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Bonino Emma - 22 dicembre 1988
ZAGREB (50) LE CONGRES DU PR

Emma Bonino, radicale

"IL N'Y A PAS DE MOTIFS POUR NE PAS ALLER A ZAGREB"

TELEKS - 22 décembre 1988

SOMMAIRE - Interviewée par le quotidien slovène Teleks, Emma Bonino rejette les motivations par lesquelles on a empêché le congrès radical de Zagreb, en particulier les motivations relatives à l'impossibilité d'autoriser la réunion d'un "parti étranger": "nous, radicaux, sommes des étrangers partout, en ce sens que nous avons des inscrits dans tous les pays européens, sauf en Yougoslavie".

(RADICKALNE NOVOSTI, par MARINO BUSDACHIN et SANDRO OTTONI - avec la collaboration de MASSIMO LENSI, FULVIO ROGANTIN, PAOLA SAIN JAN VANEK, ANDREA TAMBURI - TRIESTE, 1er JANVIER 1989)

T: Andreotti vous a décrite, en plaisantant, comme une "collègue tumultueuse". Pourquoi Zagreb? Nous-autres yougoslaves n'avions-nous pas déjà assez de problèmes comme ça?

B: Je suis tentée de vous répondre "pourquoi pas? Cette année nous avons eu des Conseils fédéraux en Israël, en Espagne et en France. Les 36 membres du Conseil fédéral se rencontrent tous les deux mois pour prendre des décisions. Une fois l'an, nous élisons les organes administratifs du parti et nous établissons les lignes directrices de notre politique. 25% de nos inscrits ne sont pas italiens, chaque mois nous collaborons avec la session du Parlement Européen.

Nous ne voulons pas nous immiscer dans la politique intérieure de la Yougoslavie, nous l'avons prouvé cette année en Israël, où nous avons convoqué notre Conseil fédéral deux semaines avant les élections. L'ambassade israélienne et les autorités israéliennes nous ont même donné un coup de main. A Madrid ce fut la même chose.

T: Le congrès de Zagreb ne signifie pour la plupart des yougoslaves que provocation politique.

B: C'est à cause de la méconnaissance de nos idées. Nous, les radicaux, nous nous considérons depuis longtemps amis de la Yougoslavie. Que devraient donc penser les italiens, lorsque, en pleine séance du Conseil communal de Trieste, Marco Pannella commence son discours par: "Je suis slovène", qu'il a trahi son pays? Nous ne voulons obliger personne à être d'accord avec nos idées, mais je suis convaincue qu'il faut ouvrir un dialogue avec les autorités yougoslaves. Mais pour l'heure, ces autorités ne semblent pas intéressées, ce qui rend les choses beaucoup plus difficiles.

T: Nous n'avons encore reçu du gouvernement yougoslave aucune réponse officielle. A l'ambassade de Rome comme à Belgrade, nous n'avons rencontré qu'un silence total. On sait seulement qu'une note a été envoyée à l'agence Kompas de Lubiana (qui se charge de l'organisation technique du congrès) par laquelle on informe que le congrès n'a pas été approuvé officiellement. Les déclarations du gouvernement yougoslave, selon lequel nous sommes un parti étranger sont fausses. Les radicaux sont étrangers partout, en ce sens que nous avons des inscrits dans tous les pays européens, y compris la Yougoslavie.

Il est possible que votre gouvernement n'ait pas été correctement informé de notre activité. Le Statut du PR est explicite sur notre orientation politique vers la transnationalité. Votre gouvernement nous définit comme Parti radical italien, ce qui n'est pas du tout notre appellation. Les motivations de votre gouvernement sur l'interdiction en question sont inacceptables de notre part car elles ne sont pas fondées.

T: La Yougoslavie est une nation qui a un système politique monopartite. Théoriquement, vous, radicaux, vous devenez le second parti avec plus de 100 inscrits. Est-ce qu'un membre de la Ligue des Communistes yougoslaves peut être en même temps un membre du Pr?

E: Mais bien sûr! Ce problème est posé par les partis politiques dans les pays où nous avons des inscrits. Dans notre statut il n'y a aucune exclusion religieuse, politique et nationale des membres. Les partis contrôlent normalement les inscriptions, nous, nous n'interdisons rien, en aucun cas et pour aucune raison. Le statut n'ètablit pas de discipline interne, personne ne prétend le retrait de la carte si un inscrit rend public son credo politique ou s'il vote contre les décisions du parti.

Plusieurs inscrits ont protesté contre le choix de la Yougoslavie comme lieu pour le congrès, en disant d'attendre auparavant l'approbation de votre gouvernement. Nous avons ouvert un débat à ce sujet tout de suite après le Conseil fédéral, mais la proposition de convoquer le Congrès à Rome a été rejetée. Politiquement parlant, nous avons toujours suivi la Yougoslavie avec beaucoup d'intérêt, et nous voulons prouver, prècisément à cause de son orientation politique, que nous ne voulons devenir aucune alternative politique d'un état où il existe un système monopartite.

T: Que pensez-vous de la situation actuelle en Yougoslavie?

B: Je la suis attentivement et je ne dis rien de nouveau si je dis que notre classe politique se trompe si elle pense qu'il est bon de s'asbstenir d'avoir des rapports économiques avec la Cee, que ce n'est pas la peine de penser à une plus grande démocratisation, à un pluralisme politique, que le système actuel est meilleur et plus stable. Le gouvernement s'est arrêté sur des positions héritées du passé. J'ai l'impression que l'on traite du drame politique yougoslave comme une catastrophe économique avec quelque problème national et avec les requêtes pour les autonomies locales.

