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Negri Giovanni - 2 gennaio 1988
RELATION DU PREMIER SECRETAIRE GIOVANNI NEGRI AU 34ème CONGRES

A TRAVERS LES FRONTIERES, LES ETATS NATIONAUX, UN PARTI POUR L'EUROPE DU DROIT ET DE LA NONVIOLENCE

34ème CONGRES DU PARTI RADICAL

BOLOGNE - 2-6 JANVIER 1988

SOMMAIRE: Giovanni Negri, après avoir rappelé que le parti a derrière lui 32 années de lutte politique, propose un bilan politique de l'histoire radicale à travers deux points de vue de lecture: les conquêtes du droit positif réalisées par le PR et la forme-parti qu'il s'est donné, coup par coup, pour atteindre ses objectifs.

Après avoir évoqué les batailles politiques radicales les plus importantes à la lumière de ces critères,Negri affirme que les conquêtes du droit du PR représentent non seulement un bilan extraordinaire sur le plan civile mais aussi "un livre complet qui parle d'oeuvres de bon gouvernement". Malgré cette caractéristique de "parti de Gouvernement", le PR a toujours été repoussé, éloigné des responsabilités du gouvernement. Et le Parti radical doit aujourd'hui conquérir la capacité de gouverner les grands problèmes qui traversent le monde et qui ne peuvent trouver de solution à travers les institutions nationales. De ces prémisses la proposition politique au Congrès: la refondation du PR en une dimension transnationale. Cette dimension ne peut pas précéder ou suivre la campagne pour les Etats-Unis d'Europe, mais elles ne font qu'un. Negri indique enfin les quatre autres points sur lesquels doit se fonder l'engagement du Parti Radical transnational:

1) l'action nonviolente contre les régimes totalitaires;

2) la constitution d'une ligue internationale antiprohibitionniste;

3) l'initiative pour une intervention extraordinaire dans le sud du monde;

4) la continuation des batailles pour le droit et la justice et pour la création d'un espace juridique européen qui s'impose comme presidium de défense des principes de l'Etat de Droit.

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Chères camarades, Chers camarades

Nous sommes aujourd'hui le 2 janvier 1988. Je ne le rappelle pas uniquement pour vous souhaiter une bonne année à vous tous, et en particulier aux nouveaux inscrits non-italiens, à nos invités, à tous ceux qui suivent nos travaux, mais parce que les dates ont leur importance. Le temps est décisif lorsque l'on fait les bilans et les choix, comme a toujours fait le Parti radical dans tous ses congrès, souvent de manière dramatique.

Nous avons derrière nous, bien davantage qu'une décennie de lutte politique. Le Parti a 32 ans.

Dans 12 ans à peine, le monde entrera dans un nouveau millénaire, le troisième de l'histoire de la nouvelle humanité.

Douze ans, l'An 2000, cela paraît-être de la science-fiction, et nous y voici bientôt. Au point de nous obliger, chacun de nous, à nous interroger et à nous imaginer physiquement, humainement, dans douze ans, et à imaginer ce monde de l'An 2000.

Je crois déjà voir les vagues de panique, l'agitation des ombres ancestrales vers des consciences appeurées ou encore un élan futuriste, optimiste, superficiel et tout aussi dangereux.

Des fanatismes vieux ou modernes, chargés d'une violence inédite, exerceront peut-être un grand charme. Tandis que toutes les classes dirigeantes devront magnifier leur propre destinée, grandeur et puissance à travers d'énormes oeuvres publiques et d'extraordinaires conquêtes technologiques.

Pardonnez ces craintes, naïves et peut-être infantiles, de celui qui ne voit pas de place pour la raison dans un monde en porte-à-faux entre la peur de soi et la course effrénée vers le danger, un Titanic alimenté par des millions de morts par la faim, qui navigue avec une route incertaine dans la nuit sidérale. Car tout porte à penser que le monde de l'An 2000 ne sera pas "encore", mais "encore plus" le monde de la mort par la faim, de l'holocauste de la faim.

Mais ne craignez rien, je ne veux pas remonter à Adam et Eve du paradis terrestre ou de l'an 2000. Je pense simplement qu'il est bon, de temps en temps, de réfléchir sur les dates.

Une pensée utile pour répondre à la question qu'un congrès des radicaux, à fortiori un congrès de refondation, doit se poser: quel est le fondement des choses que nous souhaitons; que voulons-nos être, manifester, créer; qu'est-ce que nous devons demander à nous-mêmes, sans oublier que les raisons - quelques fois profondément personnelles - qui nous ont poussés à nous constituer en Parti Radical sont très exigeantes, nous attachent à l'ambition d'être d'authentiques réformateurs de notre époque plutôt que des conservateurs, ou des réformistes; et sans oublier que si cette tension s'arrêtait, pour bon nombre d'entre-nous, sinon pour tous, les motivations tomberaient, comme le sens de la nécessité d'être Parti Radical.

C'est pourquoi je ne vous proposerai pas un "bilan politique", au sens propre du terme, des mois qui séparent ce Congrès du précédent. Certes, 1987 a été l'année de la remise en discussion de l'existence-même du parti: chacun peut donner son avis en rappelant qu'en douze mois nous avons demandé l'inscription pour 1986, pour 1987 et pour 1988: une chose extraordinaire qui doit maintenant rentrer dans la normalité annuelle de l'inscription.

1987 a été l'année des élections anticipées et des referendum - chose tout-à-fait imprévisible - et malgré tout cela, l'année de la tentative de jeter les bases d'une nouvelle dimension du Parti Radical: à savoir, du parti transnational, de la difficile expérimentation de ces derniers mois dans plusieur pays de l'Est et de l'Ouest européen, que nous décidâmes de lancer en juillet dernier, malgré les nombreuses sollicitations et les nombreux conseils en direction opposée.

Une année politique, 1987, conditionnée en grande partie par la politique radicale et par sa capacité d'être centrale. On peut considérer les élections comme un piètre résultat ou comme une extraordinaire affirmation de la politique radicale, à la lumière des conditions dans lesquelles elles se sont déroulées et des résultats d'autres partis (l'avancée socialiste, la naissance du sujet politique et électoral Vert, la confirmation de Dp, etc... On considère les referendum comme un vain effort de Sisyphe, confirmation de la manière dont on peut cacher notre identité et la force d'une grande politique; ou bien comme une victoire de portée énorme, destinée à laisser des empreintes profondes dans la société italienne, confirmation d'une grande maturité des citoyens, éclatant désavoeu des grands santons des médias de toutes sortes, occupés à prêter leur voix à leur prétendue "société civile" qui n'est en réalité qu'un pot-pourri du patronat: FIAT, magistrats et De Benedetti; De Benedetti, magistrats et FIAT.

La "société civile" des Giorgio Bocca se résume ainsi: dans leur Turin et dans leur Ivrea, avec des palais de justice éparpillés dans toute la péninsule. Les résultats du travail serré de relations, échanges de renseignements, campagne d'inscription conduite ces derniers mois hors d'Italie, peuvent-être considérés comme la preuve de l'existence des conditions minimum pour le lancement du parti dans l'aventure transnationale ou, au contraire, comme la confirmation définitive de leur absence, définissant de cette manière le choix transnational comme un forcing, une erreur qui exposerait le parti à un très grave danger.

Eh! bien, je ne crois pas qu'un bilan purement de chronique de ces derniers mois suffise pour faire une analyse et accomplir les justes choix de refondation du parti. Je ne crois pas non plus qu'il soit nécessaire d'y ajouter les incroyables séquences des autres évènements qui se déroulent, si je ferme les yeux, et qui composent le film de ces trois années, un film qui démontre que le parti a vécu sans un moment de répit (des lois sur la faim à la première condamnation du procès de Naples, du referendum sur l'"échelle-mobile" à l'invention des listes Vertes pour les régionales, du procès d'appel à l'arrestation et à l'acquittement de Tortora jusqu'à l'écroulement du théorème Calogero avec l'acquiitement d'Emilio Vesce et des autres camarades du 7 avril, de la bataille pour la vie de Radio Radicale, avec ses micros ouverts de "radio parolaccia" et sa grande capacité d'être toujours service public, à la myriade d'autres batailles, nonviolentes et parlementaires, qui nous ont vus engagés, de l'adhésion au

parti de célèbres personnalités italiennes et étrangères (de l'inscription de Fernando Savater, journaliste espagnol à l'affaire Cicciolina). Accordez-moi ici une parenthèse sur un sujet qui a déjà été traité jusqu'à la nausée.

