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De Andreis Marco - 1 ottobre 1988
CONSIDERATIONS SUR LES PROBLEMES ITALIENS DE LA DEFENSE
par Marco De Andreis

SOMMAIRE: Pour pouvoir évaluer les choix à accomplir pour assurer la défense militaire d'un pays et, éventuellement, les initiatives à prendre en matière de désarmement, il faut tout d'abord bien connaître les éventuelles menaces à affronter. Dans ce but, on analyse ici, comme le font les Etats-majors, les menaces militaires possibles en Italie: la menace au Nord-Est ("Seuil de Gorizia") et la menace provenant du Sud, la zone Méditerranéenne. Par comparaison, les forces militaires mobilisées des deux côtés. La conclusion à laquelle arrive l'Auteur au terme de cette analyse est qu'il existe, en Italie, un hiatus évident, entre les engagements et les ambitions des militaires, qui sont croissants, et les menaces militaires contre sa sécurité, qui apparaissent au contraire stables ou même en diminution. Donc, si l'analyse des menaces était réellement l'étalon sur lequel est mesurée la politique de sécurité, l'Italie pourrait prendre immédiatement des mesures de désarmement unilatéral et multilatéral dont on

parle dans le volume "Quel désarmement" et dont voici un extrait.

(Irdisp - Quel désarmement - Editions Franco Angeli - Milan - Octobre 1988)

1. Introduction

Le but de ce chapitre est d'esquisser une évaluation des menaces militaires contre la sécurité Italienne et les mesures de défense mises en acte pour y faire face. A cela feront suite quelques hypothèses de réduction unilatérale des engagements militaires italiens.

C'est après avoir évalué l'importance des menaces que la politique de défense d'un pays devrait prendre forme. La conclusion à laquelle on arrive ici est que chez nous cela a lieu seulement en partie: la politique de défense italienne a sa propre logique qui n'a qu'un rapport partiel avec une évaluation "réaliste" des menaces. Il faut, nous le croyons, tenir compte de cela, à fortiori si l'on considère favorablement la perspective de désarmement.

Dans ce chapitre la compétition militaire Otan-Pacte de Varsovie est prise au mot: tout comme le font les Etats-Majors, on fait abstraction des intentions politiques du potentiel adversaire (qui ne sont pas toujours hostiles) et l'on considère simplement les capacités de défense de l'Italie, principalement dans le contexte d'une guerre entre les deux blocs.

On dira bien sûr que la ligne Est-Ouest n'est pas la seule de laquelle peuvent provenir des attaques militaires - cela fait quelques années du reste que le concept de "menace du Sud" anime les discussions sur la politique de défense italienne. Mais si l'on essaye de mieux la définir, cette menace du Sud, on finit par trouver, ou bien la dimension aéronavale, méditerranéenne, d'un conflit Otan-Pacte de Varsovie, ou bien un pays non-aligné, toujours méditerranéen, qui ait ou qui puisse développer des motifs d'hostilité à notre égard. Dans ce dernier cas il faut dire tout de suite que la seule manière sensée de considérer la menace potentielle pour la sécurité italienne est celle de supposer un usage "normal" de la force militaire. Un usage des moyens militaires contre des actes de terrorisme ou contre des incursions de tous genres est clairement un usage "anormal": il est davantage le signe d'un problème politique que d'un problème d'organisation de défense. Contre les actes de terrorisme, sur le plan mi

litaire, on ne peut faire grand'chose. Au contraire, prétendre de se préparer à affronter militairement des menaces essentiellement non-militaires signifie bouleverser le débat sur le rôle des forces armées. Une erreur que l'on essaiera d'éviter ici.

En définitive, dans ce travail, on présume que la politique militaire italienne tourne autour de de menaces possibles: l'une de Nord-Est et l'autre de la méditerranée. Deux missions défensives devraient correspondre à ces attaques: l'une aéro-terrestre, l'autre aéronavale (1).

2. La menace de Nord-Est: la défense du seuil de Gorizia (2)

Comme cela se passe également dans d'autres pays européens, la presse italienne nous a habitué à croire que nos défenses, en cas d'attaque de la part du Pacte de Varsovie, ne résisteraient que quelques heures. Il suffit de donner un coup d'oeil rapide aux forces sur le terrain pour trouver ces prévisions catastrophiques tout-à-fait infondées. Mis à part le problème des débarquements sur nos côtes (3), d'où pourrait donc provenir une attaque du Pacte de Varsovie aux frontières italiennes?

On pense communément qu'elle proviendrait de Hongrie. Le gros des forces hongroises consiste en 1 division blindée et 5 divisions d'infanterie motorisée (4). Quant à la promptitude opérationnelle, la division blindée et de de celles de l'infanterie motorisée ont été considérées de seconde catégorie, les trois autres de troisième catégorie (5). Elles ont toutes 1200 chars d'assaut T-54/55 qui datent des années 50, et une centaine de T-72, plus modernes. L'aéronautique hongroise déploie 120 vieux Mig-21, plus 10 Mig-23, jouant tous le rôle d'intercepteurs. Les chasseurs-bombardiers sont au nombre de 15 (Su-25) et les hélicoptères d'attaque au nombre de 30 (Mi-24) En Hongrie il y a aussi 2 divisions blindées et 2 divisions d'infanterie motorisée soviétiques (toutes de premières catégorie) en plus des 240 avions de combat (6), toujours soviétiques.

Si la guerre durait, le Pacte de Varsovie pourrait pointer vers le front italien de 6 à 8 divisions blindées (de seconde catégorie), 4 à 6 divisions d'infanterie motorisée (de troisième catégorie), 1 à 2 divisions d'artillerie, toutes soviétiques, provenant du district militaire de Kiev (7) - dans ce district l'Urss dispose également de 90 avions de combat environ.

Il est clair toutefois que la mobilisation de ces forces de réserve prendrait beaucoup de temps et serait très visible; permettant ainsi à l'Otan de prendre des mesures adéquates.

Pour arriver à notre frontière, ces force devraient passer à travers l'Autriche ou la Yougoslavie, où elles rencontreraient une opposition sérieuses dans les deux cas (8). A la fin, seule une partie de ces forces rencontrerait les forces armées italiennes, qui, de leur côté, ont l'immense avantage de connaître le terrain. Un terrain qui semble fait pour contrecarrer les plans de tout attaquant.

"Le seuil de Gorizia" - a écrit un général italien - est l'unique accès véritable de l'Est vers la partie septentrionale du bassin méditerranéen et la péninsule italique" (9). Le seuil de Gorizia coïncide plus ou moins avec la frontière Italo-Yougoslave, tandis que les Alpes représentent une barrière naturelle contre une invasion provenant du territoire autrichien. Sur les Alpes, les cinq brigades alpines de l'armée italienne trouvent leur terrain naturel d'action.

Entre Brescia, Padova et Bologne et jusqu'à la frontière orientale, se déploient 14 brigades, plus la brigade fuséonautique et une grande partie des unités antiaériennes de l'armée. Immédiatement en arrière, entre la Lombardie et le Piémont, on trouve 4 autres brigades. Comme l'on peut voir, il s'agit du gros de nos forces de terre: il reste uniquement 6 brigades, éparpillées dans le reste de la péninsule.

Entre 1975 et 1985 les effectifs militaires italiens sont passés de 459.000 à 531.000 (10). 50% environ de cette augmentation, s'explique par l'accroissement des rangs dans les corps paramilitaires (11). Toutefois, le reste de cette augmentation doit-être attribué à l'armée, dont les 24 brigades sont toutes très voisines des 100% des effectifs alloués (12). En outre, aujourd'hui, contrairement à il y a seulement dix ans , les unités de campagne sont presque complètement mécanisées. Une plus grande mobilité a permis de ramener en arrière quelques unes de ces unités. Mais aussi l'absence de l'espace physique -le seuil de Gorizia a une largeur de 50 kms- doit avoir poussé à introduire certains éléments de flexibilité au principe Otan de défense en avant. Le lancement des programmes de renforcement des trois forces armées, mieux connues comme "Lois promotionnelles", remonte à 1975. Depuis, les dépenses militaires italiennes s'accroissent démesurément par rapport à la moyenne de l'Alliance. Cela s'est réperc

uté ailleurs par leur incidence sur le PNB, qui est passée de 2,3 % en 1976 à 2,7 % en 1983 - niveau qui s'est stabilisé au moins jusqu'en 1986.

Fait encore plus important, le quota destiné à l'acquisition d'armements tend à s'accroître à l'intérieur du bilan de la Défense (13).

L'armée italienne déploie 1.110 pièces d'artillerie, le nombre le plus élevé parmi les membres européens de l'Otan, après la RFA qui, elle, en a 1.227. Parmi celles-ci, figurent 164 FH-70, un modèle d'obusier de campagne de 155 mm de la dernière génération et presque 300 automoteurs M-109/110. La ligne des chars n'est pas négligeable non plus: 920 Léopards-1 et 300 M-60 A1, en plus des 500 M-47. (14). Dans le secteur du transport des troupes on a commandé 2.000 automitrailleuses légères 4x4 Puma et 600 blindées VCC-80.

Des milliers de milliards de Lires sont investis dans l'acquisition de types divers d'armes antichars, toutes de conception récentes: Milan, Apilas et Folgore, plus 60 exemplaires de l'hélicoptère d'attaque A-129 Mangouste.

L'aéronautique, qui dispose déjà de 460 avions de combat, est en train, elle aussi, d'employer des ressources considérables dans la rénovation de ses moyens: 64 chasseurs-bombardiers Tornado; le développement de l'AM-X, un avion de chasse tactique commandé à 240 exemplaires, est déjà à un stade avancé; on a commencé la phase de Recherche et Développement de l'European Fighter Aircraft (EFA) un consortium multinational auquel participe également l'Italie pour remplacer les vieux avions d'interceptions; le programme pour l'acquisition des missiles Spada/Aspide est bien avancé, et celui des missiles Patriot est en train d'être lancé, tous deux destinés à améliorer la défense antiaérienne des bases de l'Aéronautique.

Considérées dans leur ensemble, les données que nous venons de voir laissent penser que les perspectives de voir les forces aéroterrestres italiennes s'opposant avec succès à une attaque provenant de l'Est sont décidément bonnes (15). Il s'agit bien sûr d'affrontements sur le papier, alors qu'une guerre réelle mettrait en jeu un grand nombre de variables impossibles à pondérer.

