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Pannella Marco, Stipetic Radovan, - 1 ottobre 1988
L'année prochaine à Zagreb

Interview de Marco Pannella

par Radovan Stipetic

(Vjesnik - Zagreb - x septembre 1988)

SOMMAIRE: Pannella explique pourquoi le Pr voudrait organiser son premier congrès transnational à Zagreb et aussi sa proposition de l'adhésion de la Yougoslavie à la CEE. On parle de la nécessité de réforme politique.

(Nouvelles Radicales - N.6 - octobre 1988)

Radovan Stipetic: Quels sont les principaux motifs du Parti Radical pour organiser son prochain congrès à Zagreb ?

Marco Pannella: Pour quels motifs, il y a quelques années, devais-je, pour lutter contre les risques d'une montée nationaliste anti-yougoslave, commencer mes interventions en criant en plein Conseil Communal de Trieste: "Je suis slovène" ? Pour quels motifs, il y a plus de trente cinq ans, devais-je avec Olof Palme et quelques rares autres, quand l'Union des Etudiants Yougoslaves était expulsée de l'U.I.E. (l'Union Internationale Etudiante) de Prague, l'inviter à faire partie à plein titre de l'organisation de coordination des unions nationales des étudiants de nos pays, comme s'en souvient bien Chica Drulovic ?

Pourquoi donc durant la dernière campagne électorale en Vénétie-Julie, au Frioule et à Trieste, ai-je continuellement demandé que nos municipalités, nos provinces, nos régions s'associent étroitement sur des projets mais aussi au sein d'organisations communes, italo-yougoslaves ?

Pourquoi ai-je invité tous les Dalmates et tous les Istriens au "grand retour" dans des provinces italophones de la République yougoslave, dans l'unité et la fraternité d'une Communauté européenne, de type fédéral et fédératif ?

la Yougoslavie membre à plein titre des Etats-Unis d'Europe

Pourquoi, en tant que membre de la Délégation C.E.E./Yougoslavie du Parlement Européen, ai-je toujours, depuis huit ans déjà, à Belgrade devant les plus hautes autorités de la République yougoslave et au grand scandale initial de mes collègues, posé publiquement le problème du droit de la République Yougoslave à faire partie à plein titre des Etats-Unis d'Europe. Etats-Unis d'Europe fondés sur le non-alignement sur les schémas de la "guerre froide", de l'armement criminellement dispendieux et dangereux, fondés sur le non-alignement sur un système d'"Etats nationaux"? Car les dimensions archaïques de ceux-ci, leur petitesse suffocante, incapable de permettre une véritable économie de marché et de dépasser définitivement la malédiction des oppositions ethniques les contraignent à être soit satellites de l'un ou de l'autre empire, soit à être condamnés à la faillite économique et technologique, et aussi, par conséquent, sociale et civile.

La lettre de la constitution yougoslave n'oblige pas au monopartitisme

Pourquoi ai-je donc soutenu depuis des années, avec le Parti Radical, ce qui semblait un blasphème et qui est aujourd'hui une vérité reconnue. A savoir que la lettre de la Constitution yougoslave n'oblige pas au choix du monopartitisme qui s'est affirmé au cours de ces dernières années pour des motifs historiques profonds et connus ?

Pourquoi ai-je affirmé que la classe dirigeante yougoslave a fait preuve au cours de ces dernières années d'un courage, d'un sérieux, d'une rigueur que nos classes dirigeantes n'ont jamais eu.

Et pourquoi ai-je souligné par exemple qu'une grande manifestation publique de solidarité avec des journalistes et des citoyens avait été autorisée cet été à Ljubljana, alors qu'il s'agissait d'une manifestation non-autorisée, et qu'elle fut accompagnée par la police de manière toute "britannique", qu'elle ne fut pas réprimée comme cela se serait sans doute passé à Rome ou à Paris ?

Pourquoi ne devions-nous pas choisir l'hospitalité de la Croatie ?

Pourquoi encore, maintenant que le Parti Radical est un parti transnational et transparti, ne devions-nous pas choisir comme siège de notre Congrès l'hospitalité et les structures organisatives de la capitale de la Croatie et de la République yougoslave ?