Vous savez que le parti ne refusa pas cette candidature, car nous pensions qu'il était injuste de la repousser sur la base d'un jugement ou d'un préjugé moral, dans cette espèce de foire de l'hypocrisie, des sépulcres vernis et des vases de Pandore que sont les partis de la particratie et leurs listes. Vous savez qu'elle fut élue grâce à un déchaînement des médias, grâce à l'apport déterminant de ceux qui sont allés au-delà de leur propre légitime intérêt et métier journalistique, bâtissant une campagne comparable à une valeur publicitaire de dizaines et de dizaines de milliards. Pour être tout-à-fait clairs, camarades, je n'ai aucune difficulté à reconnaître, et à assumer devant vous la responsabilité d'une erreur d'évaluation, d'ingénuité, qui a causé au parti des dommages sur le plan politique, électoral et financier.

C'est une responsabilité que j'assume, avec une précision toutefois: si l'on entend spéculer sur cet épisode et sur le parti, je n'accepte pas que ce soit la presse qui le fasse, une presse qui, en 40 ans d'histoire (40 ans durant lesquels la moralité des partis et de leur argent public a été tolérée jusqu'à ce qu'elle devienne latrines) malgré les journalistes honnêtes et de valeur, n'a jamais porté au grand jour un seul de tant de vrais scandales qui ont occupé la vie publique.

Du reste, il me semble que madame le député Staller ne se comporte pas plus dignement ou indignement que bon nombre de ses collègues, exception faite pour certains et en particulier pour tous ses collègues radicaux, comme la relation du groupe parlementaire de la Chambre le prouvera. J'ajoute seulement, cela me paraît-être un devoir que d'en informer le Congrès, que le 19 décembre, je lui ai envoyé la lettre suivante:

Chère Ilona

Comme tu le sais déjà, le Parti Radical convoque son Congrès à Bologne, du 2 au 6 janvier prochain. Et tu sais aussi qu'il s'agit pour nous d'un moment très délicat, à cause des décisions politiques que nous devons prendre et du rapport avec l'opinion publique.

A l'occasion des congrès radicaux, presse et médias en général, ont souvent échaffaudé des spéculations pour toucher et bouleverser notre image: c'est un peu la destinée qui est réservée à un parti qui gêne plus d'une personne et qui a prouvé qu'il savait déplacer les montagnes et changer les choses. Cette année en particulier, des centaines d'inscrits non-italiens provenant de plusieurs pays du monde participeront à notre Congrès. Le risque que nous courons, je crois, est de nous voir enfermés dans un silence total, de subir une censure sur le Congrès, si tu te prêtais au jeu des médias, à une spéculation qui a pour cible le parti (qui ne peut se défendre que par la non-violence).

C'est pourquoi je te demande de participer au Congrès de la manière la plus "discrète" qui soit et surtout de ne pas te prêter à des opérations d'exploitation publicitaire du Congrès et de ce qu'il représente. On me dit que tu es en train d'agir dans une tout autre direction: je ne veux pas le croire et je pense que tu te rends parfaitement compte que toute utilisation et exploitation de l'occasion du Congrès représentent des dommages très graves pour le Parti.

Je disais tout-à-l'heure qu'un bilan de chronique n'est pas utile. Le bilan que je propose est bien plus vaste. Une reconstruction nécessaire de l'histoire radicale à travers deux clés de lecture: les conquêtes de droit positif réalisées par le parti, avec les profondes modifications du panorama civil et politique italien qu'elles ont provoqué, et les instruments, la forme-parti qu' à chaque fois nous nous sommes donnés pour atteindre nos objectifs. L'histoire d'une "méthode", et l'histoire des moyens utilisés pour diffuser "la parole".

Les conquêtes de droit positif, jamais reconnues par aucun observateur sinon très tardivement et partiellement, représentent la réalité d'une force politique et d'un leader qui marque et transforme de manière extraordinaire la vie du pays dans lequel ils opèrent.

Nous pouvons faire commencer notre odyssée en 1970 avec la loi sur le divorce. En 1972, c'est la loi sur l'objection de conscience. 1974: referendum. 1975: avortement. Durant cette même période, il y a la liberté d'antenne pour radio et TV, le droit de famille, le vote à dix-huit ans, la loi sur les drogues. 1976: première présentation aux élections; 1977/78: referendum Loi Reale, avec une minorité populaire importante qui désavoue cette loi, et financement public des partis, avec un résultat minoritaire mais sur le fil du rasoir qui impose politiquement, la démission de Leone et l'élection de Pertini au Quirinal (et nous devons demander ici, non pas pour le passé, qui importe plus ou moins, mais pour le futur, à nos amis Spadolini et Craxi, ce que serait devenue l'alternance laïque à la tête du gouvernement sans ce président-là). 1979: nouvelles élections. 1980/1981: manifeste-appel des Prix Nobel contre l'extermination par la faim, évènement qui rappelle, avec le secrétariat de Jean Fabre, que les lut

tes du PR ont toujours été transnationales. De ce manifeste ont découlé la résolution du Parlement européen (définie "historique" par Mitterrand), Parlement qui n'avait et n'a pas cependant les pouvoirs effectifs de droit positif, de vraies lois, ni la célèbre loi Piccoli et les lois approuvées en la matière par les Parlements italien et Belge (justement définies comme de piètres lois mais qui ont signifié littéralement la vie pour au moins plusieurs dizaines de milliers d'êtres humains). Puis les "scandales" de la candidature Toni Negri et Tortora, la nouvelle loi sur la prison préventive, les augmentations de bilan de la justice, l'explosion de ces thèmes et de la centrale de Tchernobyl, jusqu'au 8 novembre, qui bloque le nucléaire et élève un mur de OUI sur la justice. Et des centaines de propositions de loi, en tant que force loyale d'opposition, jamais examinées par un Parlement où il est inutile de parler réforme de règlements car il n'y a plus de vraies règles depuis longtemps; et des dizaines de pro

positions referendaires jetées au panier (certaines très actuelles, comme celles sur la Garde de Finance et la chasse) - contre la loi, la démocratie, la constitution - par cette Cour Constitutionnelle, dont l'actuel Président, je viens de le lire, propose un bicaméralisme avec une seconde Chambre "des catégories et des corporations" (et l'on voudrait nous faire croire ensuite que le vrai débat sur le fascisme est celui sur De Felice, et sur le patrimoine résiduel post-fasciste qui existe plus ou moins dans le parti du collègue Fini). Mais une fois ces choses-là rappelées, chers camarades, est-il vrai ou pas que sur le plan de l'histoire du Parti, et non pas sur celui de la chronique, plus l'on peaufinait, plus l'on mettait au point, plus l'on perfectionnait de manière artisanale notre capacité de créer la politique, plus l'on arrachait d'énormes victoires de droit positif et plus l'identité et l'image du parti disparaissaient, et plus ce régime mettait au point ses anti-corps, avec cette capacité de tout ab

sorber comme un caméléon qui change de couleur de peau devant chaque nouveauté pour demeurer toujours le même, se protéger et s'éterniser?

Ce n'est-pas seulement-là l'histoire de Marco Pannella qui est obligé de jeûner en 1974, durant le referendum sur le divorce, parceque la LID est éliminée. Est vrai oui ou non que c'est également l'histoire du 8 novembre, de ces derniers referendum sur la justice, qu'ils voient l'identité radicale brisée dans sa substance? Est vrai ou pas vrai que plus les députés guidés par Francesco et Mauro arrachent 180-200 voix de leurs collègues sur les amendements radicaux à la loi sur la responsabilité civile des juges et plus cette loi est réduite à un pastiche lamalfien, à quelque chose qui dans son côté juridique spécifique, de droit positif, est drastiquement antithétique à la volonté populaire des urnes en réponse à cette question? Nous ne démordrons certainement pas: la loi est maintenant au Sénat, elle peut et doit être changée (nous le disons surtout aux libéraux et aux socialistes). Sinon nous demanderons à ce qu'elle ne soit pas contre-signée par le Chef de l'Etat, qui doit, dans certains cas, interpré

ter sa très haute responsabilité de garant suprême même en termes conflictuels face à une réalpolitik qui contredit de manière éclatante la volonté du peuple souverain. Mais je pense que c'est-là la morale de l'histoire.

