Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
mer 12 mar. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Archivio Partito radicale
Negri Giovanni - 31 agosto 1987
Quatre-vingt huit? C'est pour moi l'année de la réforme
Interview de Giovanni Negri

SOMMAIRE: Cette interview est l'occasion de jeter un coup d'oeil d'ensemble sur la situation politique du moment et sur les perspectives du Parti radical. Les élections politiques viennent d'avoir lieu et dans quelques semaines on ira voter pour les referendum diligentés par le Parti radical sur l'énergie nucléaire et sur la justice.

(Notizie Radicali N·200 du 31 Août 1987)

Q.- Le débat démarre sur la perspective du parti, le Congrès, la refondation. Les certitudes ne sont pas légions.

R.- Les certitudes politiques me paraissent au contraire très nombreuses. Il y a beaucoup d'agitation mais elles sont extrêmement claires: sur celles-ci il faut ouvrir le débat en appelant chacun des 10.000 inscrits à dire son opinion dans "Notizie Radicali". Une chose qui n'est pas certaine pour moi c'est la date du Congrès, et cela n'est pas rien bien sûr! Mais c'est la politique radicale qui est seule coupable de cette incertitude. Il arrive des évènements sans précédents. Pour la première fois depuis l'après-guerre les italiens seront appelés à voter en Automne, et pour la première fois une législature républicaine s'ouvre avec une loi-dérogation qui remet au peuple la décision des questions cruciales, à travers les referendum. La coïncidence de la date de célébration des referendum et du congrès radical mérite une réflexion sur son opportunité. C'est une décision délicate que je ne veux ni peut assumer tout seul. Ce qui arrive avec le bouleversement des saisons électorales, c'est un signe des temps. Tou

t change, même les habitudes quarantenaires.

Q.- Partons alors de l'actualité des referendum sur la justice et sur le nucléaire. Encore une fois, l'électorat est appelé à s'exprimer sur plusieurs referendum radicaux.

R.- Encore une fois cela me paraît superficiel: referendum et institution du referendum de 1987 n'ont rien à voir avec les referendum précédents. Ce n'est pas une coïncidence s'ils sont convoqués de cette manière, à l'amiable. Les referendum du passé étaient des bribes de liberté arrachées au régime , ceux-là sont l'expression de la profonde crise du système. Des institutions devenues toujours plus particratiques sont à la paralysie. Il n'y a pas de majorité politique, il n'y a qu'une majorité de parti qui règne, distribue, use et s'use elle-même mais ne gouverne pas. Il y a un gouvernement qui, ayant pour objectif déclaré celui de gérer les choses existantes, ne réussira même plus à le faire. Il y a un Parlement qui au moins pour les douze prochains mois - comme nous l'a déclaré le Président du Conseil - ne pourra pas exercer sa fonction, celle de légiférer. Il ne sera appelé que pour ratifier des décrets du gouvernement Goria, qui en plus des siens, doit reproposer les décrets-Fanfani, qui lui-même, en plu

s des siens, devait reproposer les décrets-Craxi... Nous avons en somme un blocage du système politique et des institutions.

Q.- Mais le débat sur les règles du jeu est précisément l'unique débat sérieux de la politique italienne...

R.- Tout le monde en parle, mais des projets sérieux on n'en voit point. La vérité est que le système doit-être réformé de manière radicale. Et c'est dans cette situation-là que de manière tout-à-fait nouvelle explose la question referendum. Contre les majorités referendaires civiles et progressistes, qui ont été les seuls facteurs de changement et de mouvement des années'70 à aujourd0hui, De Mita et le Pci ont liquidé les Chambres et fait les élections. Le vent nouveau du 14 juin et la valeur assumée par la pierre des referendum dans la mare particratique les ont battu. Et nous voici maintenant aux referendum de novembre.

Q.- Système bloqué, parlement destitué, gouvernement impuissant. Cependant, jamais comme en juillet le PR n'a demandé de participer au jeu. N'est-ce pas là une contradiction?

R. - C'est exactement l'inverse, c'est la même analyse. L'initiative de Pannella a été rapide: seule l'entrée des radicaux et des Verts au gouvernement aurait pu représenter les nouveautés du 14 juin. A défaut de cela et même au-delà des chiffres électoraux des partis de la vieille majorité, il n'était guère possible d'avoir qu'un pentaparti un peu rance.

