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Del Gatto Luigi - 1 febbraio 1989
Introduction
Luigi Del Gatto

SOMMAIRE: Le questions proposées aux participants au Colloque international sur l'antiprohibitionnisme en matière de drogues.

("Les coûts du prohibitionnisme", Actes du Colloque international sur l'antiprohibitionnisme en matière de drogues, Bruxelles, 29 septembre - 1 octobre 1988; Ed. PSYCHOTROPES, volume V, numéros 1 et 2, 1989).

Quand il y a moins d'un ans, nous avons décidé de fonder le CORA (Coordination Radicale Antiprohibitionniste), nous avions à notre actif une série d'expériences : les propositions de Marco Pannella sur la nécessité de réglementer les drogues, son acte de désobéissance civile consistant à fumer un joint en public, l'offre de joints aux autorités administratives de Rome par le Secrétaire du Parti de l'époque, Jean Fabre.

Ces expériences avaient toutes comme but principal d'ouvrir le débat politique et scientifique sur le problème de la drogue.

Nous avions également recueilli une somme énorme d'informations issues du travail de bénédictin de Giancarlo Arnao, que je tiens ici à remercier notamment parce que la rencontre d'aujourd'hui n'est pas étrangère à son travail.

Nous participons aujourd'hui à une rencontre entre des hommes et de femmes qui ont suivi des parcours différents, qui oeuvrent dans le domaine scientifique, politique ou autre et dont le but est de réanimer un débat qui avait eu tendance à s'enliser et à s'éloigner de la réalité concrète.

Je fais allusion au vieux débat sur les rapports entre science et pouvoir, que nous rappelle Thomas Szasz dans son rapport et dont je vous communiques le regret de ne pas pouvoir être ici parmi nous.

Nous avions derrière nous cette expérience, quand, en tant que Cora, nous prîmes la décision de convoquer ce colloque en formulant un question: quelles sont les caractéristiques du phénomènes drogue dans cette période à cheval entre les années '80 et les années '90?

Durant ces derniers mois, nous avons formulé cette question publiquement et à ce propos, avons rencontré différentes personnes ou organisations, des Pays-Bas aux Etats-Unis en passant par la Grande-Bretagne, du "European Movement for the Normalization of Drug Policies" de Rotterdam à la "Drug Policy Foundation" de Washington.

Je dois vous communiquer à ce propos, le message de salutation que m'a prié de vous adresser Arnold Trebach, président de la Drug Policy Foundation, retenu aujourd'hui à Washington pour hearing du Congrès américain. Il m'a demandé d'insister sur la nécessité de renforcer les liens de collaboration qui nous unissent et a formulé l'espoir que nos conclusions servent de thème de réflexion pour la prochaine rencontre de Washington. Il a aussi souligné l'importance de dépasser les deux rives de l'Atlantique et a proposé à cette fin de convoquer un congrès mondial en présence de représentants du Tiers Monde.

C'est une réflexion dont à mon avis nous devons tenir compte, en effet, ce n'est pas par hasard que les drogues déclarées illégales sont celles originaires du Sud.

Je verse donc au débat cette indication d'Arnold Trebach qui me semble tout à fait opportune.

La rencontre d'aujourd'hui est la première phase d'un triple rendez-vous. La seconds consistera dans le Colloque de Washington du 20 octobre. Ensuite, si nous arrivons à des conclusions opératives, nous nous retrouverons à nouveau à Pâques pour lancer une campagne sur la nécessité et l'urgence de réformer les politiques en matière de drogues.

J'en termine avec l'agenda de nos travaux.

Quels ont été les axes de réflexion qui se sont développés durant cette année?

Il y a un thème qui s'avère important et que beaucoup d'experts présents à ce Congrès associent au problème de la drogue: il s'agit du prohibitionnisme.

En réalité, ce terme revient souvent dans le langage des simples citoyens, où il fait partie de l'ordre moral de ce qui est juste et sain qui. Mais il suffit d'en soulever le voile pour qu'apparaissent ses effets pervers: le développement d'une criminalité organisée, internationalement active, technologiquement avancée, capable de produire, de transporter et de distribuer sa marchandise.

Alors se pose le problème énoncé par le Procureur Apap: "les drogues ne sont pas interdites parce qu'elles sont dangereuses, elles sont dangereuses parce qu'elles sont interdites".

Il s'agit de l'ambiguïté même du problème des drogues, ou comme on dit communément du "problème de la drogue". Cette ambiguïté sert de point de départ au philosophe espagnol Fernando Savater pour construire ses dix thèses socio-politiques sur le sens idéologique de la persécution des drogues et arriver à l'appel final: "notre culture, comme toute les autres connait, utilise et cherche les drogues. C'est l'éducation, l'inquiétude, et le projet vital de chaque individu qui peut décider quelles drogues utiliser et comment le faire. Le rôle de l'Etat est celui d'informer de façon complète et raisonnable sur tout les produits, contrôler leur élaboration et leur qualité, et aider ceux qui le souhaitent ou qui se voient durement touché par cette liberté sociale."

