L.U.I.M.O. - Madame Elvira Maria Rita Trinca, Médecin.SOMMAIRE: Il existe une totale incompatibilité entre le Remède Homéopathique et le médicament parceque la prescription du Remède Homéopathique ne se fait pas exclusivement en fonction de la maladie d'un organe, mais en fonction également du repérage précis de la maladie de l'organisme qui est en train de s'exprimer dans la pathologie de l'organe.
(Actes du rencontre transnational: "LE REMEDE HOMEOPATIQUE, LE NON-MEDICAMENT. UNE PROPOSITION POUR SA RECONNAISSANCE" - Rome, 12 - 13 décembre 1988).
Dans ma pratique clinique, à maintes reprises j'ai pu observer ce qui arrive lorsque, chez le même patient, pour de multiples raisons, le Remède Homéopathique cohabite avec le médicament allopathique. A partir de ces observations je suis arrivée à la conclusion qu'il existe une totale incompatibilité entre le Remède Homéopathique et le médicament. L'unique et partielle compatibilité est formulée par le médecin qui décide en fonction de sa connaissance des deux disciplines et qui, dans la solitude créative de son choix thérapeutique, face à son patient, établit l'itinéraire le plus adéquat, en rapport avec les conditions, uniques et impossibles à répéter, du cas clinique particulier.
Si cela devait arriver on ne pourrait pas en discuter ici, puisque l'acte que le médecin accomplit sous sa propre responsabilité , ne peut-être l'objet ni de désapprobations ni d'approbations en général, ayant à répondre uniquement à ces trois qualités: diligence, habileté et prudence, établis par le législateur. Cela étant dit, mon exposé portera, non pas sur ce que le simple médecin accomplit face à son patient, mais sur la compatibilité des deux méthodes.
Pour illuster ces incompatibilités indiquées ci-dessus, je citerai certaines données de ma casuistique clinique.
J'ai pris en considération 105 patients sub-divisés en trois groupes homogènes.
Le premier groupe est constitué par 35 cas de pathologie cutanée, en partie, de nature allergique et en partie, de nature infective (bactérique, virale ou fongique). Le deuxième groupe, par 35 cas de pathologie respiratoire, toujours en partie de nature allergique et en partie de nature infective (bactérique ou virale). Le troisième groupe est constitué par autant d'autres cas de pathologie psychiâtrique à classer dans le groupe des névroses.
Pourquoi ce choix? Parce qu'il couvre un éventail de possibilités significatives du point de vue homéopathique.
Dans le premier cas, la manifestation pathologique se localise sur la peau, c.à d. sur un organe d'élimination de toxines, très important; dans le deuxième cas, elle se localise sur une muqueuse , c.à d., encore une fois sur un organe d'élimination de toxines, qui, lui, se trouve en relation indirecte (muqueuse rhyno-pharyngique et laryngique) ou directe (muqueuse bronchiale), avec l'organe vital: les poumons, sans que ceux-ci soient encore impliqués dans la pathologie; dans le troisième cas, la pathologie implique un organe vital, le plus noble: le cerveau avec ses mécanismes directifs et ordinateurs de la vie.
Chaque patient de ce groupe répond aux qualités suivantes que je trouve nécessaire d'établir ici pour un exposé bref mais précis:
1) Appartenir à une tranche d'âge comprise entre 1 et 45 ans, étant donné qu'à partir de 45 ans la pathologie devient probablement plus compliquée et il est difficile par conséquent d'en parler en quelques minutes.
2) Avoir été traité par mes soins selon les règles de l'Homéopathie classique, c.à d. avec un seul Remède à la fois correspondant à l'ensemble psycho-physique du sujet, de manière à pouvoir évaluer avec précision l'effet de chaque Remède ainsi que la durée de son action.
3) être un cas que j'estime clos et dont j'ai pu avoir un résultat clinique sûr, positif ou négatif, après le traitement.
4) être un cas de pathologie chronique ou bien de pathologie caractérisé par des phases aigues de récidivité tellement rapprochées, que l'on peut le classer dans les pathologies chroniques.
5) être un cas de pathologie de nature bénigne pour le pronostic quoad vitam, puisque les cas de pathologie chronique grave, comportent une série de variantes en rapport avec l'utilisation de médicaments allopathiques et qui exigeraient un exposé plus long et plus détaillé.
6) avoir été diligent dans l'exécution du traitement en correction et en continuité.
7) être un cas insensible aux thérapies pharmacologiques allopathiques.
Voyons dans ce graphique comment varie, dans les groupes de patients examinés, la distribution de la pathologie, en fonction de l'âge.
La pathologie cutanée en question, atteint son point culminant aux alentours de 20 ans, décroît entre 21 et 30, pour se stabiliser ensuite.
La pathologie respiratoire en question a un sommet très évident entre 1 et 20 ans, et décroît par la suite. Le nombre des névroses augmente avec l'âge.
Voyons maintenant le graphique relatif au résultat du traitement.