C'est ce qu'ils ont choisi, mais la "méthode radicale" appliquée depuis 1981 à l'occasion de la formation des gouvernements a été la seule nouveauté de la crise. Personne ne s'est scandalisé, les sottises sur les roues de secours du pentaparti ont fini au grenier mais par contre il y avait beaucoup de gens embarrassés, surtout des socialistes. Il faudra reproposer cet embarras à la première occasion. Vous voyez, la question était "radicaux au gouvernement" ou "referendum radicaux": au lendemain des élections, ledit "défi réformiste" vu que tout le monde en parle, devait tenir compte de ces éléments. Du moins jusqu'à ce qu'un projet de transformation démocratique du système politique ne prenne forme concrètement. Mais même dans ce cas nous nous retrouvons devant un carrefour...

Q.- Entretemps, donc, les referendum. Précisément à cause de ce qui est arrivé ces derniers mois, de la tournure que prennent les choses, la victoire est certaine. Allons-nous vers un OUI à l'unanimité?

R - Je ne crois pas. Du moins pour le moment. Une grande responsabilité pèse sur les radicaux, sur ceux qui ont promu tous les referendum en construisant des formations différentes autour de chacun d'eux. Sans information complète et débat démocratique il sera impossible de vaincre. C'est ce que nous devons par contre assurer., même au-delà des referendum. Je le répète: Dc, Psi, Pci et tous les autres se disent réformistes. Ils savent très bien que le défi réformiste, la partie politique n'est pas jouable en réalité ni au gouvernement ni au parlement. Si alors ils ne parleront pas pour du vent, c'est entendu pour les referendum; Il ne s'agit pas uniquement d'abolir certaines lois, mais de répondre en termes politiques et législatifs aux questions beaucoup plus générales qu'ils évoquent. Abolition de la commission d'enquête, responsabilité du juge, pouvoirs de l'Enel (compagnie d'électricité, NDT), Communes et Régions, sur le nucléaire ne sont que des points de départ non pas pour de petites lois bidon post-r

eferendaires mais pour des réformes structurelles sur l'administration de la justice, les règles et les comportements de la classe politique et le rapport citoyen-Etat, les programmes énergétiques, de développement, de tutelle de l'environnement qui concerne la collectivité toute entière. Vote populaire et activité législative sur les thèmes des referendum caractériseront la prochaine année politique. Qui est réellement réformateur aura toutes les possibilités de se faire connaître et qui aura le plus d'arguments valables fera son chemin. Si les OUI l'emporteront nous pourrons dire que les radicaux - en tant que vrai parti de gouvernement et non pas de pouvoir - sont toujours plus capables de marquer en profondeur la vie de la société. Mais nous devrons continuer: les referendum sont une occasion précieuse et l'institution du referendum assume dans cette situation une force et une efficacité bien supérieures à celles de par le passé.

Q.- Pensez-vous que l'on puisse y faire à nouveau recours au cours des prochains mois?

R.- Oui, bien sûr. Il ne fait aucun doute que sur des sujets comme la Santé, l'information, l'environnement, le système électoral et sur les pouvoirs constituants du Parlement europén, des referendum abrogatifs et consultatifs peuvent-être promus. Ou, du moins, nous devons être conscients du fait que sans projets referendaires on ne pourra provoquer de choix ni de réformes et il n'y aura pas de rassemblements de formations, de majorités de progrès. Les radicaux ont du moins démontré qu'ils savaient faire cela. C'est là que réside la différence entre les referendum radicaux et les catholiques ou du Pci: leurs referendum ont perdu et divisé leurs propres familles politiques, tandis que les nôtres convainquent, et souvent vainquent, même si c'est quelques fois au prix de linchages politiques et après bien des années.

Q.- Venons-en au Congrès. Le débat, la perspective tourne autour de trois mots: refondation, transnational, transpartite...

