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Pannella Marco - 18 agosto 1988
LES VICTIMES DU PROHIBITIONNISME: L'ARTICLE DE MARCO PANNELLA QUE LE 'GIORNALE DI SICILIA' PUBLIERA DEMAIN. LA MAFIA, L'URGENCE DROGUE ET LES DEGATS DU REGIME PROHIBITIONNISTE. "LA GUERRE CONTRE LA DROGUE EST EN TRAIN DE PRODUIRE SES EFFETS PARTOUT COMME TOUTE AUTRE GUERRE CLASSIQUE..."

SOMMAIRE: "Puisque la loi prohibitionniste est la cause certaine et principale des violences dont des dizaines de millions de personnes sont victimes en quelques années, puisque l'Etat et les Etats qui imposent cette loi ne sont pas en condition de défendre et de faire dédommager les victimes de cet état de choses, puisque nous sommes dans la situation de véritables "victimes de guerre", puisque partout il y a des "dégâts de guerre", il faut demander que l'Etat dédommage les victimes, à Washington ou à Rome, à La Paz ou à Palerme, pour les dommages qu'ils ont subits".

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Rome, 18 août - N.R. - Marco Pannella intervient sur le problème de la drogue et de la mafia avec un article que 'Il Giornale di Sicilia' publiera demain. Nouvelles Radicales en anticipe le texte.

"C'est le régime prohibitionniste contre certaines drogues, celles qui dérivent de l'opium, de la coca et du cannabis (une "drogue" - cette dernière - qui ne mérite même pas d'être considérée), qui a déchaîné l'enfer criminel dans lequel nous sommes en train de descendre, cercle après cercle, jusqu'au dernier. Si tous les "prohibitionnismes" contre des choses et des faits acceptés par de larges couches de la population sont funestes et aggravent les problèmes qu'ils prétendent dénoncer et soigner (Cf. ceux qui ont été battus avec les lois sur le divorce, sur l'avortement, et celui sur l'alcool aux USA), la persistance de celui-ci, la véritable "guerre contre la drogue" déchaînée ces dernières décennies, qui ne fait que des victimes et ne sert qu'au crime, représente un malheur et un véritable système de criminalisation de la société et des Etats. Il est temps que les victimes se révoltent et qu'on remonte à la cause principale et à peu près unique du fléau et qu'on lutte sans complaisances et autres attentes

contre cette folie désormais criminogène et criminelle que la culture cynique et lâche du pouvoir, dans le monde, risque de faire arriver jusqu'à une situation de massacre de la vie du droit et du droit à la vie des gens. Cent mille toxicomanes pauvres, ou réduits à la pauvreté, doivent accomplir chaque année, à cause de la loi, et non de la "drogue", au total, plusieurs millions d'actes de violence contre les gens qui sont les plus sans défense, les plus pauvres et les plus désarmés. On ne doit pas parler de ces victimes, elles doivent être ignorées. L'Etat est absolument incapable de prévenir et de réprimer ces millions de crimes. Si on va les dénoncer la police se déclare loyalement impuissante. J'accuse le moralisme sordide et infâme de ceux qui, au nom de la "guerre contre la drogue", de la défense des "toxicomanes" (qui par contre deviennent des assassins ou des assassinés), "drogue" les victimes de ces millions de crimes imposés, avec une information malhonnête et mafiosa. J'accuse ceux qui - au nom

de l'"ordre public", de la "morale", de la "solidarité" (même!), de la "justice", de la "santé" - massacrent ces mêmes valeurs, et notre société. Les législateurs, les gouverneurs du monde (quelques centaines ou quelques milliers de puissants-impuissants, quelques dizaines en Italie), sont nus: il est idiot de craindre d'être présomptueux et insensé en le disant, lorsqu'il s'agit des mêmes forces et des mêmes classes qui sont homogènes aux exterminations (par la guerre, par la faim, par la misère, mais jamais par la destruction de l'environnement) de dizaines de millions de personnes. "Guerre à la guerre", devons nous déclarer, à cette occasion aussi. La "guerre contre la drogue" est, en effet, en train de produire ses effets partout comme toute autre "guerre classique". Seul le Parti Radical, actuellement, en Italie, en Europe, comme il peut (très mal) dans le monde, est prêt et décidé à descendre sur le terrain. Parti transnational et transparti, c'est le seul parti qui peut, à Palerme aussi, en Sicile aus