J'ai considéré guéris les patients qui sont arrivés à une totale rémission de la symptomatologie et chez lesquels la rémission est demeurée telle pendant au moins 6 mois / 1 an, et bien améliorés, les patients qui ont obtenu une amélioration évidente dans la durée de l'extension, la fréquence et l'intensité des symptômes , et pour lesquels la présence d'un résidu symptomatologique n'est plus telle à limiter la vie du travail et de relations du sujet.
J'ai enfin considéré non-guéris les patients qui en 24 mois n'ont obtenu du traitement aucun bénéfice .
Dans le graphique nous voyons que:
- 52% des patients sont guéris;
- 38% ont eu une nette amélioration;
- 10% n'ont obtenu aucune amélioration.
En considérant seulement les améliorations et les guéris:
- 40% des améliorations ou des guérisons se sont effectuées entre 1 et 6 mois;
- 33% entre 7 et 12 mois;
- 28% entre 1 et 2 ans.
Je rappelle que nous parlons ici de pathologies chroniques et insensibles aux thérapies farmacologiques communes souvent pratiquées pendant des années.
Considérons maintenant le groupe des non-améliorations; nous pouvons remarquer que dans 50 % des cas les patients avaient suivi des cures systématiques avec des médicaments alopathiques pendant 1 ou plusieurs années ou alors, ils avaient pris des médicaments de façon systématique durant le traitement homéopathique.
Dans le groupe des patients en voie d'amélioration, seuls 25 % des sujets avaient systématiquement fait usage de médicaments durant le traitement ou bien, systématiquement pendant des années avant le traitement.
Dans le groupe des guéris, seuls 41 % des patients avaient fait systématiquement usage de médicaments durant le traitement ou bien dans les années précédentes.
Il faut dire en outre, que, tandis que les patients du groupe des guéris et de ceux en voie d'amélioration ont réussi, après une période plus ou moins longue de sevrage à suspendre définitivement les traitements pharmacologiques, les patients des groupes des non-améliorés n'ont même jamais réussi à réduire la posologie des médicaments alopathiques.
En conclusion on peut dire que chez les non-guéris, l'incidence de l'absorbtion systématique de médicaments est remarquable, tandis que cette incidence se réduit dans les cas d'amélioration et devient insignifiante dans les cas de guérison.
D'après ce que j'observe tous les jours dans mon travail et qu'il n'est pas toujours possible de traduire en chiffres, je crois pouvoir supposer qu'un patient avec une pathologie bénigne mais chronique, soumis à un traitement homéopathique, est d'autant plus susceptible de guérir qu'il n'a pas fait usage de médicaments alopathiques, tandis qu'il l'est de moins en moins suivant qu'il en a fait un plus grand usage et je dirais même dans ce cas, qu'il peut être soigné, mais qu'il ne peut pas guérir.
A ce propos je dois citer une autre donnée qui est apparue lors de cette étude c.à d. que 80 % des guéris n'ont jamais pris de médicaments alopathiques durant le traitement, pas même occasionnellement durant les phases aigues, mais seulement le Remède Homéopathique indiqué.
Au contraire, chez les patients qui ont pris occasionnellement des médicaments allopathiques durant le traitement homéopathique lors des crises aigues, j'ai pu constater dans 64 % des cas l'une de ces éventualités:
a) recrudescence de la pathologie chronique de base qui précédemment avait subi une amélioration;
b) apparition desdites métastases morbides , c.à.d., disparition de la pathologie dans un organe et réapparition dans un autre;
c) aggravation de l'état général précédemment amélioré.
On doit attribuer ce phénomène à une interruption de l'évolution naturelle vers la guérison que le Remède Homéopathique avait ébauché, selon la loi de Hering c.à d. de haut en bas, des organes les plus vitaux aux organes les moins vitaux, de la pathologie la plus récente à la moins récente.
Ce sont-là des phénomènes que n'importe quel médecin homéopathique est en mesure de pouvoir observer, non pas parcequ'ils surviennent pendant le traitement homéopathique, mais parceque grâce à la ligne de sa formation professionnelle, il fait des recherches justement pour savoir si la disparition du trouble local correspond ou non à une amélioration réelle du patient.
Essayons maintenant d'expliquer l'incompatibilité jusqu'ici rencontrée et voyons les caractéristiques propres au Remède Homéopathique par rapport au médicament allopathique. Nous prendrons en considération les points suivants:
- le Remède Homéopathique a pour origine la nature, du monde minéral, végétal ou animal.
- le médicament alopathique peut-être extrait de la nature, ou bien il peut-être extrait de la nature pour être ensuite modifié, ou bien encore il peut- être constitué de molécules synthétisées ex-novo en laboratoire.
Le Remède Homéopathique agit toujours en doses impondérables, le médicament allopathique agit en doses cliniquement quantifiables.
Le Remède Homéopathique dans l'inter-action avec l'organisme humain, ne suit sûrement pas le modèle,,pharmaco-recepteur, tandis que le médicament alopathique suit, lui, le modèle pharmaco-récepteur.