La lucidité de l'analyse qui amena Pannella à rédiger la Résolution de Florence sur l'absence de certitude du droit, de règles certaines et égales pour tous les sujets (collectifs comme les partis ou individuels pour chaque citoyen), sur le droit à l'information, à l'identité, à l'image (les fondements obligéPs d'une démocratie politique); la même analyse qui nous conduisit à l'hypothèse de fermeture du parti pour ne pas être obligés de prendre la voie de la normalisation du parti (devenir comme les autres) ou la voie du rôle de témoin pur et simple (une pauvre chose qui renonce dès le départ à l'objectif de conquérir des lois, le droit positif), me paraît-être tout-à-fait valable. Entre-temps bien sûr il y a eu ce merveilleux phénomène des "dix-mille inscrits", qu'il faut mettre encore plus en valeur, recherché et utilisé et qui a fait du PR, à mon avis, le parti de la véritable société civile (avec tout ce qu'il a de bon et de mauvais) et qui nous a rendus différents et plus riches à l'intérieur. Tou

t cela est vrai mais les dangers dénoncés à Florence, la réalité qui nous entoure ne peuvent guère être ignorés. Ce serait une attitude irresponsable. Le régime, la classe politique, le monde de l'information fournissent chaque jour des preuves de la justesse d'une analyse que nous faisons sans aucun victimisme, à froid. Précisément parce que sans prétention, nous savons qu'à la négation de l'identité radicale, du parti, de son leader, ne peut que correspondre la négation de l'identité de ces sujets collectifs (cobas ou libres associations) ou de ces citoyens qui "comprennent mais ne s'adaptent pas", qui ne sont pas homogènes au système et à la "logique des choses", et qui ne troquent pas le fait d'être accueillis et acceptés, voire même comme l'enfant prodigue, en échange de leur dénaturation et de leur homologation. Un autre exemple, si vous le permettez. On nous accuse de prurit ministérialiste et d'aucuns, qui ignore presque tout de l'histoire radicale, peuvent même parler de "prurit de siège ministériel

". En réalité nous avons présenté, avec la disponibilité à assumer aussi des charges de gouvernement, un autre aspect du problème. En somme, les conquêtes de droit positif que j'ai énoncé représentent non seulement un bilan extraordinaire sur le plan civil mais, je crois, un livre entier qui raconte des oeuvres de bon gouvernement, page après page. Et pourtant, non seulement notre parti est un parti rejeté, repoussé de l'accès aux responsabilités de gouvernement, mais dans notre pays on continue de promouvoir à des ministres et des sous-secrétaires des kyrielles de contrôleurs de pots-de-vin, de cartes et d'argent pas toujours très propres.

C'est-là leur unique mérite, car on n'en connaît pas d'autres - sur le plan des lois, des idées, des valeurs - et ils ne sont pas inscrits dans les annales de l'histoire de la patrie et de la vie publique.

Il est donc vrai que ce peuple radical est un peu "étranger dans son propre pays", "un peuple de luthériens en terre de contre-réforme" comme on disait. Eglises, palais et salons seraient heureux de s'ouvrir,à condition d'être un peu moins barbares, un peu moins luthériens, et que l'on y mette "un peu de bon sens". Ce serait très facile de choisir cette voie, sans se rendre peut-être même pas compte que ce serait aussi la fin de l'histoire radicale.

Une autre manière de lire cette histoire c'est d'utiliser les instruments du parti que nous nous sommes donnés à chaque fois pour diffuser la parole, la politique. C'est la méthode qu'Eraudel a appliqué à l'histoire du monde et de la civilisation, en innovant l'étude de l'histoire, raison pour laquelle - par exemple - l'histoire des grandes capitales de l'ordre économique impérial n'est plus résumée à travers les descriptions de batailles, rois et cours, victoires et défaites, ni avec les visions économiques et marxistes, mais à travers la recherche de l'instrument-clé qui en réalisa la puissance (la caravelle pour Venise, la presse pour Anvers, la comptabilité pour Gênes, la machine à vapeur pour Londres, l'automobile et le moteur électrique pour New York).

Ainsi le Parti radical, avec un statut qui semblait-être très ambitieux par rapport à ses dimensions, commença avec une machine ronéo et une poignée de militants romains. Il eut ensuite une agence de presse quotidienne (avec Vittorini, Sciascia et Pasolini).

Puis encore, le quotidien "Liberazione" en vente dans les kiosques, pour former les premiers Comités de collecte de signatures pour les referendum qui se développent en partis régionaux, forme-parti qui s'estompe pour laisser la place au "parti du préambule", plus "nonviolent", fer de lance pour la lutte contre l'extermination par la faim. C'est alors que naît également un "parti de la radio", magnifique réinvention d'un instrument qui recompose l'apparente contradiction d'un parti qui doit faire coïncider la parole avec le dialogue, l'information : urbi et orbi, justement. Est-ce donc un hasard si l'on se présente maintenant sous forme de parti "transnational" et si l'on se casse la tête sur l'instrument adéquat (de la revue à la radio et à l'ordinateur)? Je ne le crois pas.

Je parlais de bilan, bilan des vingt dernières années. Ce serait injuste de ne parler que du bilan du parti "italien", comme si nous n'avions été jusque-là qu'un parti dont l'optique et l'action étaient réduites structurellement, au cadre de la politique interne italienne.

Le "nouveau" Parti radical naît en 1963 sur la base d'une proposition politique qui met en son centre une dimension qui n'a rien de national, avec une proposition qui est adressée à la gauche européenne dans son ensemble, envisage et demande la naissance d'une "nouvelle gauche" européenne.

Cela se produit sur la base d'une analyse qui oppose la démocratie au militarisme-autoritaire dans le monde, la-où la démocratie est considérée comme "une île assiégée et menacée".

L'une des premières batailles sur lesquelles le nouveau, minuscule Parti radical se qualifie est la bataille pour le Plan Thirring, combattue simultanément en Italie, Autriche et Yougoslavie.

Le terrain privilégié d'organisation, confrontation et initiative du Parti radical est celui du mouvement pacifiste international auquel les radicaux proposaient, en vain, de devenir une force antimilitariste pour la démocratie, en engageant dans ce propos, la question européenne aussi bien que celle du Tiers-Monde et celle du socialisme réel (le socialisme militarisé, contre lequel les radicaux impriment les tracts au titre éloquent: "toutes les armées sont noires").

A cela correspondait le choix conscient du Statut non-national.

La vérité, comme nous le rappelle Lorenzo Strik-Lievers, c'est que tout au long de cette voie, l'exiguïté de nos forces, les conditions de la politique et de la culture en Italie et ailleurs (mai 68) ne nous permirent pas de construire une véritable action politique efficace; cette action politique efficace que nous réussîmes à implanter et à conduire vers d'extraordinaires succès sur le plan intérieur italien, des batailles pour les droits civils.

Ainsi, le Parti, sans rien renier de sa propre inspiration et de son propre patrimoine idéal, a grandi, s'est renforcé, a acquis davantage de crédibilité sur ce dernier terrain; et, dans les faits, pendant une longue période, il ne s'est attaqué qu'à des problèmes italiens. C'est tout au long de ce parcours que le PR a en quelque sorte "rencontré" sa propre dimemsion originale non-nationale.

L'occasion des élections européennes qui conduit à reprendre en termes radicaux l'implantation de toujours, fédéraliste, spinellienne. Et davantage encore, la confrontation que -tout au long de la route des batailles pour les droits civil - nous nous sommes trouvé à devoir conduire sur la question de l'avortement, qui nous a conduit à devoir nous mesurer avec tout le caractère dramatique que cela comporte avec le thème radical, qui englobe tous les droits, le droit à la vie. Dans la confrontation sur ce terrain, nous avons "découvert" ce thème comme un thème fondamental d'une action politique qui s'inspire des valeurs du droit de notre époque. L'extermination par la faim; le droit de la personne, partout dans le monde, quelle que soit la nationalité...

C'est la rencontre avec les Prix Nobel: pour la première prise de conscience de la nécessité du "nouveau parti" non-national qui aurait l'envergure, qui ressentirait les priorités, qui aurait la volonté politique de se mesurer avec les vrais problèmes de notre époque.

Les problèmes de notre époque, dont chacun ressent la priorité logique et morale sur ceux dont s'occupent habituellement les partis nationaux, mais que ces derniers - à cause de la logique même des structures dans lesquelles ils sont placés, ne peuvent guère ne pas ressentir les autres urgences et les priorités - sont, de par leur propre nature, structurellement incapables d'affronter; par conséquent, tant que la politique leur est confiée - la politique ètrangère - elle se traduit en programmatique, constant escamotage.

La prise de conscience selon laquelle le problème de l'extermination est un problème que l'on peut résoudre et que par conséquent on ne pouvait pas accepter qu'il ne le fût; donc l'engagement du PR de subordonner tout autre objectif à celui-ci. Mais en se servant des instruments, de l'expérience, des lieux de force dont il pouvait disposer. Donc la tentative d'"utiliser" les états nationaux, et en attendant l'Etat national italien, avec pour objectif de lui faire accomplir un geste concret qui entraîne des "nouvelles volontés" internationales. Partir de la victoire dans un Etat, pour faire accomplir à cet Etat le geste qui provoque la naissance du grand "parti de gouvernement du monde" selon les intention du manifeste des Prix Nobel.

