique aux problèmes économiques et politiques du moment.
Ainsi la partie adverse d'une lutte contre la pollution et pour l'écologie, qui prenne en charge les risques des centrales nucléaires de Trino Vercellese comme de Malville, des installations chimiques du Rhin comme de Gênes, de la pollution des eaux et atmosphérique en Méditerranée ou dans les cieux d'Europe ne peut plus être seulement nationale mais européenne. A moins de concevoir l'intervention armée de notre pays contre les états qui continuent de construire des centrales nucléaires, qui inondent l'atmosphère de gaz nocifs ou qui déchargent des produits toxiques ou polluants dans les eaux communes de la Méditerranée.
Il est par conséquent essentiel et vital, pour la survie du Parti radical et de ses objectifs tels qu'ils ont étés indiqués par les motions du congrès, de promouvoir la lutte pour l'édification de sièges de droit supranational.
INTERNATIONALE RADICALE OU PARTI TRANSNATIONAL
Une autre condition pour concevoir le parti transnational européen est constituée par l'existence d'implantations importantes dans les pays de la communauté. Les deux choix possibles pour réaliser cet objectif sont le choix d'une forme de fédération ou de coordination au plus haut niveau d'organismes politiques "radicaux", ou au contraire, le choix qui préconise la création du "parti international et internationaliste, laïc et nonviolent, des droits e l'Homme, des Etats-Unis d'Europe, du droit à la vie et la vie du droit, de la lutte contre l'extermination par la faim, de la défense de la planète contre les menaces et contre les attaques lancées contre l'équilibre de l'écosystème", comme l'indique expressément la motion approuvée par le 32ème congrès du Parti radical.
Dans la mesure où l'on considère que le Parti transnational doit-être, du moins en théorie, transversal non seulement par rapport à la société civile mais aussi par rapport à la société politique, et être par conséquent l'expression, même sous la forme des double-cartes, des diverses familles politiques, le second choix semble obligé. L'identification du parti transnational dans les différents pays européens avec l'une ou l'autre force "radicale" exclurait en effet toute possibilité de gagner le consensus au sein des différents courants d'opinion politique et de devenir un élément d'unité possible sur les objectifs fédéralistes. Du reste, le fait d'être liés politiquement à des groupes politiques nationaux de manière exclusive et de finir par conséquent par être des concurrents sur le plan électoral, augmenterait les difficultés pour devenir "second parti" dans les différents pays de la communauté et "premier parti" européen. Le second choix semble obligé même si sur le plan statutaire on pouvait trouve
r des formes de connexions fédératives avec des organisations qui adopteraient les objectifs fédéralistes.
LES CHOIX POLITIQUES
En ce qui concerne le Parti radical de conformation politique et d'organisation italienne comme il l'a été au cours des vingt dernières années, avec l'exception belge, les choix sont difficiles et coûteux.
A moins que l'on ne veuille concevoir un parti qui est transnational, second parti, dans les onze pays de la communauté mais de plein droit national en Italie, le choix de céder, plus ou moins progressivement, les activités qui ont comme raison sociale l'affirmation d'objectifs exclusivement nationaux, s'impose. Tout comme le renoncement à se présenter aux élections nationales.
Il faut du reste remarquer qu'il faut ajouter les estimations inhérentes aux perspectives d'action politique en Italie et à l'identité du Parti radical, aux considérations précédemment avancées en faveur de ce choix.
Les marges de développement politique en Italie d'un parti qui n'a jamais voulu être parti de représentation d'intérêts sociaux et économiques constitués ou d'une aire idéologique minoritaire et, surtout, qui s'est toujours proposé comme vecteur d'idéaux et d'objectifs potentiellement majoritaires, se sont radicalement réduites et compromises.
La condition essentielle en effet, pour un parti ayant ces caractéristiques, pour ne pas être pénalisé par rapport à son renoncement aux moyens traditionnels d'obtenir le consensus, est la protection de son identité politique, la non-expropriation de son histoire politique et l'existence d'opportunités démocratiques qui lui permettent d'être jugé par l'opinion publique sur la base de l'importance de ses propositions plutôt que sur le poids électoral et du pouvoir acquis.
Ce sont-là les conditions qui ont progressivement manqué de manière toujours plus éclatante. Les dernières élections politiques et les évènements qui les ont marquées, sont la démonstration la plus éloquente de l'absence de conditions essentielles d'existence pour le Parti radical et dans tous les cas pour toute force qui prenne les mêmes options politiques.