Toutefois et heureusement, la méthode des affrontements sur le papier est celle qui est utilisée par tout le monde. Même par ceux qui pronostiquent des avancées soviétiques foudroyantes.

On ne peut pas négliger deux considérations. Premièrement il n'est guère probable que les alliés de l'Urss seraient disposés à s'associer à une campagne offensive soviétique contre l'Alliance atlantique - et les Hongrois n'y font pas exception. Deuxièmement et encore plus important, il n'est pas du tout dit que les divisions en garnison en Hongrie seraient employées dans la très rude mission de traverser la Yougoslavie et d'envahir l'Italie par le Nord-Est. De nombreuses analyses des rapports de force entre Otan et Pacte de Varsovie (16) en effet, prétendent que ces divisions concourent à l'offensive sur le front central allemand.

Dans le cas d'un conflit généralisé en Europe, le tableau qui se présenterait alors, serait donc très différent de celui des hordes qui déferlent sur la plaine padane: le seuil de Gorizia serait tout simplement ignoré. Que feraient dans ce cas les 24 brigades et les 460 avions de combat italiens: attendraient-ils alors que les soviétiques attaquent sur le front central? Le problème des deux Etats-tampon, l'Autriche et la Yougoslavie, se reposerait, mais à l'envers: ce seraient les italiens qui auraient besoin de traverser l'un ou tous les deux pays, pour se joindre au reste des forces de l'Otan, à la différence près que ces pays - tout comme la Suisse - pourraient somme toute permettre le passage, puisqu'ils auraient bien peu à gagner d'une victoire des soviétiques.

Mais il faut s'arrêter là, si nous ne voulons pas déboucher dans le fantastique. Il faut remarquer cependant qu'il y a des gens qui prennent sérieusement en considération l'hypothèse que les forces italiennes se déplacent rapidement en Yougoslavie ou en Autriche en cas de conflit - naturellement sans demander la permission à Belgrade ou à Vienne. Carlo M. Santoro écrit: "La défense du Seuil de Gorizia, en effet, a un sens stratégique et tactique uniquement à condition qu'elle puisse être avancées sur les lignes défensives devant Lubiana ou Karlovac en Yougoslavie, ou bien, sur la ligne Innsbruck/Graz en Autriche. Autrement, il est bien difficile de penser que l'écran de résistance opposé uniquement par les forces armées des deux pays neutres, puisse vraiment ralentir l'avancée des forces soviétiques et du Pacte de Varsovie" (17).

De son côté Virgilio Ilari a écrit: "Sur le front italien on pourrait même effectuer les "cross-border opérations" prévues par l'Airland Battle, comme l'issue principale à l'Est des Alpes Giulie, ou bien le rattachement au front central de l'Otan réalisé à travers l'Autriche (18)" . Plus prudent, Maurizio Cremasco a affirmé que la liaison entre le front central et le front méridional de l'Otan est stratégiquement plus étroite qu'elle n'apparaît géographiquement, alors que la défense de l'Autriche est une préoccupation partagée par les forces armées italiennes et allemandes" (19).

En lisant entre les lignes les opinions de ces experts de tendance conservatrice, il semblerait que l'on puisse conclure que la capacité italienne de défendre le seuil de Gorizia est plus que suffisante contre la menace (20) - d'autant plus que là-bas, il ne semble pas y avoir de menace directe. Autrement pourquoi tant d'insistance sur d'hypothétiques opérations des forces italiennes outre frontière, ou sur la liaison avec le front central?

3. La menace provenant du Sud: la Méditerranée

A en juger par les forces qui s'y déploient d'ordinaire, la Méditerranée n'est pas une région de première importance pour les deux super-puissances. La marine américaine, par exemple, envoie 60 % de ses unités sur la scène Atlantique/Méditerranée et 40 % sur la scène Pacifique/Océan Indien (21). Dans la première, les rapports de force sont les suivants: 28 sous-marins nucléaires lance-missiles balistiques (SSBN), 51 sous-marins d'attaque (SSN/SS), 7 porte-avions, 93 unités principales de surface (croiseurs, chasseurs, frégates et corvettes (22), 24 navires amphibies pour la Deuxième Flotte (Atlantique); contre 0 SSBN, 4 SSN, 1 Porte-avions, 9 unités principales de surface, 5 navires amphibies pour la Sixième Flotte (Méditerranée). Donc la Sixième Flotte - qui a son quartier général à Gaeta - ne représente que 5% environ des forces navales américaines.

Tandis que la composition moyenne de la Cinquième Escadre Navale Soviètique de la Méditerranée est la suivante: 0 SSBN, 5 SSN/SS, 7-8 unités principales de surface, 0 unités plus légères de superficie (vedettes rapides d'attaque, hydrofoils, unités de service de patrouille (y compris les unités fuséonautiques), 2 chasseurs de mines, 0 navirea amphibie, 24 navires auxiliaires. A titre de comparaison, la marine soviétique dispose de 62 SSBN, 360 SSN/SS, 274 unités principales de surface, 757 unités plus légères de surface, 365 unités pour la guerre des mines, 190 amphibies et 382 navires auxiliaires (23).

Si l'on veut avoir un rapport entre les forces de l'Otan et celles du Pacte de Varsovie, il suffit de jeter un coup d'oeil sur la carte géographique. On voit tout de suite que les marines du bloc oriental - soviétique, roumaine et bulgare (24) - convergent toutes vers la Mer Rouge: pour sortir de la méditerranée elles doivent traverser le Bosphore et les Dardanelles, sous contrôle d'un membre de l'Alliance Atlantique, la Turquie (25). L'URSS dispose évidemment d'autres bases navales, outre celles de la Mer Noire. Et en effet, certaines unités de la Cinquième Escadre - les sous-marins (26) - proviennent de la Mer du Nord: il est inutile de rappeler que, même dans ce cas, pour accéder à la Méditerranée, ces unités doivent passer le détroit de Gibraltar, sous contrôle occidental. Les conséquences, en cas de conflit, sont facilement imaginables: "On peut prévoir que la Méditerranée deviendra une mer fermée aux unités soviétiques, tant à cause du Bosphore qu'à cause de l'extrême difficulté d'un passage inobs

ervé des sous-marins soviétiques à travers le détroit de Gibraltar" (27).

La situation serait bien sûr différente si les soviétiques disposaient d'une base navale permanente en Méditerranée. Ayant perdu la base d'Alexandrie au début des années 70, au moment de la rupture avec l'Egypte, l'URSS n'a pas réussi à s'en procurer une autre. Il ne semble pas non plus probable qu'elle puisse y réussir dans un proche avenir, à moins qu'il n'y ait de profonds brassages dans le tableau des alliances méditerranéennes. Toujours au début des années 70, le Commandant de la Sixième Flotte de l'époque, l'Amiral Stansfield Turner amoindrissait la réalité: "...la portée de la menace navale soviétique considéré que les flottes des pays de l'Otan opérant en Méditerranée...ont un potentiel de tir supérieur à celui de l'adversaire: la présence des porte-avions américains augmente encore cette dichotomie" (28).

Durant les quinze années qui ont suivi ce jugement, de nombreux facteurs ont contribué à accentuer la supériorité occidentale. Premièrement toutes la marines de l'Otan (29), en commençant par la marine italienne (30), ont bénificié de programmes importants de modernisation. Deuxièmement, l'Espagne, tout en restant, pour le moment, en dehors de la structure militaire intégrée, est entrée dans l'Otan (31). Troisièmement, "depuis 1976 la France a déplacé en Méditerranée (à Toulon) environ la moitié de sa flotte" (32); elle non plus n'est pas intégrée militairement dans l'Alliance, même si elle participe aux grandes manoeuvres (33) et si elle ne cesse de donner des signes de coopération militaire croissante en Méditerranée avec les alliés occidentaux (34). Quatrièmement, si une tendance de la présence militaire soviétique en Méditerranée peut-être évidente, elle est à la baisse: mesurée en journées-navires annuelles elle atteignait un maximum de 20.600 en 73, pour descendre à 16.000 en 81 (35); dès-lors, pl

usieurs autres indicateurs se sont chargés de confirmer cette tendance (36).

Il est vrai que pendant ce temps la composition moyenne de la Sixième Flotte a été réduite, en passant de deux porte-avions à un seul, et en réduisant bien entendu son escorte également.

Toutefois, cette réorganisation, si sur le plan politique elle reflète l'expulsion des soviétiques du Moyen-orient et l'importance croissante d'autres foyers (Golfe Persique), elle est d'une importance militaire négligeable: la marine des Usa n'a pas de problèmes en Méditerranée, ni d'accès ni de disponibilité de bases. Autrement dit il est facile de renforcer sa propre présence là où les circonstances l'exigent. (37).

L'absence de bases soviétiques en Méditerranée, limite la menace aérienne à l'encontre des forces de l'Alliance atlantique. En fait, "les aéroports de Jiyanklis, Le Caire-West et Assouan qui se trouvaient en 70 sous contrôle soviétique et d'où décollaient les avions de reconnaissance sur la Méditerranée, ne sont plus disponibles" (38). Il reste naturellement les bombardiers à grand rayon d'action (39) de l'aéronavale soviétique, pourvus de missiles "stand-off". Leur mission, cependant, n'est pas une mission facile si l'on tient compte des capacités considérables de surveillance, de guerre électronique et de l'"early warning", et de la supériorité aérienne de l'Otan dans la région.

Comme pour le "Seuil de Gorizia", dans le cas de la Méditerranée également on peut conclure que les rapports de force entre l'Otan et le Pacte de Varsovie sont tels qu'ils garantissent à notre pays une sécurité plus que satisfaisante. Sauf naturellement l'habituelle mise en garde: les vraies guerres ont un cours difficilement prévisibles sur la seule base des données contenues dans les livres, puisque d'autres facteurs incommensurables peuvent entrer en jeu comme le moral, la motivation politique, la cohésion sociale des combattants.

Toujours sous l'aspect de ces rapports de force, le problème de se garantir l'afflux d'énergie, les matières premières et les approvisionnement en armes - dans un conflit est-ouest qui durerait assez longtemps pour rendre tout cela nécessaire - semble bien adapté aux capacités de l'Otan: les soviétiques ne semblent pas être en mesure d'organiser une guerre aérienne, navale et de surface ou, encore moins, sous-marine en Méditerranée, telle à limiter le mouvement d'éventuels convois de l'Alliance atlantique. On a plutôt l'impression que, comparée à l'Atlantique, où aurait probablement lieu la bataille pour le flux de l'approvisionement des Usa vers l'Europe, la Méditerranée se transformerait bien vite en une sorte de lac occidental.