Comment se réalise le prohibitionnisme?

"La caractéristique la plus importante des politiques de lutte contre les drogues mises en oeuvres par tous les pays qui ont ratifié la Convention de l'ONU réside dans le fait d'avoir choisi le système pénal pour répondre aux problèmes causés par la drogue". Telle est la dénonciation du psychiatre hollandais Sengers qui propose entre autre "d'organiser des conférences scientifiques sur le processus d'évaluation des drogues et des substances pharmacotropes au sein de l'OMS".

Sur le processus de bureaucratisation et de falsification mis en oeuvre par les commissions scientifiques des différentes agences de l'Onu, y compris l'OMS, intervient l'expert italien Arnao qui analyse comment une série de mots-clefs, tels que "abus", "usage non-médical", "narcotiques", "substances psychotropes" ne trouvent jamais une définition univoque dans la normative du contrôle international.

Comme l'affirme Lamberti, sociologue à Naples, c'est autour et à cause du prohibitionnisme que se forme le crime organisé, lequel détermine à lui seul, le marché des drogues. Pour Roger Lewis, ethnographe "de rue", c'est le même prohibitionnisme qui provoque la désagrégation sociale. Et pour le criminologue italien Savona, ce système détermine la transformation des problèmes pénaux.

Ainsi apparait-il donc que le problème des coûts et bénéfices du prohibitionnisme n'est pas la préoccupation du seul Peter Reuter, économiste de la Rand Corporation mais qu'il est la question de fond de ce colloque. Il conclut: "l'image d'une guerre à la drogue, thème constamment répété dans les discours gouvernementaux à tous les niveaux, est en porte-à-faux; elle engendre l'inconsistance, les coups frappés pour obtenir des victoires rapides et la chasse aux ennemis. Ce qui serait nécessaire, ce serait la création d'institutions capables de mettre en oeuvre des politiques et des programmes à long terme".

Les coûts ne se calculent pas seulement en termes économiques mais aussi en terme de droit, comme l'examine Ripolles, professeur de droit à l'Université de Malaga, en terme d'implication médico-sanitaire, comme l'argumente la psychiatre belge Micheline Roelandt, ou en terme d'implication dans les relations internationales comme l'affirme le Général Viviani.

Marie-Andrée Bertrand, criminologue à l'Université de Montréal affirme explicitement, déjà dans le titre de son rapport, que la prohibition est immorale, hypocrite et illégitime. Elle indique les groupes qui soutiennent le prohibitionnisme: les différents corps de police, les médecins eux-mêmes, l'industrie pharmaceutique, les industriels de l'alcool et du tabac.

Si le prohibitionnisme s'avère ainsi non seulement inefficace, mais immoral, alors, il faut écouter l'appel de Thomas Szasz "pour que cesse la guerre la plus longue du XX· siècle: la guerre à la drogue". Et de conclure: "elle a déjà duré plus longtemps que la première et la deuxième guerre mondiale et que les deux guerres de Corée et du Vietnam réunies, et l'on n'en voit pas encore la fin. En fait, étant donné qu'elle est une guerre contre les pulsions profonde de l'homme, elle ne peut, dans le sens le plus significatif de ce terme être gagnée".

Pourquoi faut-il aller au-delà du prohibitionnisme? "Pour des raisons économiques" écrit Stevenson, du département d'économie de l'université de Liverpool, "par nécessité de police", affirme Sanchez, fonctionnaire de police espagnol, à cause de problèmes légaux autrement insolubles selon Manuela Carmena, magistrat espagnol.

Par quels moyens? Bruce Alexander, psychopharmacologue à l'Université de Vancouver en indiquent quelques uns. Il préconise le milieu local où les contrôles sociaux s'organisent mieux et selon une méthode pragmatique, c'est également l'avis de Peter Cohen, psychologue à Amsterdam qui a mené de nombreuses expérience en ce sens.

Lester Grinspoon, psychiatre à l'université d'Harvard fait la proposition concrète de la taxation des substances psychoactives pour couvrir le "tarif du crime" en proportion avec le dommage potentiel que peut provoquer chacune des drogues, ce qui inciterait à utiliser des drogues moins dangereuses.

Il y a la constatation générale que le prohibitionnisme doit être analysé, critiqué et dépassé. Les propositions se réfèrent à la réglementation, la taxation et aussi à la prescription. Cela peut être un paradoxe pour les antiprohibitionnistes convaincus de parler de réglementation, de taxation et de prescription, soit les caractéristiques de ce qui est considéré comme la première loi prohibitionniste, l'Harrison Act de 1914.

C'est peut-être un paradoxe qui doit être affronté et qui mérite notre considération parce que probablement les alternatives résident dans le dépassement des erreurs de ces 70 années de prohibitionnisme.

Le colloque s'ouvre donc sur un ensemble de questions, je vous invite à y répondre et vous en remercie.

 
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