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Picard Eric - 1 ottobre 1988
Soustraire le marché de la drogue au milieu
Interview d'Eric Picard, propos recueillis par Jacques Poncin

(Le Soir - Bruxelles - 4 octobre 1988)

SOMMAIRE: Le médecin explique pourquoi il est contre le prohibitionnisme et en faveur de la légalisation de la drogue. Il souligne surtout l'importance de la liberté thérapeutique des médecins vers leurs patients, une liberté qui - à cause du prohibitionnisme - n'existe pas en ce moment.

(Nouvelles Radicales N.6 - octobre 1988)

La semaine dernière s'est tenu à Bruxelles un Forum International consacré à la drogue. Mais pas un Forum comme les autres.

A l'image de son organisateur, le Parti Radical, il fut résolument anticonformiste, étudiant la possibilité de supprimer la prohibition de ce qu'il est convenu d'appeler les drogues dures. Les débats furent troublés par des militants du "Patriarche" demandant au contraire un maintien de la pénalisation de la toxicomanie. Ce qui n'a pas empêché les participants de progresser dans l'établissement d'une structure permanente, la Coordination radicale antiprohibitionniste (CO.R.A.) qui se chargera de populariser cette idée qui est défendue dans notre pays par un médecin bruxellois, pédopsychiatre à l'Hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, le Dr. Eric Picard, auquel nous avons demandé quelques explications...

- Pourquoi cette sympathie pour une cause qui va à contre courant de pas mal d'idées établies ?

- Parce que, dans ma pratique quotidienne, je me rends compte des dégâts que crée l'attitude prohibitionniste de notre société. En quelque sorte, elle contribue à surajouter au drame de la toxicomanie les difficultés résultant de la marginalisation des drogués, de leurs séjours en prison, de leurs contacts avec les truands, de l'obligation dans laquelle ils se trouvent, pour pouvoir se payer cette "denrée" très chère, de se prostituer ou de voler, du risque de sida, etc.

De surcroît, en tant que médecin, je constate que les thérapeutiques qui s'efforcent de prendre en charge ce problème sont, par ricochet, victimes de cette même prohibition. Ceux d'entre nous, qui prescrivent des médicaments de type morphinique sont infiniment plus contrôlés que les confrères qui en donnent à leurs patients après une intervention chirurgicale.

- En quelque sorte, vous êtes suspects de complaisance vis-à-vis de la toxicomanie ?

- Exact, nous souffrons de la mise à l'index totale de cette maladie et des produits qu'elle met en cause. Au point que nous sommes très limités dans l'usage que nous pourrions en faire dans une thérapeutique d'entretien ou de sevrage. Il est sans doute vrai que l'intérêt médical de ces produits est limité, mais il nous est pratiquement impossible de le vérifier cliniquement.

- Votre tâche est d'autant plus difficile ...

- Nous devons, bien avant d'essayer de trouver ce que nos patients ont cherché en voulant aller au-delà des possibilités naturelles de leur corps et de leur esprit, défaire dans leur tête tout ce que les interdits sociaux y ont placé. J'ai le sentiment que supprimer la prohibition permettrait d'insister sur la responsabilité individuelle. Ce n'est pas à l'Etat d'imposer des interdits dans ce domaine, d'autant que cette situation retombe sur l'insécurité dans nos villes. Il m'arrive d'avoir peur qu'un de mes proches ne soit victime de l'agression d'un toxicomane sur un trottoir de nos villes.

- Et pas d'avoir peur que, la drogue étant "libéralisée" un de vos enfants n'y succombe ?

- A cela, j'ai plusieurs choses à vous répondre; La première, c'est que si par malheur un de mes enfants tombait dans la toxicomanie, je ne souhaite pas qu'en plus il devienne un délinquant, un voleur, un prostitué et que, pris dans cet engrenage, il propage l'épidémie de la toxicomanie.

Et, second lieu, je suis convaincu que faire en sorte que l'on sache où la drogue est vendue n'augmentera pas d'un pouce la tentation de la toxicomanie.

- Concrètement, vous souhaitez que le marché de la drogue soit totalement libre ?

- Mais il est libre de facto! Je voudrais surtout que ce marché ne soit plus réglementé par les lois du "milieu" et de la mafia, mais bien par celles de notre droit. Il faudrait que la vente des drogues...

- Toutes les drogues ?

- ...Que la vente de toutes les drogues soit réglementée, soit effectuée à des endroits connus, à des prix connus et après des contrôles de qualité évitant que certaines livraisons ne soient coupées par exemple avec de la strychnine, ce qui limiterait le risque d'overdoses. Il n'est pas question d'en vendre à tous les coins de rues pas plus qu'on ne vend du caviar partout.

En second lieu, j'estime qu'il faudrait qu'on rende au médecin qui soigne les toxicomanes la liberté thérapeutique qu'on accorde aux autres, qu'on leur permette de prescrire librement les produits qu'ils estiment correspondre aux besoins des malades qui font appel à eux.

- Un message bien peu conformiste.

- Ce n'est pas d'hier que je le tiens. Mais ce qui a changé avec ce forum c'est que j'ai pu l'entendre dans la bouche de gens venant de tous pays et de tous horizons, notamment dans celle de policiers et de magistrat!

 
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