A quoi doit-on alors toute cette discussion sur la menace provenant du Sud, durant cette dernière décennie?

En ce qui concerne les soviétiques, le cas tout entier semble reposer sur le fait suivant: "Le déploiement d'une force navale soviétique en Méditerranée, son renforcement quantitatif et qualitatif jusqu'à un niveau significatif de "menace" et l'entrée en service du bombardier Tu-22M "Backfire" dans l'aéronautique, ont été les principaux facteurs de changement dans le cadre militaire sur le flanc-sud de l'Otan" (40).

Cette façon de raisonner illustre parfaitement le type d'attitude, psychologique d'abord et stratégique ensuite, qui soutient la course au réarmement. Comme on peut le constater tout ce que l'on affirme est que l'adversaire participe lui aussi à la course: il modernise ses propres forces et s'il le peut, il essaie même de les renforcer. Il manque cependant une définition assez précise de ce qui doit-être considéré un "niveau significatif de menace". A moins de considérer significatif tout ce qui ne coïncide pas avec l'"absence" de menace. Cet auteur écrit en effet sept ans après la citation précédente, que la Cinquième Escadre soviétique "est actuellement en mesure de mener une efficace "mission-denial-mission" à l'égard des forces navales de l'Otan, du moins dans la phase initiale déterminante d'un affrontement militaire"; cela signifie, avec la menace représentée par les bombardier "Backfire", "que la Sixième Flotte, avec les forces aéronavales alliées, devra avant tout neutraliser la menace aéronava

le soviétique et gagner la bataille sur mer. Seulement après elle pourra se consacrer à l'appui des opérations terrestres. Autrement dit, la mission de "sea-control" est devenue une priorité majeure par rapport à la mission traditionnelle de "power projection". (41).

Comme on peut le constater, dans ce raisonnement, le fait que dès le début des années 80 la situation de l'Otan est allé en grandissant - grâce surtout au fait que les soviétiques ont perdu leurs bases aériennes et navales et qu'ils ont diminué progressivement leur présence - compte peu ou prou. Le terme de comparaison est une sorte d'âge d'or - les années 50 ? - lorsque la capacité militaire soviétique était pratiquement nulle. Il est clair qu'avec cette unité de mesure il est impossible de trouver, dans le domaine des rapports de force militaires, un niveau de sécurité qui soit acceptable.

La guerre de la morue

Mais l'Otan, entend-on souvent répéter, ne peut couvrir toutes les dimensions de la politique extérieure italienne - en particulier en Méditerranée. La première partie de cette affirmation est difficilement contestable, du moment que l'Otan est une alliance d'Etats souverains, qui continuent justement de maintenir une pleine autonomie de mouvement. Ce que l'on peut contester c'est le fait que la Méditerranée doit-être le camp d'entraînement de l'autonomie italienne.

Bien sûr, nous y avons des intérêts immédiats: l'exploitation des ressources des zones qui nous reviennent; le fux des commerces qui partent et arrivent de nos ports; la lutte contre la pollution (contre laquelle notre gouvernement ne fait pas grand'chose). Et ainsi de suite. Mais en dehors de tout cela, l'Italie n'est pas homogène aux autres pays de la Méditerranée.

Pour s'en rendre compte il suffit de réfléchir sur le fait qu'un étudiant, un homme d'affaire, ou même un gouvernement, de n'importe quel pays méditerranéen, n'ont aucune raison - sinon opportunité et convenances contingentes - de préférer les rapports avec l'Italie à ceux d'un autre pays européen. A l'exception de la Lybie, nous n'avons pas un passé colonial suffisant pour établir des relations privilégiées avec quiconque.

Ces considérations valent également si l'attention se déplace sur la plan de la sécurité. Là-aussi, à traduire littéralement la géographie en politique, on n'en tire pas davantage que certains truismes bien connus, comme le "porte-avions incoulable" (42) et autres (43). Tandis que le problème de politique de sécurité est toujours le même: il s'agit de localiser quelles sont les menaces qui peuvent nous concerner et si, en relation à celles-ci, les moyens militaires sont suffisants.

En synthèse, le cas de la "menace du Sud" a été monté en Italie - en plus de la croissance du potentiel militaire, soviétique déjà examiné - sur l'hypothèse suivante: des "petites querelles" concernant l'Italie et un pays non-aligné, pourraient naître en Méditerranée mais elles ne seraient pas telles à engager l'Otan (44).

Pour petites que sont ces querelles, il est difficile de comprendre pourquoi les engagements d'alliance devraient se défaire. L'engagement implicite ici c'est que l'Otan ne doit fonctionner que vis-àvis du Pacte de Varsovie. Mais en aucun point du Traité de l'Atlantique Nord il ne se distingue en petites querelles ou en grandes querelles, ni le porteur de menace n'est localisé à priori. (45).

Bien sûr, il est impossible d'exclure la naissance d'un "casus belli" auquel on préfère ne pas répondre en tant qu'Alliance Atlantique. On peut supposer que cela serait fait dans le but de ne pas rehausser inutilement l'enjeu, de refroidir la crise et d'augmenter la probabilité que celle-ci soit résolue rapidement. Ce doit-être de toutes façons une menace moins que mortelle pour justifier un tel comportement. Une menace qui ne demande pas de missions militaires supplémentaires à celles déjà concordées collectivement. Autrement, l'Otan serait une alliance assez étrange si ses membres devaient adopter une planification militaire qui ne tienne pas compte de son existence. Et puisque nous abordons ce sujet, cela vaut la peine d'essayer de voir quelles sont les capacités militaires de nos aggresseurs méditerranéens potentiels. (46). Le nombre des candidats semble réduit à deux pays (47): Algérie et Lybie.

L'Algérie possède une armée considérable, forte de 150.000 hommes, 2 brigades blindées, 5 mécanisées, 9 d'infanterie motorisée, avec 910 chars d'assaut et 780 pièces d'artillerie. L'aéronautique et la marine, qui pour ce qui nous concerne, sont plus importantes, sont également bien équipées. La première possède environ 346 avions de combat, de construction soviétique (Mig-17, 21, 23, 25, Su-7 et 20). La seconde déploie 3 frégates, 3 corvettes, 16 vedettes rapides (avec missiles anti-navires), plus deux sous-marins. Mais la marine et l'aéronautique semblent être à cours de personnel pour les moyens dont elles disposent: 7.000 hommes la première et 12.000 la seconde. A titre de comparaison, considérons que l'aéronautique italienne compte 73.000 hommes pour 460 avions de combat. En définitive les forces armées algériennes sont d'un bon niveau pour le standard nord-africain. Mais il n'existe aucun indice qui puisse faire penser qu'elle soient une exception à ce même standard - c-à-d qu'elle soient en mesure

de soutenir des opérations prolongées et, surtout, qu'elles disposent d'un nombre suffisant de techniciens spécialisés en mesure d'exploiter tous les potentiels des moyens. (48). Sur le plan politique, enfin, le gouvernement algérien a toujours montré suffisament de bon sens et de modération pour exclure qu'il ait quelque intérêt à entreprendre ou fomenter des actes d'aggression. Moins que jamais avec l'Italie, avec laquelle il y a de forts encouragements économiques (49) pour maintenir d'amicales relations.

Le cas de la Lybie est très différent, surtout sur le plan politique. Le gouvernement de ce pays a un comportement aggressif: à l'intérieur (l'exécution sans pitié des dissidents, en Lybie et en dehors), dans sa propre région (la guerre au Tchad) et ailleurs (le soutien donné aux groupes terroristes dans le monde entier). En ce qui concerne l'Italie en particulier, il y a aussi un précédent préoccupant: le lancement de deux missiles contre l'île de Lampédusa, en Avril 86. Les deux engins ont fini à la mer, heureusement, sans faire de dégâts. Mais il est difficile de penser que c'était-là l'intention originelle. L'arsenal déployé par la Lybie est impressionnant: 2.300 blindés, 1.300 pièces d'artillerie, 540 avions de combats, 6 sous-marins, 2 frégates, 4 corvettes, 24 vedettes fuséonautiques.

Le rapport entre moyens et hommes est encore plus désiquilibré que dans le cas de l'Algérie. La Lybie est une nation de 3 millions et demi de personnes, dont les forces armées arrivent à totaliser 76.500 hommes - 60.000 desquels dans l'armée de terre, 10.000 dans l'aéronautique et 6.500 dans la marine. Une grande partie de l'équipement, surtout de l'équipement le plus sophistiqué, gît, inutilisé dans les hangars. Les conseillers militaires soviétiques, en effet, sont au nombre de 2.000 environ et il faut ajouter de nombreux autres, techniciens, civils et militaires, provenant entre autres de la R.D.A., de Syrie, du Pakistan et de Corée du Nord. Ces problèmes de fonds ont été ponctuellement vérifiés du reste dans les occasions où les lybiens ont combattu. Durant le bombardement américain sur Tripoli, le 15 Avril 1986, "les lumières de la ville sont restées allumées pendant les vingt premières minutes" et "aucun avion lybien n'a décollé pour donner la chasse aux avions américains" (50). Au cours des mois

précédents, lorsque la tension montait autour du Golfe de la Sirte, les pilotes lybiens ne volaient pas la nuit, ou bien ne s'éloignaient pas de leurs bases, de façon à voir les lumière de la piste. Quant aux marins, "les analystes militaires n'ont pas un bon jugement pour les capacités lybiennes, ils soulignent les origines du désert de la plupart des lybiens et confirment que les marins en service tendent à soufrir de mal de mer" (51).