Je pense que l'on devrait méditer sur les problèmes réels. La myopie politique se termine souvent par des erreurs tragiques. Et cela n'est pas gratis, hélas!

T: Personne ne vous prend au sérieux, pas même en Yougoslavie. Quel est en réalité le poids politique des radicaux?

B: Il nous arrive même de ne pas être pris au sérieux en Italie, où nous sommes reconnus officiellement comme parti et où nous avons des représentants au Parlement. On nous dit: votre lutte est juste, ce sont vos méthodes qui sont mauvaises et peu sérieuses. En réalité, notre problème est de savoir comment gagner les causes pour lesquelles nous nous battons; cela ne nous intéresse pas d'être pris au sérieux, nous ne voulons pas mourir sérieux. Puisque nous ne sommes pas au pouvoir, nous n'avons pas de raisons d'être prudents.

T: Excuse-moi, mais il me paraît incroyable que toi, en tant que politique, tu ne sois pas intéressée au pouvoir.

B: Parbleu, bien sûr que je ne suis pas intéressée! Chaque homme politique souhaite avidement le pouvoir. Sinon j'aurais fait parti d'Amnesty International. Je voudrais gouverner le pays, mais je n'entends pas finir dans le piège du sous-pouvoir. En Italie, le PCI est à l'opposition mais il se laisse aller à la situation absurde de troquer les postes de commande dans les organismes publiques; et il les obtient! Cela l'empêche de mener correctement son jeu alternatif. Tu comprends? Nous ne sommes pas intéressés à ce genre de pouvoir. Non seulement il est vulgaire, mais il se termine par un échec!

T: Comment te défends-tu des tentatives de corruption?

B: La politique est compromis, troc. Comme tout le monde, moi aussi je suis à vendre, mais pas en solde. Mes idées ont une certaine valeur et ne sont pas à solder. A cause de la structure spécifique de notre parti, il est difficile de nous corrompre avec de l'argent, mais si quelqu'un se présente avec une mallette qui contient 100 millions de lires, je me fâche. Nous voulons beaucoup plus!

T: Votre leader charismatique, dans le débat sur la drogue, voudrait une loi qui autorise la vente libre de la drogue. Du point de vue provocations vous êtes fantastiques!

B: Marco se bat pour la vente contrôlée des drogues. Malheureusement le régime actuel du prohibitionnisme ne fonctionne pas. Il est permis cependant de vendre ou d'acheter des drogues illégales, ce qui est complètement hypocrite. C'est pourquoi les drogues coûtent si cher. La société n'est plus en mesure de contrôler la situation. Dans les tribunaux, 80% des affaires sont liées à la drogue. Les drogues sont partout, même si elles sont prohibées. Nous avons besoin d'une grande campagne contre la drogue comme la campagne contre le tabac aux Usa. Là-bas personne ne fume plus, non pas parce que les cigarettes sont trop chères, mais parce que les gens se rendent compte que le tabac est nocif. Nous devons convaincre les gens que les drogues sont nocives, qu'elles ne contiennent pas de vitamines, qu'elles sont dangereuses pour le cuir chevelu. Mais si quelqu'un veut se suicider, alors vraiment, qu'il aille acheter sa drogue à la pharmacie.

T: Entre 1979 et 1984, tu as été député au Parlement européen. Quelle expérience en as-tu retiré?

B: Je suis partie pour Bruxelles avec tellement d'enthousiasme et d'illusions! Puis j'ai découvert que le marché européen tellement recherché n'est rien d'autre qu'un supermarché. Lorsque Sergio Stanzani m'a rappelée en Italie, je suis rentrée avec grand plaisir. Je suis convaincue que nous pouvons construire davantage qu'un forum européen officiel. Pour la réalisation de l'Europe Unie, nous avons besoin d'un parti de citoyens, autrement chaque institution perd de son importance et travaille exclusivement pour son propre intérêt.

T: Comment sont les rapports entre les parlementaires européens et le Parti radical transnational?

B: Logiquement, ce sont nos plus grands défenseurs. D'après les expériences passées nous savons que plus rien n'est strictement national. Les trains déjà, sont internationaux et la politique des transports doit tenir compte de cela. L'unique structure encore nationale est la classe politique. Mes collègues européens comprennent la transnationalité beaucoup mieux que les partis politiques des nations de la CEE.

T: Nous, en Yougoslavie, nous avons "découvert" récemment le nationalisme. Que penses-tu du charismatique leader des masses populaires Milosevic?

B: Démagogue comme on dit! Le concept "leader" est souvent confondu avec la dèmagogie. L'histoire a vu beaucoup de cas. Mais les temps changent. Aujourd'hui il est difficile de considérer la patrie, la famille, comme des valeurs absolues. Nous vous comprenons parfaitement mais nous voudrions vous dire que le concept de patrie est un peu dépassè. Au cours des cinquante dernières années, le nationalisme, comme l'art pour l'art, n'ont pas donné de grands résultats. Pour la dimension politique et économique du monde de l'An 2000, le fédéralisme est mieux adapté. En yougoslavie, vous avez une structure de type féodal, et il vous manque le pluralisme politique et les élections libres.

T: Que ferez-vous si le congrès de Zagreb est définitivement annulé?

B: Gandhi nous a appris que toutes les nonviolences ne sont pas bonnes pour toutes les occasions. Pour atteindre nos objectifs, nous devons prendre en considération certaines initiatives. Nous ne voulons pas d'affrontement avec les autorités yougoslaves, mais nous n'avons aucun motif pour ne pas aller à Zagreb.

 
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