Bataille qui a accumulé une série de victoires et de succès; mais qui s'est révélée comme une défaite générale à cause des limites de cette position.

Nombreux sont ceux d'entre-vous qui se souviennent du Congrès de Rimini, au cours duquel on s'interrogeait sur le caractère de défaite et d'échec à attribuer à la lutte contre l'extermination par la faim. On choisit un repli sur notre pays, géré avec opiniâtreté dans la tentative de réussir en termes de décision politique et de lois de vie. Mais nous savons tous comment s'est terminée la loi Piccoli. Aujourd'hui, on comprend peut-être davantage le prix élevé payé par l'absence, déjà alors, de la forme-parti transnational, qui nous aurait du moins permis d'opérer en plusieurs directions.

Il est alors important de comprendre de quelle manière utiliser les énergies, avec quelles priorité et quels instruments, quelle forme de parti nous choisissons et dans quelle dimension nous le refondons.

Voilà alors la proposition, difficile autant que bien méditée, que nous avons mis au point durant ces dernières semaines pour donner un sens à la refondation du parti en reprenant bien en main la situation qui nous avait quelque peu échappé au cours de ces derniers mois: la nécessité selon laquelle le défi radical va au-delà des frontières italiennes. Et la nécessité de procéder en Italie à la réforme du système politique, c-à-d, en premier lieu à la réforme des partis avant-même celle des institutions, en créant ces faits politiques et institutionnels qui puissent, après quarante années d'hégémonie démochrétienne puis particratique, ramener le pays à une vraie démocratie politique et à une nouvelle phase de son histoire.

Une proposition que je formule, en même temps que le Trésorier, en vous priant de tenir compte de trois précisions qui ne sont pas superflues:

1) Construire un mouvement politique transnational vrai, n'est pas aussi difficile qu'on le pense. Ça l'est bien davantage.

2) C'est une proposition qui n'est faite ni par démagogie, ni dans l'abstrait. Nous ne sommes ni des fugitifs, ni des vélléïtaires, ni des rusés. Le témoignage ne nous intéresse pas. Le tribunal de la conscience qui pourra toujours nous acquitter, s'il est distinct du tribunal de l'histoire qui devrait toujours nous condamner, ne nous intéresse pas.

Un journaliste m'a demandé si la proposition de parti transnational n'est pas en réalité une fuite. C'est une question qui circule même parmi nous.

J'ai répondu que nous ne fuyons absolument rien, sinon - comme toujours - le risque de la médiocrité. Comme l'année dernière, en posant sérieusement et dramatiquement la question de la cessation d'activité du parti, en disant aux gens qu'aucun parti - même le moins particratique - ne doit avoir en tant que tel une vie éternelle, je crois que nous fûmes capables de donner une leçon de non-médiocrité.

Un autre journaliste m'a dit que le nouveau Parti Radical, tel qu'il est décrit, est un parti fait pour les jeunes athlètes qui parlent les langues étrangères. J'ai répondu que - s'il en était ainsi - je préfèrerais un parti fait uniquement pour les vieux arthritiques qui ne parlent que le calabrais, aussi parce que lesdits jeunes athlètes ont souvent de l'arthrite dans le cerveau.

Un jour un camarade de toujours me raconta comment Pannella lui explica la bonne méthode pour faire des meetings, dans un village du sud profond: "il cherche toujours dans le public, la petite vieille qui semble être la personne qui le comprendra le moins et il lui parle. Si elle comprend, tout le monde comprendra".

Eh! bien, nous devons chercher parmi nous le radical qui semble comprendre le moins le transnational. S'il n'arrivera pas à comprendre cette politique et comment la pratiquer, il vaut mieux la mettre de côté.

3) Dernière précision. Il s'agit précisément d'une proposition. Et non pas d'une boîte fermée à accepter et à repousser en bloc. Une proposition qui vient des organes sortants du Parti et non pas du C.F. Une proposition sur laquelle non seulement nous sommes très ouverts à toute discussion, mais au contraire nous sollicitons des indications, des conseils, et si nécessaire des corrections même profondes, sous tous les aspects.

Nous proposons que le Parti Radical se refonde, et donc, se situe dans une dimension transnationale. Nous le proposons pour des raisons idéales, culturelles et politiques. Ce n'est pas un hasard si elle fait déjà parti de notre histoire et de notre tradition, ni que les leaders radicaux furent dans leur jeunesse des militants et prodiguèrent un engagement de fédéralistes européens. Ce n'est pas un hasard non plus si la motion du Congrès de Florence (durant lequel Altiero Spinelli nous laissa une tâche et un message, ce congrès-même où nous envisageâmes la cessation des activités du Parti), dès le premier point définit comme nécessité historique la construction des Etats-Unis d'Europe. La même cohérence avec laquelle, à peine le seuil des dix-mille inscrits franchi et bien avant le vote pour les élections et le referendum, le congrès décida de prendre cette voie et d'entamer une tentative difficile d'installation, hors d'Italie, de la politique et du Parti Radical. Ceux qui ous ont suivi avec assiduité e

t attentivement durant ces dernières années, comme par exemple (et avec beaucoup de lucidité ) Luigi Manconi, ne s'étonne pas si les radicaux (définis par Manconi comme un lobby démocratico-révolutionnaire avec une fonction naturellement et nécessairement de gouvernement, mais aussi les seuls à avoir "à ce jour découvert, avec la lutte contre l'extermination par la faim, une culture transnationale de notre continent") se posent maintenant le problème de la naissance du sujet politique Europe, entendue comme Europe multi-ethnique de la tolérance; Europe comme centre d'institutions, donc de droit positif transnational; projet d'Europe de la démocratie et du droit de la personne contre les projets d'une petite Europe fondée sur le réarmement et les grandes affaires, et contre les échecs de la réalpolitik qui misait sur l'union économique pour arriver ensuite à l'unité politique et qui doit aujourd'hui prendre acte que sans unité politique le dessein d'intégration économique s'écroule lui aussi. C'est-là la que

stion.

Ou bien les démocrates et les réformateurs font les Etats-Unis d'Europe, en prenant la tête de ces batailles, ou bien l'Europe est déjà faite. Par conséquent, disons que les Etats-Unis d'Europe ne sont pas une vélléïté ou une chimère, mais une nécessité vitale pour la démocratie d'aujourd'hui.

Mais il faut, pour animer cette bataille, et toutes les autres à venir, une force politique capable de renoncer à sa dimension spécifiquement nationale: donc, un parti transnational. Ce qui, pour nous, comporte un choix dramatique qui - comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire - exclut les demi-mesures.

Il ne s'agit certes pas de faire une petite église ou une petite boutique électorale qui rassemble 1 ou 2% dans tel ou tel autre pays (Italie comprise) aux élections européennes ou nationales.

Réussir dans le but du parti transnational ne signifie rien d'autre que construire l'opposition politique des grands pouvoirs (économiques, énergétiques, militaires, de l'information), qui sont déjà transnationaux, et ils le sont de manière tellement arrogante qu'ils créent des marchés et des clients toujours plus transnationaux. Mais je n'entends pas dire qu'il y a le "grand frère" ou le Sim (Système impérialiste des multinationales) des résolutions stratégiques de bonne mémoire. J'entends simplement constater qu'une Europe Economique existe déjà et que les grands marchés de l'économie et de l'énergie, des armes et de la faim existent déjà. Nous-mêmes en sommes les clients ou les victimes, notre vie ne dépend plus désormais de choix nationaux que de manière tout-à-fait marginale. Mais le marché transnational se dilate toujours plus, et toujours moins on veut des pouvoirs, des élections, des institutions et les droits transnationaux, en mesure de reconduire les grands choix à la politique.

J'entends simplement constater que si l'alternative contemporaine - comme de nombreux observateurs qui n'ont rien de radicaux l'affirment - entre nouvel esclavage et nouvelle démocratie, la démocratie de l'An 2000 et du "village global", ne peut certainement pas se fonder sur les partis et les institutions nationales. Et qui peut donc s'essayer dans une entreprise de pionnier de ce genre? Qui peut donc construire non pas le parti traditionnel mais l'opposition politique de prestige et d'action, la "société fabienne" européenne capable - par de grandes campagnes civiles et d'opinion - d'imposer un tournant aux classes dirigeantes? Les gigantesques et inutiles internationales des partis peut-être, démochrétiennes, socialistes, communistes ou libérales? Ou bien une politique, une culture Verte déjà en crise sur le plan international, avec un pacifisme-neutralité qui est le produit des missiles, un anti-nucléarisme défait qui est le produit de centaines de centrales, une approche de la politique qui est le

produit du recyclage des échecs mouvementistes depuis l'après-guerre?