Les choses ne vont pas mieux pour l'armée de terre: l'aventure au Tchad, par exemple, s'est terminée par un véritable désastre pour les hommes de Gheddafi. Les combats les plus âpres ont eu lieu entre Août et Septembre 1987, pour le contrôle de l'oasis d'Aozou, au Nord du Tchad. Les troupes de ce dernier pays sont une non-armée, ayant tout au plus des missiles anti-chars et des tous-terrains Toyota. Et c'est pourtant avec ces moyens-là que les Tchadiens écrasaient les lybiens et leurs blindés et champs de mines, s'attribuant ainsi le contrôle de l'oasis (52). Quelques jours après, début Septembre, ils avançaient sur 90 kms en territoire lybien et ils détruisaient la base aérienne de Matan-as-Sarah, d'où partaient les bombardements lybiens sur Aozou et celle-ci également bien protégée (53). A la fin les contre-attaques lybiennes reprenaient Aozou et "après avoir perdu un dixième de son armée, 1 milliard de dollars de matériel et le contrôle d'une grande partie du Tchad septentrional, le Colonel Gheddafi

acceptait un cessez-le-feu négocié par l'OUA". (54).

Il n'était donc pas surprenant "qu'Israël, qui est généralement considéré comme le pays qui a les meilleurs services secrets de la région, s'occupait relativement peu de la Lybie, parceque les lybiens ne représentent pas une menace." (55). Au cours des mois qui ont suivi, la situation pour le gouvernement de Tripoli est allé en empirant, au point que "l'Administration Reagan croit que le gouvernement du Colonel Moammar Gheddafi a été tellement affaibli par une série de défaites durant la dernière année que, selon les fonctionnaires de la Maison Blanche et du Département d'Etat, il n'est plus en mesure de représenter une menace sérieuse pour ses voisins". (56).

Deux mots enfin sur l'attaque fuséonautique lybienne contre Lampedusa. Le geste a été sûrement typique de la bêtise criminelle du régime de Tripoli. Toutefois, dans le but de ne pas exagérer les dommages que le régime est en mesure de provoquer à qui que ce soit, il faut considérer le caractère exceptionnel des circonstances. Le raid américain avait à peine eu lieu, causant, de sources lybiennes, 37 morts (dont la fille adoptive de Gheddafi) et 93 blessés, et du point de vue lybien, Lampedusa n'y était pas étrangère, s'il est vrai que "tandis qu'ils s'approchaient de Tripoli, les F-111 (les bombardiers Usa) se sont alignés sur un radiophare d'une base américaineee sur l'île italienne de Lampedusa" (57).

En somme, il ne semble pas que le tableau des équilibres militaires en Méditerranée, justifie tout le ramdam que l'on a fait en Italie ces dix dernières années sur la "menace du Sud". Les moyens italiens - en particulier s'ils sont associés au cadre de l'Otan - sont réellement plus que suffisants pour faire face à d'éventuels actes d'aggression.

Si au contraire il y avait quelque ambiguïté quant à son status de victime d'une attaque, l'Italie devrait se débrouiller sans le concours de ses alliés. Mais ce serait comme dire que si c'etait nous qui attaquions, l'Otan ne nous défendrait pas. (58).

Cette hypothèse écartée, il ne reste que des situations ambigües, comme les contentieux sur la pêche ou l'exploitation des Zones Economiques Exclusives dans lesquelles, on veut faire la grosse voix en montrant le drapeau. (59).

Mais la politique militaire italienne - une politique qui coûte au contribuable plus de 20.000 milliards par an - peut-elle s'appuyer sur ces prémisses?

A entendre le chef d'Etat-Major de la marine, qui doit répondre d'une bonne tranche de ces 20.000 milliards, il semblerait que oui. Dans un discours récent, en effet, l'amiral Piccioni a affirmé: "Devant de tels faits éclatants qui, en Europe, s'ajoutent au contentieux entre Islande et Grande-Bretagne, mieux connus comme la guerre de la morue, on comprend facilement pourquoi l'emploi des flottes dans leur rôle de tutèle de la haute mer, un rôle typique en temps de paix, doit se situer exclusivement dans le cadre des activités à caractère purement national". (60).

C'est donc, du moins en partie, pour nous préparer à la guerre de la morue que "...sont nécessaires, deux groupes de combattants de navigation hauturière, de forces sous-marines, d'anti-mines, de forces aériennes antisom et une ligne complémentaire de moyens auxiliaires et de support à l'escadre...(en plus des)...forces aériennes pour le support aérien défensif et offensif." (61).

Il est regrettable de le dire, mais ce dernier n'est pas l'unique cas où l'énoncé des objectifs stratégiques, ou plus simplement des desiderata des différentes armées, prend un ton grotesque. On peut lire ainsi, dans des documents officiels que "pour assurer la meilleure défense au Sud et pour les lignes de communication maritimes d'intérêt national, il faut que les forces aéro-navales italiennes acquièrent le contrôle de la mer". Seules évidemment, comme si les alliés n'existaient pas, et non pas d'une partie mais de toute la Méditerranée. (62).

Mais que dire alors des thèses de l'ex-chef d'Etat-Major de l'Aéronautique, Basilio Cottone, selon lequel la prochaine génération d'avions d'interception italiens "...pour être employés en temps utile, ne devraient pas être basés à terre, mais voler en permanence grâce aux avions-citerne qui les approvisionneraient en vol"? (63). Ce sont des choses que même le "Stratégic Air Command" (SAC) de l'aviation Us ne peut encore se permettre.

Et enfin, on ne peut ne pas mentionner, les pensées du plus haut-gradé des militaires italiens, le chef d'Etat-Major de la Défense, Riccardo Bisogniero. Pour le général, "l'environnement géopolitique auquel l'Italie appartient, et dans lequel elle doit fonctionner comme nation, consiste en deux régions contigües: le continent européen - et non pas simplement l'Europe méridionale - et la zone Méditerranéenne qui comprend le Moyen-Orient tout entier et l'Afrique du Nord et qui s'étend du Golfe d'Arabie au détroit de Gibraltar" (64). Si c'était seulement la constatation de la complexité des relations internationales, cette sorte de définition serait copartagée - mais alors pourquoi ne pas dire que l'environnement géopolitique de l'Italie est le monde entier? Le problème est qu'il a des conséquences sur la politique de sécurité: "les forces armées italiennes doivent-être en mesure de maintenir la sécurité dans la Méditerranée". Vue la définition de la Méditerranée donnée plus haut il n'est pas surprenant

qu'"une vision plus ample de la politique de sécurité italienne est en ordre".

Pour ceux qui se demandent quelles sont les questions en mesure "d'influencer le futur de la politique de sécurité occidentale", voici la réponse: "Premièrement, le rôle incertain des armes nucléaires: deuxièmement, l'influence croissante du fondamentalisme religieux dans l'Islam".

Etant donné le sujet de ce volume, il est intéressant de savoir si le chef d'Etat-Major de la Défense pense qu'il peut y avoir des "changements importants dans le type ou la quantité des forces armées". La réponse est: "l'unique changement important qui peut être considéré est l'acquisition de forces supplémentaires". Dommage qu'il manque les ressources, parceque chaque force armée a été austère (each service has been frugal); il n'y a pas eu de gaspillage".

Quelques alternatives

Bien que n'ayant pas le chef d'Etat-Major de la Défense de notre côté, nous pensons qu'il est possible d'effectuer une réduction à de plus justes proportions, même unilatérale, du potentiel militaire italien. Nous donnerons ici des exemples, dans le but d'en donner le bon sens et la possibilité théorique. Mais nous nous rendons parfaitement compte que la traduction par la pratique demanderait la solution d'une quantité de problèmes importants.

La première possibilité est liée aux chiffres: en Italie il y a trop de militaires, tant par rapport à la mission de défense du Seuil de Gorizia qu'en comparaison avec les autres pays de l'Otan (65). Bon nombre d'entre eux n'exercent que dans les bureaux, comme on peut le déduire du fait que dans le Latium il y avait en 1982, 64.000 militaires, contre 57.000 dans le Frioul et 44.000 en Vénitie (66). Ce qui explique pourquoi "le nombre du personnel civil de la Défense est inférieur à celui des autres pays européens: 57.000 en Italie contre 142.000 en France, 189.000 en Allemagne et 199.000 en Grande-Bretagne" (67).

Quant au côté opérationnel du problème, on devrait pouvoir réduire le nombre des grandes unités de l'Armée, vue la représentation de la menace à la frontière nord-orientale. Pour continuer avec les comparaisons, les 8 divisions italiennes semblent excessives par rapport aux 10 divisions françaises et aux 12 divisions allemandes: comme nous l'avons vu au deuxième paragraphe de ce chapitre, le seuil de Gorizia ne peut en recevoir davantage. En effet 5 brigades sont déployées dans des zones de la péninsule fortement décentrées par rapport à ce qui est appelé le théâtre d'opérations terrestres plus probables (68).

Il vaudrait mieux peut-être considérer le problème sans le tabou de "l'intouchabilité" du service militaire: quarante ans de démocratie aurait dû renforcer la république; au point de lui permettre des forces armées de métier (69). On pourrait considérer dans ce cas, l'hypothèse d'une armée à l'anglaise: un nombre réduit de brigades de professionnels, bien équipées, plus des unités de forces territoriales à "remplir" avec des réservistes au besoin. Une telle solution obtiendrait le consensus de la population et des militaires. Elle serait bien accueillie même au sein de l'Alliance, du moment qu'elle n'a pas un esprit de démobilisation. Il n'est pas dit qu'elle coûterait plus cher non plus, puisqu'elle serait effectuée en parallèle avec une réduction considérable des grandes unités et avec la réduction des cadres de carrière qui sont employés dans les bureaux. (70). Il ne faut pas oublier non plus qu'actuellement 50 % des effectifs militaires est composé de professionnels.

Jusqu'à présent nous n'avons parlé que de l'armée de terre. Toutefois des réductions sont parfaitement concevables également pour la marine et l'aéronautique. Il ne s'agirait plus d'hommes dans ce cas, mais de moyens. Certains programmes mis en chantier par ces deux forces armées ont une saveur tellement vélléïtaire qu'ils faudrait les annuler au plus tôt: les avions à décollage vertical et la construction de porte-avions pour la marine; les avions-citernes et ceux pour l'"early warning" dans le cas de l'aéronautique. De grandes économies pourraient être faites si seulement on abandonnait certaines mauvaises habitudes, comme celle de désarmer les navires de guerre après vingt ans de service. Les coques des bâteaux ne vieillissent pas: ce sont les systèmes de combat qui deviennent obsolètes. Il suffit de rénover périodiquement ces derniers pour maintenir un caractère opérationnel raisonnable.