Un parti qui s'était imposé au centre de l'opinion publique, si l'on examine seulement les six premiers mois de l'année 1987, avec le pari, gagné, des dix-mille inscrits, puis avec l'imposition de la centralité des referendum dans l'affrontement politique, avec l'action qui a produit la grande convergence du parti socialiste sur les thèses radicales relatives à l'unité laïque et sur l'abandon du choix énergétique nucléaire, l'aquittement définitif de Tortora et de Vesce, la gestion exclusivement radicale de la fin de la législature et de la confrontation avec le gouvernement Fanfani, la promotion de la campagne pour le système électoral uninominal, la formation de listes électorales qui témoignaient de la convergence significative et scandaleuse de personnages provenant de plages politiques lointaines, aurait obtenu en toute autre condition démocratique un résultat bien supérieur à ce modeste 2,6%.
L'allocation de 6 milliards de Lires n'a pas été suffisante en effet ni pour se protéger de la sponsorisation de "Ciccioloina", ni pour protéger notre identité politique. Les referendum ont disparu de la mémoire collective ou bien sont devenus socialistes et libéraux; les Verts de la dernière heure sont devenus les promoteurs effectifs au cours de ces dix dernières années des batailles politiques gagnantes contre le nucléaire et le désastre écologique; le thème de la justice sur lequel s'était partagé l'Italie politique et institutionnelle a disparu sous les nichons de Cicciolina. Ce dernier thème n'a pas encore été attribué complètement à un autre parti pour être mystifié, uniquement parce que pour le moment il n'y a pas de candidats disponibles pour représenter dignement la bataille pour une justice plus juste et le Parti socialiste semble trop intéressé, pour des raisons strictement contingentes, à l'affrontement contre les corporations des magistrats. Si l'on ne veut pas être destinés à disparaître
prématurément ou au masochisme politique, à courte échéance, les choix radicaux s'imposent. Un choix possible est celui de garantir par des moyens différents de ceux désignés par la Constitution, qui voudraient qu'il fût permis à tous les partis de concourir avec les mêmes chances au gouvernement du pays, la tutelle de leur propre identité politique et historique et les opportunités d'être choisi par le pays.
Il doit être clair à ce propos que, à moins de vouloir désigner pour le Parti radical un espace politique restreint consciemment minoritaire qui puisse être accepté, parce qu'il n'est plus dangereux, de la part des groupes de pouvoir, la tutelle de sa propre identité politique comporte la disparition, dans une brève perspective, du sujet politique italien et autonome "parti radical" contre lequel le barrage est devenu pratiquement total et, d'autre part, la tentative de réaliser de nouvelles présences politiques à partir des possibilités d'alliance construites au cours des deux dernières années.
Un parti qui n'est plus directement en concurrence sur le plan électoral, mais certainement encore sur le plan des idées et des initiatives politiques, peut alors, peut-être, entreprendre la bataille pour la construction des Etats-Unis d'Europe, en tant que moyen et forme indispensables pour l'affirmation des objectifs politiques prioritaires désignés par les motions du congrès à partir de 1980.
Il faut enfin réaffirmer ce qui, en vingt ans d'histoire radicale, était presque un dogme: le caractère monothématique du Parti radical. Croire qu'aujourd'hui la construction du parti transnational puisse être réalisé part-time, avec la poursuite des activités spécifiques nationales radicales est une vélléité dangereuse qui sous-entend la réserve mentale et politique sur le projet transnational. Seul l'engagement total et collectif du parti dans cette direction peut permettre d'essayer et de risquer. La "disparition" du Parti radical italien est donc la prémisse insurmontable.
PARTI OU NON-PARTI?
Par rapport au scénario préfiguré dans les trois paragraphes précédents on peut par ailleurs soulever, et elles l'ont été durant les travaux de la commission, certaines remarques, perplexités et réserves.
Si l'on choisit le parti à la fois transnational et transpartite, en prenant ces deux qualifications comme fondamentales et inaliénables, la conséquence inévitable - pour les raisons qui ont été illustrées plus haut - est la sortie du parti en tant que tel non seulement des institutions nationales mais aussi des institutions européennes. S'il est vrai que pour créer et consolider un parti transpartite il faut éliminer la préoccupation chez les autres de la concurrence électorale (comme le démontre l'expérience des dernières élections italiennes: une grande partie du patrimoine transpartite accumulé dans la campagne des dix-mille inscrits semble s'être étiolé, du moins comme donnée politique vivante et incisive), alors la nécessité de ne pas présenter de liste du parti est aussi valable pour les élections européennes au même titre que pour les élections nationales, étant donné que les partis nationaux se présentent aux européennes.
