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Cicciomessere Roberto - 30 ottobre 1987
L'Italie et la course au réarmement - Préface -
par Roberto Cicciomessere

SOMMAIRE: La culture occidentale est incapable aujourd'hui de donner des réponses satisfaisantes à la crise qui couvre le système international. Le "modèle de défense" qui a dominé jusqu'ici, est partie intégrante de cette culture et il faut penser à ce modèle en termes d'alternative concrète à construire si nous voulons trouver une issue à la crise. On trouvera ici les résumés des travaux parus dans le livre "L'Italie et la course au réarmement - un Contre-Livre Blanc de la Défense", par Marco De Andreis et Paolo Miggiano, chercheurs de l'IRDISP.

(IRDISP - L'Italie et la course au réarmement - Ed. Franco Angeli, Milan 1987)

L'incapacité chronique des Forces Armées nationales à produire ce que l'on définit comme le bien public de la sécurité, la distraction et la mauvaise utilisation des substanciels moyens financiers alloués à la défense, l'affirmation d'une politique de réarmement largement conditionnée par les intérêts des "patrons" et des "marchands" de guerre et dégagée de toute vision stratégique, l'imperméabilité de l'Administration de la défense au contrôle parlementaire, est ce qui ressort des chapitres consacrés à l'Italie contenus dans le "rapport" sur l'état de la défense pour 1986, préparé par l'IRDISP.

Nous éprouvons tous en effet un sentiment d'insécurité accrue et d'impuissance face aux vieilles et aux nouvelles menaces, insécurité qui semble augmenter et non pas diminuer précisément avec les ressources destinées à la défense et avec le perfectionnement des instruments de guerre qui devraient dissuader l'ennemi d'entreprendre une guerre. Le processus de modernisation de l'instrument militaire national et les doctrines défensives elles-mêmes adoptées par les sommets militaires et politiques apparaissent toujours plus indifférentes aux nouvelles demandes de sécurité que les dynamiques du système international imposent à la collectivité internationale. Les choix stratégiques et les choix relatifs à la composition et à l'articulation de la machine de guerre apparaissent plutôt comme un sous-produit d'intérêts industriels, commerciaux, relatifs à l'emploi, de clientélisme et d'options politiques internationales subies irrationnellement, variables indépendantes en somme, par rapport aux exigences de sécur

ité. Il va sans dire que la prédominance de ces intérêts -légitimes ou pas - et l'acceptation résignée du caractère marginal de l'instrument militaire par rapport aux problèmes de la sécurité portent nécessairement au transfert du pouvoir décisionnel des organes constitutionnels aux oligarchies économiques, politiques et corporatives, titulaires de ces intérêts.

Si ensuite nous nous éloignons de la dimension nationale étriquée, nous voyons que dans la collectivité internationale il y a deux poussées apparamment antagonistes qui s'affrontent, les poussées qui s'appuient sur la peur de l'holocauste nucléaire et les poussées qui s'appuient sur la force rassurante d'un mélange constitué en parties égales de l'exhibition d'armes époustouflantes et toujours plus meurtrières et de promesses d'accords pour des désarmements définitifs.

Le soupçon s'impose en effet que l'angoisse diffuse pour le "day after" soit utilisée comme un instrument aussi bien par ceux qui prétendent nier, au nom de l'impératif de survie, l'impératif de la défense et l'existence même des menaces, que par ceux qui affirment vouloir nous libérer du cauchemar nucléaire en nous vendant à prix élevé le mirage de la défense totale et parfaite.

Voici donc qu'avec les deux essais sur le SDI et sur la politique stratégique des Usa, les mêmes limites théoriques et les mêmes déviations dans les politiques défensives que l'on constate dans notre pays, apparaissent amplifiées dans l'empire américain.

L'essai, apparamment seulement technique, sur la répartition de la dépense pour la défense des pays de l'Otan, nous introduit par contre au coeur de la contradiction entre demande de sécurité et inadéquation des actuelles structures de défense nationale et intégrées à l'Otan, dont l'Occident est pourvu.

S'il est vrai que les pays européens respectent pleinement les quotas de répartition de la dépense à l'intérieur de l'Otan, comme il est démontré en particulier pour l'Italie dans le chapitre des analyses du bilan pour la défense, il est également indiscutable qu'il y a un accord politique, non écrit mais partagé de tous côtés avec satisfaction, sur la base duquel l'Europe délègue à l'empire américain les tâches de la défense commune, et les Usa récompensent l'obéïssance européenne à son rôle de puissance par des dépenses militaires plus importantes.