Réduire la machine de guerre italienne - et la dépense militaire - de manière compatible avec nos engagements de l'Otan et sans grands changements statégico-doctrinaires, est somme toutes possible. Le général Jean a écrit: "l'armée pourrait recourir davantage à la mobilisation et les composantes légères de sa structure par rapport aux plus sophistiquées auraient plus de poids. Dans le secteur de la défense aérienne on pourrait renoncer à quelques appareils comme les "Nike". On pourrait renoncer également à l'acquisition d'"early warning", aux avions-citernes et à l'amélioration des capacités de transport. La marine ne serait plus en mesure d'effectuer des actions de "sea-contrôl" et de support à la Sixième flotte dans la Méditerranée centre-Occidentale, et elle devrait se limiter à la Méditerranée centre-occidentale et à la défense côtière" (71). Dans ce dernier chapitre nous avons discuté des problèmes de défense italiens, en ne considérant que les capacités conventionnelles. Mais on ne peut pas éluder

le fait que dans la péninsule il y a un déploiement de missiles à têtes nucléaires tactiques - en plus des 112 missiles de croisière de Comiso, qui devraient être démantelés au cours des trois prochaines années suite à l'accord Usa-Urss du 8 décembre 1987 sur les missiles à rayon d'action moyen et court. La situation en 83 était la suivante: 200 bombes nucléaires dont sont dotés les avions Us,; 50 bombes les avions italiens; 50 missiles "Lance" à tête nucléaire dont sont dotés les avions italiens; 70 missiles "Nike Hercules" à tête nucléaire, sol-air (Italie) 22 mines atomiques (Usa); 40 projectiles nucléaires de 203 mm pour canons (Italie) 15 projectiles nucléaires de 155 mm; 43 bombes nucléaires anti-sous-marins pour les avions et les hélicoptères (Usa) 20 bombes nucléaires anti-sous-marins pour les avions italiens; 50 missiles à tête nucléaire anti-sous-marins de la marine Us (72). Il s'agit au total de 560 ogives. (73).

La question de leur retrait devrait-être posée avec force, même en dehors des possibles accords Usa-Urss dans le secteur des armes nucléaires qui font suite à l'option zero. Dans la situation italienne de tels engins n'ont aucun sens, puisqu'il n'y a pas de déséquilibres conventionnels qui doivent être "compensés" par le nucléaire (74). En outre, les armes nucléaires tactiques ne plaisent pas non plus aux militaires italiens: "sur la fonction de l'armement nucléaire tactique - a expliqué le chef d'Etat-major de la Défense, le géneral Bisogniero - celui du champ de bataille pour parler clairement, personnellement j'ai des doutes: son utilisation devrait se faire ou bien dans des zones nationales ou bien sur le territoire des pays neutres. Ce qui le rend sans fondement." (75).

A moyen-long terme enfin, on peut penser à de profondes restructurations de la machine militaire italienne et alliée, selon les lignes de la "défense non provocatoire" illustrée dans ce volume par l'essai d'Albrecht von Muller (76). Bien que l'on n'en parle beaucoup moins, les principes de la "défense non provocatoire" peuvent-être appliqués également à la guerre navale (77), un secteur de particulière importance pour un pays comme l'Italie.

En fait la vulnérabilité aux armes intelligentes (surtout les missiles), est même plus accentuée dans le cas des grands navires que dans celui des blindés. En théorie, cela aurait un sens de limiter à la corvette la grandeur maximum des unités navales, en acquérant un grand nombre de vedettes rapides et des hydrofoils armés des plus modernes missiles mer-mer (78), au lieu de vedettes à déplacement continu. Des batteries de missiles antinavires peuvent être également basés à terre, sur des plate-formes automotrices le long des côtes, avec des économies considérables. Et encore: la lutte anti-sous-marins, qui détient avec les avions son instrument principal "non-submergé", peut-être menée par des avions et des hélicoptères basés eux aussi à terre (79). Et enfin, la pose des mines défensives des couloirs maritimes - il y en a quelques-uns en Méditerranée qui concernent les missions navales italiennes - pourrait-être reconsidérée. Ce sont-là des mesures moins révolutionnaires qu'il ne le paraît, si l'on co

nsidère qu'elles sont appuyées même par la marine Us (80).

Il est peut-être inutile d'ajouter, que, s'il est juste de penser à des réductions unilatérales des engagements militaires italiens, notre pays devrait se trouver à fortiori dans une situation idéale pour d'éventuelles réductions négociées. Autrement dit: si l'on signait un accord, entre l'Otan et le Pacte de Varsovie pour la réduction réciproque des propres apprêtages de guerre, l'Italie ne devrait rien avoir à objecter sur le plan de sa propre sécurité. Selon ce même raisonnement, les conditions nécessaires pour que le gouvernement italien s'engage dans cette voie ne manquent pas.

Quelques précautions

Pour résumer, donc, si la situation italienne comporte quelque particularité, celle-ci est dûe au hiatus de la politique du pays entre les engagements (et les ambitions) militaires, qui sont en pleine croissance, et les menaces militaires contre sa sécurité, qui apparaissent au contraire stables ou en voie de réduction. Si l'analyse des menaces était réellement l'unité de mesure sur laquellle on mesure la politique de sécurité, l'Italie pourrait prendre immédiatement bon nombre des mesures de désarmement unilatéral et multilatéral dont on parle dans ce volume. Mais il n'en est pas ainsi. Cela vaut alors la peine, après avoir considéré ces mesures par l'abstrait, de s'arrêter pour considérer l'autre terme du problème, c-à-d la cause de la croissance des ambitions militaires italiennes. Ce qui sera fait ici.

Il y a premièrement un motif de fonds lié à la politique extérieure italienne. Depuis son unité ce pays a tout fait pour entrer dans le club des nations qui comptent. Cet objectif a été partagé par tous les gouvernements. Maintenant, ses forces armées sont l'un des indicateurs les plus immédiats du standing international d'une nation. C'est certainement une disgrâce qu'il soit infiniment plus simple d'acquérir du prestige en achetant quelques blindés en plus, plutôt qu'à travers l'augmentation du bien-être des citoyens. Mais il en est ainsi. Plus le temps passe depuis la guerre (perdue) et plus le personnel politique commence à redécouvrir la dimension militaire de l'image extérieure du Pays (81). Ce n'est peut-être pas un hasard qu'un phénomène de ce genre commence à intéresser également le Japon.

Deuxièmement, le processus politique de l'Alliance Atlantique - qui est surtout une alliance militaire - est agencé de façon à augmenter encore davantage le rehaussement d'image extérieure constitué par les choix militaires. Faisons deux exemples qui ont eu lieu il y a quelques années seulement: l'engagement à augmenter de 3 % annuels en termes réels les bilans de la Défense des pays-membres, pris par l'Otan en 78, et qui a servi souvent à distinguer parmi les alliés, les "responsables" et les "free-riders"; la décision de déployer les euromissiles, qui a été prise par le gouvernement italien surtout, sinon exclusivement, pour s'accréditer, et pas seulement à l'intérieur de l'Otan (82). Ce serait cependant une erreur de conclure que c'est l'Alliance qui est la cause de la croissance de nos engagements militaires. Comme nous l'avons vu, la Défense italienne a des ambitions, ou des vélléïtés, qui dépassent les missions qu'il serait raisonnable de s'assumer à l'intérieur du partage du travail avec les alli

és. Certaines fois l'Otan est pour nous trop étroit. D'autres fois il peut au contraire présenter des opportunités aussi bien aux politiciens qu'aux militaires, comme on l'a vu plus haut.

Troisièmement, le gouvernement du pays-guide de l'Occident, les USA, a insisté constamment - depuis 1981 - sur l'importance de la force militaire dans les relations internationales. Le thème du "reéquilibre" des rapports de forces entre Otan et Pacte de Varsovie, a été, ces dernières années, une sorte d'obsession de l'administration Reagan. Il ne faut pas s'étonner qu'il ait réussi à ouvrir une brèche de ce côté-ci de l'Atlantique.

Quatrièmement, il faut considérer les affaires politiques intérieures de ces dernières années, depuis 1980. La Défense est le troisième siège, par ordre d'importance, après la présidence du Conseil et les Affaires extérieures. La présidence ayant été cédée aux laïcs, les démochrétiens se sont toujours réservés - dans les deux dernières législatures - les Affaires Extérieures. Lorsque c'était le républicain Spadolini qui guidait le gouvernement, il y avait à la Défense un socialiste (Lagorio), et vice-versa (Craxi président et Spadolini à la Défense). Le résultat, de toutes façons, a été qu'à la Défense, il y a eu régulièrement un représentant, personnellement ambitieux, d'une force politique ayant également l'ambition d'accroître sa propre influence. Tous deux pensaient avoir beaucoup à gagner d'un profil militaire du pays plus élevé. Faut-il s'étonner s'ils ont poursuivi cet objectif de toutes leurs forces?

La cinquième considération concerne le rôle économique de la dépense militaire. C'est un préjugé courant que les investissements dans le secteur de la guerre doivent avoir la priorité sur les autres secteurs, pas tant sur la base de considérations de sécurité que parceque l'on attribue de grandes capacités propulsives du côté technologique à la production militaire. On ne peut contester ici ce qui est justement en grande partie un préjugé. Le fait est que ses effets sont clairement visibles dans le cas italien, où il n'existe réellement que très peu de raisons militaires pour justifier la croissance des bilans de la Défense et l'expansion de l'industrie de guerre. Un exemple parfait dans ce sens est le cas déjà rappelé du remplacement des chars M-47 par de nouveaux blindés lourds dans les brigades de l'armée déployées dans la péninsule. On ne trouve pas d'autres raisons que celle de vouloir subventionner la Fiat et l'Oto-Melara, productrices de blindés.

Et enfin, il y a la dynamique des grandes organisations bureaucratiques dans les sociétés modernes.Dynamique à laquelle ne peuvent échapper les forces armées (83). Autrement dit de telles organisations luttent constamment pour maintenir et, si possible, accroître: leur autonomie, leur mission, les ressources financières. Dans cette logique, la réduction des menaces militaires contre la sécurité du pays, est vécue par les forces armées comme une dramatique augmentation de la menace contre leur propre survie en tant que grande organisation bureaucratique. Donc si les menaces militaires n'existent pas, on les invente, même au risque de soutenir des paradoxes: si ce n'est pas la flotte soviétique, ce sera la guerre de la morue. C'est souvent un forcement que d'essayer de trouver Dieu sait quels plans stratégiques derrière les choix des forces armées. La marine par exemple veut ses porte-avions et ses navires-amphibie non pas tant parceque les amiraux pensent sérieusement débarquer Dieu sait où, que plutôt p

arcequ'une flotte de vedettes et d'hydrofoils lanceurs de missiles en réduirait les budjets alloués, les missions et le prestige.