Le débat en cours en Europe, en Italie, en Yougoslavie et dans le monde, sur la réforme démocratique du monde, sur la partitocratie italienne ou sur le régime à parti unique ailleurs, sur le dépassement des Etats nationaux, produits de guerres et de traités entre puissances hégémoniques, imposés du haut, en Europe, et plus encore en Afrique (qui en meurt), sur la récupération du grand idéal international du socialisme pacifiste et humanitaire du début du siècle, sur la démocratie politique et parlementaire comme condition nécessaire à l'existence de la démocratie économique et sociale, sur les projets concrets à soutenir pour l'organisation de la fraternité des peuples et des personnes, dans la justice, dans la liberté, dans la non-violence, pour la vie du droit et le droit à la vie, tout cela est et doit être aussi patrimoine croate, yougoslave, européen.

Je suis aussi croate

Je pourrais continuer longuement encore mais je voudrais pouvoir dire à Zagreb "je suis aussi croate" et entendre les frères et soeurs, les camarades yougoslaves dire "nous sommes nous aussi italiens, européens, radicaux"...

R.S.: On dit en Italie que la nouvelle orientation transnationale du parti est la conséquence de la faillite sur le plan national. Est-ce vrai ?

M.P.: Je ne sais qui le dit. Mais en un an tous les partis qui comptent ont fini par se ranger en faveur de nos référendums sur la justice, sur le nucléaire, dont ils avaient pourtant chercher à empêcher la tenue. De toutes parts, à commencer par le Parti communiste avec lequel nous avons eu durant vingt ans de féroces oppositions, une attitude d'estime et aussi probablement d'amitié se dessine. Nous sommes faibles, sur le plan national, dans les choses que nous refusons d'occuper et de vouloir...

R.S.: Il n'y a pas de doute que le Congrès de Zagreb constituerait - dès maintenant - un précédent, puisqu'il n'est jamais arrivé que le parti d'un pays capitaliste célèbre ses assises dans un pays "socialiste" où règne en plus le monopole historique du parti communiste. Serait-ce là seulement un artifice radical ou une initiative aux perspectives plus larges à l'égard d'un nouveau monde de la détente, également idéologique ?

Nous ne sommes pas le parti d'un pays capitaliste

M.P.: Nous ne sommes pas "le parti d'un pays capitaliste", nous ne sommes pas un parti "national". Nous sommes un parti gandhien, radicalement non-violent, fortement combatif, qui remet en cause chaque jour sa propre existence pour la lier à l'adhésion et à la contribution des personnes et des militants de la justice et de la liberté. Nous sommes un parti qui a besoin de vivre partout et de faire vivre partout l'intransigeance politique et celle des idéaux, et la tolérance démocratique et civile. De la même manière qu'en Italie, on ne peut plus être "seulement" radicaux, on peut être aussi radicaux, indépendamment de ses propres choix "nationaux". Les droits de la personnes, la certitude du droit, la liberté de manifester ses propres opinions et de s'organiser dans le respect des codes et des règles pour les défendre et les propager, l'assomption de responsabilités concrètes de lutte pour affirmer partout ces principes, l'écologie, la non-violence, une société de droit, le droit à la différence et à la diver

sité, tout cela pose problème où que ce soit, mais partout résolubles: à Palerme, à Madrid, à Ajaccio ou à Zagreb.

R.S.: Il est facile d'imaginer des possibilités d'objections du côté des officiels yougoslaves: implication dans les affaires intérieures dans une situation de crise profonde du pays et, même, trouble de l'équilibre politique. Qu'en pensez-vous, sont-ce de véritables menaces ou, au contraire, ce Congrès pourrait donner un coup de main à l'évolution yougoslave vers un socialisme en démocratie ?

avec une extrême confiance non-violente, gandhienne, dans la force de la vérité et du dialogue

M.P.: Je suis absolument certain que si les ambassades savent faire leur devoir professionnel, si la presse aide, si Belgrade et Zagreb peuvent évaluer correctement la réalité du P.R. plutôt que de se livrer à des interprétations obscures de temps de "guerre froide", nous pourrons compter aussi à notre Congrès sur le salut fraternel, sur l'encouragement prestigieux des autorités officielles yougoslaves. Dans le cas contraire, en tant que non-violents que nous sommes, nous agirons dans ce sens jusqu'au 3 janvier, avec une extrême confiance non-violente, gandhienne, dans la force de la vérité et du dialogue. Nous agirons partout, dans les rues, dans les journaux, dans les radios, dans les Parlements, à commencer par les Parlements européen, italien et yougoslave. De nombreux députés du Parlement Européen (et italien) de tous les partis "nationaux" participeront à notre Congrès à Zagreb. Les justes intérêts yougoslaves, économiques et de production également, ne pourront qu'en retirer une plus grande force et u

ne plus grande connaissance...

