Radicali.it - sito ufficiale di Radicali Italiani
Notizie Radicali, il giornale telematico di Radicali Italiani
cerca [dal 1999]


i testi dal 1955 al 1998

  RSS
ven 14 mar. 2025
[ cerca in archivio ] ARCHIVIO STORICO RADICALE
Archivio Partito radicale
Giorello Giulio - 31 dicembre 1987
Europe: un vide à combler
par Giulio Giorello

SOMMAIRE: La création d'une dimension politique transnationale est sollicitée par la nécessité de combler le vide européen, à savoir, l'incapacité de l'Europe communautaire d'influencer positivement les grandes questions qui secouent notre planète.

(Notizie Radicali N·302 du 31 décembre 1987)

Je pense que beaucoup de choses que je devais dire ont déjà été très bien exprimées par la personne qui m'a précédé. Par conséquent, je voudrais me limiter à un odre de considérations qui touche le thème de l'opposition entre ce qui est local et ce qui est global, entre ce qu'est la réalité de notre environnement et les structures articulées.

Il me semble que la proposition du document que vous avez reçu (celui de Strik Lievers) et le sujet même de notre rencontre saisissent une occasion bien précise et tombent à un moment particulièrement significatif, à quelques jours de la "grande rencontre" entre lkes -usa et l'Urss dont on a parlé et, après que les premières réthoriques aient cédé à une évaluation plus calme et plus adéquate des évènements. Je dis cela car certains ont eu justement la bonne occasion de rappeler comment se place, entre les stratégies de gestion mondiale, (des Usa comme de l'Urss), ce qu'est le vide européen. Vide qui, presque par loi physique, risque toujours d'être englobé dans l'une ou l'autre équipe. Augusto del Noce dènonçait cela de manière très courageuse, même si je ne partage pas tout-à-fait le cadre conceptuel. Tandis que d'autres ont mis en lumière l'ambiguïté qu'il y a encore dans ces grands noyaux de premiers accords internationaux, surtout lorsque l'une des deux puissances joue un double rôle, de représentan

t de mouvement ouvrier et en même temps de protagoniste d'une politique impérialiste de grande puissance; une politique qui continue malgré ces tentatives de restructuration, car dans ces restructurations il manque le respect de la démocratie politique.

Ce point me semblait important précisément dans un monde qui découvre ce que j'appellerai "l'expérience du caractère non-linéaire de la croissance", à savoir le fait que bon nombre de processus sociaux, économiques, scientifiques auxquels nous avons à faire sont des processus non-linéaires; Je veux dire des processus dans lesquels de petits changements au départ peuvent avoir de grandes conséquences incontrôlables, et vice-versa, certains mécanismes d'intervention peuvent, par de petites fluctuations, se révéler complètement inadéquates et donc inutiles. Nous avons eu récemment de nombreux exemples de ce que sont le non-linéaire de la croissance, les limites dudit "progrès", les conséquences perverses de l'innovation technologique. Je ne parle pas seulement de Tchernobyl qui en fut cependant un exemple très clair. Ces problèmes précisément - non-linéaire du développement, difficulté de prévisions rationnelles donc, et dangers de l'action efficace (à savoir dangers au sein même de la réussite d'une techn

ologie avancée), ont été rappelés de manière significative par Karol Woytyla, par exemple, dans un discours du 25 mars 1987, vingt ans après la "Populorum progressio", donc vingt ans après un document dans lequel on exprimait une toute autre manière de conceptualiser la modernité, ses dynamiques et ses conflits internes et externes. Conflits internes et externes, car, si d'un côté il suffit de considérer l'entreprise scientifique et l'aspect surtout technologique (donc de l'innovation technico-sociale) pour se rendre compte de la complexité des processus - et ici la complexité a un sens bien précis, le sens de processus pas très bien contrôlables à cause de leur caractère non-linéaire et de leurs conséquences perverses - de l'autre, il xiste un axe qui a été rappelé par Manconi tout d'abord, l'axe Nord-Sud. Nous assistons aujourd'hui à une série de réactions contre la modernité qui sont des réactions de grandes majorités ou de peuples entiers et qui créent ce que l'on appellait autrefois - avec un langage un

peu désuet - "graves contradictions". Je parlerais plutôt, de tensions qui se glissent selon des lignes de séparations qui ouvrent des processus difficiles à contrôler. Par exemple: la tentative d'acquérir les technologies de l'Occident sans acquérir ce type de valeurs qui ont inter-agi avec la croissance technologique de l'Occident, représentée - comme on l'a vu récemment - comme acquis de technologie de guerre (Iran-Irak).