Il faut être conscients que le fait de poursuivre avec cohérence ce choix signifie renoncer, pour la force transnationale qui est créée, à la forme et au caractère spécifique du parti, même si l'on continue (mais alors à quoi bon?) d'utiliser le terme de "parti". Même en refusant la prétention des parti particratiques et idéologiques d'être eux seuls reconnus comme partis, on ne peut nier que c'est le propre du parti - organisation d'une "partie" politique, donc en opposition, donc en concurrence avec les autres "parties" - de poursuivre ses propres objectifs avec une gamme de moyens et d'initiatives qui comprennent, du moins potentiellement, le fait de concourir seul à la conquête des pouvoirs publics, en se portant candidat pour exprimer la volonté des citoyens qui se reconnaissent dans sa politique, et pour gouverner. Bien sûr, un parti demeure un parti si dans une occasion donnée, pour des motifs déterminés, il renonce à cette fonction; mais pas s'il y renonce structurellement (Il n'est pas nécessai
re d'expliquer pourquoi la question que l'on posait au parti radical est tout-à-fait différente du dilemme "mouvement ou parti?")
La décision et le choix s'imposent: ce qu'il faut et que nous voulons construire est un parti transnational ou bien un nouveau, plus vivace et plus efficace et combatif mouvement fédéraliste européen à vocation et optique transnationale, engagé à susciter, déplacer, coordonner et appuyer des énergies fédéralistes et radicales au sein des partis nationaux, auxquels il resterait le monopole de la fonction de poser leur candidature pour gouverner?
Le choix du non-parti - envisagé dans les paragraphes précédents - comporte une réflexion profonde sur toutes les modalités d'action radicale, et non seulement en ce qui concerne le rapport entre dimension nationale et transnationale. La question devient comment, où, avec quels instruments d'action trouver les données nécessaires de "force" lorsque l'on renonce à avoir sa propre force au sein des institutions. Le point de référence devient en premier lieu celui de l'espérance radicale avant 1976; qui d'ailleurs l'époque des véritables grandes victoires (divorce, avortement, objection de conscience, vote à dix-huit ans...) Plus qu'au PR en tant que tel, on penserait presque à la LID, ou plutôt au rapport PR-LID. Combien et de quelle manière ces formules sont-elles renouvelables aujourd'hui à l'échelle internationale?
Si au contraire on choisit de miser sur un "parti" transnational (sans abandonner, mais en mettant au second plan, comme un élément important, fécond, mais cependant toujours additionnel, la réalisation du caractère transpartite, selon ce qui a toujours été le choix exercé par le PR), les conséquences en ce qui concerne la participation aux élections ne peuvent pas être rigides et définies une fois pour toutes.
Dans cette optique, le renoncement aujourd'hui à la présence électorale en Italie, peut-être juste et nécessaire; mais non pas pour une raison théorique et d'ordre général, comme la thèse selon laquelle un parti transnational ne doit pas par principe se présenter aux élections nationales ou même administratives.
Comment exclure de manière générale que la véritable manière de donner force aux batailles transnationales est de les implanter dans les lieux où se trouvent aujourd'hui les pouvoirs politiques décisionnels, c-à-d, les institutions nationales? Ce propos peut-être valable aujourd'hui, en raison d'une estimation des forces disponibles (engager sur le plan italien une grande partie des rares énergies disponibles ne signifie-t-il pas renoncer aux possibilités d'un engagement transnational effectif?) ou en raison de la nécessité de donner une authenticité, une vigueur intérieure et une crédibilité, en premier lieu aux radicaux, mais ensuite également à l'extérieur, au caractère monothématique transnational du PR. Mais c'est encore autre chose.
Il ne paraît pas non plus possible d'appliquer la théorie, que nous avons envisagée sans jamais l'approfondir, selon laquelle chaque parti devrait avoir un seul cadre de présence institutionnelle, correspondant à sa raison sociale programmatique (le parti constitué sur des objectifs de caractère national se présente aux élections politiques nationales, tandis qu'aux administratives seules les listes civiques se présentent, et maintenant aux européennes, des partis de caractère européen). Nous avons essayé de l'appliquer en promouvant les listes Vertes comme listes civiques, mais elle a échoué lorsque - avec notre encouragement contradictoire - les Verts se sont présentés aux politiques. La dynamique "naturelle" des partis, sauf exceptions très particulières, non généralisables comme la dynamique radicale est tout autre; et ce n'est pas pour rien que l'on ne donne pas d'exemples de dynamiques correspondant à cette théorie des pays de démocratie classique. Même sans se référer à l'expérience des partis p
articratiques italiens, il suffit de penser aux partis anglosaxons, surtout aux Usa, qui sont à la fois, "partis de la Convention", partis fédéraux et parti d'Etat, etc..., de manière très laïque. Etre partie politique signifie se porter candidat pour gouverner une société. Jusqu'à quel point est-il possible de le faire en renonçant à priori à gouverner l'un ou l'autre niveau institutionnel représentatif? Il faut bien sûr considérer que le parti transnational auquel nous pensons n'est pas en soi un parti européen, et en tant que tel il ne peut pas être assimilé aux partis américains ni à aucune autre force politique existante. Mais cela n'enlève rien au fond du problème: les multinationales ont elles-aussi leurs filiales nationales.