si, demander la confiance à ceux qui sont poursuivis ou massacrés par la résignation. Il demande cette confiance et c'est à elle qu'il lie son existence qui est en danger, qui fait tellement peur aux peureux de tous les "pouvoirs", officiels ou occultes. Le Parti Radical veut et peut devenir le Parti, la ligue des victimes de la "guerre contre la drogue", c'est-à-dire de tous en commençant par les toxicomanes eux-mêmes, des esclaves de l'armée criminelle rendue imbattable par la funeste loi prohibitionniste, leaders ou plus petits trafiquants qu'ils soient, mais surtout de ceux qui en ont assez d'être victimes d'un système violent, de voir la justice et la police détruits par cette "guerre", de payer des impôts pour les voir transformés en profits gigantesques du crime organisé et en mort. Mais il faut s'y inscrire, souscrire pour qu'il puisse le faire. Je l'ai écrit hier, et je le répète aujourd'hui parce que la loi prohibitionniste est la cause certaine et principale des violences dont des dizaines de mill

ions de personnes sont victimes en quelques années, parce que l'Etat et les Etats qui imposent cette loi ne sont pas en condition de défendre et de faire dédommager les victimes de cet état de choses, parce que nous sommes de véritables "victimes de guerre", puisque partout il y a des "dégâts de guerre", il faut demander que l'Etat dédommage les victimes, à Washington, à La Paz ou à Palerme, des dommages qu'ils ont subits. Il est temps de dire que le pouvoir du régime des partis ou le pouvoir militaire-industriel sont les premiers à être "d'extraction mafiosa". Que ce n'est pas un hasard si personne ne parle des "narco-lires", ou - si on en parle - c'est pour mieux ne rien faire, comme pour les narco-dollars. Certes, il existe en Sicile un criminel "spécifique" d'espèce mafiosa: et il est déterminé par les coulées d'argent mafioso par milliers de milliards qui vient de Rome pour ensevelir la société civile et le "marché" sicilien du Sud de l'Italie. Dans tout ce Sud il suffit de regarder dans les yeux les "p

olitiques" des divers pouvoirs pour remarquer que leurs yeux se ressemblent désormais pratiquement tous; leurs pupilles sont dilatées et aveugles pour la drogue-milliards qui arrive. Mais, ce qui le soutient, ce qui l'internationalise, le promeut et l'utilise, ce "spécifique" sicilien, ce n'est rien d'autre que la "guerre contre la drogue, avec la criminalité puissante, gagnante et répandue qu'elle nourrit et qui la nourrit. "Mafia", vous dîtes, Maire Orlando? "Mafia", vous dîtes, vice-maire Rizzo? "Mafia", tu dis toi aussi amie Battaglia des Verts? "Mafia" tonne le Président de l'Antimafia Chiaromonte qui annonce des foudres contre des noms de personnes "en collusion" avec la "mafia" des années soixante. La mafia est en train de vous droguer, mes amis! Elle vous a drogué. Et Muccioli ne sert à rien (1). Pour vous désintoxiquer je vous propose le même traitement que je propose aux mafiosi qui voudraient vivre au lieu de mourir assassinés, assassins: une bonne dose de cartes radicales, nonviolentes, antiprohi

bitionnistes, pour votre droit et notre droit à la vie et pour la vie du droit.

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N.d.T

1 - MUCCIOLI. Directeur et fondateur de San Patrignano, la plus grande communauté italienne de désintoxication.

 
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