Je ne crois pas. Je crois (et ce n'est pas par présomption mais parce que nous y sommes condamnés par notre histoire et notre conscience) que cette nouvelle frontière ne peut-être ouverte que par le parti qui est déjà "le sel de l'Europe". Et qui d'autre sinon le parti de tous les refuzniks et des grandes batailles des victoires des droits civils, du Manifeste, des Prix Nobel et d'une pornostar, des referendum et du nucléaire enterré uniquement là-où ce parti a pu agir, des ministres du Tiers-Monde et des sans-patrie objecteurs de conscience, peut aujourd'hui se constituer en parti transnational et convaincre les autres de la nécessité, "ici et maintenant", de la fondation des Etats-Unis d'Europe?

C'est pourquoi la campagne pour les valeurs et les espérances des radicaux dans sa dimension transnationale ne peut ni précéder ni suivre la campagne pour les institutions européennes, mais elle doit aller de pair avec elle.

Nos parlementaires européens ont déjà lancé, ces jours-ci, l'initiative pour la présentation de motions parlementaires dans divers pays et pour des pétitions populaires pour l'unité politique européenne, une image de "speaker" de l'Europe qui apparaît aujourd'hui nécessaire et possible.

Il faudra en outre évaluer, pays par pays, les modalités et les possibilités de déroulement des referendum populaires consultatifs sur l'attribution des pouvoirs constituants au prochain Parlement Européen, qui sera élu pour la troisième fois au suffrage populaire direct en 1989, et qui court le risque grave de la superfluité manifeste s'il n'est pas doté de pouvoirs effectifs - comme le révèlent tous les récents sondages effectués au cours de ces dernières semaines dans les états de la communauté - que l'opinion publique européenne demande et exige.

Cela me semble être déjà un terrain d'initiative militante praticable par chacun de nous, et je le dis pour tous ceux qui ont demandé, depuis qu'ils se sont trouvés face à cette idée - que personnellement je considère comme une idée-force - de parti transnational, la mise au point d'un projet, d'un parcours concret de lutte politique transnationale. C'est plus ou moins ce qui arrive, il me semble, avec l'idée de cessation des activités: des referendum à la campagne pour les dix-mille inscrits, cela n'a été, en premier lieu, que la conséquence d'un choix net, qui nous parut alors irresponsable et nous obligea au contraire à risquer et même à vaincre.

Personne, aujourd'hui comme à l'époque, n'a de solution dans sa poche ni de baguette magique. Le défi est au contraire plus difficile et c'est pour cela que nous investissons de la tâche de cette recherche le congrès, les inscrits, et en particulier les non-italiens qui sont arrivés à Bologne. Mais cela ne peut se faire qu'à partir d'un choix de fond que nous décidons d'accomplir, sur la nouvelle dimension politique et opérationnelle du parti. Ce n'est qu'ensuite que l'on peut passer aux approfondissements, et il me semble, à ce propos, qu'en plus de la campagne simultanée pour les Etats-Unis d'Europe, il y a au moins quatre autres points sur lesquels le parti transnational devrait s'engager, avec des initiatives très concrètes et ciblées, puisque le risque est évidemment la dispersion:

1) Il est indispensable d'organiser une gamme d'initiatives nonviolentes, non pas de ritualisme nonviolent, pour frapper le totalitarisme et affirmer partout dans le monde les droits de la personne, le droit à la libre manifestation et circulation des idées, de la pensée des personnes. Avant le congrès, pensant aux scénari possibles et aux actes politiques transnationaux, pour faire un exemple, j'ai cité le Manifeste des Prix Nobel et l'atterrissage de Mathias Rust sur la Place Rouge. Rien de plus que des exemples, mais il faut raisonner dans l'ordre d'actions directes dures et à risques, ou de défis ouverts et publics contre les régimes qui ne tolèrent pas que des gens se réunissent et pensent sur leur territoire, qu'ils dialoguent, qu'ils informent l'opinion publique. Je crois que l'imagination radicale a déjà démontré dans ce domaine sa professionnalité, mais c'est aussi un problème de rigueur: jamais nous n'avons mené d'action sans but précis, jamais nous n'avons constitué de mouvement pour le mouvementi

sme, sans envisager des résultats solides. La même rigueur pour laquelle nous pouvons dire aujourd'hui qu'il y a vraiment parmi nous bon nombre de ces refuzniks que les radicaux adoptèrent, avec le mot-d'ordre "cette année à Jérusalem", en construisant autour d'eux une campagne internationale. Il faut le rappeler, neuf cas furent découverts. Eh! bien, Dora Konstantinovskaya a quitté l'Urss en mai. Tcherna Goldort obtint son visa peu de temps après. Grigory Lemberg a pu partir en septembre. Ida Nudel, le nom le plus connu, est en Israël depuis le 15 octobre et Josef Begun a été libéré en décembre.

On garde encore en Union Soviétique, bien qu'ils ne soient plus en détention, le violoncelliste Alexei Magarik, l'ingénieur électronicien Marat Osnis, le cybernéticien Grigory et l'architecte Natalia Rosenstein, qui attendent de pouvoir émigrer depuis 1973. Cinq de "nos" refusniks sont enfin parmi nous, quatre attendent encore la liberté. Nous avons recueilli l'inscription au Parti Radical de l'académicien des Sciences de l'Union Soviétique Alexander Lerner, qui pourra peut-être quitter Moscou dans le courant de ce mois de janvier, et les époux Tufeld (Isolda et Vladimir, physicien et ingénieur) qui ont obtenu leur visa et dont leur fils participa à notre congrès de février. Comme vous le constatez, beaucoup de choses ont été faites, avec une mobilisation et une pression continue sur les autorités politiques et diplomatiques soviétiques, mais je crois que ce type de luttes doit-être non seulement confirmé mais aussi renforcé.

2) Je crois que 1988 devra être l'année d'une vérification en profondeur et éventuellement de la constitution officielle d'une Ligue internationale antiprohibitionniste sur la drogue, autre bataille que chacun de nous peut conduire dans sa propre ville, mais qui est dénuée de sens si elle garde sa dimension à l'intérieur des frontières nationales. Une ligue, un ou plusieurs rendez-vous européens pour opérer dans la triple dimension de l'attaque contre les effets dévastateurs de la drogue et de la criminalité qui gravite autour, du blanchiment des profits, de la tutelle et de la réorganisation des structures des états qui vivent aujourd'hui sous le conditionnement de cette multinationale de la mort (qui progresse et qui fauche des victimes mais qui corrompt, aussi), en commençant par les modalités d'organisation des appareils anti-drogue et de police, en étant conscients que la force et les profits de la drogue sont la cause véritable non seulement du désordre mais aussi de coups d'état et de retournements po

litiques dans plusieurs pays.

3) L'initiative pour les lois de vie et d'intervention extraordinaire dans le sud du monde doit-être également examinée et projetée attentivement. Bien que nous nous trouvions maintenant face à une opinion publique plus consciente, et cela grâce, en grande partie, à notre action, il ne suffira pas d'évoquer ou de reitérer mécaniquement des mots-d'ordre et des modalités sur cette bataille adoptés de par le passé. Je prendrai en particulier en considération le lien obligatoire entre les lois de vie et les accords fondés sur l'interdépendance euroafricaine, qui doit commencer, bien qu'étant en partie une réalité économique, à avoir également une représentation bien précise en termes d'organisation institutionnelle. Cela peut paraître des propos abstraits mais il y a au contraire une relation directe avec la vie et la mort de peuples entiers, de classes dirigeantes, des leaders de ces pays.

Je crois que c'est l'occasion de le rappeler et d'honorer sa mémoire: je me demande si à l'intérieur d'un cadre d'interdépendance entre Burkina Faso et Europe ou pays européens, Thomas Sankara aurait péri et s'il aurait péri de la même manière. Je me souviens avec quelle intransigeance et quelle passion il défendait devant Marco Pannella le slogan par lequel il avait représenté le symbole du nouvel Etat révolutionnaire ("La Patrie ou la Mort, nous vaincrons!) et cet autre : "Le recours nécessaire à la force armée", et l'impossibilité de progresser, même d'un seul milimètre, dans le processus de formation de la démocratie politique de son pays.

Par contre, Marco Pannella lui démontrait toute la faiblesse théorique d'une lutte fondée sur le concept d'indépendance nationale livrée à la force des armes. Je me demande aujourd'hui, et je crois pouvoir demander aujourd'hui à nos amis du Burkina Faso, si ce n'est pas ces deux erreurs politiques qui leur ont été fatales. Je le demande avec l'amitié de celui qui, pour être l'ami de Platon, exige de lui-même d'être encore plus l'ami de la vérité.

