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Walesa Lech - 24 maggio 1988
Solidarnosc
Interview de Lech Walesa, par Adam Mickiewicz

(Gdansk - Mai 1988)

SOMMAIRE: En ce moment le mouvement polonais Solidarnosc se trouve en crise. Lech Walesa explique la stratégie afin de reprendre sa dispute avec le régime.

(Nouvelles Radicales N.3 - Juin 1988)

Cette interview a été réalisée par Adam Mickiewcz (pseudonyme d'un collaborateur de Nouvelles Radicales). Naturellement - comme il ressort d'ailleurs de la lecture des propos de Lech Walesa - l'interview remonte à une période antérieure aux événements qui viennent de secouer la Pologne. Mais elle conserve toutefois un grand intérêt surtout parce que les réponses du Prix Nobel dressent un tableau des positions actuelles de Solidarnosc et de celles du gouvernement polonais, annonçant en quelques sorte les événements qui allaient suivre.

Q. Quelle est votre analyse de la situation de la Pologne actuelle? Voyez-vous une issue à la situation actuelle ?

R. Le fait que la Pologne ait des problèmes si graves est une honte; nous avons honte du fait que le régime nous ait réduits au statut de mendiants du monde. Et non seulement la Pologne est un mendiant mais elle freine aussi le développement d'autres pays. Je fais allusion à tous les pays de ce système, pour lesquels la crise est le dénominateur commun. Ce système a démontré sa non-validité ces dernières années, c'est pourquoi il faut le changer. le problème est : comment arriver à une quelconque normalité à partir de la situation provoquée par ce système. Il n'y a d'autre chemin sur lequel s'engager que celui des réformes proposées par Solidarnosc. Pour accélérer notre développement, nous devons utiliser les acquis modernes de la technique; mais le modernisme comporte également des risques qu'il est possible de prévenir à travers la coopération avec les pays qui ont déjà une grande expérience dans ce domaine.

Q. Peut-on donc dire que nous sommes en train d'assister à l'échec définitif des gouvernements dirigés par les communistes ?

R. Ce système, ces autorités se comportent comme n'importe quelle autorité en échec. C'est un échec compte tenu de l'époque que nous sommes en train de vivre. Notre époque a besoin de vitesse; ce système n'arrive pas à suivre.

Q. De source gouvernementale, on prétend que l'influence de Solidarnosc diminue de plus en plus, que le syndicat a perdu le soutien de la société.

R. Naturellement, le gouvernement doit dire cela, puisqu'il est l'héritier de l'échec. Nous n'exerçons aucune pression sur les dirigeants ou sur les personnes, nous ne luttons pas pour le pouvoir. Par contre, nous savons que certains comportements sociaux amènent des changements. Aujourd'hui Solidarnosc est plus forte, elle est sortie vainqueur; non pas avec la violence, mais pour ses propositions. Après le 13 décembre 1981 les autorités ont utilisé la force contre nos arguments, mais elles n'ont rien résolu. Et maintenant, elles sont en train de s'engager sur la voie des réformes que nous demandions justement; mais il faut écouter et juger non pas ce qui se dit, mais ce qui se fait et ce qui se passe. Depuis 1980, il y a eu de sérieuses mutations dans ce système; le gouvernement s'est orienté dans la bonne direction. Mais il ne pourra obtenir de résultat que dans deux ou trois cents ans, et nous, nous ne pouvons pas attendre si longtemps.

Q. Et alors, que peut-on faire? quelle influence peut-on avoir sur la situation ?

Une terrible lutte est en train de se dérouler en Pologne. Ce n'est pas une lutte de rue; celle-là nous ne la voulons pas, nous ne voulons pas qu'on nous tape dessus et ne voulons taper sur personne. Nous voulons des réformes éprouvées, d'où la proposition de réforme sous le nom de Solidarnosc (Solidarité). Elle se fonde sur le pluralisme dans trois domaines : économique, social - qui garantit et complète le premier - et politique. Bien entendu les autorités soutiennent, qu' étant donné les conditions économiques si difficiles, l'heure de la démocratisation n'est pas venue. Nous prétendons au contraire qu'il est important que la société soit impliquée de la manière la plus large possible dans la lutte pour le futur. Le système n'est définitivement plus valable ; la solution du problème économique est la plus urgente. C'est pour cela que le pluralisme dans l'économie nous semble essentiel. Et il faut puiser dans tous les modèles qui se sont révélés valables à travers le monde et ne pas barrer la route aux ten

tatives de les introduire ici, chez nous. Il existe un marché, les banques, les taxes; c'est là qu'est la solution du problème. Nous ne pouvons pas nous inventer des modèles économiques complètement nouveaux. Il y a le modèle oriental et l'occidental: nous devons forcément passer progressivement de l'un à l'autre. Il faut établir des relations, des rapports de collaboration; et ceci n'est possible que s'il règne un climat favorable. Les manquements de notre système sont énormes. Nous avons besoin de tout acheter, à commencer par les cuillers à thé; et pour pouvoir acheter un logement nous devons attendre 40 ans, et 20 ans pour une automobile. Nous voulons les réformes pour être en mesure d'effectuer des échanges commerciaux avec l'occident. L'Etat devrait créer les conditions afin que ces relations puissent se développer; je parle autant des questions économiques car justement la situation est grave. Solidarnosc propose des changements révolutionnaires, mais qu'on atteindra par la voie de l'évolution, gradue

llement: non pas par peur, mais par nécessité. Ce système nous a rendus handicapés du point de vue économique. Tout est en lambeaux; c'est un système plein d'absurdités. Il est difficile de s'engager sur la voie de la coopération totale quand il s'agit des secteurs économiques les plus complexes. Il faut en sortir, mais comment ? Notre proposition est de choisir la voie de la réforme économique.

Q. Vous parlez des rapports économiques avec l'occident: vous entendez par là les crédits ou d'autres formes d'aide ?

R. Les crédits ne résolvent pas grand chose. Chez nous, dès que les personnes au gouvernement changent, la politique économique change aussi. Il s'agit au contraire d'arriver à une situation dans laquelle, tout en changeant les gouvernements, les lois de l'économie restent les mêmes; comme en Italie, par exemple. Les rapports avec les autres pays doivent être structurés de telle manière que pour chacun d'entre eux ils soient favorables et profitables. Dans les années 70, le gouvernement polonais a contracté d'énormes dettes et gâché de nombreuses richesses. maintenant il faut opérer différemment; il faut plutôt développer des collaborations directes entre des syndicats de l'est et de l'ouest, entre les usines, les écoles, entre divers instituts scientifiques, etc. Une coopération à long terme doit se créer entre spécialistes de différents secteurs. Cela regarde tous les pays du bloc oriental; ils en ont tous tellement besoin.

Q. Quelle est la différence entre la proposition du ministre Sadowski (le vice-premier ministre responsable de la réforme économique, NDR) et la vôtre ? Qu'est ce que les autorités sont disposées à accepter?

R. Elles acceptent tout, désormais.... surtout les devises étrangères, et elles pourraient gouverner avec succès si seulement les hommes n'étaient pas des hommes et si les lois de l'économie n'étaient pas les lois de l'économie. Je dis ça pour blaguer. Tant d'éléments indiquent que la réforme a été engagée dans la bonne direction, mais au moins pour l'instant tout s'est limité à la théorie, aux débats, au wishful thinking. Alors que la question principale est celle des structures, c'est-à-dire des garanties de stabilité. Tout ce que le gouvernement propose maintenant ne semble être qu'une série de "cadeaux", et il ne manifeste pas une réelle volonté de changer. Même si Sadowski était un saint, évidemment un autre viendrait après lui qui pourrait changer tous les projets de réformes; pour cela, il faut lutter, pour de nouvelles structures. Je dis souvent des choses qui ressemblent à celles que dit Sadowski, mais j'ajoute qu'il faut des structures différentes, basées sur des principes différents. Nous voulons

de nouvelles structures, pas des solutions temporaires, qui sont comme des bonbons que l'on peut nous donner ou non, selon la volonté des autorités. Nous savons que les autorités y compris Sadowski, se trouvent dans une situation fort difficile. Mais c'est seulement lorsque les menottes ne seront plus aussi serrées que la coopération avec l'occident sera possible. Le système doit ressembler à celui d'un navire, lequel pour fonctionner a besoin que chaque cable remplisse sa fonction, et tous ensemble ils doivent nous permettre d'atteindre un équilibre de notre niveau économique avec celui de l'Occident. Alors seulement les polonais cesseront de vouloir fuir la Pologne.

Q. Le pouvoir sera-t-il d'accord avec une solution de ce genre ?

R. Nous avons un ministre - Sadowski - souvent appelé "libéral", et ceci est un fait nouveau. L'Etat nous appauvrit toujours plus, mais les citoyens réussissent à survivre grâce à l'initiative de chacun. Une partie s'enfuit, quelques uns ont des parents riches à l'étranger, d'autres s'arrangent de différentes manières, mais tout cela prouve ultérieurement que le système est malade, tant et si bien qu'il ôte aux gens l'envie et la capacité d'oeuvrer et de prendre des risques à l'intérieur de ce système.

Q. Quel influence la perestroïka de Gorbatchev a-t-elle sur les changements en Pologne ?

R. Les autorités polonaises savent qu'elles doivent réaliser une réforme économique, et elles observent avec attention les propositions et l'activité de Gorbatchev. Mais le problème est que la réforme doit se réaliser dans chaque pays, mais de manière différente dans chacun. La situation est très difficile parce que d'un côté nous devons entretenir des "rapports fraternels" d'aide avec les pays du bloc, et de l'autre nous devons quand même préserver nos intérêts. Les temps changent, l'ouverture vers l'occident n'est pas possible à cause des différents niveaux de développement. Réussirons-nous à diminuer ce retard ? Y réussirons-nous à temps ? Si nous étions seuls peut-être que oui, mais nous ne sommes pas seuls. Nous sommes un maillon de la chaîne de tout ce système, et nous ne pouvons pas trop tirer sur cette chaîne. En Pologne, c'est le pouvoir qui a freiné la volonté de changement; En Union Soviétique, c'est le contraire qui se passe. C'est à dire, que le pouvoir veut les changements, mais la société n'es

t pas encore tellement impliquée, et quand elle se réveillera, qui sait ce qui se passera. Nous observons tout cela avec beaucoup d'attention. Nous, nous devons être très prudents et essayer d'atteindre notre but de manière pacifique, graduellement: parfois en accélérant, parfois en rallentissant. Mais toujours avec un oeil braqué sur l'Union Soviétique. Il nous reste donc ainsi un seul oeil pour réaliser les réformes en Pologne.

 
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