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Pannella Marco, Ackerman Galina - 1 giugno 1988
"LE PARTI RADICAL EST LE DEUXIEME PARTI DE L'U.R.S.S."
Interview de Marco Pannella par Galina Ackerman

SOMMAIRE: Pannella parle de l'histoire du Pr, des luttes qu'il a mené, surtout celles contre l'extermination par faim et pour les droits de l'homme dans les pays de l'Est. Il explique ce que signifie la non-violence gandhienne, ainsi que la transformation du Parti radical en parti transnational. Il répond

pourquoi le parti n'est pas un parti d'anarchistes, pourquoi il ne soutient pas des terroristes mais a des anciens terroristes comme membres. Enfin il parle aussi des inscriptions extraordinaires en vue du sabordage du parti il y a quelques années, de ses liens avec les dissidents, de l'attitude que l'Occident devrait adopter vers les pays de l'Est et de l'élection de Cicciolina.

(Nouvelles Radicales N.3 - Juin 1988)

Q. Vous êtes le leader radical italien. Quels sont vos objectifs ?

R. Notre parti est un parti universel, transnational. Ce n'est pas un parti radical italien, c'est un parti radical tout court. En Italie, nos actions en faveur de certains droits et de certaines libertés (divorce, avortement, objection de conscience,...) ont connu un très grand retentissement. Mais nos intérêts n'ont jamais été limités à des problèmes nationaux. Ainsi, en 1968, nous avons "violemment" réagi à l'invasion de la Tchécoslovaquie: nous avons distribué dans tous les pays de l'Est 42.000 tracts de protestation. Moi-même j'ai été arrêté à Sofia et j'ai passé quelques jours en prison.

Entre 1979 et 1984, nous avons mené une campagne contre la faim dans le monde, faim entendue et affrontée en tant qu'instrument d'extermination de masse. Pour nous, il s'agit d'un problème politique et il faut, pour organiser la survie, créer un système euro-africain d'entraide et d'interdépendance. Au Parlement italien, comme au Parlement européen, nous répétons que si l'on parvient à restructurer l'économie des pays pauvres et à assurer la survie de leurs populations, ce sera, aussi, la victoire de la démocratie sur des régimes militaires et sur le modèle de société soviétique ou cubain.

Et puis, durant les dernières années, nous avons réalisé près de 80 actions dans les pays de l'Est. Dernièrement à Moscou, nos militants ont diffusé des tracts appelant les jeunes soviétiques à refuser le service militaire en Afghanistan.

Q. Et vos activistes n'ont pas été arrêtés ?

R. On les a simplement expulsés. La police soviétique connaît nos militants et il n'était pas de son intérêt de donner de la "glasnost" à l'affaire. Paradoxalement notre Parti est le deuxième parti d'U.R.S.S.. Nous avons 16 ou 17 adhérents à Moscou et quelques-uns en province, des refuzniks essentiellement.

Q. Quel est le profil psychologique de vos militants ?

R. Ce sont des gens opposés à toute violence, partisans de la philosophie de Gandhi. Ce n'est pas Gandhi qui a inventé la doctrine du refus de la violence, mais c'est lui qui l'a appliquée le premier dans la vie politique. Le refus de la violence est un principe fondamental de la mentalité occidentale. La grève, ou la grève de la faim, est une résistance active, mais non-violente, propre au mode de pensée anglo-saxon. Gandhi était un avocat anglais, ne l'oubliez pas!

Q. Etes-vous en quelque sorte, héritiers des anarchistes qui étaient si enracinés en Italie ?

R. Nous sommes pour les libertés, mais nous ne sommes pas des anarchistes. Nous sommes "pour la vie du droit et pour le droit à la vie". Mais une lecture simpliste de Rousseau peut être néfaste. Le nivellement universel ainsi que le mythe du bon sauvage sont des idées désastreuses. Les sauvages vivent dans la jungle où règne la violence.

