par Paolo Pietrosanti et Ivan NovelliSOMMAIRE: Les raisons de la campagne contre la peine de mort et pour sauver Paula Cooper.
"Chacun a droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne... Personne ne sera soumis à la torture ou à un autre traitement ou punition cruelle, inhumaine ou dégradante".
Nombreux sont les principes contenus dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme qui sont restés lettre morte depuis qu'ils furent proclamés par l'Assemblée des Nations Unies le 10 décembre 1948. Celui qui est rapporté ci-dessus est certainement parmi les plus systématiquement violés.
La raison pour laquelle nous nous sommes mobilisés et nous nous mobilisons pour la vie de Paula Cooper et pour l'abrogation de la sanction lugubre et barbare réside dans l'affirmation nécessaire du droit à la vie de chaque habitant de la planète.
La crédibilité et l'efficacité de cette bataille passe nécessairement par l'affirmation de ce principe comme principale argumentation à soutenir.
Certes, dans le cas de la toute jeune américaine de Gary (Indiana) il ne peut pas ne pas y avoir aussi l'affirmation de l'absurdité radicale de condamner à mort quelqu'un qui a commis un crime pourtant si horrible à l'âge de quinze ans; de même que l'on ne peut pas ne pas considérer le fait que l'enfance de Paula a été plutôt subie que vécue.
Mais le principe de toute campagne contre la peine de mort ne peut pas ne pas être l'affirmation du fait de ne pas tuer, de toute façon.
La peine de mort est irréversible; mais elle est prescrite et appliquée par des hommes faillibles sur la base de procédures de loi qui, pour autant qu'elles soient "parfaites", sont elles aussi faillibles.
Il est prouvé que la peine capitale n'agit pas comme dissuasion sur la criminalité, pas plus que n'agit la prévision de peines de prison. Au cas où, on peut logiquement présumer que le fait qu'un système prévoie la peine capitale accentue et radicalise la criminalité.
Quel que soit le crime commis, quel que soit le moyen par lequel la peine de mort est appliquée, elle représente une punition inhumaine, cruelle, dégradante.
Il nous arrive souvent de la répéter; et nous voulons le faire ici aussi. Répéter une phrase de Giorgio Del Vecchio: si on lisait avec honnêteté intellectuelle le livre de l'Humanité, on verrait que l'histoire des crimes commis n'est pas pire que celle des peines prescrites. C'est une histoire qui continue, dans le monde entier. Dans les dernières dizaines d'années où la peine capitale est en vigueur, les pays qui l'appliquent ont augmenté: ils sont presque 120. (Et on se réfère aux pays où l'on peut être mis à mort pour des délits communs).
1987 semble être l'année de l'assassinat légal, à en croire les nouvelles qui se multiplient sur les exécutions et les condamnations.
Mais c'est l'année où en Europe, du moins, s'est développé le débat sur la peine de mort en vigueur dans 39 des 50 Etats des USA.
Grâce à Paula Cooper, Grâce à l'attention sur les condamnations infligées par des juges américains à des mineurs. Mais c'est trop facile d'être contre l'homicide légal de Paula Cooper. Sur la presse italienne des voix se sont levées en sa défense, dans la défense du principe élémentaire de civilité et d'humanité que l'exécution de la jeune américaine violerait. Mais pas une voix ne s'est levée pour critiquer la décision de la Cour Suprême de Washington qui a décrété l'extradition du bourreau nazi de Tartu, Karl Linnas; une extradition des USA - où sa vraie identité avait été découverte après des dizaines d'années - en URSS, où Linnas avait été condamné à mort en contumace. Pas un commentaire, pas un entrefilet; seulement de la froide chronique.
C'est trop facile. La civilité c'est être différent de celui qui tue. Nous devrons être capables de continuer avec Paula Cooper vivante et après Paula Cooper notre campagne contre la peine de mort. En tant que radicaux, avec la coordination "Ne Tue Pas" dont nous avons été promoteurs avec "Prison et Communauté" entraînant plus de 50 organisations, les plus diverses de par leurs intentions et leurs dimensions.
Nous devrons surtout être en mesure de convaincre quiconque affirme que "parfois" la peine de mort est "juste" et "nécessaire". A moins que quelqu'un ne sache avec certitude quelle est la limite objective au-delà de laquelle il est juste de condamner un être humain à mourir. Le problème est entièrement dans cette limite. Et il n'existe pas un seul juriste, un seul législateur, un seul juge au monde qui soit raisonnablement en mesure de la fixer d'une façon croyable.