Il y a d'autres cas de ce genre qui doivent nous faire penser que les démocraties de l'occident sont en quelque sorte une île en conflit, comme je le disais plus haut, ou en tension avec de grandes majorités excluses des processus de modernisation et de la révision de la modernisation que la sociologie taxe maintenant de post-modernisme ou post-industrialisme. Et sans compter que, outre les majorités d'étrangers à l'extérieur, il existe aussi de nombreuses minorités à l'intérieur, dans les pays européens, dans les pays ayant un développement industriel très élevé. Nous nous rendons compte que les éléments de fracture ethnico-linguistique, de récupération de traditions religieuses, produisent l'effet d'amplification dans les minorités qui ont été sacrifiées par le processus de modernisation. Strik Lievers évoquait le cas de ces Etats nationaux européens (qu'il est préférable d'appeler "régionaux") que la formation de ces Etats régionaux est fortement centralisés, a comporté une série de mises en marge qu

i émergent aujourd'hui de manière dramatique: il est inutile de verser des larmes hypocrites sur les victimes de l'armée de libération irlandaise ou de l'Eta ou d'autres mouvements qui utilisent l'instrument de la lutte armée et de la violence politique pour affirmer leurs droits et oublier en même temps ce qu'a signifié, pour de nombreuses populations et minorités, la création de ces Etats modernes dont la pensée politique européenne était, il y a quelques décennies encore, si fière. Qui donc n'a pas lu dans les manuels, qui ne s'est pas imprégné de cette idée selon laquelle l'Etat est l'un des moments de plus haute éthique?

Nous avons donc à faire avec des processus, que j'appelais auparavant non-linéaires, qui vont des conflits locaux, lesquels peuvent avoir cependant des conséquences, à la longue, très graves à cause aussi des systèmes qui sont surtout des systèmes démocratiques, à la complexité des défis qui viennent des pays européens et qui devraient nous faire réfléchir sur le fait que les aspirations - comment les appellerons-nous? - à traiter les hommes comme des porteurs de valeurs, et par conséquent à respecter l'autre en tant que porteur de valeurs (pour rester dans la grande tradition kantienne que Maffetone évoquait auparavant), ou le fait d'essayer de traduire les indications d'une éthique publique en actions d'ingénierie institutionnelle - si nous voulons aller davantage vers le concret - qui pourraient difficilement aujourd'hui se détacher de ces inter-actions entre local et global dont nous parlions auparavant. Nous pensons à des problèmes qui ont été évoqués ici, comme celui des représentations, celui de

la solidarité (qui a été l'un des plus grands problèmes ressentis par le Pr, ne serait-ce que dans la campagne contre l'extermination par la faim), ou bien tous les problèmes liés à l'environnement et à sa conservation. Si un problème, par exemple, de réforme électorale est difficile à traiter sans confrontation avec les autres institutions européennes, on peut en dire autant, dans d'autres termes, sur de nombreux problèmes de solidarité qui touchent des aspects très concrets (par exemple: que signifie une taxation optimale, une taxation équitable?), ou bien relatives à la conservation et à la défense de l'environnement. Des problèmes de cet ordre peuvent-être difficilement traités dans un cadre qui ne soit pas au moins européen: si l'on installe une centrale nucléaire à quelques kilomètres de la frontière italienne, en France par exemple, et si l'information sur les centrales est gérée différemment par l'Etat français et l'Etat italien (ne serait-ce que parce que dans la politique française le nucléaire civ

il est moins détaché du développement des technologies militaires qu'il ne l'est dans notre pays), il est évident que nous serions nous aussi impliqués car chacun sait que les atomes ne savent pas ce qu'est une frontière, et qu'ils tendent donc à émigrer avec une certaine rapidité d'une frontière à l'autre.