Et n'importe quelle loi barbare, même l'"oeil pour oeil", est meilleure que la loi de la jungle. C'est le droit, la loi qui sont garants de la liberté. Ceci dit, la tendance plutôt chrétienne, tolstoïenne, très libérale que l'on trouve dans l'anarchisme nous est très proche. Même si nous n'avons rien en commun avec sa tendance nihiliste.

Q. On dit souvent que vous soutenez des terroristes...

R. Il n'y a que des agents du KGB ou des gens complètement désinformés qui puissent prétendre cela! Il y avait dans le mouvement étudiant de 1968 une forte composante révolutionnaire, léniniste, qui a engendré des groupes terroristes, tandis que nous étions connus en Italie comme des anti-staliniens, des anti-léninistes, des anti-totalitaires.

Lors du premier procès des Brigades rouges à Turin, les autorités mirent trois longues semaines pour composer un jury. Cent cinquante personnes présentèrent des certificats médicaux pour ne pas venir au tribunal. Le Secrétaire Général de notre Parti, Adelaide Aglietta, mère de deux enfants, fut la première personne qui accepta. Et dans l'heure qui suivit, le jury fut formé. Le procès eu lieu grâce au Parti Radical dont toute la direction, moi y compris, fut condamnée à mort par les terroristes.

En revanche, certains terroristes condamnés à la détention à vie se sont convertis en prison en partisans de la démocratie et ont adhéré au Parti Radical. Soixante-dix terroristes emprisonnés ont signé mon appel aux "frères assassins" (Action Directe, E.T.A., etc) pour qu'ils renoncent à la violence. Et le Parti Communiste s'est détourné d'eux, tout comme Togliatti, l'un des secrétaires de la IIIème Internationale, fût personnellement responsable de l'extermination de milliers de communistes italiens qui pour fuir le fascisme s'étaient réfugiés en Union Soviétique.

Q. Combien êtes-vous ?

R. Nous avons quelques milliers de militants en Europe dont 80% en Italie. Mais le nombre ne compte pas. Jésus Christ n'avait que douze disciples. Les ordres monastiques médiévaux comptaient cent ou deux cents personnes. Or je considère le Parti Radical comme un ordre moderne, laïque, bien organisé.

Il y a deux ans, nous étions sur le point de nous saborder car nous n'arrivions pas à nous faire entendre. Nous avions des députés aux Parlements italien et européen, mais les médias ne nous permettaient pas d'accéder à leurs lecteurs ou à leurs auditeurs. C'est là qu'un phénomène étrange s'est produit. La presse a passé l'information sur le risque de notre sabordage et, d'un seul coup, nous avons été inondés par les cotisations. De nombreuses personnes, parmi lesquelles un nombre important de prisonniers, ne voulaient pas de la disparition d'un parti spécialisé dans les droits civiques, y compris ceux des détenus. C'est à ce moment que plusieurs dissidents soviétiques comme Leonid Pliouchtch et Avital Chtcharanski ont rejoint nos rangs ...

Q. Comment se sont forgés vos liens avec les dissidents ?

R. Cela remonte très loin dans le passé. En 1956, j'étais le Président de l'Union italienne des étudiants. Après l'écrasement de la révolution hongroise, je suis allé immédiatement à Vienne pour ramener en Italie le plus grand nombre possible de réfugiés hongrois. Et nous avons toujours agi comme ça. Quand à l'invitation de Craxi, Jaruzelski est venu à Rome, mes camarades et moi nous sommes jetés sur sa voiture et avons bloqué son passage pendant quelques instants. Cette scène était diffusée en direct à la télévision. C'est ainsi aussi que nous avons protesté contre l'étranglement de "Solidarnosc".

Au cours des dernières années, les émigrés, les dissidents ont commencé à voir que nous les défendions systématiquement, que nous luttions pour leurs droits, que nous organisions des grèves de la faim et que nous faisions des motions parlementaires. Bref, il se sont rendus compte que nous sommes de leurs côtés!