R.- Eh oui! trop de grands mots pour ne pas éveiller trop de soupçons. En attendant, à bien considérer, ce n'est pas une question de refondation. Le problème est ailleurs. Aurons-nous ou pas la force d'accomplir l'acte de fondation d'un parti complètement nouveau, avec de nouvelles théories et pratiques politiques, avec une nouvelle aventure, une nouvelle "utopie"? Car si ce n'est pas de cela qu'il s'agit, nous courons vers une correction marginale quelconque, un peu de maquillage, ou bien vers un choix politique contingent enduit de l'huile sacré de la refondation statutaire. Le statut radical ne peut-être ni la photographie de l'existant, ni la description du processus de formation de ce que nous désirons. Nous devrions-être en mesure de préfigurer le parti qui opère déjà dans une Italie qui a révolutionné son système politique et dans les Etats-Unis d'Europe. Je me demande si une telle oeuvre est mûre, adaptée à ce moment de notre histoire ou s'il ne faut pas gagner encore du temps, dans la confirmation d

e la boussole et de la route que nous avons choisi...

Q - Dans tous les cas, la nouvelle dimension radicale, choisie et rappelée au moment de la sauvegarde et de la croissance du parti avec ses dix-mille inscrits, est précisément la dimension transnationale et transpartite. Que l'on ne peut différer.

R - Exactement. Avec la particularité qu'elle doit devenir un projet politique raisonnable et praticable au cours des douze prochains mois, ou au maximum des deux prochaines années. Les mots risquent à ce moment-là de devenir équivoques. En vérité, dans le développement de la politique radicale de ces dernières années, ces deux termes indiquent une grande tension: celle de faire des radicaux l'association, le groupe de personnes, le "peuple", la partie (dans le sens constitutionnel) des nouvelles institutions italiennes et européennes. Contre tous les partis-Etat, un nouveau "Parti de l'Etat", capable de donner au Pays un autre système politique puisque l'autre ne fonctionne plus, et de construire en même temps de nouvelles institutions supranationales. Le parti, conscient que les pouvoirs, les états et les droits, après deux-cents ans de l'unique révolution de l'Histoire, de la séparation des pouvoirs et de la naissance de l'Etat de Droit, ne peuvent plus être nationaux, ou deviennent, en tant que tels, des

caricatures, déclarant forfait devant les problèmes modernes de la personne, des exigences de différentes civilisation de la part de l'internationalisation de l'économie, du développement, de la sécurité, de l'information. Or, cette grande ambition n'a pas encore son appareillage politique. C'est ce que nous devons nous donner en premier lieu. En tenant bien compte de la conjonction "et" qui se trouve entre "transnational" et "transpartite": il faut opérer pour deux choses à la fois, à savoir, la réforme démocratique italienne et la réforme fédéraliste européenne. Deux objectifs qui doivent-être rendus compatibles en termes d'activités et d'énergies car opter pour uniquement pour l'un des deux fronts signifierait dénaturer la politique. Tout cela est très difficile, mais c'est une difficulté qui nous est imposée par l'état des choses.

Q - Un danger réapparaît: réduire l'idée du parti transnational et européen à de belles paroles, à l'enjolivement d'un parti qui agit en fait toujours davantage et uniquement dans la dimension nationale.

R - Le problème est avant tout de savoir de quel point part notre raisonnement. Moi je pars de la conviction que la politique radicale a vaincu et a ouvert de grandes voies, car le 14 juin, une phase toute nouvelle de la politique italienne a commencé. Si cela est faux, nous devons changer drastiquement de politique, faire des choix traumatiques et explorer des horizons complètement nouveaux. Mais si cela est vrai, abandonner maintenant cette politique serait une grave erreur. Grave au moins comme le fait de ne pas comprendre que la dimension transnationale n'est pas un enjolivement du parti mais une nécessité.

Q - La réalité est cependant un Parti radical avec un million de voix, soit 2,6%. de l'électorat. 0,4% de plus qu'en 1983, lors de la grève du vote. Ce n'est pas à proprement parler un succès.