Tous ces facteurs peuvent varier en genre et en nombre au fil du temps. Mais ils continueront d'agir. Il faut bien que n'importe quel plan de désarmement, unilatéral ou négocié qu'il soit, en tienne largement compte.

N O T E S

1. Au ministère de la Défense, "La Défense. Livre Blanc 1985", dans ses propres éditions, Rome, Novembre 1984, on définit cinq missions inter-forces: la première de défense au Nord-Est; la deuxième de défense au Sud et sur les lignes de communication; la troisième de défense aérienne; la quatrième de défense opérationnelle du territoire, la cinquième d'action de paix, sécurité et protection civile. Paolo Miggiano commente: "il est difficile de se faire une raison du pourquoi de ces cinq missions lorsque de tout le tableau tracé n'émergent clairement que deux menaces". "La politique de sécurité italienne" par M.De Andreis et P.Miggiano, "L'Italie et la course au réarmement", Franco Angeli, Milan, 1987.

2. Ce paragraphe est basé sur le développement du même sujet contenu dans "The nuclear debate in Italy", "Survival" par M.De Andreis, Mai-Juin 86. Les données sur les forces militaires ont été mises à jour dans l'annuaire de l'International Institute for Strategic Studies (IISS), "The Military Balance 1987-1988", à moins qu'il ne soit indiqué différemment.

3. Problème qui n'existe pas, parcequ'il n'y a personne qui en ait la capacité outre l'intention. Ainsi par exemple l'ex-chef d'Etat-Major de l'armée Umberto Cappuzzo, dans un discours du 21 Mai 82 au CCentro Alti Studi Difesa (CASD), définissait "inimaginables" les hypothèses de débarquements d'amphibies ou de parachutistes sur une grande échelle au coeur de la péninsule.

4. Nous traduisons ainsi le terme anglais "Motor Rifle".

5. La "Military Balance" distingue trois catégories de divisions du Pacte de Varsovie, selon leur rapidité opérationnelle. Les divisions de première catégorie sont complètement équipées en hommes et en moyens et prêtes au combat dans les 24 heures. Les divisions de seconde catégories ont toutes les moyens de combat prévus mais seulement 50-75 % du personnel - la planification prévoit que 100 % soit atteint en trois jours mais la pleine disposition opérante en un mois. Les divisions de troisième catégorie sont appelées "divisions-cadre": équipement complet mais composé d'engins plus vieux, 20 % du personnel - la planification prévoit que 100 % soit atteint en huit ou neuf semaines.

6. Même dans ce cas, ce sont les modèles les moins récents, comme les Mig-21 et les Su-17, qui dominent. Sur 240 avions, 90 sont des chasseurs-bombardiers.

7. Les chiffres les plus bas proviennent de l'édition 83-84 de la "Military-Balance", les plus élevés, de l'édition 87-88. Le niveau de promptitude opérationnelle est extrait par contre de D.C Isby, "Weapons and Tactics of the Soviet Army", Jane's Publishing Co, New-York and London, 1981, p.27. Le fait qu'en quatre ans les divisions soviétiques dans ce district militaire doublent, ne peuvent qu'engendrer le scepticisme. En effet l'annuaire de l'IISS, qui jouit pourtant d'une grande réputation, révise souvent ses propres chiffres, d'une année à l'autre, et sans donner d'explications. Lorsqu'il s'agit du Pacte de Varsovie, ces révisions sont invariablement à la hausse.

8. Sur les organisations défensives et la politique de sécurité de ces deux pays, cf. le IX chapitre de ce volume.

9. G. Donati, "The Defence of North-East Italy", NATO's Sixteen nations, Mai-Juin 83.

10. Cf. "Notizie NATO", février 1987, p.35. Sur le nombre d'hommes sous les drapeaux, en 85 l'Italie n'était dépassée, à l'intérieur de l'Otan, que par la France (563.000), la Turquie (814.000) et USA (2,3 millions). On ne peut pas ne pas être frappés par le fait que Grande-Bretagne et surtout la RDA ont moins d'effectifs que nous.

11. Carabiniers, Police d'Etat et Douaniers. Les premiers cependant, outre les tâches de sécurité intérieure, ont un rôle militaire assez important. Ils disposent en effet de blindés, d'un bon nombre d'hélicoptères, ainsi que d'une brigade mécanisée et d'un bataillon de parachutistes.

12. Avant la-dite restructuration, lancée en 75, l'armée déployait sur la carte 36 brigades. Sur la carte, parceque plusieurs unités étaient dans les mêmes conditions, sinon pire, que les divisions soviétiques de troisième catégorie: c'était seulement des unités-cadre.

13. Pour un développement plus étendu des questions économiques liées à la défense italienne, cf. M. De Andreis, A. Liberati, M. Maré, P. Miggiano, "La dépense militaire en Italie".

14. Le M-47 est un char-d'assaut Us, entré en service dans les années 50. Les armées occidentales le considèrent aujourd'hui comme une vieille carcasse et l'Italie sera l'un des derniers pays à s'en défaire. Dans le but de le remplacer (abondamment), l'armée a commandé au consortium Oto-Iveco 300 exemplaires d'un char de "deuxième génération" (plus sophistiqué que le "Léopard" 1) dénommé C-1 "Ariete" (Bélier, NDT), et 450 exemplaires d'un blindé lourd (20 tonnes, 8x8, canon de 105 mm, dénommé B-1 "Centauro". Ce consortium a déjà construit leurs prototypes. A titre de comparaison, il faut tenir compte que la correspondance orientale du M-47 - en ce qui concerne la technologie et la période de son entrée en service) sont justement les T-54/55 qui, en plus d'être pratiquement tout ce dont dispose l'armée hongroise, constituent environ la moitié des chars d'assaut du Pacte de Varsovie. Sur le "Centauro" et sur l'"Ariete" cf. E. Po, "Etruria 87 : l'armée montre les nouveaux matériels", "Rivista Italiana Difesa",

Oct.87. On peut trouver par contre une confrontation, enfin non seulement numérique, entre les chars occidentaux et orientaux, dans le Rapport Stokes, présenté le 2 Novembre 1987, à l'occasion de la 33ème session extraordinaire, au nom de la Commission sur les questions de défense et des armements de l'Assemblée de l'Union de l'Europe Occidentale (UEO), sous le titre "Evaluation de la Menace".

15. On arrive au même résultat en utilisant comme unité de mesure l'ADE (Armored Division Equivalent), un concept développè au Pentagone et utilisé également par des analystes indépendants. Paolo Farinelli évalue à 3 ADE les forces italiennes, contre 3-4 ADE pour les unités soviétiques et hongroises qui pourraient se diriger vers Gorizia. Cela se traduit par un rapport de forces "semblable à celui du front central, c-à-d pas particulièrement alarmant. Cette conclusion - poursuit Farinella - est renforcée si l'on tient compte du facteur géographique et du rapport forces-Espace". Cf. "Défense non nucléaire et non offensive sur le front nord-est italien", pré-print du Forum pour les Problèmes de la Paix et de la Guerre de Florence. Le jugement du général de division de l'armée Carlo Jean est lui-aussi modérément optimiste: "la faible envergure de l'échiquier nord-oriental italien, la très intense urbanisation du couloir du Frioul-Vénitie, étendu dans le sens est-ouest sur 120 kms environ, la nature montagneuse

des positions de frontière, l'existence d'une bande fortifiée sur plusieurs lignes étalées sur 60 kms en profondeur et la présence d'Etats tampons entre les frontières italiennes et les forces du Pacte de Varsovie, permettent de formuler un jugement plus positif sur l'apport italien à l'Alliance, qu'en se basant simplement sur des indicateurs de pourcentages et financiers". "Les engagements économiques et de bilan de la Défense italienne", relation présentée au séminaire "le modèle de défense italien et le flanc-sud de l'Otan", organisé par le CASD et l'Institut des Affaires Internationales (IAI), en collaboration avec la Canby Luttwak Associates, Rome, 19-20 Mars 1987.

16. Dont celle de Jonathan Dean dans ce même volume. De son côté Maurizio Cremasco a écrit: "en effet, une analyse des grandes-manoeuvres du Pacte de Varsovie, de 1970 à 1976, pourrait donner confirmation à l'hypothèse d'une planification militaire du Pacte de Varsovie qui exclue l'invasion de l'Italie". "Situation internationale dans la zone méditerranéenne et problématique du modèle de défense italien", par l'Istituto Studi e Ricerche sulla Difesa, "les directions de la défense italienne", Rome, 1982, p.113.

17. "L'Italie en tant que Moyenne-Puissance. La politique extérieure et le modèle de défense", par L. Caligaris et C.M. Santoro, "Objectif défense", Il Mulino, Bologne, 1986, pp. 65-66.

18. "Le nouveau modèle de la défense italienne: problèmes de doctrine, options et lignes de tendance", relation présentée au séminaire "le modèle de défense...".

19. "La politique militaire italienne dans la Méditerranée, Un nouveau cours?", relation présentée au séminaire "Le modèle de défense...".

20. Mais c'est une conclusion que moi-même je ne crois pas qu'elle serait partagée explicitement par les spécialistes italiens pré-cités.

21. Même dans cette section les données proviennent de la "Military Balance 1987-88, à moins d'une indication différente.

22. Seulement dans le cas de la marine Us, rentrent également parmi les unités principales de surface, les cuirassés: ceux de la classe "Iowa", dont un est destiné à la scène Atlantique/Méditerranée.

23. La flotte soviétique de la Mer Noire comprend par contre 0 SSBN, 0 SSN, 32 sous-marins à propulsion conventionnelle, 72 unités principales de surface (4 corvettes das la Mer Caspienne), 95 unités de surfaces plus petites (5 dans la Mer Caspienne), 90 unités pour la guerre des mines (25 dans la Mer Caspienne), 28 bâteaux amphibie (3 dans la Mer Caspienne), 77 bâteaux auxiliaires (7 dans la Mer Caspienne). Selon l'annuaire de l'IISS, "la mission principale de la flotte est probablement celle de soutenir les opérations en Thrace avec l'Escadre de la Méditerranée; rôle secondaire, le contrôle de la mer au large de la côte turque".