Il faut ajouter que même dans l'hypothèse de la constitution d'un véritable "parti" transnational, disponible pour une présence électorale selon les circonstances, ce qui est énoncé dans le paragraphe précédent "internationale radicale ou parti transnational" demeure valable: même si l'on ne donnait pas la priorité à l'instance transpartite, en courant donc le risque de la création d'une force concurrente aux autres partis, la voie de la fédération ou de la coordination des organismes "radicaux" déjà existants (mais combien y en a-t-il?), ne porterait pas au résultat de constituer une véritable force politique transnationale avec ces priorités, ces manières d'être parti que de notre côté nous avons déjà envisagé.
Toujours en reproposant le modèle d'action de la LID, le parti transnational transpartite pourrait participer au moment électoral en soutenant les candidats ou les listes nationales qui adopteraient ses objectifs. Rien n'exclurait, de manière générale, la possibilité de soutenir des candidats radicaux qui se présenteraient dans d'autres listes, dans des listes d'accord électoral ou dans des listes "radicales", même si ce serait avec un symbole différent de celui du parti transnational. Il semble cependant difficile, d'un point de vue politique aussi bien que de l'organisation, que les dirigeants du parti transnational puissent se présenter avec une liste reconnaissable, mis à part le symbole, comme une liste traditionnelle de parti avec un programme électoral national. Plus acceptable pourrait-être le soutien à une liste radicale qui avançât uniquement des programmes transnationaux. Mais abstraction faite des nombreuses hypothèses que l'on peut formuler, il reste au fond, le problème de la compatibilité
entre engagement sur des batailles de caractère international et les contraintes d'une présence dans les institutions nationales. Un exemple: la bataille antiprohibitionniste sur la drogue. Il apparaît difficile en effet de comprendre comment les dirigeants engagés à susciter dans les différents pays du monde le débat sur le prohibitionnisme afin de créer le droit positif transnational, puissent avoir simultanément une présence politique significative dans les institutions nationales. A moins de vouloir reproposer la stratégie adoptée, du moins dans sa seconde phase, au cours de la campagne contre l'extermination par la faim. C'est-à-dire, considérer que la mobilisation internationale puisse être suscitée à partir d'un acte d'un gouvernement d'un seul pays. Mais en dehors de toute considération sur l'échec de cette stratégie dans le cas spécifique de la bataille contre la faim, on ne comprend pas pourquoi, alors, on devrait créer un parti transnational qui opère principalement dans un pays plutôt qu'un part
i national ayant des objectifs transnationaux.
CE PARTI RADICAL PEUT-IL DEVENIR TRANSNATIONAL?
Un autre problème se pose, sur un autre plan, et la Commission en a discuté: si le PR est indubitablement l'unique parti de la formation européenne actuelle qui a la vocation d'une constitution d'un parti transnational et européen, est il en mesure de devenir lui, directement, ce parti? Les doutes sont légitimes. En premier lieu parce qu'il est très difficile qu'un organisme devienne rapidement, profondément, autre chose que ce qu'il est; on ne viole pas impunément la nature d'un organisme; probablement, une partie non secondaire du parti -des inscrits et de la classe dirigeante - pourrait difficilement faire une totale conversion "supranationale". En outre, il semble très difficile qu'un parti ou un mouvement transnational puisse naître par simple élargissement d'un parti national; pour que l'entreprise ait quelque espoir de succès il faut un centre promoteur qui soit crédible par rapport à cet objectif. Il faut donc un centre promoteur qui, en premier lieu, ne soit pas national, et qui soit appelé non
pas à adhérer à une réalité déjà définie et préconféctionnée, mais à projeter ensemble l'entreprise. L'actuel PR peut prendre l'initiative, lancer l'appel, la première impulsion pour la constitution de ce centre. Il peut mettre à disposition ses propres structures, ses propres moyens politiques, d'organisation et financiers, son propre futur: avec la décision de ne plus se présenter aux élections nationales italiennes, misant le tout pour le tout sans aucune réserve sur la création du nouveau parti transnational, en stimulant radicalement les énergies des militants et des dirigeants dans cette direction; ou bien en s'engageant à se résoudre dans le nouveau parti, et à renoncer à toutes les prérogatives nationales à partir du moment où celui-ci naît effectivement. Evidemment la crédibilité de cette décision serait bien supérieure dans le premier cas; les risques aussi.