R - Merci beaucoup! C'est-là l'objection de ceux qui ne voient pas la forêt parce qu'ils ne voient que l'arbre. Entre 1983 et 1987, il y a quelques petites différences. La gauche non-Pci (du Psdi aux Verts) passe de 18 à 24% des voix. La Dc perd définitivement sa centralité. Elle se stabilise à son minimum historique et la ligne de son secrétaire est battue. Avec la défaite électorale s'ouvre un processus de crise du Pci, auquel il faut prêter une grande attention. Le système politique est usé jusqu'à la corde. Des règles non-écrites, qui ont régné quarante années durant, sautent. Les partis superflus apparaissent comme tels à tous; les groupes dirigeants Dc et Pci, architraves du système, ne peuvent plus compter réciproquement l'un sur l'autre et leurs vieux partis, s'ils ne renouvellent pas drastiquement leur politique, déclineront. Les partis avec une politique gagnante, comme nous, sont condamnés à échouer s'ils ne décident pas à long terme d'assumer vraiment le défi de la transformation du système polit

ique. Le vote est toujours plus libre, toujours moins idéologique. Tous les thèmes abordés par les radicaux sont d'extraordinaire actualité... Ce ne sont pas, il me semble, des différences négligeables, et sans politique radicale, ils n'existeraient encore que dans les rêves. Mais si ce n'est pas maintenant qu'il faut lutter pour la réforme démocratique, je voudrais savoir quand. Bien sûr, il n'y a pas de miracle radical. Mais dans une certaine mesure, ce 2,6% nous l'avons voulu.

Q - Voulu? Toi-même tu ne t'attendais pas à un meilleur résultat électoral?

R - D'accord, c'est une contrainte. Il est clair que c'est un résultat imposé: les conditions de lutte politique et électorale ne sont pas démocratiques, un parti qui n'est pas un parti de pouvoir peut à peine survivre. Eliminer les radicaux, leur régler leurs comptes et en finir avec eux est alléchant. Mais il y a aussi des aspects subjectifs qu'il serait erroné d'oublier. Pour faire vaincre notre politique nous ne pouvions pas uniquement miser sur le PR en tant que tel mais sur diverses forces, pour jouer notre musique une seule note n'était pas suffisante. Mais il y a aussi la conséquence du modèle de parti: si nous avions présenté notre parti, dès 1980, en termes traditionnels, et rempli les communes, provinces et régions de conseillers radicaux, les Verts ne seraient jamais nés, eux qui ont foutu en l'air, le 14 juin, l'opération frontiste et caméléon des listes "attrappe-tout" du Pci. L'action combinée de ces facteurs produit ce 2,6% qui, malgré une grande politique, laisse un arrière-goût amer. Mais l

'alternative était un PR un peu plus substantiel en voix sans affirmation de la politique radicale. Non, le jeu ne valait pas la chandelle, et l'on ne peut tout avoir et le contraire de tout.

Q - Mais nous avons eu en plus, Cicciolina et Bertuzzi.

R - Des incidents et des erreurs font partie de la règle pour ceux qui produisent beaucoup, luttent beaucoup. Mais ces deux cas sont très marginaux par rapport à la politique radicale, sans importance par rapport à notre itinéraire. L'erreur serait de retourner en arrière, de suivre des modèles de parti traditionnel, ou de faire des fuites en avant, pensant contourner ainsi les difficultés de la réalité. Mais on ne peut pas non plus rester inactifs.

Ce qui signifie pour moi que cette politique radicale doit-être menée jusqu'à la réforme d'un système politique qui n'est pas démocratique, qui n'a rien à voir avec la Constitution, qui est une tyrannie oligarchique. De plus, ce système est manifestement désuet par rapport au développement du pays durant ces 40 années, à la manière de vivre des gens. On dirait un wagon de troisième classe dans la société du satellite. Il faut donner un bon coup, empêcher, malgré le 14 juin, qu'on ne lance des contre-réformes à la place d'une réforme démocratique, pour garder ce qui existe déjà en faisant semblant de changer quelque chose.

Q -Un dernier assaut sur l'uninominal, sur le vote à l'anglaise en somme?

R - Pas seulement. Nous avons peut-être des lacunes en ce qui concerne l'aspect de la dette publique, la jungle corporative, la médaille à deux faces des trusts financiers toujours plus puissants et du travail au noir. C'est un vase qui trouve sa Pandore dans le système particratique. En termes institutionnels oui, l'alternative à la particratie passe obligatoirement par le vote à l'anglaise. Ceux qui opposent des barrages à l'allemande, les deux tours pour imposer des associations forcées n'ont qu'un but: ne pas toucher aux appareils ni au pouvoir des oligarchies particratiques, et ils le font en sachant que la seule réforme valable est précisément celle des partis., obligés de se refaire une toilette avec le vote à l'anglaise. Du reste, les arguments de Popper sont très solides et les derniers doutes de Bobbio très estompés, la doctrine même indique les voies de la vraie proportionnelle ou du vrai majoritaire. Les adversaires sont ceux qui voudraient passer d'une mauvaise proportionnelle à un faux majorita

ire.