Q. Que pensez-vous du "phénomène Gorbatchev",?

R. Une transition non-violente d'un régime totalitaire vers un régime libéral est éventuellement possible. Cela a eu lieu en Espagne. Mais l'Espagne était un pays arriéré, agraire. Il est difficile de croire qu'une telle transition indolore se produise en U.R.S.S., pays industrialisé, puissant. Et puis l'Occident n'avance pas les exigences qui s'imposent à l'égard des régimes totalitaires, car il ne croit pas au potentiel démocratique des peuples qui vivent sous la coupe de ces régimes.

Q. Quelle stratégie l'Occident doit-il alors adopter vis-à-vis des pays de l'Est?

R. Le problème de l'Occident aujourd'hui, c'est qu'il est victime de ses idéologies passives. Or, il ne faut pas attendre d'être attaqués. Il faut attaquer les Soviétiques, il faut libérer les peuples de l'Empire soviétique. Nous radicaux, nous nourrissons envers le monde communiste, une idéologie agressive. Il ne s'agit pas, bien sûr, d'agression armée, mais d'une déstabilisation par l'information. J'ai déjà proposé deux lois à ce sujet aux Parlements italien et européen.

Nous avons des budgets militaires gonflés. Il faut utiliser une partie de cet argent pour bombarder, littéralement, les pays de l'Est, d'information, de manuels, de romans, de poèmes. Nous disons qu'il faut consacrer 10% du budget militaire à cet objectif-là au lieu de fabriquer des fusées qui ne seront jamais utilisées. Des dizaines de milliers de jeunes gens pourraient aller répandre l'information en URSS au lieu de faire un service militaire inutile en Occident. Que pourrait faire Gorbatchev contre une offensive de jeunes gens portant des livres et des fleurs? Nous proposons des choses simples, mais elles ne rentrent pas dans le cadre de la pensée politique traditionnelle. Et pourtant, on pourrait obtenir des résultats extraordinaires, comme Gandhi à l'époque.

Q. Pour terminer, une question presque indiscrète. Comment se fait-il que Cicciolina soit devenue l'image et le symbole de votre Parti?

R. La justice italienne est très imparfaite. Pour attirer l'attention de la presse et du public sur des faits scandaleux, nous avons souvent inscrit sur nos listes électorales des gens injustement inculpés ou détenus sans procès pendant des années. Ce fut le cas de Toni Negri, accusé de terrorisme, et d'Enzo Tortora, accusé d'appartenir à la mafia. Tous deux ont été élus à des postes importants au sein du parti et tous deux ont été reconnus innocents par la suite.

Le cas de Cicciolina est différent. Nous défendons systématiquement les minorités sexuelles, car nous nous retrouvons dans la théorie de Reich qui voit le nazisme et le communisme comme des résultats de l'oppression sexuelle. Mais en ce qui concerne cette jeune femme, star du porno, elle s'est tout simplement inscrite au Parti Radical il y a deux ans quand nous étions à deux doigts de la dissolution. Au moment des élections, elle a voulu faire partie d'une liste électorale (chez nous, c'est le droit de chacun). Elle n'avait aucune chance car elle était à la 49ème place sur la liste de la circonscription de Rome. Mais la presse, la presse communiste surtout, a gonflé cette histoire. Et en deux mois, l'actrice du porno est devenue une personnalité politique, et c'est elle qui a été élue au parlement, malgré nos appels incessants aux électeurs pour qu'ils votent pour des candidats sérieux. Nous sommes dans une situation désastreuse. Des gens très bien de notre parti, comme Emma BONINO qui a participé intensémen

t à la campagne qui a sauvé la vie de 150 000 personnes dans le tiers monde, font des conférences de presse et personne n'en parle. Et Cicciolina fait des ravages en montrant son sein. De plus nous avons perdu 300 000 voix, soit un quart de nos électeurs, car nos adversaires l'ont utilisée systématiquement pour nous discréditer.

C'est par ailleurs une femme digne. Hongroise, elle est venue en Italie pour faire des études. Et quand elle a décidé de rester en Occident, il fallait bien vivre. Le métier d'une actrice du porno est un métier comme un autre, bien que, personnellement, je n'aime pas le commerce du sexe qui n'a rien à voir avec la libération sexuelle.

Mais enfin, le Parti Radical, ce n'est quand même pas Cicciolina!

 
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