Ce même paramètre qui doit-être utilisé, je crois, pour le gouvernement d'Israël, sur la question palestinienne, hormis bien sûr avec nos amis et hôtes du RAZ (mouvement pour les droits civils, dont la plupart sont inscrits au parti). Il ne fait aucun doute en effet, que certains régimes arabes infligent chaque jour des violences et des tortures à leurs sujets, dans le scandaleux silence international. Il ne fait aucun doute que les palestiniens auraient subi sous d'autres régimes des traitements encore plus inhumains. Il ne fait aucun doute que tant de choeurs nationaux levés ces jours-ci contre Israël sont souvent les choeurs des majorités silencieuses et des complices des violences anti-hébraïques et de bien d'autres violations des droits humains. Mais on ne peut guère justifier pour autant et nous devons au contraire condamner les choix et les comportements du gouvernement d'Israël, dans ce cas spécifique comme dans la conduction du procès Vanunu, en espérant que l'on prête une juste attention à not

re voix de militants engagés pour les droits des juifs du monde entier.

4) Après la première expérience de la rencontre de Strasbourg, sur le cas de la justice en Italie, je crois qu'il est nécessaire d'avoir un lieu, une échéance pour désigner d'un côté un "parti de la Justice" qui doit devenir dans le sens le plus large "parti du Droit", et de l'autre, un espace juridique européen qui se pose comme présidium de défense des principes de l'Etat de droit.

Des principes menacés aujourd'hui même dans le "vieux Continent" mais que seule une nouvelle Europe peut faire resplendir et illuminer ces zones d'ombre du monde qui, autrement, de les connaîtraient ni les pratiqueraient jamais.

Comme vous le voyez, il s'agit de cinq filons, cinq idées à perfectionner bien sûr, à sélectionner, que nous donnons au Congrès pour lancer de manière encore plus concrète le débat des commission. Mais le fondement sur lequel il faudra se confronter, c'est le choix qu'il faut faire. La dimension transnationale du parti et ses traductions directes, naturelles, en termes de forme statutaire, politique et d'organisation, que je résume ici brièvement puisque la proposition a été rendue publique depuis environ un mois et diffusée à tous les inscrits à travers "Notizie Radicali". Dans le préambule du Statut les termes "chrétien et humaniste" attribués à l'impératif "Tu ne tueras point" sont supprimés, puisque dans d'autres cultures cela prête à des quiproquo et à des interprétations historiquement inexactes.

Le préambule reste le même, dans toute sa valeur significative; mais il n'est pas intégré dans le Statut-même puisque cela équivaudrait à donner un caractère idéologique à la loi fondamentale du Parti. Le statut reste valable et adéquat dans sa forme: les parties relatives aux partis régionaux et à la discipline électorale sont supprimées, à savoir les modalités de participation aux élections et le rapport parti-élus, puisque ces matières deviennent superflues à cause des choix politiques contenus dans la proposition.

Le nom reste "Parti Radical", qui sera traduit dans les principales langues des pays où nous opèrerons. Quant aux langues officielles du parti (pour l'impression des actes délibératifs et de l'organe du parti) on propose d'adopter pour l'heure, l'anglais, le français et l'italien, ainsi que l'adoption automatique des langues parlées au moins par 500 inscrits quelle que soit leur résidence. Je sais qu'il y a des mécontentements sur les langues officielles, des camarades espagnols et espérantistes: j'espère qu'ils seront compréhensif et ces questions doivent-être approfondies durant le Congrès. En plus de son siège en Italie, le PR constituera un centre de coordination des initiatives à Bruxelles: on m'a fait remarquer à ce propos, l'importance de Paris en ce qui concerne la présence et le lieu de réunion de tous les représentants des principaux mouvements de la dissension, et je crois que c'est une sage observation sur laquelle il faut réfléchir. Quant au siège du prochain congrès, je pense que nos camar

ades italiens devront affronter quelques sacrifices: non seulement de renoncer à un peu de temps de parole pour permettre aux anciens et nouveaux inscrits non-italiens d'intervenir mais de prévoir également que le prochain congrès ait lieu hors de nos frontières, dans une ville européenne comme Bruxelles ou Strasbourg. Je pense que Strasbourg possèdent toutes les conditions, même logistiques, pour notre congrès, qui sera préparé avec un engagement d'organisation tout particulier.

La quote-part d'inscription est fixé dans chaque pays en relation au PIB, selon un critère d'équité élémentaire, exception faite pour les pays soumis à un régime totalitaire.

Les finalités politiques du parti et de ses organes consistent essentiellement en des initiatives de portée transnationale (avec, en premier lieu, la création d'institutions et de droit positif transnational) et jamais en des buts de caractère exclusivement national. Pour les organes, la proposition prévoit un premier secrétaire, un trésorier, un secrétariat fédéral variable de cinq à onze personnes, un conseil fédéral avec à sa tête un président. Aussi bien le conseil que le secrétariat devront représenter de manière adéquate, ce que sont actuellement les embryons de réalités radicales non-italiennes. Après avoir établi les caractéristiques non-électorales et non-territoriales (qui seraient profondément contradictoires avec le projet politique transnational) des associations radicales, nous avons avancé une hypothèse qui me paraît fortement innovative pour la vie du parti et de sa manière d'être, et qui n'a été jusqu'ici approfondie ni discuté par personne.

A savoir: pour former une association radicale, il est prévu un nombre de 60 inscrits pour l'Italie, et de 40 inscrits pour tout autre pays (nombres qui me paraissent, justement, relativement bas).

Chaque association élit automatiquement son représentant au sein du Conseil Fédéral. Nous nous rendons compte que nous donnons vie, de telle manière, à un organe délibératif qui sera peut-être très vaste: mais je crois qu'il y a une exigence incontournable, surtout dans une phase de véritable invention de nouveau parti, d'ouvrir les portes du CF et de permettre l'effective et pleine participation à la vie du parti des anciens et nouveaux camarades, italiens et non-italiens (nombreux si possible), qui entendent nourir de leur engagement et de leur lutte militante, une aventure qui en a le plus grand besoin et qui peut-être pleinement conçue uniquement si elle est vécue. Et c'est justement parce que je suis convaincu, du moment que l'on suit la voie transnationale, qu'une phase d'expérimentation in vivo des possibilités concrètes que celle-ci offre, encore à inventer et à découvrir, est indispensable, je n'hésite pas à dire qu'il ne serait absolument pas grave de se donner une année d'essai pour vérifier

les résultats que l'on peut obtenir.

Une année pour essayer de donner également une dimension quantitative bien plus importante au parti (je parle du nombre d'inscrits non-italiens, qui a son importance, avec les dix-quinze mille inscriptions italiennes indispensables pour donner une solidité financière et des chances de réalisation du projet). Une année pour comprendre, dans des situation que bien souvent nous ne connaissons pas, quels thèmes rencontrent le plus grand intérêt, la plus grande attention, la plus grande participation. Cette proposition, que nous considérons pour l'heure uniquement comme une base efficace de discussion pour chacun, si elle était traduite en motion politique, je crois qu'elle devrait explicitement revendiquer et proclamer - par son sérieux, sa rigueur, contre toute abstraction et tout velléïtarisme - son caractère provisoire sous tous ses aspects, car jamais nous n'avons procédé selon la méthode du saut dans le vide mais toujours avec de bonnes doses d'empirisme et de pragmatisme, dans la clarté de notre itiné

raire et dans la fidélité de notre espérance.

Une proposition qui veut donc fixer et donner une organisation à un parti qui accomplit un choix de fond mais qui est conscient de la difficulté de réussir et qui est occupé en un effort et un engagement très grands, condition pour sauver toutes - je dis bien toutes - ses possibilités politiques. Dans ce sens, nous posons également, de manière problématique, la question du symbole. On a mis au point le symbole qui représente l'effigie de Gandhi, emblème de la nonviolence. Cela a créé de nombreuses objections, légitimes et justifiées, sur la difficulté, pour des libertaires et pour un parti libertaire, de se reconnaître en une personne, bien que cette personne représente l'un de leurs principaux points de référence. En alternative, on a présenté deux autres symboles, l'un représentant la lettre R stylisée (initiale de Radical, de Réforme, dans diverses langues), et l'autre, la rose de notre actuel symbole, qui est connu en Europe comme effigie des partis socialistes et que nous ne pouvons par conséquent

utiliser. Ce symbole est confié par contre aux prochains organes du parti - qui en sont les dépositaires et les titulaires - afin qu'il soit protégé de l'usage impropre et illégitime que d'autres pourraient en faire. Ce n'est certainement pas nous qui souhaitons que ce symbole soit destiné à disparaître ou à rester trop longtemps dans la naphtaline: notre souhait est au contraire qu'il puisse vite devenir le symbole non plus du PR mais par exemple d'un grand nouveau mouvement pour la réforme démocratique du système politique, lieu d'unité également peut-être électoral de toutes les forces laïques ou bien de ceux qui entendent représenter la nouvelle et moderne gauche européenne.