Le Remède Homéopathique est expérimenté sur l'homme sain, le médicament lui, est expérimenté sur l'animal et sur l'homme malade. En médecine pharmacologique, le contrôle-clinique se fait sur l'organe malade; en homéopathie le contrôle clinique se fait sur la maladie locale et aussi sur la totalité psycho-physique symptomatologique du patient.
Pour illustrer cette dernière affirmation, nous voyons que sur tous les patients pris en considération, 52 % d'entre eux présentaient des pathologies concomitantes, c.à d. d'autres types d'affection toujours à pronostics quoad vitam heureux dans d'autres organes ou appareils, et parmi ceux-ci, 78 % ont obtenu la guérison ou une amélioration, même des troubles concomitants.
Cela arrive parceque la prescription du Remède Homéopathique ne se fait pas exclusivement en fonction de la maladie d'un organe, mais en fonction également du repérage précis de la maladie de l'organisme qui est en train de s'exprimer dans la pathologie de l'organe. Un tel repérage se précise à travers une étude minutieuse du Moi psychique et du Moi neuro-végétatif du sujet examiné, en sachant bien que la maladie d'un organe doit être considéré la résultante de l'inter-action de mécanismes pathogénétiquement responsables de la maladie et des mécanismes réagissant à la maladie même. Là-où pour maladie on doit entendre justement la pathologie du Moi psychique, du Moi neuro-végétatif, et j'oserais dire même, du Moi génétique, qui a trouvé son expression propre dans la patologie d'un organe. Et puisque la prescription homéopathique se dessine en considérant tous ces facteurs, voilà donc comme il peut arriver qu'en soignant le patient pour une maladie, on soigne également celles dont il souffre par ailleur
s.
Revenons à l'analyse des caractéristiques du Remède Homéopathique par rapport au médicament et analysons les effets toxiques sur l'organisme: le Remède Homéopathique ne produit jamais d'effets toxiques ni allergisants, l'action thérapeutique s'explique seulement en vertu de la similitude avec la totalité psychophysique du patient. Celui-ci, par conséquent, peut-être administré librement aussi bien pendant la grossesse et l'allaitement qu'aux sujets allergiques même aux médicaments les plus communs. Le médicament allopathique par contre produit une action thérapeutique qui est presque toujours accompagnée d'effets collatéraux, jusqu'à une intoxication border-line, c.à d. contrôlée, qu'elle soit cliniquement manifeste ou non. Rappelons à ce propos, l'incidence croissante des maladies hiatrogènes, c.à.d. produites par l'absorption de médicaments. La présence des effets toxiques constitue une raison très importante d'incompatibilité entre le Remède Homéopathique et le médicament allopathique. En effet le
problème du médecin homéopathique est de soigner la maladie naturelle puisque c'est celle dont nous pouvons trouver la similitude avec le remède naturel correspondant, à travers la connaissance de la série de symptômes que le remède a provoqué sur l'homme sain; tandis que lorsque les symptômes sontle résultat du mélange de la maladie naturelle et celle qui a été induite pharmacologiquement, le patient perd la possibilité d'être guéri dans les termes de processus naturels.
La puissance hiatrogène du médicament allopathique sur l'organisme humain est de loin supérieure en effet, à la puissance des bactéries, virus et champignons, mais tandis qu' il n'est pas vrai que n'importe qui et dans n'importe quelle circonstance contracte des maladies par micro-organismes dans la virulence et la puissance éxistant dans la nature, puisqu'il est pourvu de défenses naturelles contre ces agents, il est vrai par contre que n'importe qui et dans n'importe quelle situation, contracte des maladies par les médicaments ou d'autres produits toxiques, s'ils sont administrés en doses inadéquates. En nous référant toujours à l'exemple clinique exposé précédemment, je peux dire que 99,99 % des patients en traitement ne se plaignent pas d'effets collatéraux; seulement dans certains cas on a eu un phénomène qui, avec les effets collatéraux n'a rien eu à voir, c.à.d. une aggravation initiale du trouble pour lequel on le soignait, à attribuer en effet à la suspension imprévue des médicaments allopa
thiques absorbés jusqu'alors pour contrôler la pathologie, et en partie à l'action traitante du Remède Homéopathique, et de toutes façons, une telle aggravation s'est toujours révélé fugace et prémonitoire d'une amélioration successive.
L'objectif théorique des deux interventions thérapeutiques est identique c.à.d. celui de la santé telle qu'elle a été définie par l' O.M.S, un état de bien-être psycho-physique, mais déjà lorsque ce concept théorique se concrétise, les deux médecines commencent à se séparer. En médecine homéopathique l'objectif du traitement est la guérison de la personne humaine dans sa totalité psycho-physique :
- prédispositions morbides
- constitution
- maladie locale.
Une telle guérison doit être démontrée par la loi de Héring comme je l'ai dit auparavant.
Toutes ces raisons observées dans la pratique clinique et brièvement exposés ici, me font supposer que l'incompatibilité entre médicaments allopathiques et Remède Homéopathique est totale.
Naturellement, il serait extrêmement intéressant de continuer la recherche à travers une étude de caractère polycentrique que j'espère commencer très prochainement pour conclure ce symposium.