24. La Roumanie dispose de 1 chasseur, 3 frégates, 3 corvettes et 6 vedettes fuséonautiques; la Bulgarie de 4 sous-marins, 3 frégates, 3 corvettes et 6 vedettes fuséonautiques.

25. Le passage du Bosphore est réglé par la Convention de Montreaux de 1936. Selon cette convention, il est interdit dans le cas des "capitals ships", les cuirassés de jadis, dont l'équivalent moderne sont les porte-avions. Le traité limite également le transit des sous-marins à celui des unités qui se diriges vers les ports pour des réparations - en empêchant en fait la sortie des sous-marins soviétiques.

26. pour les raisons rappelées dans la note précédente.

27. S. Silvestri, M. Cremasco, "Le flanc-Sud de l'Otan", Ed. Feltrinelli, Milan, 1980, pp.97-98.

28. IAI, "L'Italie dans la politique internationale" An I: 1972-1973, Edizioni di Communità, Milan, 1973, p.209.

29. Outre les marines rappelées ailleurs dans le texte, il ne faut pas oublier les marines de la Grèce et de la Turquie. En se limitant aux plus grandes unités: la première dispose de 10 sous-marins, 14 chasseurs et 7 frégates; la seconde de 17 sous-marins, 12 chasseurs, 4 frégates. Il faut aussi tenir compte que plusieurs marines de l'Otan sont pourvues d'unités légères et rapides armées de missiles anti-bâteaux.

30. Voici les plus importantes unités de la marine italienne: 9 sous-marins, 4 croiseurs, 4 chasseurs, 14 frégates, 11 corvettes.

31. La marine espagnole n'est pas négligeable. Au contraire! Pour nous limiter aux plus grandes unités, elle compte 8 sous-marins, 2 porte-avions, 9 chasseurs, 12 frégates, 4 corvettes.

32. P.Miggiano, "La politique de sécurité italienne", p.168. Il s'agit de 2 SSNA, 9 Sous-marins à propulsion conventionnelle, 2 porte-avions, 14 unités principales de surface, 5 chasse-mines, 5 bâteau amphibie.

33. Aux manoeuvres navales en Méditerranée prend part également la Grande-Bretagne.

34. "Les bâteaux de guerre et les marins Us qui, durant les vingt dernières années étaient devenus chose rare dans les ports français, fréquentent à nouveau les ports de Marseille et autres ports français en Méditerranée". J. Fitchett, "Marseille Welcomes Closer U.S. navy Ties", "International Hérald Tribune" (que nous désignerons dorénavant par "IHT"), 25 novembre 1987. En Décembre 87, en outre, le Ministère de la Défense française annonçait un accord de coopération avec l'Italie (et successivement avec l'Espagne), "pour faciliter les échanges d'information relatives à la défense aérienne et aux systèmes d'alarme radar en Méditerranée". F. Rampini, "Accord Militaire Italie-France pour surveiller la Méditerranée", "Il Sole-24 ore", 10 Décembre 1987. A ce qu'il paraît les français ont également souscrit "Memorendum d'entente avec les commandes Otan pour la coopération en temps de guerre". G. Piccioni (chef d'état-major de la marine militaire iotalienne), "Le rôle des forces navales italiennes, européennes e

t de l'Alliance dans la Méditerranée", "Informations Parlementaires Défense" (dorénavant IPD), N·6-7-8, 1987.

35. Cf.R.G. Weinland, "Soviet Strategy and the Objectives of Their Naval Presence in the Mediterranean", par G. Luciani, "The Mediterranean Region", Croom Helm, London Canberra, 1984, pp. 284-285.

36. L'un de ces indicateurs est le nombre moyen des unités (de guerre et auxiliaires) composant la Cinquième escadre: 45 en 81, 38-39 en 86 - la première de ces deux données est extraite de R. G. Weinland, p.287. Plus récemment, la transformation en porte-Hélicoptères de ce qui devait être le premier porte-avions soviétique "...en même temps qu'une réduction de l'activité des chantiers et des manoeuvres navales soviétiques autour du monde, ont confirmé à la plupart des experts que le Kremlin a considérablement réduit ses plans pour une marine hauturière ("blue water navy"), en mesure de projeter la puissance soviétique dans le Tiers-Monde". R.C. Toth, Moscow Downgrades New Aircraft Carrier", "IHT", 23 Octobre 1987.

37. La dernière fois que cela est arrivé c'est en Avril 86, lors du bombardement de la Lybie, à partir de deux groupes de porte-avions.

38. Silvestri et Cremasco, p. 107.

39. Il s'agit de 115 avions, dont une quen Avril 86, lors du bombardement de la Lybie, à partir de deux groupes de porte-avions.

38. Silvestri et Cremasco, p. 107.

39. Il s'agit de 115 avions, dont une quarantaine (2 régiments) des plus modernes Tu-22M Backfire. Il ne faut pas oublier cependant, qu'un plus grand rayon d'action compense seulement en partie la perte de bases sur la scène, puisque plus l'aéroport de base est loin, plus grande est la probabilité d'une alarme soudaine pour l'Otan.

40. Silvestri et Cremasco, p.116.

41. M. Cremasco, "La politique militaire italienne en Méditerranée. Un nouveau cours?" Ce sont pratiquement les mêmes thèses que "Le flanc-sud de l'Otan", cf. p. 117. La thèse que l'Otan ne possède plus le contrôle de la mer en Méditerranée est très discutable; du moins si par contrôle de la mer on entent la protection des lignes de communications maritimes: La menace typique contre ces dernières sont en effet les sous-marins d'attaque. Or, la mission première des soviétiques dans la Mer du Nord est de protéger ses propres SSBN et non pas attaquer les bâteaux de l'Otan. Par conséquent il n'y a que très peu de sous-marins d'attaque soviétiques qui s'aventurent en Méditerranée, dont la fermeture de la part de l'Otan est en plus une chose faisable. Sur le concept de "Sea-control", cf. J:J: Mearsheimer, "A Strategic Misstep - The Maritime Strategy and Deterrence in Europe", "International Security", automne 1986. Quant à la capacité de "power projection" de la Sixième Flotte, il faut souligner que le commandant

des Marines, gén. Kelley, dans un article, "est allé assez loin pour prospecter la possibilité de débarquements de Marines le long de la Baltique orientale ou les Côtes de la Mer Noire". "Ibidem" p. 24.

42. Les Anglais aussi appellent leur pays "The Unsinkable Aircraft Carrier" - Cette locution est également le titre d'un volume de Duncan Campbell sur les bases américaines en Grande-Bretagne.

43. Selon Maurizio Cremasco "la projection de la péninsule du centre de la Méditerranée, la possibilité de contrôle total du Canal de Sicile, point de passage et de division fondamental entre les deux bassins, la position privilégiée de la Sardaigne en termes de couverture aérienne et navale de la Méditerranée occidentale, la profondité opérationnelle des îles plus petites de Lampedusa et Pantelleria, sont tous des éléments stratégiquement importants qui font de l'Italie un pays nécessairement méditerranéen". "La politique militaire italienne...". Des considérations aussi évidentes peuvent-être appliquées pratiquement à n'importe quel pays du monde, comme le montre l'exemple suivant: "La Grèce, le membre le plus méridional de la Communauté Européenne, qui consiste en une quantité innombrable d'îles et d'une partie de la péninsule balkanique, représente un lien géostratégique important entre l'Europe et le Moyen-Orient, une des plus importantes zones mondiales...La Grèce a un rôle important à jouer dans la sé

curité des Balkans et de la Méditerranée. Son emplacement en a fait un pont naturel entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique, et la combinaison de mer et de montagnes en a fait le centre pour le contrôle de la Méditerranée orientale". M. Sadlowski, "Publishers Foreword" de "Defence and economics in Greece", numéro spécial 1987 de la revue "Nato's Sixteen Nations".

44. C'est une thèse que l'on trouve dans le "Livre Blanc" de la Défense, mais exposée avec plus de clarté dans "Traités de politique militaire" de L.Lagorio, Ministere de la Défense, Rome, Juin-Juillet 1980, et dans "Traités de politique militaire" de G. Spadolini, "IPD" N· 19-20, 1983.

45. L'art. 5 du Traité dit: "Les parties conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre-elles, en Europe ou aux Usa, sera considérée comme une attaque directe contre toutes les parties, et par conséquent celles-ci conviennent que si une telle attaque devait avoir lieu, chacune d'elles prêtera assistance à la partie ou aux parties attaquées, entreprenant immédiatement, individuellement et de concert avec les autres parties, l'action jugée nécessaire, y compris l'usage de la force, pour rétablir et maintenir la sécurité dans la région de l'Atlantique-Nord." L'Art. 6 spécifie que l'art. 5 est valable non seulement pour les attaques contre le territoire de l'une des parties, mais également contre les "forces, les bâteaux ou les avions" qui se trouvent en Méditerranée".

46. Dans cette section aussi les données proviennent de la "Military Balance", sauf indication différente.

47. Avec du bon sens, il semble normal, par exemple, d'exclure les alliés de l'Otan et les pays philo-occidentaux, comme le Maroc, l'Egypte et Israël. Ces deux derniers disposent de forces militaires considérables. Israël en particulier, avec son raid aérien sur Tunis en Septembre 1985, a prouvé quil pouvait frapper même à une grande distance de son propre territoire. Qu'Israël puisse être une menace contre la sécurité italienne est une thèse difficile à soutenir. La Tunisie, mise à part toute considération sur les choix de politique internationale, est enfin un pays assez peu aguerri: l'aéronautique compte 12 chasseurs-bombardiers (F-5) et la marine 5 vedettes fuséonautiques rapides.