Dans cette optique, les décisions d'organisation et statutaires effectives doivent-être en fonction de ce caractère "promoteur de la promotion" à attribuer pour cette phase au PR; à moins de rédiger un statut-manifeste comme celui de 1967. Mais il serait alors plus fonctionnel de formuler ce dernier non pas sous la forme d'un statut définitif mais comme une charte des principes statutaires à proposer comme objet de discussion et d'approfondissement, d'instrument et de moment de l'action de promotion du nouveau parti.
Peut-on s'engager dans cette voie? Est-ce qu'il existe, aujourd'hui, hors d'Italie, des interlocuteurs qui puissent-être intéressés à se faire co-promoteurs, de manière adéquate, par leur capacité, leur engagement, leur autorité morale, de cette entreprise? Sinon, comment les trouver?
L'alternative à cette voie est celle qui, à ce jour, est la plus porsuivie: la recherche des adhésions. C'est la voie de l'adhésion au mouvement de soutien à l'initiative prédominante de Marco Pannella; celle sur laquelle le PR, depuis 1963, a toujours agi. Dès son origine cependant, il y avait un groupe dirigeant italien autour de Pannella, avec ses capacités effectives de fournir un apport d'élaboration et d'initiative; aujourd'hui cette prémisse fait défaut sur le plan non-Italien. Existe-t-il, au-delà des simples innscrits de base, ou des inscrits "solides", quelque possibilité de rassemblement effectif d'énergies dirigeantes avec cette modalité?
En réalité, le dilemme risque d'être un peu celui de Charybde et Scilla. D'une part il semble impossible de créer un mouvement transnational qui ne soit pas promu et pensé par un groupe dirigeant transnational, dont les membres sont pleinement co-responsables de sa conception. De l'autre, l'expérience démontre qu'autour du noyau radical, un rassemblement de ce type ne se réalise pas, que les rassemblements solides, durables, autour de la politique radicale ne proviennent que de la part de ceux qui acceptent de pénétrer sans réserves dans le système politique, culturel, d'organisation et charismatique radical. En conclusion, il est possible de concevoir une seule, difficile voie sans retour: l'investissement des meilleures énergies du parti dans une campagne politique transnationale, à gérer dans trois ou quatre pays européens, pour une durée de cinq ans au moins, qui puisse rassembler autour de lui un nouveau groupe dirigeant non exclusivement italien.
LES CHOIX STATUTAIRES
Sans vouloir empiéter sur les tâches de la commission constituée expressément pour la révision du règlement, il faut cependant tracer les grandes lignes des conséquences statutaires des options proposées jusqu'ici. Il faut à ce propos, faire au préalable une considération. Sans entrer dans les détails des normes, il semble que l'aspect général du précédent statut de 1967, en ce qui concerne l'annualité, le caratère monothématique et la caractéristique du parti du congrès, l'organisation fédérative et libertaire, s'adaptent bien aux exigences avancées précédemment.
Le parti européen transnational qui aspire à avoir des inscrits dans les différents pays européens, chacun avec une histoire, une culture et une langue différente, le parti des doubles cartes, ne peut qu'être le parti du congrès annuel, le parti de la convention européenne annuelle, où sont définis un ou deux objectifs communs aux inscrits et aux organisations fédérées, en protégeant d'autre part les différentes collocations politiques nationales des sujets radicaux.
Comme il a déjà été affirmé dans les normes transitoires approuvées au cours du précédent congrès, les organisations ne devraient pas avoir de caractéristique nationale ou territoriale. En relation au type de choix sur le mode d'être parti, il faudrait absolument exclure ou permettre la possibilité d'utilisation du symbole radical aux élections nationales et européennes.
Les opportunités de convergences organiques non exclusives avec des forces politiques, des groupes parlementaires ou associations politiques devrait pouvoir être garanties par des mécanismes et des structures fédératives à des conditions onéreuses du point de vue politique et financier. En changeant de quelque manière la structure d'organisation d'une multinationale, les conditions pour un rapport fédératif avec le parti radical transnational devraient être trouvées non seulement avec l'adhésion dans des buts sociétaires mais aussi dans la participation à capital social. L'entité de cette dernière participation financière déterminerait le niveau de représentation dans l'organe fédératif du congrès.
Les deux premières entités fédérées au parti transnational seraient ainsi les groupes fédéralistes de la Chambre et du Sénat, qui acquerraient une pleine autonomie politique et d'organisation.
Le transfert du siège du secrétariat vers une capitale européenne autre que Rome, outre le caractère purement symbolique, s'imposerait à cause des nécessités d'organisation évidentes.
Enfin, le problème de l'iniquité de la quote-part d'inscription, qui ne peut-être identique dans des pays ayant des trains de vie aussi différents, pourrait-être résolu en alignant la quote-part minimum d'inscription annuelle à un pourcentage établi du PIB pro capite du pays dans lequel réside l'inscrit (par exemple, un centième du PIB pro capite, qui correspondrait en Italie à 148.000 Lires, au Portugal à 74.000 Lires, en Grèce à 92.000 Lires, au Danemark à 199.000 Lires, en Yougoslavie à 27.000 Lires... au Burkina Faso à 2.000 Lires).
Un terrain à explorer complètement est celui du financement du parti transnational et à l'avenir des "sujets autonomes" du parti, en particulier de Radio Radicale. En effet, si l'on peut envisager que les entrées provenant de l'inscription d'environ 15-20.000 inscrits pourraient probablement couvrir les dépenses d'initiative politique, le problème des dépenses de lancement du PR transnational et du renoncement au financement public, est à résoudre complètement. La non-présentation de listes "Parti radical" comporterait la perte du financement public et l'impossibilité pour Radio Radicale d'accéder aux bénéfices de la loi sur l'édition. En ce qui concerne les infrastructures de service nécessaire au PR transnational, on peut envisager que, de manière transitoire, les groupes parlementaires fédéralistes de la Chambre et du Sénat pourraient destiner les fonds du financement public à la conversion des activités des sujets autonomes (centre européen d'édition, structure télématique, etc...). Mais il faudra c
oncevoir, avant la fin de la législature actuelle du parlement italien, des formes de financement et d'autofinancement tout-à-fait nouvelles.
LES CONTENUS ET LES INITIATIVES POLITIQUES
Si l'hypothèse statutaire envisagée plus haut peut nous fournir le cadre d'organisation au sein de laquelle pourrait opérer le parti radical transnational, des réponses tout aussi complexes et nouvelles devraient-être fournies à la question suivante: à travers quels contenus et initiatives politiques peut-on construire le parti radical transnational en Europe?
Les contenus politiques sembleraient être déjà trouvés dans les nombreux documents du parti radical: construction des Etats-Unis d'Europe, lutte contre l'extermination par la faim, "affirmation de conscience" et proposition d'une nouvelle conception défensive, défense et promotion des droits de la personne dans les pays totalitaires, défense de l'écosystème. Il est plus difficile de choisir les objectifs politiques à court terme et les initiatives politiques nécessaire à leur réalisation.
a) Etats-Unis d'Europe
L'orientation actuellement adoptée par le groupe radical au PE est celle d'affirmer l'objectif de l'attribution au Parlement européen, qui sera élu en 1989, des pouvoirs constituants des Etats-Unis d'Europe. Il faudrait donc confier au PE le mandat de rédiger, au cours de la prochaine législature, un nouveau projet de Traité, sur la base de celui qui est déjà approuvé par le PE au cours de la dernière législature, et qui devrait-être ratifié directement par les Parlements nationaux. Ce nouveau Traité devrait prévoir également le Status pour les pays qui décideraient de ne pas adhérer à l'Union politique européenne.
Si la majorité du PE est formellement d'accord sur cette position, qui est accueillie du moins en partie par la résolution présentée par le député belge Hermann et qui a été approuvée par l'Assemblée de Strasbourg, des dissensions profondes sont perçues au niveau des choix politiques nécessaires pour atteindre cet objectif.
Le groupe radical et les fédéralistes soutiennent que dans l'état actuel des rapports de force, les institutions communautaires ne sont pas en mesure de se mettre d'accord sur cet engagement. Seulle une forte poussée populaire pourrait obliger les Gouvernements dans la direction souhaitée. On retient pour ce but essentiel la convocation de referendum consultatif dans les différents pays européens avec la question précise sur l'Union européenne et sur l'attribution au PE des pouvoirs constituants.
