(Nouvelles Radicales N.1 - Avril 1988)(...) "Je crois que sans une secousse - et nous verrons ensuite de quelle manière nous pourrons la faire fructifier, la mettre sur un rail de faisabilité - sans une une secousse forte, nous ne faisons que nous donner l'illusion d'être en train de construire ce marché intérieur pour 1992." (...)
(...) "Il m'a semblé que l'initiative de la Résolution qui a fait l'objet d'un large consensus et à laquelle les collègues communistes ont dit ce matin du reste qu'ils ne s'opposeraient pas, puisse nous donner une possibilité de contribuer à sortir d'une phase dans laquelle, après toute une première période de Communauté que nous pourrions appeler (de façon un peu rhétorique, dans ce cas précis) prophétique, on s'est engagé dans une voie stérile, dans une forme de communauté specialistico-bureaucratique qui ne réussit pas à décoller vers ses propres objectifs" (...)
(...) "Nous devons faire en sorte que cette phase de blocage de la Communauté soit dépassée, et que la Présidence allemande puisse préparer le Sommet de juin au moyen de quelqu'amélioration pour entreprendre sérieusement la mise en oeuvre rapide des prémisses du marché intérieur en 1992. Cela doit cependant être accompagné par ce qui a été écarté depuis la conférence de Luxembourg, autrement dit "l'Europe des citoyens" vue non seulement dans la spécificité analytique de quelques mesures mais également dans l'optique précise d'une inversion de tendance, autrement dit d'une récupération à partir du bas de ce qui n'a pas été possible d'obtenir à partir du haut (de par la viscosité que chacune des administrations et des gouvernements nationaux comporte), qu'on travaille en somme du bas vers le haut.
Sans aucun doute, quand on parle d'"Etats Généraux", je sais que des difficultés peuvent apparaître, mais ce n'est pas que cela ait été inventé: nous avons eu des documents d'institutions et d'association comme celle des communes et des régions qui, dans son document voté à Bordeaux il y a quelques mois, a parlé justement de la perspective d'obtenir cette sollicitation à partir du bas, à travers les représentations municipales et locales". (...)
(...) "Je crois que nous ne devons pas nous laisser décourager par la crainte que cette initiative soit utopique, et je voudrais rappeler une dernière chose: s'il n'y avait pas eu un moment que l'on pourrait qualifier d'utopique, au cours duquel on a mis de côté toutes les procédures diplomatiques, toutes les procédures politiques, toutes les négociations complexes, les commissions et les sous-commissions, s'il n'y avait pas eu un certain moment où, à Rejkiavik, Gorbatchev et Reagan s'étaient retrouvés seuls, avec leurs seuls interprètes, à chercher de faire un saut en avant, nous n'aurions certainement pas obtenu l'accord du 8 décembre, et nous serions encore en train de discuter, à mon avis, comme nous sommes en train de le faire, malheureusement péniblement, à Vienne ou à Genève, avec des processus qui nous font faire un pas en avant et deux pas en arrière, et demi pas en avant et trois en arrière."(...)
(...) "Que je considère que ce dessein de construction soit facile, qu'il puisse être réalisé dans des délais rapprochés? Certainement pas: personne ne se fait d'illusions. Mais si l'on ne pose pas le problème européen avec un certain courage, avec quelqu'enphase même, dans des termes différents, nous continuerons à discuter de la justesse de l'augmentation de la production de colza de 3,5 ou de 2,8 pour cent, de la résolution de tel ou tel petit problème". (...)
(...) "Si nous regardions de cette manière la vie quotidienne de la Communauté, nous n'aurions que des raisons de nous décourager; je considère personnellement qu'il est nécessaire de faire une tentative pour voler plus haut; il s'agira de quelque chose que quelqu'un pourra toujours considérer velléitaire; nous avons cependant la certitude que si quelque chose d'extraordinaire n'est pas fait, la Communauté ne progressera certainement pas: je suis en ce qui me concerne absolument convaincu de cela". (...).