48. Ce n'est pas un hasard, si en Algérie il y a environ un millier de conseillers militaires soviétiques.

49. Premier entre tous, le méthanoduc Algérie-Italie par lequel passe une partie des exportations du gaz algérien.

50. E. Shumaker, "As Bombs Fell and Sky Blazed, Traffic Moved, Lights Were On", "IHT", 16 Avril 1986.

51. R. Halloran, "Lybia's Military Is Weak By Mideast Standards, Analysts, Officers Say", "IHT", 27 Mars 1986.

52. Cf. J. Brooke, "Chad's Desert WWWeapon: Fast Pick-up Truck", "IHT", 15-16 Août 1987.

53. Cf. S. Greenhouse, "Chad Says It Killed 1730 Libyans And Destroyed 22 Planes at Airbase" "IHT", 9 sEPTEMBRE 1987.

54. J. Brooke, "Chad and Libya Calmy Rearm", "IHT", 10-11 Octobre 1987.

55. R. Halloran, "Libya's Military etc."

56. E. Sciolino, "U.S. No Longer Considers Libya a Threat", "IHT", 11 Janvier 1988.

57. "Reagan's Raiders", "Newsweek", 28 Avril 1986. L'Article se poursuit ainsi: "Ce qui peut expliquer pourquoi des vedettes côtières lybiennes lançaient le jour après une attaque inutile contre l'île". Il faut remarquer que dans cette reconstruction on parle de vedettes côtières (patrol boats) et non des missiles de fabrication soviétique Scud, mentionnés par le gouvernement et la presse italienne. Le gouvernement n'a jamais apporté des éléments sûrs pour créditer la thèse de l'attaque par les Scud, qu'on lui aurait signalé de façon tout-à-fait fortuite (Cf. V. Nigro, "La leçon de cette guerre", "La Repubblica", 25 Avril 1986), par l'"Intelligence" Us. Cependant: a) on peut douter que les satellites d'"Early Warning" américains puissent capter le lancement d'un missile relativement petit comme le "Scud", (la trace pour les capteurs à infrarouge est trop faible); b) la Lybie est à la limite de la zone d'ombre de la couverture de ces satellites (cf. la figure 21-1, "Approximate DSP Satellite Earth Coverage"

in A.B. Carter, J:D. Steinbruner, C.A. Zracket "Managing Nuclear Operations", The Brooking Institution, Washington DC, 1987, p684); c) du point de vue militaire il est probable que les Scud soient habituellement déployés à proximité de la frontière égyptienne, d'où il ne peuvent certainement pas atteindre Lampedusa; d) s'il en est ainsi, il n'est pas alors possible de faire accomplir à ces missiles, malgré leur mobilité, le millier de kilomètres qui les séparent de la frontière tunisienne, le seul point de la côte duquel les Scud peuvent théoriquement atteindre Lampedusa. L'intérêt de notre gouvernement à exclure l'usage lybique de missiles navals est évident: grand nombre de ces missiles sont les "Otomat" de fabrication italienne.

58. Cependant "l'Italie refuse la guerre en tant qu'instrument d'offense à la liberté des autres peuples et que moyen de résolution des controverses internationales", art. 11 de la Constitution.

59. Même si un navire marchand est escorté et si l'on essaye de déminer la zone, le fait de montrer le drapeau est essentiellement la mission des navires italiens - et celles des autres marines occidentales - dans le Golfe Persique à partir de Septembre 87.

60. "Le rôle des forces navales italiennes, européennes et de l'Alliance dans la Méditerranée".

61. Ministère de la Défense, "Note Supplémentaire à l'état de prévision pour la Défense 1988", Présentée au Parlement par le Ministre de la Défense, Valerio Zanone, le 7 Octobre 1897, Rome, p.9.

62. Ibidem, p.8. Il est vrai que l'on précise plus loin que "Les forces aéronavales nationales opèreront normalement dans le plus grand contexte des opérations alliées"; tout de suite après cependant dans un "caveat" on se presse de rétablir les distances d'avec l'Otan: "Elles devront être en mesure de mener même toutes seules les opérations nécessaires pour rechercher et maintenir le contrôle de la mer". Quelque fois on a vraiment l'impression qu'en Italie les pires ennemis de l'Alliance Atlantique sont au Ministère de la Défense.

63. IAI, "L'Italie dans la politique internationale" 14ème année 1985-1986, Franco Angeli, Milan, p. 177.

64. "Italian defence - evolving to meet a rapidly changing world situation", Nato Review, octobre 1987, de laquelle sont extraites toutes les citations du gé. Bisogniero. Nous les traduirons de l'anglais car dans l'édition italienne bon nombre d'affirmations ont été "adoucies" ou même annulées.

65. Pour certains chiffres cf. la note 10. Plusieurs données sont fournies par le gén. Jean, selon lequel les effectifs italiens étaient en 86 de 490.000 unités (100.000 carabiniers), contre les 107.000 (16.000 gendarmes) en Belgique, 557.000 en France (85.000 gendarmes), 495.000 en Allemagne, 107.000 dans les Pays-Bas et 331.000 en Grande-Bretagne. Cf. "Les petites voies économiques".

66. Cf. IRDISP, "Ce que les russes savent déjà et que les italiens ne doivent pas savoir", Rome, 1983. Dans le livre (p.15), on lit aussi que "Aujourd'hui encore plus d'un tiers des 316.000 hommes de l'armée est occupé aux activités de bureau, administratives en tous genres".

67. C. Jean, "Les engagements économiques"

68. Il s'agit de la brigade motorisée Frioul (Toscane), de la Brigade mécanisée Grenadiers de Sardaigne (Latium), de la Brigade motorisée Acqui (Abruzzes), de la brigade mécanisée Pinerolo (Pouilles), de la brigade motorisée Aosta (Sicile). La tendance prédominante est tout le contraire d'une réduction: dans le cadre de la réorganisation de l'armée commencée en 86, ces cinq brigades seront équipées de blindés-lourds C-1 "Ariete", cf.note 14, pour se défendre contre qui ? - vu leur emplacement - on ne le sait pas. Sur ce sujet, cf. P. Valpolini, "La nouvelle structure de l'armée", "Panorama défense", Janvier-Février 1988.

69. Il faut dire que, à en juger par ce qui est arrivé dans différentes parties du monde dans cet après-guerre, il ne semble pas que le service militaire puisse donner des garanies contre un rôle prétorien des militaires.

70. On peut objecter qu'une fois enlevé le personnel militaire des bureaux, il faudrait le remplacer par un autre, civil, - et cela produirait une économie seulement si les rétributions moyennes des civils étaient inférieures, à égalité de fonctions, à celles des militaires. Cependant, la clé réside toujours dans la partie opérationnelle de la structure de la Défense. En réduisant cette partie-là on devrait pouvoir contrer également la partie bureaucratico-administrative, quelque soit sa composition militaire/civile.

71. C. Jean, "Les engagements économiques...".

72. Cf. W.M. Arkin et R. Fieldhouse, "Les forces américaines en Italie", IRDISP, "Ce que les russes savent déjà....", IIème édition, Rome, 1984.

73. La situation ne devrait pas avoir changé depuis 1983. Les mines atomiques ont peut-être été retirées, suite à une décision prise par le Groupe de planification nucléaire de l'Otan en Octobre à Montebello, au Canada. Le choix italien d'acquérir les missiles sol-air "Patriot", annoncé par le ministre de la Défense Zanone au cours d'un voyage à Washington en Novembre 1987, devrait porter au retrait des 70 missiles "Nike Hercules".

74. De semblables considérations peuvent-être faites pour les armes nucléaires navales: la menace des sous-marins soviétique en Méditerranée est suffisamment limitée pour permettre leur retrait.

75. "Evolution du tableau stratégique en Europe et en Méditerranée. Reflets sur la politique de sécurité de l'Italie et sur l'instrument défensif national", IPD N· 6-7-8, 1987.

76. Une première application de ces nouvelles conceptions défensives sur la scène nord-orientale italienne, inspirée cependant davantage du modèle de Horst Afheldt que de celui de von Mueller, on peut la trouver dans l'oeuvre de Paolo Farinella cité à la note 15.

77. Pour les premières tentatives en ce sens, cf. B. Moller, "A Non-Offensive Maritime Stratégy for the Nordic Area, "Working Paper" N· 3/1987 du Centre for Peace and Conflict Research at the University of Copenhagen; A. Boserup "Two Papers on Maritime Defence", Ibidem", N· 1/1987; Commodor E. Schmaehling, "The Survivability of Static and Large Weapon Systems against Modern Stand-off Weapons" et "Thoughts on the Futur of Surface Forces", travaux présentés au "Fifth Workshop of the Pugwash Study Group on Conventional Forces in Europe", Castiglioncello, Italie, )-12 Octobre 1986.

78. Un exemple à portée de la main: 7 hydrofoils de type "Sparviero" (épervier), armés de missiles "Otomat". Avec l'argent d'une frégate on peut en acheter 6, avec celui du croiseur porte-hélicoptère, 11.

79. On entend par "terre" les îles également bien-entendu. Des missiles anti-bâteaux et anti-sous-marins déployés par exemple, à Pantelleria et sur la côte sicilienne pourraient pratiquement fermer le canal de Sicile.

80. "Tandis que les limites financières se sont interposées dans le réarmement naval de l'administration Reagan, les forces d'escorte, les avions et les hélicoptères anti-sous-marins, les capteurs fixes, et les mines défensives ont reçu des ressources insuffisantes. Du point de vue du contrôle de l'escalade, c'est vraiment dommage". B.R. Posen, "Us Maritime Strategy: a dangerous game", "Bulletin of the atomic scientists", Sept.1987.

81. Le Ministre de la Défense a écrit récemment, en se référant à l'Italie: "La cinquième économie libre du monde ne peut renoncer à un système défensif adéquat au rôle qui lui revient dans les coopérations occidentales". V. Zanone, "Maintenant l'Europe doit apprendre à se défendre", "Il Sole 24 Ore", 9 Déc. 1987.

82. Voilà comment l'Italie est entrée dans le club des sept plus grands pays industrialisés. "A cause de l'exclusion italienne du sommet de la Guadeloupe, Améliorer le rôle de l'Italie dans l'Alliance devient la première préoccupation. A ce qu'il paraît, Cossiga (premier ministre en 79) avait dit à ses collaborateurs que si l'Italie avait coopéré sur les euromissiles, il s'attendait à ce qu'il n'y aurait plus eu de Guadeloupe. Par choix ou par coïncidence, il est un fait que le sommet économique de juin 80 eut lieu à Venise". D.N. Schwartz, "Nato's Nuclear Dilemmas", The Brooking Institution, Washington DC, 1983, p.230

83. La question est merveilleusement traitée par M:H: Halperin dans "Why Bureaucrats Play Games", "Foreign Policy", N· 2, 1971.

 
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