Mais le choix du Parti Radical est tout autre; en tant que tel, le Pr veut être le premier parti transnational, sans caractéristiques électorales puisque ce n'est pas en rassemblant des pourcentages électoraux, minimum ou pas, dans tel ou tel autre pays, qu'il sera possible d'atteindre nos objectifs - en commençant par celui des Etats-Unis d'Europe, qui ne pourra être obtenu qu'en conditionnant lourdement et de manière militante les classes dirigeantes, les partis nationaux, et peut-être même les candidats de tous les partis aux prochaines élections européennes, dans chaque pays de notre continent. Il faut pour cela rassembler d'autres illustres et non-illustres européens, qui doivent dès à présent savoir qu'ils peuvent s'inscrire à un parti qui ne vise pas à être au pouvoir ni à participer à la course électorale; premier parti transnational oui, mais une sorte de "second parti" pour tous, même pour ceux qui possèdent la carte d'un autre parti et entendent l'enrichir par cette "seconde double carte de l

a conscience".

Je me rends compte, chers camarades, que dans l'ensemble ce que l'on propose au parti est un "choc" assez brutal, une refondation de choc, mais notre histoire, notre force, c'est aussi cela. Ne croyez pas que l'on soit arrivés à cette hypothèse sans difficulté, sans nous demander si nous sommes mûrs pour faire un choix objectivement courageux, et sans cultiver aucun mythe ou aucune illusion mystique. Si, en effet, il faut repousser la vision du transnational comme sueur et sang, larmes et tourments, on ne peut pas considérer cependant que ce choix nous conduise vers notre Itaque, où nous pourrions jeter l'ancre. Personne ne pense partir pour trouver une terre promise. Pour bien choisir, il est indispensable de répondre avant tout à une question. A savoir, si à notre avis, à votre avis, il existe les conditions minimum pour tenter cette aventure, si le travail qui a été fait durant ces dernières années a créé ces conditions ou pas.

Le parti, hors de nos frontières, compte aujourd'hui 79 inscrits en Belgique, 47 en Suisse, 44 en Espagne, 55 au Portugal, 41 en Turquie, 29 en France, 12 en Allemagne, 18 en Pologne, 8 en Yougoslavie, 5 en Grèce, 7 aux Etats-Unis d'Amérique, 3 en Union Soviétique, 6 en Israël, 4 en Grande Bretagne, 5 au Luxembourg, 1 en Autriche, 1 en Argentine, 1 au Brésil, 1 au Burkina Faso, 1 au Danemark, 1 au Benin, 1 au Japon, 1 à la Jamaïque, 1 au Kenya, 1 au Caméroun, 1 en Hollande, 1 en Suède, 1 au Vénézuela, 1 en Tanzanie, 1 en Malaisie, 1 en Norvège et depuis quelques jours 1 à Malte: merci camarade Brincat, ex-Ministre de la Justice pour avoir pris la carte du Parti Radical. Un total d'environ 400 noms, dont je vous conseille la lecture attentive. Du ministre au chômeur, du dissident au journaliste, il s'agit encore une fois de tout un échantillonnage sociologique, d'âges, de races, de raisons à travers lesquelles on est parvenu au Parti Radical, très intéressant, original, curieux. Il s'agit de rassemblemen

ts souvent tout-à-fait désorganisés (il existe de petits sièges à Bruxelles, Paris, Madrid, Lisbonne, Istamboul, Athènes) mais malgré cela je pense qu'il y a des conditions minimum pour tenter l'aventure et jouer la carte du parti transnational, à condition de bien être conscients de certaines choses. Personnellement, en cette période d'engagement autour du transnational je me suis faits certaines idées, à partir naturellement de la conviction que l'essai de ces derniers mois ne peut pas ne pas avoir un caractère permanent, puisque l'on ne peut guère penser de disposer en permanence de certains camarades italiens aussi valables que généreux (Camerini, Ottoni, Caterina Caravaggi, Andreani et Donvito, et bien d'autres) qui se sont transférés ailleurs. Partout où je suis allé j'ai trouvé un Parti Radical bien plus connu et estimé que je ne le pensais. Je ne sais pas s'il existe de curieux tam-tam, je ne sais pas comment ni pourquoi, mais j'ai vraiment rencontré un taux d'information, de curiosité, de soif de no

uvelles autour de cette histoire radicale bien au-delà de l'imaginable. Conscience donc, de la potentialité qui existe, et aussi de l'expectative. Conscience en outre, de la manière dont notre modèle de parti transnational n'a plus rien à voir avec les traditionnels modèles d'organisation de parti (sièges, sections, millions d'inscrits, implantation territoriale, bureaucratie et appareils), et disponibilité donc de coordonner des actions et des initiatives de manière plus flexible. Enfin, l'expérience directe a démontré que le fait d'opérer dans cette dimension comporte un choix net de priorité, cela comporte de "penser transnational" et "agir transnational, comme dit notre camarade Dell'Alba, que je veux remercier ici pour l'aide décisive qu'il m'a apporté, tout comme je remercie les parlementaires européens pour leur stimulante collaboration.

Par conséquent, si l'on accomplit le choix politique de la centralité transnationale, comme je l'espère, il faut le faire en toute connaisance de cause. C'est cependant à ce point-là du raisonnement sur le parti transnational, sur le parti qui pour être à la hauteur de ce défi ne peut avoir de caractéristiques et de finalités spécifiquement électorales (à moins que les Etats-Unis d'Europe ou un processus sérieux d'unité politique européenne ne devienne rapidement une réalité, et dans ce cas je crois qu'il serait juste de reconsidérer ce fondement), que dans la période d'avant-congrès, sont nées des objections, en moi, en vous, au premier abord pleines de bon sens, de bon esprit conservateur - qui n'est pas toujours négatif, puisque conserver les biens représentés par un patrimoine politique est une chose sérieuse - mais qui sont devenues petit-à-petit incompréhensibles. Je les résume en quelques phrases. Ce choix signifie abandonner l'Italie, entrer dans une impasse; la non-participation aux élections e

st une folie, les ressources du financement public pour faire vivre le joyau-service public qu'est Radio Radicale feront défaut, c'est une désertion par rapport aux vieilles ou nouvelles grandes batailles que nous sommes appelés à conduire. Je voudrais être clair sur cela. Je dis tout de suite que je respecte profondément ces doutes, ces anxiétés, ce tourment parfois, que de nombreux camarades nourrissent non pas pour eux-mêmes mais pour le parti. Je trouve même intellectuellement plus respectable cet ordre de doutes plutôt qu'une éventuelle arrogance un peu superficiale et décisionniste (qui ne s'est heureusement pas vérifiée) à l'encontre du transnational. Toutefois, ces objections dans le débat actuel me semblent injustifiées et immotivées.

Tout le dilemme réside peut-être non pas dans ce que l'on regarde, mais comment on regarde les choses, et ça n'est pas uniquement un problème d'optimisme ou de pessimisme (l'histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide) mais de politique, tout-à-fait politique. Mais, pardonnez-moi: le parti qui a compris que la grande réforme de notre temps est, sur le plan politico-institutionnel, la réforme des Etats-Unis d'Europe et de l'action au niveau transnational, pourquoi devrait-il exclure au lieu de comprendre, animer, relancer la bataille pour la réforme démocratique du système politique, qui est la vraie réforme indispensable à l'Italie? Et qui a jamais dit que si le parti en tant que tel se refonde en une dimension transnationale et en tant que tel il n'a plus les caractéristiques spécifiquement italiennes, cela signifie qu'il n'y a plus de politique radicale en Italie et pour l'Italie?

C'est exactement le contraire. Sans parti spécifiquement italien, il sera indispensable de multiplier la politique radicale en Italie, et chaque militant, chaque radical doit le savoir et en ressentir tout le poids et la responsabilité. Je dis chaque radical et non pas les groupes parlementaires uniquement, les élus, puisqu'une délégation signifierait se libérer d'une gestion ordinaire et résiduelle de quelque chose que l'on ne veut pas laisser derrière soi, mais au contraire relancer, pour construire le nouveau en Italie également. Ce choix comporte et exige un parcours politique précis!

