Tract du Secrétariat fédéralSOMMAIRE: Le Parti Radical est prêt désormais à se dissoudre en tant que parti spécifiquement italien, pour réaliser une première unité politique à caractère réellement transnational et à affronter les problèmes qui, de par leur nature, doivent être nécessairement affrontés à l'échelle supranationale. Appel aux citoyens européens afin qu'ils déclarent leur intérêt et leur adhésion à ce projet en s'inscrivant au PR à l'occasion du prochain Congrès du Parti.
("Notizie Radicali" N·227 du 1er Octobre 1987)
Nonviolent. Laïque et socialiste. Libertaire. Ecologiste et fédéraliste européen. C'est ce qu'a été le Parti Radical, même selon ses adversaires, obligés de reconnaître que ses batailles et ses victoires ont transformé profondément les lois, les coutumes et la vie d'un pays tout entier. Dans une Italie arriérée, cléricale et militariste, sont devenus réalité le divorce, l'avortement, le nouveau droit de famille, l'objection de conscience, le vote à dix-huit ans, les luttes pour l'abolition du concordat entre Etat et Eglise, pour la libération de la Femme et la libération sexuelle.
Avec un million de voix, avec des parlementaires italiens et européens, le Parti Radical continue d'être le "Parti du Scandale": ses militants pratiquent la désobéïssance civile, acceptent des condamnations et la prison pour conquérir des droits et des lois diverses, plus humaines et civiles.
En Italie, ils bloquent la construction de dizaines de centrales nucléaires et promeuvent le referendum sur l'énergie atomique, ils se battent pour la défense de l'environnement et contre la chasse.
Contre la peine de mort et à la prison à perpétuité, engagés à défendre le respect des droits dans les prisons, ce sont les radicaux qui luttent pour la réforme d'une justice condamnée par Amnesty International et par les cours européennes, pour la réduction des temps de l'incarcération préventive, la responsabilité civile du juge et la réforme des codes fascistes encore en vigueur. Face au pouvoir excessif des partis, à la corruption politique, au contrôle rigide de l'information télévisée, les députés radicaux arrivent à diffuser la "grève du vote" aux élections, effleurent la victoire au referendum sur le financement public des partis, abolissent la commission d'enquête qui couvre depuis des décennies tous les délits ministériels, imposent la loi pour la liberté d'antenne permettant ainsi la naissance de radios et de télévisions privées.
Souvent accusé d'être "provocant", connu pour ses "scandaleuses" candidatures, de Toni Negri, du présentateur de télé Enzo Tortora, de Cicciolina, ses batailles font réfléchir, divisent l'opinion publique, s'affirment dans les lois et les coutumes de la société.
Il y a ces jours-ci le vote pour les referendum radicaux sur le nucléaire et sur la justice, mais aussi le débat passionné autour de la proposition de frapper la mafia et la grande criminalité en abolissant à l'échelle internationale le régime prohibitionniste de la drogue qui en alimente la diffusion et consent d'énormes profits illégaux.
Le Parti Radical n'est en somme une "provocation" que pour les vieux partis et pour une vieille manière de faire de la politique. Il a repoussé toutes les propositions de pouvoir et de sous-pouvoir qui lui avaient été offertes en fonction de sa force électorale.
Il refuse tout caractère idéologique, il n'écrit pas de programmes fumeux et affirme qu'un parti n'est pas ce qu'il dit, mais ce qu'il fait. De par son Statut il ne peut refuser à personne de s'inscrire, il ne peut expulser personne, il est ouvert et admet la double appartenance même d'inscrits à d'autres partis. Il n'a pas d'appareil, de fonctionnaires ni de bureaucratie. Il investit son argent non pas dans des sièges ou des sections mais pour Radio Radicale, qui diffuse sur presque tout le territoire national. Il soutient que la réforme nécessaire aujourd'hui en Italie est la réforme de tous les partis, qui deviennent, de plus en plus des affaires commerciales et de moins en moins des lieux d'idées, de valeurs, d'espérances.