Q - Martinazzoli a lancé l'idée de referendum consultatifs sur le système électoral et les réformes institutionnelles.

R - Ce n'est pas, en soi, une mauvaise idée. Surtout si elle germe de la prise de conscience que dans cette situation-là, Dc et Pci ne peuvent plus procéder à coups de grandes ententes à huis clos.

Q - Les partis laïques, socialistes, lesdites forces de "démocratie critique" ne se prononcent pas cependant pour l'uninominale. Dp est farouchement contre, les Verts font silence. Le PR peut-il y arriver tout seul?

R - Je crois que la bataille pour le vote à l'anglaise, si elle fait l'objet d'une véritable campagne radicale, sera très populaire pour le citoyen et elle obtiendra un appui inconditionnel de la part de tous les milieux encore libres de l'hypothèque et des rançonnements de ce qui paraît être aujourd'hui le véritable régime. Les résistances résident toutes dans la caste politique. Pour Dp et les Verts, il faut dire que bien vite ils devront prendre acte que dans ce système il n'y a pas d'instance "révolutionnaire" ou écologiste qui puisse vraiment s'affirmer, mais uniquement un espace de survie et de rente pour couvrir la tranche de cette demande politique. C'est par conséquent un système qui ne craint nullement de multiplier les partis, mais ces amis et camarades, tôt ou tard, devront choisir. J'espère que Dp ne se résignera pas à vivre de rente et que les Verts ne compteront pas uniquement sur leur chance. Quant aux socialistes, ils se retrouvent à un carrefour. Ils n'obtenaient pas un tel résultat élector

al de puis des décennies: ou bien ils l'investissent dans la grande politique, ou bien ils l'utilisent uniquement pour accumuler des positions de rente ou d'hégémonie, maquillant avec des batailles de façade une tactique exacerbée. Il faut faire l'impossible afin qu'ils s'engagent dans la première voie et qu'ils investissent leur force dans une réforme démocratique du système. Comme pour le referendum, la condition pour y arriver est cependant,un Parti radical bien déterminé, décidé à mener cette bataille dans chaque lieu.

Q - Ça n'est pas à proprement parler une déclaration de confiance à l'égard de "l'aire des 20%" sortie des urnes du 14 juin.

R - Au contraire: c'est une grande et sérieuse confiance. Je crois au projet de la force laïque, socialiste et libertaire. Je crois aussi que jamais comme aujourd'hui les conditions pour que cette dernière s'affirme n'ont été réunies. Je ne confonds pas cependant le vieux "terzaforzismo" de la république particratique et la réforme qui et nécessaire, et je n'ai jamais cru aux "deux temps", à savoir, faire de grands partis communs pour faire de la politique ensuite. Si l'on avait le courage de mener ensemble la bataille pour la réforme dèmocratique, si les forces libérales et socialistes en étaient les protagonistes, ce ne serait pas la troisième force qui naîtrait mais la seconde ou même la première. Les temps sont mûrs. En dehors de ce pari je ne vois pas de grandes voies communes, qui ne rendent pas de mauvais services à nous-mêmes et au Pays. Des batailles sporadiques communes peut-être, mais pas une politique commune.

Q - S'il existe déjà les bases pour la réforme du système politique en Italie, il manque par contre celles du parti transnational. Une partie de la motion risque de rester inachevée. On a dit que le PR sans des milliers d'inscrits en Europe serait dénaturé. Où en sommes-nous?

R - C'est assurément notre point faible. C'est pourquoi au dernier Conseil Fédéral, bien qu'étant conscient des difficultés et ayant, je crois, de bonnes justifications pour ne pas le faire, j'en ai demandé la confirmation. Cela a été un choix de méthode, un ancrage. Depuis des années nous parlons de parti européen et nous risquons d'en faire une Itaque, une île heureuse avec de bons ports qui pointe éternellement à l'horizon. L'abstraction est un danger qui affaiblit une "conscience transnationale" encore mal adaptée. C'est pourquoi nous avons investi le parti de cette difficulté. Nous avons commencé à nous mesurer à un objectif, en lançant des initiatives petites mais indispensables comme par exemple l'impression de matériel sur le parti en plusieurs langues. En somme, on pense mieux en agissant. D'ici au Congrès nous travaillerons sur plusieurs filières d'inscriptions potentielles, à partir du patrimoine des batailles radicales. Il n'est pas exclu qu'il y ait des inscriptions significatives, mais l'activi

sme et la bonne volonté ne suffisent pas.