Chères camarades, chers camarades, cette chère particratie en crise, en débâcle en tant que système, qui est ébranlée par les réformes et qui est arrivée à sa fin, chers chefs de partis qui avez vidé, il y a dix ans, le Parlement pour faire des choix qui comptent uniquement dans vos secrétariats, et qui prenez acte aujourd'hui avec désarroi que les choix politiques qui comptent ne se font plus dans vos secrétariats car on les fait ailleurs, où l'on se fout pas mal de la suprématie de la politique; chère madame la député Jotti, qui sait combien il est indispensable de remaquiller le système, qui sait que trois partis forment 80% des voix et qui arrive alors à soutenir qu'il faut réformer oui, mais réformer les partis qui forment les 20% qui restent; chers Bettino et Claudio, camarades si nécessaires afin qu'après 40 années le socialisme prenne en main non pas les sceptres désuets du pouvoir, mais surtout les oriflammes de l'espérance et de la réforme, et non pas ceux de la défense des avoirs et des petit

es contre-réformes; chers camarades communistes, qui nous avez reçus pour la première fois à votre siège pendant plus de six heures où nous avons dialogué politiquement et personnellement non point comme des ennemis, et qui dites justement que la question réside dans la réforme des partis et de la construction d'une force de la gauche européenne; chers camarades verts, Démoprolétaires - et chers amis libéraux - qui exprimez avec nous des instances civiles et politiques d'énorme importance qui tombent si souvent dans une abyssale et myope inattention du monde de la politique et de l'information; chers directeurs de journaux, qui rugissez, quotidiennement et presque comme dans un rite, contre les coupables Palazzi romains, assez souvent sans distinguo aucun, et assez souvent en taisant d'autres noms de palazzi bien plus importants, y compris les vôtres; cher Montanelli, qui semble avoir accordé- avec tout le respect que l'on te doit - dans la campagne électorale et ces jours-ci des créneaux et sa publicité à c

eux qui, par calcul et intérêt immédiat, ont porté un coup absurde (ou trop évident) au grand projet limpide de la Ligue pour l'uninominale à l'anglaise, doutenue déjà par des centaines de parlementaires et de personnalités; chers hommes de culture, journalistes et commentateurs, qui avez souvent suivi et encouragé des analyses et des propositions de réforme que Pannella et les radicaux avancent; et chers citoyens italiens qui n'entendez plus vous soumettre à un régime qui dans chaque branche de la vie publique (de la justice à la Santé et à l'information) n'arrive pas à faire respecter les règles, car lui-même n'en a pas ou ne les respecte pas; eh! bien, chers vous tous, il me semble que l'on est en train de proposer ici, à la lumière des fleuves de paroles sur les grandes réformes qui risquent de devenir dans la meilleure des hypothèses de petites contre-réformes, que le Parti Radical est le premier parti de la République à annoncer qu'il ne participera plus aux élections en tant que parti.

Et vous savez bien que c'est autant l'annonce de l'un des partis qui siègent au Parlement que l'annonce du parti qui ne s'est jamais approché du râtelier particratique pour avoir du foin. Vous savez aussi que nous ne le faisons pas par moralisme, en soutenant que les élections font horreur ou corrompent. Il est clair que l'on fait de la politique aussi en utilisant, dans une forme ou une autre, les échéances électorales. Il est clair, légitime, juste quelques fois, que chaque radical, en tant que personne, se présente comme candidat et demande la force nécessaire pour affirmer également dans les institutions ses propres objectifs et projets. Mais devant ces raisons, disons que comme parti, pour nous, cela n'a plus aucun sens d'opérer, cela n'a pas de véritable raison politique, si l'on ne sait pas se réformer.

Mais nous nous remettons pleinement en cause, avec un élan réellement "transpartite", pour les vrais desseins de réforme démocratique des institutions, des partis, de la politique et de la manière de faire de la politique. Et nous le faisons, fondamentalement, avec une déclaration de désarmement électoral unilatéral de notre parti.

Y-a-t-il quelqu'un disposé à raisonner avec nous, à comprendre les choses que nous pouvons faire ensemble, à ne pas réagir comme Pinocchio aux prises avec le grillon?

Nous ne croyons pas à la réforme électorale en soi, sinon comme conséquence naturelle, obligée, de la nécessaire réforme des partis, qui est le seul problème sérieux sur le tapis: la réforme démocratique de la particratie. C'est pourquoi nous avons proposé l'uninominale sèche, à l'anglaise. Nous pensons en outre qu'il faut défendre et étendre les institutions de démocratie directe (à une époque dans laquelle on veut toujours plus choisir personnellement, sur des questions spécifiques, abstraction faite des partis) et drastiquement réformer les organismes locaux et les grandes aires métropolitaines en particulier, puisque l'on ne peut plus accepter que le citoyen milanais soit obligé à une sacrosainte indifférence de mépris envers le ballet en cours à la Mairie auquel participent toutes les couleurs, leur en faisant voir de toutes les couleurs (du vert au rouge, au blanc et au jaune) pour recouvrir ensuite que rien ne change vraiment et le système redevient un arlequin.

Ce sont nos idées, et nous sommes prêts à en discuter avec ceux qui le souhaitent, avec ceux qui pensent avoir des recettes plus sages. De plus, nous voulons conduire les batailles fédéralistes et européennes et d'autres sont déjà prêtes en commençant par les demandes de referendum déjà déposées.

Nous proposons donc au parti d'accomplir ce choix et surtout d'investir chaque interlocuteur possible de ce qui est sa signification authentique. Bien sûr, parier sur soi-même, sans filet, pour créer le nouveau est toujours difficile. Mais c'est un parcours précis, et je répète que c'est-là toute notre force, notre histoire. Si nous faisons le choix du transnational, cela signifie-t-il l'abandon de la politique en Italie?

Non. Si nous faisons ce choix, voici arriver le vrai parti de la réforme, et même de la réforme du système politique italien; voici le parti de la démocratie et du droit.

Voici, si vous le permettez, le Parti Radical qui se refonde et choisit au niveau de son histoire.

Mais qui demande donc au militant radical, au moment où il s'inscrit au Parti, au parti transnational, de renoncer à donner vie à des initiatives de parti ou d'associations, de ligues, de mouvements pour la réforme démocratique ou sur des questions thématiques?

Cette proposition ne demande pas à l'inscrit espagnol, grec ou turc d'être seulement et exclusivement inscrit et militant du Parti Radical transnational, pourquoi devrait-il le faire avec l'italien? Et pourquoi un camarade d'Agrigento ne pourrait-il pas aussi bien être, là-où il vit, inscrit au parti et militant des batailles transnationales, et animateur de la Ligue pour la réforme uninominale, sujet politique qui investi donc des partis et des groupes de cette proposition dans sa ville, et peut-être même l'animateur - au niveau de l'Ile - de la Ligue pour l'eau en Sicile qui est une très sérieuse et concrète nécessité vitale pour des centaines de milliers de personnes et qui trouve déjà Sciascia tout disposé ò la co-promouvoir?

Personne, aucun secrétaire du parti transnational ne pourrait le lui contester; bien au contraire il en serait bien fier.

A qui donc pourrait-on confier le développement, le relancement, la nécessaire croissance de la politique radicale spécifiquement italienne? A chaque militant, à chaque groupe et association, à tous ceux qui se sentent radicaux, à tous ceux qui savent combien difficile et dramatique est le défi du parti transnational. Mais précisément pour cela, ils savent combien est nécessaire de se retrousser les manches car la réforme de la politique en Italie est partie intégrante de nos espérances. Le congrès doit donc confier aux mains de quelqu'un la très lourde responsabilité de la construction du parti, transnational, mains expertes et robustes; se posant ensuite l'exigence d'un point précis de référence, d'un centre d'initiatives spécifiquement italien localisé, personne n'interdit que l'on imagine un organe ad hoc, ou par exemple une délégation pour cette responsabilité à un camarade du secrétariat ou à un vice-secrétaire.

Ainsi, comme la proposition toute entière, ces choix - secondaires par rapport au choix de camp transnational - sont remis pleinement à l'évaluation du congrès, en rappelant qu'il n'y a pas de solutions toutes faites ni de recettes miraculeuses. J'ai terminé, chers camarades. Je n'aurai jamais cru me trouver à proposer au parti de changer son symbole, avec tout ce que cela signifie. Si je considère le symbole qui nous a accompagné durant toutes ces années, et qu'avec Peppino nous proposons qu'il soit gardé par le parti, je repense, plus que par nostalgie, par espoir et attention à l'égad du futur, à une phrase de Pasolini qu'un camarade me rappelait au cours d'une réunion du Conseil Fédéral: "Je sais seulement que dans cette rose je reste à respirer".

Si je considère les nouveaux, possibles symboles, instinctivement, ils m'inquiètent, comme aussi bien, je comprends qu'ils sont nécessaires. Il ne restent plus que 12 années pour l'An 2000. Ceux qui se hâtent trop immanquablement commettent des erreurs. Mais il et juste que notre parti ressente et réponde à ce qui presse à présent avec toutes ses urgences, à ce qui est nécessaire.

 
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