Il faut reconnaître à ce propos que la détermination des gouvernants européens à renoncer de garantir eux-mêmes la sécurité européenne est sûrement plus forte que l'ambition des 234 millions d'américains à assurer la défense des 367 millions d'européens. D'où les rébellions périodiques des sénateurs américains qui tolèrent mal le parasitisme européen et qui ont du mal à comprendre pourquoi les européens ne devraient pas revendiquer les charges et les honneurs d'une autonomie défensive, même dans le cadre de l'Alliance Atlantique. D'où encore, l'étonnement des Usa devant les soubresauts de souveraineté du "sujet" - par son propre choix - qui reproche tout à coup à son "empereur", comme dans le cas de l'incident de Sigonella, de violer les principes élémentaires de droit international et intérieur. Et encore la colère de devoir subir l'affront de l'interdiction de survol à ses propres avions infligée par des alliés non-disposés à risquer leurs propres affaires et leur propre tranquillité même sur le front

de la lutte au terrorisme international.

Mais la raison profonde de l'inadéquation des structures de défense peut-être localisée dans la conception nationale et surtout militaire de la sécurité et dans le principe de la souveraineté nationale auquels semblent attachés les pays occidentaux, outre la totalité des pays représentés aux Nations-Unies. Les contradictions dénoncées dans le "rapport" sur l'état de la défense proviennent de la coéxistence impossible entre structures et stratégies de défense nationales et structures et stratégies de défense intégrées à l'Otan.

S'il est impossible en effet de comprendre les logiques compliquées et les dynamiques du "système international" à partir d'une position "état-centrique", si aujourd'hui la centralité de la défense des frontières nationales est insoutenable dans les théories stratégiques, si le fait d'exiger la tutèle absolue de la souveraineté nationale et en même temps l'efficacité des garanties et des contrôles internationaux, constitue une prétention absurde et une contradiction implacable, s'il est impossible pour une nation de garantir à elle seule la sécurité de ses citoyens, pourquoi s'obstine-t-on alors à concevoir des instruments et des stratégies nationales, même partiellement intégrées sur la base d'accords d'assistance réciproque?

Ce n'est pas seulement un héritage historique et culturel d'une époque où les distances entre continents représentaient une limite difficilement franchissable par les technologies existantes. A la base de cette contradiction théorique nous nous heurtons, encore une fois, à la myopie des gouvernants nationaux et aux intérêts des complexes militaro-industriels nationaux. C'est seulement en s'opposant à toute logique de rationnalisation, de réduction des coûts et d'efficacité, avec l'alibi de l'autosuffisance productive qui serait la garantie d'indépendance nationale, que les industries de la défense nationale peuvent garantir, contre les lois du marché et contre les intérêts de l'Etat, leur propre existence et leurs propres profits.

Sinon, ils seraient brutalement réduits.

Et lorsque l'alibi de l'autosuffisance n'apparaiît pas assez convainquant, le chantage de l'emploi arrive en renfort: les 465 nouveaux postes de travail à Gioia Tauro devraient justifier la propre production du missile antichars Milan, avec une augmentation du coût de 60 % par rapport à l'acquisition directe à l'étranger, correspondant à environ 350 milliards de lires sur les 940 du programme entier. 752 millions est le coût que le contribuable italien paye pour chaque travailleur, en plus du prix de marché du système d'arme.

Voilà donc l'explication de ce jeu de passe-passe qui a transformé les 3.380 milliards autorisés par le Parlement en 1976 pour le programme de modernisation des trois forces armées, en 35.210 milliards de 1986. Même en calculant la première valeur en lires 1986 (12.766), il reste un accroissement annuel moyen de 36%

Nous avons donc un programme d'acquisition des instruments de guerre déterminé presque exclusivement par les exigences industrielles et politico-clientélistes, qui porte à une série d'acquisitions aléatoires et désordonnés et à des "trous" sérieux dans le système de la défense: si l'on dissippe 500 milliards pour un porte-avion inutile autant que vélléïtaire, le système anti-aérien à courte, moyenne et longue distance, sera déficient ou même inexistant.

Si l'on ajoute à cela la prétention de nos généraux et politiciens de faire face à cinq missions inter-forces, depuis la défense de la "porte" de Gorizia à celle du "flanc" sud, de la défense aérienne à la défense opérationnelle du territoire, jusqu'aux actions de paix, sécurité et protection civile en Italie et ailleurs, nous comprenons pourquoi notre instrument militaire est incapable, en dehors de toute autre évaluation sur les limites de la défense exclusivement militaire, d'assurer le bien public de la sécurité.

Mais mêmes les armées avec un degré d'"efficacité" supérieur au nôtre, témoignent des limites d'une formation nationale. C'est le cas des forces armées françaises et de leur "force de frappe", qui ont l'ambition d'assurer la défense de la France et de ses

territoires d'Outre Mer "tous azymuts". Mais par exemple, sans le système d'alarme américain "Early Warning System", les défenses françaises contre les forces des missiles du Pacte de Varsovie, seraient complètement aveugles. Mais même en dehors de ces considérations, il est difficile d'établir le moment où la France devrait considérer comme compromis ses intérêts de défense nationale. Une attaque limitée à l'Allemagne Occidentale, menée avec des armes conventionnelles et chimiques, qui réussirait à forcer les défenses conventionnelles alliées, représenterait-elle une menace telle pour la France, qu'elle serait obligée d'intervenir? La réponse est positive seulement en théorie, mais la possibilité qu'une telle action offensive induirait la France à utiliser les armes nucléaires n'est pas aussi certaine. Le danger de représailles sur son propre territoire et l'improbable accord du gouvernement allemand pour l'utilisation des armes nucléaires tactiques sur son propre territoire déconseilleraient probablement

ce genre de réponse militaire.

Nous nous trouverions encore une fois, devant la plus sophistiquée des lignes Maginot pour s'opposer à des actes de guerre.

Voilà pourquoi même la France, mises à part les vélléïtés autonomistes, toutes à usage interne, est obligée de participer activement, à l'intérieur de l'Alliance Atlantique, à cette forme particulière d'intégration défensive qui unit européens et Nord-Américains.

En fait, même si les "trous" et les inconnues du parapluie américain ne sont pas moins préoccupants que ceux du plus modeste système nucléaire français, il ne fait pas de doute que la politique défensive et la politique de la sécurité Us, en dehors de tout autre type d'estimation, ne peut être limitée à l'instrument militaire. Les Usa gèrent pour leur compte et pour celui des européens, une complexe et vaste action de rapprochement politique, économique et stratégique avec l'empire soviétique.

L'alternative ne se pose pas entre défense nationale et défense supranationale. Seule la seconde est possible. Cela ne porte pas nécessairement ou obligatoirement à accepter la politique actuelle de l'Otan.

"L'unité impériale sous l'égide américaine - affirmait Altiero Spinelli - est certainement très humiliante pour nos peuples mais elle est supérieure au nationalisme parcequ'elle contient une réponse aux problèmes des démocraties européennes, alors que le retour au culte des souverainetés nationales n'est pas une réponse. L'unité faite par les européens est en réalité la seule vraie alternative à l'unité impériale. Le reste n'est que l'écume de l'histoire et non pas l'histoire".

Une voie, certainement difficile, s'ouvre à ceux qui veulent concevoir, sur des bases nouvelles et supranationales, une défense européenne, dans le cadre du processus d'union politique de l'Europe.

Il faut en effet prendre acte que la culture occidentale dans ses diverses composantes, et les familles politiques qui la représentent dans les institutions démocratiques, sont incapables de donner des réponses satisfaisantes à la crise qui bouleverse actuellement le système international. C'est une crise qui menace la personne, comme sujet de liberté et de progrès social et économique, et sa vie, dans le Nord industrialisé comme dans le Sud sous-développé par un mécanisme d'interdépendance complexe.

L'Occident s'obstine au contraire à désincorporer les éléments de cette crise internationale avant tout le long des deux axes de la conflictualité Est-Ouest et Nord-Sud, et secondairement entre les sous-ensembles continentaux et nationaux et à examiner seulement certains éléments de l'équilibre des forces, avant tout les forces militaires et économiques des deux super-puissances.

On ne se rend pas compte que la guerre est en cours, depuis de nombreuses années déjà, dans le Sud du monde, en abusant les citoyens sur le caractère infranchissable de la frontière entre le Nord opulent et pacifique et le Sud affamé et tourmenté par la guerre. D'autre part il y a la sous-évaluation de la supériorité historique, à court-moyen terme, des régimes totalitaires par rapport aux régimes à gestion démocratico-parlementaire.

On croit d'une part que la conflictualité et la colère du Tiers-Monde ne pourront jamais impliquer sérieusement l'Occident industrialisé, sans évaluer le prix humain, politique et économique que l'Occident devra assurer pour tenter de contenir le fanatisme et le nationalisme qui grandissent et qui s'alimentent de nos erreurs dans le Sud du monde, pour cohabiter avec l'extermination, par la faim et le sous-développement, de millions de personnes.

D'autre part il y a la réserve mentale sur le modèle démocratico-parlementaire, c-à-d la conviction que la démocratie politique ne serait possible que dans un contexte de société et de culture bien déterminé. Tous les plus raisonnables démocrates occidentaux pensent en effet que le plus grand régime totalitaire, le soviétique, comme les régimes totalitaires arabes, doivent être réalistiquement légitimés comme une prémisse pour obtenir la paix et la sécurité.

C'est le fantôme de Munich qui nous est reproposé dans l'illusion tragique d'arrêter les nouveaux nazismes.

Il manque encore la conscience que les régimes autoritaires représentent en soi une menace contre la sécurité.

On ne se rend pas compte que les régimes totalitaires puissent décider en dehors de toute contrainte déterminée par la discussion démocratique, parlementaire, en dehors de tout contrôle ou réaction déterminée par l'information libre et de masse, de manière plus rapide donc et dangereuse. Ils peuvent même décider, du moment qu'ils perçoivent leur supériorité militaire et stratégique conjoncturelle et parallèlement leur faiblesse interne, les actions militaires graves et d'imprévisibles conséquences.

Gorbatchev peut gagner à la table des négociations parcequ'il peut sans contrainte aucune, jouer sans scrupules sur tous les plans. Personne ne lui demande en fait de mettre en discussion le véritable élément de force de l'Urss qui altère l'équilibre, bien plus que les missiles ou les missiles à tête nucléaire, entre L'Est et l'Ouest et qui menace la sécurité internationale.

Même s'il devra renoncer à quelque missile, Gorbatchev, dont je ne mets pas en doute la volonté de lancer un processus de modernisation de la société soviétique, maintiendra en fait, à travers le contrôle totalitaire et militaro-policier de son empire et de l'information, auquel il ne pourra jamais renoncer précisément pour vaincre les résistances de sa politique, la possibilité et la force inchangées pour n'importe quelle action aggressive.

La seule alternative est celle de défendre et imposer à l'Etat totalitaire les principes du processus formateur, nécessairement long, contractuel et contradictoire des décisions d'un état démocratique, en tant que bouclier efficace et expérimenté, même si imparfait, contre les tentations de guerre.

C'est donc un suicide politique de renoncer à priori, à la seule vraie force de dissuasion, celle de la démocratie et de la liberté.

Mais pour cela, les démocraties occidentales devraient revoir leurs politiques des alliances, les couvertures cyniques et sans scrupules des régimes militaires ou racistes.

Les 12 pays de la Cee, malgré tout, sont moins impliqués et moins compromis que les Usa dans une telle politique. Plus crédible, grâce aussi aux positions courageuses que le PE a quelques fois assumé, sur les grandes questions de la justice, des droits civils de la sécurité et de la faim dans le monde.

Est-ce une utopie que de penser à une Union européenne capable de refonder la politique de la sécurité?

Déjà, réussir à imposer à l'opinion publique, aux médias et à la classe politique la discussion sur les questions précédemment évoquées, serait une grande victoire et un grand résultat.

Nous ne parlerions pas, par exemple, de service militaire obligatoire ou d'armée de métier, dans les termes modestes avec lesquels s'est développé le débat, si seulement on réfléchissait à la possibilité pour les jeunes italiens, les jeunes et les moins jeunes citoyens d'une Europe unie politiquement, d'être vraiment appelés à défendre la sécurité, la paix, plutôt qu'à glander dans les casernes.

Si, comme le prescrit la Constitution, la participation à la Défense était un droit et un devoir pour tous, et pas seulement pour les mâles "habiles" dans les arts martiaux.

Si les ouvriers, les médecins, les ingénieurs, les enseignants pouvaient être mobilisés sur le front de la guerre contre la faim.

Si les meilleures ressources de la culture et de la technologie étaient utilisées simplement pour informer les millions de citoyens de l'Est à qui on a enlevé le bien primordial de la vérité, prémisse infranchissable pour bénéficier du bien de la paix.

Si simplement nous nous convainquions et si nous concevions que ce n'est pas vrai que les frontières de la démocratie, de la liberté, du droit à la vie et de la justice peuvent être arbitrairement tracées le long du mur de Berlin ou dans le désert du Sahel.

 
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