Enfin, je ne crois pas que le Congrès du Parti Radical aura à se prononcer sur l'évolution politique yougoslave en direction de tel ou telle assise idéologique. Comme pour n'importe quel autre pays du monde, nous pourrons souligner une série de points pratiques, d'objectifs humains, civils, juridiques à poursuivre partout, et donc également en Yougoslavie, pour la liberté, pour le droit, pour la sécurité, pour le développement social et civil de l'Europe et du monde.

R.S.: Pourquoi le Parti Radical propose-t-il l'adhésion de la Yougoslavie à la Communauté européenne et qu'entend-il faire à ce propos ? Est-ce une perspective réalisable dans des délais prévisibles ?

Parce que la dimension de l'Etat national n'est plus viable

M.P.: Nous la proposons pour les mêmes raisons pour lesquelles nous la soutenons pour l'Italie, pour la France, pour les autres pays déjà membres. Parce que la dimension de l'Etat national n'est plus viable. Parce que nous avons les mêmes problèmes. Parce que nos Etats sont la conséquence de bases historiques vieilles de plusieurs siècles ou la conséquence des tragiques événements mondiaux du XX· siècle. Parce que les problèmes du Kossovo, du Pays Basque, de l'Irlande du Nord, du Sud-Tyrol, les conflits en Belgique ne se résolvent pas au niveau de l'Etat national, mais des Etats-Unis d'Europe. Parce que les problèmes des minorités serbes et monténégrines au Kossovo sont aussi insolubles que le sont ceux des minorités italiennes au Sud-Tyrol ou des minorités protestantes ou catholiques en Irlande du Nord.

Naturellement, ou les Etats-Unis d'Europe se font ou le "marché unique européen" échouera lui-aussi. A Belgrade, à Londres, à Bonn ou à Bruxelles ou nourrit parfois l'illusion de pouvoir réaliser une véritable économie de marché sans le guide d'un pouvoir démocratique et sans de grandes réformes institutionnelles. Les problèmes Nord-Sud également, dans nos pays, risquent de s'aggraver au lieu que de se résoudre. Et des réflexes racistes risquent de s'affirmer à l'encontre des zones les plus pauvres de nos nations.

Il existe évidemment des obstacles: incompatibilité entre le système économique yougoslave et celui de la Communauté européenne. Mais aussi la crise économique actuelle qui fait de la Yougoslavie un partenaire pas très désiré. Il y a aussi le non-alignement yougoslave comme obstacle, théoriquement sans doute, à l'adhésion.

R.S.: Dans la réalisation de leur proposition, les radicaux ont-ils à l'esprit ces obstacles ainsi que ceux venant de la CEE ?

C'est le statu quo qu'il n'est plus possible de défendre

M.P.: Cher ami, c'est le "statu quo" qu'il n'est plus possible de défendre et qui n'a d'autre avenir que catastrophique. Il faut donc risquer le nouveau, risquer la vie, si l'on ne veut risquer, rejoindre la mort. Les utopistes sont ceux qui continuent à ne pas apprendre la leçon de l'histoire, à défendre de vieilles idées et de vieux équilibres, défaits et non pas nous qui proposons pragmatiquement des choix concrets, raisonnables. Que ceux-ci correspondent ensuite aux valeurs et aux espérances de libération humaine et sociale grâce auxquelles le premier socialisme naquit et s'affirma, ou grâce auxquelles on arriva - il y a deux siècle - à la grande Révolution française, c'est d'autant mieux. Il ne vous semble pas ? A propos, pourquoi vous-même ne vous inscrivez-vous pas aussi au Parti Radical ? Savez-vous que nous risquons de devoir fermer boutique, si vous ne le faites pas ?

 
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