Pour renforcer et rendre victorieuses ses propres batailles, l'année dernière le PR, composé de moins de trois mille inscrits, a posé comme condition de son existence même, l'inscription d'au moins dix mille citoyens. Bien plus se sont inscrits: une liste extraordinaire de Prix Nobel et de détenus, de professions libérales et de marginaux, d'intellectuels et d'étudiants. Parmi eux, les noms les plus prestigieux de la Culture, de l'Art et du Spectacle en Italie. Dès que cet objectif a été atteint, les radicaux, réunis au Congrès, lancèrent un autre défi: la création d'un nouveau parti, d'un parti transnational. Oui: le petit parti qui en Italie a transformé en réalité ce qui paraissait être d'impossibles utopies, a décidé de remettre en jeu son existence, en pariant sur la possibilité concrète de faire éclore, en quelques mois, ce "nouveau parti transnational" aujourd'hui indispensable. De l'économie à l'information, des choix énergétiques aux politiques de défense, il n'y a plus désormais de grande ques
tion de notre époque, il n'y a pas de sujet décisif pour la vie de cette société qui puisse trouver des réponses efficaces et démocratiques dans des partis, des institutions et des Etats nationaux qui, en tant que tels, ne peuvent les donner. Le Parti Radical a cependant décidé d'en dénoncer toutes les limites et de se confronter avec la faillite séculaire des Internationales archaïques des partis, qu'elles soient libérales ou socialistes, communistes ou chrétiennes, leur opposant la naissance d'un parti capable - par ses batailles et sa composition - de traverser les frontières, les partis, les Etats désormais dépassés.
Il faut avoir pour objectifs à réaliser dans le laps de temps de cette génération et non dans des temps historiques, le parti transnational des Etats-Unis d'Europe et de l'attribution des pouvoirs constitutionnels au Parlement Européen; pour une Europe non plus morcelée en douze politiques et douze bureaucraties, mais finalement unie en tant que nouveau et fort sujet de démocratie politique, d'affirmation des valeurs de l'Etat de droit et des droits de la personne.
Il faut un parti transnational qui, avec les armes de la nonviolence, de la démocratie et de l'information, dénonce les trop nombreuses tyrannies du "status quo" et impose les choix politiques capables de l'interrompre et de le transformer. Face au désordre établi qui se fonde aujourd'hui sur l'holocauste par la faim de millions d'hommes, de femmes et d'enfants; sur la violation des droits humains et civils dans la grande majorité des pays du monde; sur les armées et les services militaires désormais inutiles à leurs propres buts; sur le dramatique divorce entre science et pouvoir qui exclut de l'information et du débat politique même les plus graves menaces contre l'équilibre de l'écosystème, il faut agir avec une politique et un parti transnationaux.
Il faut un parti de grandes personnalités et d'action intransigeante et nonviolente, qui sache invoquer et imposer l'intervention extraordinaire pour le salut de millions de vies humaines condamnées à mort par faim; le respect et la libre circulation des idées et des personnes au-delà de tout goulag et de toute frontère; le droit à l'objection de conscience au nom d'une diverse politique de paix et de sécurité internationale; de nouvelles lois et un nouveau droit supranational pour la défense de la Terre, de l'Air et de l'Eau.
Le Parti Radical est prêt à se dissoudre, en tant que parti spécifiquement italien, à transférer tout son patrimoine de luttes, son expérience et ses instruments d'organisation au service de ce projet. Un parti transnational sans caractère électoral ou de concurrence avec les partis nationaux, ouvert aux militants de toute iéologie politique et aux personnes de toute foi religieuse, réuni exclusivement autour de quelques grands objectifs précis, qui seront déterminés d'année en année. Mais tout cela ne sera concrètement possible que si au moins plusieurs centaines de citoyens, dans chaque pays européen de l'Ouest ou de l'Est, manifestent leur intérêt, leur volonté de donner vie à ce projet et force à cette espérance grâce à leur inscription. Le prochain congrès du PR, peut-être le dernier en tant que "parti italien", aura lieu du 2 au 6 Janvier à Bologne: aidez-nous, par votre inscription, à faire accomplir un grand saut de qualité à l'aventure radicale et à relancer dans toute l'Europe ses batailles.