Q - Le Parti radical - ce n'est plus désormais qu'une question de mois - a besoin d'un Statut et d'un projet transnational. D'ici septembre ils devraient-être présentés, dans les grandes lignes, au Conseil et à l'Assemblée Fédérale. Où en est-on?

R - C'est un travail de pionniers qui engage également par un gros effort de réflexion les commissions qui ont été instituées. Je crois qu'il faut partir d'un modèle et d'une méthode. Le modèle ne peut être territorial et doit faire abstraction de lieu privilégiés. Il s'agit de produire une politique dont chaque citoyen européen peut être le protagoniste; du reste, la politique transnationale existe ou elle n'existe pas. Si elle existe, ont peut l'exercer à Paris comme à Palerme, sinon elle n'existe pas. La méthode doit-être comprise dans la nonviolence, qui, pour l'instant, est trop souvent réduite à une parodie de ce qu'elle fut dans les années '70, sans créativité authentique et sans paroles nouvelles, c-à-d, sans que ce qu'il y a de bon et d'intelligent naisse comme exigence profonde et devienne prépondérant au moment où il doit-être transmis aux autres. Précisément parce que politique et méthode radicales ont fait école au cours de cette décennie en Italie et ailleurs, il y a une grande "vulgate" radica

le qui à vrai dire est quelques fois un peu vulgaire. Le parti et la politique transnationale ont besoin d'une nouvelle nonviolence. En réalité, les batailles existent toutes, souvent le problème réside dans la manière de les conduire...

Q - Tu parles de batailles, de simples instances ou d'un projet plus global?

R - Certaines batailles à peine lancées représentent déjà, en plus de notre identité, un véritable patrimoine d'intuitions. Par exemple, l'affirmation de conscience fédéraliste, les droits de l'Homme et la libre circulation des personnes et des idées, la lutte pour l'intervention extraordinaire et le salut des personnes qui luttent contre l'extermination par la faim. Ce sont des batailles qui sont à la portée de chacun de nous, dans sa dimension personnelle et politique. Il y a des camarades qui, après Olivier Dupuis, entendent faire le choix, responsable, du refus du service militaire en tant que service national, impuissant et inutile par rapport à n'importe quelle conception de paix et de sécurité internationale. Imaginons un peu ce que cela signifierait d'avoir déjà des chefs de file dans chaque pays européen, prêts à affronter la prison et lancer un appel pour l'affirmation de conscience pour une politique européenne de paix, fondée sur le droit à la vie et sur une nouvelle conception du droit internati

onal. On peut en dire autant pour les batailles sur les droits de l'Homme et la lutte contre l'extermination par la faim, bien qu'elles aient la nécessité d'une référence institutionnelle continue, dans les parlements nationaux et au Parlement européen. Un projet politique général est cependant nécessairement ancré à la question institutionnelle, à l'attribution de pouvoirs constituants au Parlement de Strasbourg et à l'acte de fondation des Etats-Unis d'Europe. A savoir, un projet fédéraliste qui présume une organisation militante européenne, intransigeante et déterminée, indispensable pour battre à coup de campagnes civiles et d'opinions la myopie des bureaucraties, des appareils, des classes dirigeantes nationales et nationalistes.

Q - Comment le Parti radical peut-il opérer concrètement dans cette direction, avec les énergies dont il dispose et ses faibles ressources financières?