Je veux dire par là que les sujets de contrôle apparus dans ce premier tour d'opinions sont des sujets qui ont, nécessairement, un aspect transnational, justement à cause de l'inadéquation ou de l'entêtement à vouloir rester intellectuellement à l'intérieur de nos propres frontières, dans un monde où la technologie et la science sont désormais, par définition, des constructions, dans lesquelles l'aspect, l'apport multinational ou plurinational est, dans le bien et dans le mal, plus qu'évident.

Je voudrais ajouter une ultime considération qui reprend certaines choses que Strik Lievers avait dites au début en présentant le document. Un premier point c'est justement l'attention envers la violation des droits ou des individus, ou des groupes, ou des traditions que le Pr a toujours maintenue en alerte au cours de son histoire et qui me semble un élément important. Strik Lievers disait qu'il n'y a pas seulement le totalitarisme ou les pays ayant une structure décidément totalitaire. Une longue tradition de pensée (de la pensée catholique de Pascal à celle du juif américain Michael Walzer) a démontré que la tyrannie est bien plus répandue que ce que sont les structures totalitaires dans le sens strict du terme, puisque celle-ci se manifeste chaque fois qu'un individu, un groupe, une tradition, occupent des positions qui ne sont pas de leur ressort dans un groupe d'activités donné, de biens, de ressources. Si cette définition de tyrannie fonctionne, il est assez simple de reconnaître que la particr

atie actuelle en Italie est une forme spécifique et très étouffante de tyrannie. Nous le constatons dans le domaine de l'information, de l'éducation dans les écoles, jour après jour dans notre vie quotidienne. Voilà, alors je pense que la proposition de lier la défense des droits des individus, des traditions et du respect de leurs diversités, avec une meilleure souplesse de structures italiennes et transnationales (européennes du moins), est un élément extrêmement important. Cela le serait aussi, selon moi, justement dans la tentative de constituer des structures défensives contre les formes multiples de tyrannie dont nous parlions auparavant. Avec un autre avantage: celui de commencer à combler - ou du moins, s'efforcer de combler - le vide européen dont nous parlions: si l'on craint que l'Europe est en déclin, à l'époque des grands systèmes, il faudrait se rappeler que c'est surtout la responsabilités des européens eux-mêmes, auxquels on demande avant tout une révision de leurs cadres conceptuels et de le

ur manière de conceptualiser leur propre rôle dans les défis que la société est aujourd'hui appelée à affronter. L'un de ces défis, Maffettone l'avait soulevé en parlant de l'opposition entre systèmes juridiques internes d'une compagnie nationale et ladite anarchie internationale. Un autre défi, et pas des moindres, c'est celui de notre attitude multiple, multiforme, à l'égard de "l'envahissement" du cercle scientifique dans nos comportements quotidiens, et des conséquences inattendues et perverses de l'innovation technologique même, où la difficulté majeure semble être précisément de réussir à disposer non pas d'une solution ou d'une prévision, mais le problème est de réussir à agir selon des stratégies souples dans lesquelles le fait d'abandonner toute hypothèse permet de récupérer les investissements en tenant compte des difficultés des situations non-linéaires. De nombreux autres défis pourraient sans doute faire partie de ces défis de type éthique, non seulement à l'égard des autres hommes mais des être

s vivants dans le sens le plus vaste; nous devrions considérer aujourd'hui avec moins de réserves et de supériorité de peuple blazé et sceptique que nous sommes, les tendances qui dans d'autres traditions et dans d'autres pays sont en train d'attirer l'attention sur les droits de l'environnement, sur les droits de la flore et de la faune, sur ce que John Passmore appelle notre responsabilité à l'égard de la nature.

Permettez-moi de terminer (et ça n'est pas une provocation) par la citation à propos d'un grand combattant (mais ça n'est pas non plus une polémique contre le pacifisme). Lorsque l'on demanda au Poète John Milton pourquoi Oliver Cromwell sortait toujours victorieux de ses batailles, Milton répondit que sa première victoire, Cromwell l'avait obtenue sur lui-même. Je pense que la première victoire que les européens devrait obtenir c'est précisément, une victoire sur eux-mêmes, pour augmenter leur propre responsabilité et leurs propres capacité d'auto-contrôle.

 
Argomenti correlati:
stampa questo documento invia questa pagina per mail