La proposition de réferendum se heurte cependant aux nombreuses hostilités d'ordre public et juridique. De nombreux partis actuellement au pouvoir sont nettement opposés à cette hypothèse (les conservateurs anglais par exemple), et dans de nombreux pays européens il n'existe ni l'institution ni la praxis referendaire (Pays-Bas, RFA, Portugal et Belgique). D'autres où la praxis referendaire est nulle (Grèce et Luxembourg) et d'autres où l'institution du réferendum consultatif n'existe pas (Italie). Actuellement, on peut donc lancer l'initiative pour la convocation du referendum en Espagne, France, Danemark, Irlande et probablement en Italie. Pour les autres pays, il faut au préalable faire reconnaître l'institution, ce qui ne semble pas à la portée des forces fédèralistes, radicales ou pas.
Ces premières observations suggèrent une réflexion supplémentaire sur la nécessité de prévoir la concentration de l'initiative politique radicale, du moins dans une première phase, dans les pays où existent, même en petites quantités, des présences radicales, et où des initiatives politiques ont été lancées, et encore, où il n'y a que de petites difficultés linguistiques. France, Belgique et Espagne, et Italie bien entendu, répondent à ces critères, tandis qu'en Grèce il faut vérifier, à partir de l'initiative programmée en Août pour soutenir l'objecteur Maragulis, les marges de praticabilité politique pour le PR.
Toujours dans le contexte européen il faut constater la tentative de Marco Pannella de promouvoir une "convention" des intellectuels européens pour les Etats-Unis d'Europe.
Sur le plan des initiatives dans les Parlements nationaux et au Parlement Européen...
b) Nouvelle conception de la Défense
c) Lutte contre l'extermination par la faim
d) Défense et promotion des droits de la personne dans les pays totalitaires
e) Défense de l'écosystème et nouveau modèle de développement
CHOIX D'ORGANISATIONS
De quels instruments se doter pour réaliser une présence significative du Parti radical dans les pays européens et, surtout, quels réseaux de communication intra-européens?
Le premier problème d'"organisation", mais en réalité étroitement lié à la conception-même du parti transnational, est celui de la communication. Il s'agit non seulement de surmonter les énormes difficultés constituées par l'existence de 9 langues communautaires, mais surtout de trouver les instruments de communication privilégiés pour la retransmission des informations du et sur le parti et pour la communication et information dans le parti. Pour nous limiter au second aspect du problème, le parti qui a été au cours des années Soixante le parti "postal", puis, pour un court laps de temps, le parti du quotidien "Liberazione", et enfin, à partir de ma moitié des année Soixante-dix, le parti "radiophonique", doit faire un choix identique en ce qui concerne le parti transnational. Ce choix jouera profondément sur la nature et sur la composition-même du parti.
Les options possibles sont les suivantes:
a) Choix privilégié de la communication écrite
b) Choix privilégié de la communication radiophonique
c) Choix privilégié de la communication télématique
PROJET FINANCIER
Quel est le coût de chaque phase de construction du parti transnational et quelles sont les sources possibles de financement?
DEUX PARTIS
Dans le cadre de la Commission on a avancé également une autre option résumée ainsi:
On peut envisager que le Parti des Dix-mille inscrits et, presque vingt-mille entre les inscrits de 86 et ceux de 87, ait des énergies suffisantes pour réaliser des projets politiques parallèles. La campagne pour le salut du Parti radical a parlè à l'intelligence de milliers de personnes en leur posant ex-abrupto le problème de la démocratie dans notre pay et en libérant la conscience des citoyens du chantage du parti auquel on appartient à la vie à la mort. Les résultats électoraux ont parlé clairement, en ce sens, d'une laïcisation du vote et d'une liberté de consensus à la politique plutôt qu'au système des partis. Les inscriptions qui nous ont été "reconnues" ont été faites pour la plupart dans le but de sauver ce parti dans ce pays. Ceux qui se sont inscrits ont la plupart du temps adhérè non pas en raison d'un statut, mais d'une campagne à caractère transpartite.
Nous avons confirmé par la campagne électorale que nous demandions le vote pour une coalition qui s'est déterminée et qui met aujourd'hui en état de crise d'identité la Démocratie chrétienne et les communistes.
Il faut ajouter à cela que le Parti radical a pris des engagements précis avec les électeurs et bien sûr avec ses nouveaux inscrits. Et ces engagements concernent la réforme du système électoral et par conséquent des partis et la création d'une formation qui ait la force d'être une alternative politique authentique au catho-communisme.
En ce qui nous concerne, au sens strictement statuaire, notre parti a aujourd'hui une "charte" informe et diforme dans sa presque totalité et un corollaire, qui en constitue la prémisse et qui est le préambule. Le préambule du Statut est à tous les effets, le "principe" du parti nonviolent. Le parti radical pratique deux niveaux de nonviolence: la nonviolence "passive" pour laquelle il suffit d'avoir un degré élevé de civilisation et de démocratie et de tolérance et de bon sens des opportunités, valeurs qui appartiennent à notre tradition et à notre culture européenne; et la nonviolence "active", à savoir, "Tu ne tueras point" même pas par légitime défense.
Bien que le préambule soit cosmopolite - comme d'aucuns disent - plutôt que transnational, il représente et manifeste une âme radicale qui doit de plein droit pouvoir choisir et pratiquer ses propres parcours politiques. Avec un éclaircissement de départ qui ne peut-être cependant ni masqué ni omis et, à savoir, que ceux qui choisissent cette voie doivent pouvoir le faire non pas comme condition préposée à son adhésion aux batailles radicales, mais comme option ultérieure, presque un acte de conscience supplémentaire qui doit laisser praticables à plein titre également les autres voies "radicales". Cette liberté supplémentaire s'obtient d'une seule façon: en opérant une scission des cartes, des statuts, des motions. Ces deux voies doivent donc permettre l'existence pleine et consciente des deux "âmes" du Parti radical dans un choix qui puisse les prévoir tous les deux ou l'une en alternative de l'autre.
Deux cartes donc, pour les deux partis qui se donnent des motions et des Statuts différents et qui poursuivent des objectifs politiques nettement complémentaires mais parallèles. Le premier parti (seulement dans l'ordre de description) pourrait continuer de s'appeler "radical" - en conservant donc sa dénomination - mais il aurait un symbole différent pour évoquer immédiatement les caractères politiques du préambule du statut: nonviolence active jusqu'à "Tu ne tueras point" même en cas de légitime défense. Ce parti aurait ses propres organes, ses propres inscrits parmi ceux qui consciemment en choisiraient les principes fondateurs et poursuivraient les objectifs de politique transnationale (referendum consultatifs sur les Etats-Unis d'Europe; campagne pour un président des USE; pouvoir constituants au Parlerment Européen; affirmation de conscience; lutte contre l'extermination par la faim; normes européennes pour le dé-prohibitionnisme de la drogue; espace juridique européen; droit dans l'Est; nucléaire
et bien d'autres choses encore...)
Le second parti est le parti du groupe fédéraliste (et) européen et il a pour symbole la rose dans le poing; il a pour objectif la réforme du système électoral en Italie et une structure transpartite, il fera campagne d'inscription de manière autonome et sur son propre projet; il tendra à avoir, dans ses propres organes, des responsables des autres partis; il préparera son congrès à brève échéance au moment de la scission, ouvrant ainsi une aire de participation politique authentique sur le projet de la réforme électorale.
Le premier parti (radical européen) ne se présente pas aux élections nationales mais aux européennes exclusivement. Le parti du groupe fédéraliste ne présentera jamais son propre symbole, puisque son but sera celui de la présentation d'une formation. Si la caractérisation du parti radical (européen) est le préambule, le caractère du parti du groupe pourrait être l'article 49 de la Constitution.
Il est évident que tandis que le destin du parti radical (européen) est de devenir le premier parti en Europe, le destin du parti du groupe est de vivre comme second parti jusqu'aux élections de la réforme uninominale. Pratiquement comme il est indiqué dans la Constitution à propos des partis politiques, comme une association de citoyens qui s'organisent librement pour poursuivre un objectif, après quoi ils peuvent s'en trouver d'autres ou s'en retourner à leurs différentes occupations.
Ce qui veut dire que le parti du groupe, si les choses vont dans le sens de la réforme et des élections par vote uninominal, n'aura aucune nécessité de présenter ses propres listes, mais il se présentera au sein de la formation.
On peut peut-être prévoir qu'au cours de l'année prochaine nous perdrons un grand nombre de cartes et d'inscrits.
L'hypothèse des deux partis peut ouvrir de grandes marges à une bonne tenue sur le nombre d'inscrits et surtout, sur la liberté de chacun de choisir, sans se sentir diminué au rang de radical de seconde catégorie, le projet et le degré de nonviolence qu'il croit être prêt à "jouer".
On peut aussi imaginer qu'un plus grand nombre d'inscrits choisira le parti du groupe et qu'il aura par conséquent de plus grandes ressources financières surtout s'il négociera des conventions avec les partis de la coalition (à ce propos je voudrais suggérer un usage de Radio Radicale qui soit étendu, précisément, à la coalition même au niveau des dépenses et profits).
On peut alors imaginer que le financement public ira au parti radical (européen) pour lui permettre de décoller et de se donner ses propres instruments d'information et d'intervention qui ne pourront certainement pas être monolingue mais qui devront affronter ce gap.