R - Il faut au moins une grande campagne européenne afin que l'on distribue aux citoyens européens, en Juin 1989, à l'occasion de la troisième élection directe au Parlement de strasbourg, deux bulletins. L'un pour le vote et l'autre pour le referendum consultatif sur les pouvoirs constituants à confier au nouveau Parlement. Il serait nécessaire, en outre, de créer une formation de forces transnationales, qui s'engagent devant l'opinion publique, indépendamment de leur matrice politique et idéologique, à placer comme premier point d'activité de leurs élus, celui des pouvoirs constituants, du nouveau traité, de la rupture de la formule de l'unanimité, en fonction de laquelle l'Europe est en fait paralysée dans tous ses choix politiques (et donc comme sujet politique) puisque il n'y a pas de décision possible sans le consensus de chaque Etat-membre. Si l'on perd cette occasion au moment de la troisième élection directe d'un Parlement qui, sans pouvoirs, est destiné à devenir la cinquième roue du carosse, le des

tin des Etats-Unis d'Europe est marqué. Spinelli essaya d'influencer les élites politiques pour réaliser son rêve. Mais évidemment il faut bien davantage, il faut un parti des Etats-Unis d'Europe.

Q - C'est dans ce sens-là que l'on a parlé du nouveau Parti radical comme du "Parti du Congrès"?

R - C'est un terme qui provient du monde anglosaxon qui se conjugue bien avec l'annualité, pragmatique et anglosaxonne elle aussi, de l'échéance du congrès. Parti du Congrès était celui de Gandhi, Congrès est la Chambre américaine. Je ne ferai pas cependant de rapprochements historiques impropres entre partis et processus fédéralistes historiquement différents, comme le parti européen qu'il faut encore construire. Les différentes Indes, ethniques et religieuses, furent les protagonistes d'une lutte contre le joug colonial, mais avec la naissance des différents Etats nationaux, le rêve fédéraliste se brisa bien vite. Aux Usa le processus fédéraliste est engendré par d'autres exigences et fondements: il est évidemment plus facile d'être fédéraliste lorsque l'on a devant soi 5 mille kilomètres de prairies et un océan. La Suisse a son propre fédéralisme car elle a, disons, transnationalisé les banques. L'option fédéraliste européenne est beaucoup plus complexe, même si elle est imposée par des dangers et des exi

gences qui n'ont pas de précédents dans l'histoire des hommes et des peuples du continent.

Q - Entre l'engagement pour la "réforme démocratique" et celui pour le parti transnational, une somme d'activités gigantesque d'énergies et de ressources radicales est nécessaire. N'est-il pas indispensable de fixer une priorité?

R - Pour moi la priorité c'est tout cela, sinon elle n'a pas de valeur. Si les énergies ne suffisent pas il faudra en chercher d'autres: elles étaient du reste déjà insuffisantes pour le Parti des quelques milliers d'inscrits, à fortiori le problème se pose maintenant, par rapport au parcours que le parti des "dix-mille inscrits" a justement entamé. Nous ne résoudrons pas nos difficultés "en coupant la politique". Il faut imaginer un véritable associationnisme pour les idées, un parti de petits clubs qui - contrairement à aujourd'hui - doivent-être reliés de façon permanente, entre eux et à travers un organe central très robuste et équipé, qui véhicule des idées et des informations. On peut imaginer de nouveaux organes, des fonctions diversifiées, des emplois et des investissements différents des ressources financières qui réfléchissent ce nouveau projet politique; on peut paradoxalement penser à un "double parrti"... mais il n'y a qu'un seul projet politique, et nous vaincrons ou nous perdrons tous ensemble

. C'est-là du moins mon opinion, les débats et les congrès se font pour confronter les opinions. Et nous devons avoir les opinions du plus grand nombre d'inscrits.

Q - En somme, il faut, selon toi, confirmer totalement la politique radicale de ces dernières années.

R - Non. Il faut l'accélérer et la développer. Veux-tu un conseil d'un radical? Changez l'équipe et non pas la politique qui a été faite et que l'on peut faire.

Q - Et l'année radicale 1988, de quoi devrait-elle être faite, selon toi?

R - Pour moi, c'est l'année de la Réforme, avec le parti des nouveaux referendum, du vote à l'anglaise, des grandes campagnes transnationales et du referendum consultatif pour les Etats-Unis d'Europe. Le Parti des nouvelles institutions, en Italie et en Europe. Le défi réformateur c'est cela. Sur cela doivent se mesurer les grands bavards du réformisme et les trop nombreux manoeuvriers de vieilles institutions, de vieilles politiques, de vieilles manières de les gérer, Etre radical est difficile. C'est justement pour cela que cela vaut la peine et la joie de l'être.

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail