UNE NOUVELLE ETAPE : UNE CONVERSATION AVEC YACEK CZAPUTOWICZSOMMAIRE: La campagne pour la reconnaissance de l'objection de conscience en Pologne.
(Nouvelles Radicales N.3 - Juin 1988)
Q. Il n'y a pas si longtemps, Urban a présenté quelques propositions introduisant le service militaire alternatif. quelque chose se passe-t-il en ce domaine ?
A. En dehors des déclarations de Urban, il n'y a rien qui se passe d'officiel. Les autorités y travaillent sans doute, mais nous ne savons rien. D'autre part, le fait de la présentation de l'.... est très significative par elle-même. Il n'y a pas si longtemps la conviction que le devoir du service militaire était supérieur ou devoir du travail régnait encore dans la hiérarchie de l'armée. On a dit que cela ne pouvait pas être changé. Mais maintenant, les remarques de Urban montrent que ce dogme a été dépassé. C'est pourquoi nous devons nous attendre à la réalisation de nos exigences et à la fin de cette phase de travail particulière du mouvement. Je ne sous-estimerais cette offre en aucune manière.
Q. Ce que vous dites à l'air très optimiste, mais regardons les choses sous un autre angle. Il y a encore beaucoup de gens en prison pour refus du service militaire; néanmoins "Paix et Liberté", est moins présent, du moins en comparaison avec la période précédente.
A. N'exagérons pas. Il est moins visible parce que de nouvelles initiatives vigoureuses ont émergé. Mais "Paix et Libertés" est actif. Il y a par exemple eu récemment un séminaire écologique à ......., en janvier, il y a eu des manifestations pour l'Afghanistan, et il y a eu une protestation à Bydgoszcz en soutien à Dukkiewcz. Une autre raison pour laquelle "Paix et Liberté" est moins présent est que le gouvernement utilise différentes tactiques. Les participants de "Paix et Liberté" à Belchatau qui ont refusé l'appel sous les drapeaux ont découvert qu'à la Commission contingente leurs dossiers avaient été reportés à septembre parce que l'armée attend la décision officielle en ce qui concerne le service alternatif. Dans une situation normale, ils seraient arrêtés. Il y a bien sûr encore des gens en prison et nous ne pouvons l'oublier.
Q. Comment décrivez-vous la situation actuelle du mouvement ? Qu'est-ce "Paix et Liberté" maintenant ?
A. "Paix et Liberté" est à un tournant de son existence. Nous constatons qu'une certaine période est dépassée? Ca ne signifie pas que toutes les demandes de "Paix et Liberté" ont été réalisées, mais la situation a changé de façon considérable. Souvenons-nous que dans la déclaration du mouvement, il y a trois ans, à côté de toutes les demandes concernant le service militaire, le serment militaire, et la liberté des insoumis, il y avait également des revendications écologiques. L'ecologie est le point sur lequel il y a le moins de résultats concrets? La situation écologique ne peut pas être améliorée par une loi seulement. Mais même dans ce domaine, nous avons obtenus certains succès : les aciéries de Siechnica, Miedzyrzecz. Je me souviens encore des attaques des autorités sur la personne de Otto Schimek. L'année dernière, ils ont cessé d'arrêter ceux qui rendaient visite à la tombe de Schimek à Machowa, et ont donc accepté dans une certaine mesure le symbole. Une autre activité de "Paix et Liberté", il y a d
eux ans, a été la commémoration des victimes du programme de Kielce ... les membres de "Paix et Liberté" ont écrit sur les murs du bâtiment où le programme commençait : "nous nous souvenons..." Pour cela ils ont été arrêtés et ont reçu des amendes. Mais un an plus tard, on a commencé à présenter le programme sous une autre lumière. Cela a été la même chose avec les minorités ukrainiennes et ........, on discute maintenant ouvertement de ces sujets.
Je ne voudrais en aucune manière revendiquer ces résultats comme succès de "Paix et Liberté" mais il y a néanmoins des changements. Une autre de nos revendications concernait l'abolition de la peine de mort. Bien qu'il n'a pas été permis à la société indépendante contre la peine de mort d'être reconnue (ou enregistrée) il n'y a plus eu de condamnations à mort et on parle de plus en plus de désir de l'abolir.
Nos principes à propos des affaires internationales ne sont pas moins importants, mais ces trois dernières années, il y a eu des
changements fondamentaux à propos de la question afghane et du désarmement.
Q. Quelles conclusions doivent être tirées de cela ? Pourriez-vous donner un tableau plus large de l'avenir du mouvement?
A. Je vois deux possibilités, et je ne saurais dire laquelle est la meilleure. Ou bien la situation en changera pas fondamentalement et "Paix et Liberté" restera à la base d'initiatives diverses, ou "Paix et Liberté" élargira son programme en ajoutant quelques revendications, de sorte qu'il cessera d'être identifié exclusivement avec le refus du service militaire, comme c'est le cas actuellement.
La structure et l'organisation de "Paix et Liberté" devrait changer aussi. Jusqu'à maintenant il a été un mouvement presque sans structure, sans autorité, avec les avantages et les inconvénients que cela signifie. Avantages dans le sens qu'il s'est développé spontanément . Inconvénients - parce qu'il a été difficile de représenter "Paix et Liberté" de formuler les objectifs du mouvement, de maintenir des contacts avec d'autres organisations. En automne, j'ai proposé que nous nommions des portes-paroles comme l'a fait Charter 77. Cinq, dont un de chaque centre important de "Paix et Liberté". Il y a eu une discussion au sein de laquelle la majorité a conclu que cela formaliserait trop les choses. On peut voir une
preuve qu'il y a de nouveaux besoins, que la structure de "Paix et Liberté" est trop serrée dans le fait que des membres de "Paix et Liberté" participent à d'autres organisations.
Certains ont été les co-fondateurs du Parti Socialiste Polonais d'autres sont retournés à la Confédération pour une Pologne indépendante, d'autres ont créé le "Parti Radical" :ou l'alternative orange. Récemment, des membres de "Paix et Libertés sont entrés à la Commission exécutive régionale de Solidarité à Wrodaw, sont à la Commission d'intervention de Solidarité à Cracow et ont joint la société d'Amis du magazine "Restriction et Travail". Je vois ce développement de façon positive. Cela montre le besoin de s'organiser à un autre niveau. C'est le début d'une nouvelle étape. Et, après
tout ce changement de besoins et de possibilités a eu lieu, en grande partie grâce à "Paix et Liberté".
Q. Revenons-en à votre argument précédent. Que considériez-vous un élargissement du terrain.
A. Le but d'unir l'Europe, la liquidation de la division "Yalta", de l'Europe a été un défi pour ma génération. Il me semble que cet objectif peut-être accompli pendant ces prochaines décennies. Le moyen en est le processus du désarmement. Les étapes intermédiaires sont le retrait des armées étrangères vers leurs propres territoires, la dissolution des blocs militaires, et l'intégration de l'Europe.
Des sujets sociaux et économiques en rapport avec des problèmes écologiques pourraient apparaître sur le programme également. On ne pourait pas parler de fermer des usines sans considérer l'avenir des travailleurs de ces usines. Ce sera profitable d'élargir la base du mouvement. D'après notre expérience, par exemple, que sans spécialistes de l'environnement, il est difficile de prendre en mains les problèmes écologiques, sérieusement, il n'y a pas d'activité pour les ....... Mais je ne suis pas convaincu que cette variante soit meilleure, que ces problèmes soient pris en charge par "paix et Liberté". Ses membres en décideront.
Q. Et quel est votre rôle dans le mouvement ?
A. Quand j'ai proposé le choix de porte-paroles, j'ai dit que je ne serais pas candidat. Des nouveaux doivent émerger, se faire
connaître. J'aimerais m'occuper à des choses pour lesquelles je n'ai pas eu de temps jusqu'à maintenant. Editer notre nouveau périodique, discuter et coopérer avec des amis d'Europe de l'Est et de l'Ouest.
Il y a beaucoup à faire !