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Stanzani Sergio - 1 febbraio 1989
Reconstituer le vieux continent
Sergio Stanzani

SOMMAIRE: Nous publions de très larges extraits du rapport présenté par Sergio Stanzani, Premier Secrétaire au dernier Conseil Fédéral du Parti radical, qui s'est tenu à Strasbourg (16-19 février 1989). Dans ce rapport, S.Stanzani brosse un tableau détaillé de la situation du Parti radical, les analyses d'un an d'activité et de réflexion, les échecs, les réussites et les perspectives d'avenir.

(Nouvelles Radicales, Mars 1989)

Chers amis,

Nous connaissons les raisons et les vicissitudes qui ont causé l'ajournement du XXXV· Congrès du Parti. Nous avons été contraints, pour la première fois dans notre histoire, de ne pas respecter l'obligation statutaire de tenir le Congrès chaque année à la date pré-établie.

A la veille du XXXV· Congrès, je pense qu'il est important de rappeler les moments où les décisions du Conseil Fédéral ont été déterminantes.

A Bruxelles

Conformément au statut, le Conseil Fédéral n'a pas estimé, qu'il était obligatoire d'attribuer une valeur contraignante à la motion de Bologne. Le Premier Secrétaire, conformément à ce qui a été déclaré au Congrès exposa dans son rapport, l'exigence d'envisager la convocation d'un Congrès extraordinaire si le nombre d'inscrits et l'autofinancement ne garantissait pas le résultat des objectifs fixés par la motion: le Conseil Fédéral, tout en acceptant les objectifs et les échéances proposés dans le rapport, exclut l'éventualité de convoquer un Congrès extraordinaire.

A Madrid

Le Conseil Fédéral approuva le rapport du Premier Secrétaire et du Trésorier et prit donc acte sur la base des résultats des quatre premiers mois d'activité de l'impossibilité pour le Parti d'atteindre les objectifs de la motion de Bologne avant la fin de l'année.

A Grottaferrata

Le Premier Secrétaire et le Trésorier proposèrent le lancement d'une campagne extraordinaire d'auto-financement et d'inscriptions et le blocage de toute activité programmée pour la réalisation de la motion de Bologne afin de tenter de sauvegarder la continuité du Parti, mise en cause par la gravité de la crise financière et le nombre insuffisant des inscriptions.

Le Conseil fédéral chargea les organes exécutif de préparer la fermeture du Parti. Cette décision s'avéra juste et nécessaire dans la très grave situation financière.

A Jérusalem

Le Premier Secrétaire et le Trésorier, après avoir constaté l'inadéquation des résultats obtenus par la campagne d'autofinancement et d'inscriptions qu'ils avaient promue et menée, remirent leur mandat au Conseil Fédéral.

- Dans sa motion finale, le Conseil Fédéral constata l'inadéquation des résultats obtenus, approuva les rapports du Premier Secrétaire et du Trésorier et repoussa par deux fois, leur démission, les engagea à mettre en oeuvre les dispositifs formels réclamés par l'éventuelle fermeture du Parti et confirma la convocation du Congrès à Zagreb. Toutes ces décisions furent approuvées à la quasi unanimité par le Conseil fédéral.

à Trieste et à Bohinj

A Trieste et à Bohinj la réunion a permis un débat sur la question qui nous préoccupe tant : l'éventualité de la fermeture du Parti. Je pense que ce débat a permis d'en arriver à une clarification importante et à une compréhension réciproque.

la fermeture

Nous ne pouvons toutefois nous cacher que l'éventualité de la "fermeture" a engendré parmi les militants, les inscrits, les sympathisants, désorientation et préoccupation, doutes et incertitudes, malentendus et incompréhension.

Les raisons qui nous amènent à considérer la question sont politiques, avant d'être économiques et financières et sont dûes avant tout au devoir de sauvegarder notre patrimoine idéal, nos valeurs et le sens de notre histoire. Elle doivent nous permettre d'avoir la force de chercher d'autres solutions qui garantissent notre existence sans devoir être entraîné dans une tentative inutile de survie.

Pour le moment, je veux m'adresser uniquement à tous les camarades qui craignent l'éventualité de la "fermeture" de ce parti, du parti en tant que tel, instrument de luttes et d'initiatives politiques, qui semblent opposer tant de résistance à l'inscription en 1989. A tous ceux-là, je ne peux que faire remarquer la contradiction profonde et absurde de leur résistance.

Est-il vraiment possible qu'ils ne se rendent compte que plus cette crainte est vivante et intense, plus ils risquent de la rendre réelle s'ils s'abstiennent en ce moment de contribuer, justement par l'inscription, à démontrer que le parti, ce parti qui devrait fermer, est une réalité vivante et vitale dont la meilleure preuve serait le nombre important d'inscrits prêts à soutenir leurs convictions au Congrès?

Les décisions que nous avons prises, les initiatives que nous avons réalisées doivent-elles donc nous faire conclure que notre tentative de refondation transnationale c'est à dire, de création, à partir du noyau représenté par l'ancien Parti radical, d'un nouveau Parti transnational, a définitivement échoué?

Devons-nous peut-être conclure que c'est une ambition déçue, une grande illusion, ou dans la meilleure des hypothèses une heureuse intuition de quelque chose de grand et d'important pour laquelle, hélas les temps actuels ne sont pas encore mûrs? Je serais prudent avant de tirer ces conclusions.

S'il est aussi vrai que les résultats ont été décevants, insatisfaisants ou complètement absents, là où nous sommes allés les chercher, des résultats importants ont été obtenus.

Bien sûr il s'agit encore de quelque chose d'extrêmement frêle, et en plus dans un domaine complètement nouveau et encore inexploré. Nous étions partis il y a plus d'un an à Bologne, avec l'intention de chercher le terrain où planter les racines du Parti transnational sur six grandes questions, de portée presque illimitée de par leur consistance et leur latitude ou de par la grandeur et la difficulté de l'entreprise.

Mais avec ce qui est arrivé au cours de l'année, ce que nous avons fait, pour la première fois je réussis à identifier le contour d'un raisonnement qui pourrait constituer la spécificité de la proposition politique du Parti Transnational, aussi bien à partir du contexte des différents régimes à parti unique (de l'Europe de l'Est, comme des pays africains et du Tiers Monde), que des régimes multipartitiques et proportionnalistes établis surtout en Europe et dans la Communauté européenne, à l'exception de la Grande-Bretagne.

Quel est ce raisonnement ?

Il y a deux ans, nous nous sommes fixés deux objectifs ambitieux. D'une part la réforme démocratique des institutions dans le sens bipartitique et uninominal, et de l'autre, celui de constituer une force politique transnationale capable d'affronter des problèmes qui ne sont plus gouvernables au niveau des institutions nationales.

Peut-être nous sommes nous habitués à considérer ces affirmations comme des déclarations d'intentions très suggestives, très personnelles (je veux dire très enracinées dans notre expérience existentielle), comme une tentative de donner une réponse créative à la crise d'un petit Parti qui a toujours eu de grandes ambitions.

Si, en Italie la réforme démocratique et uninominale des formations politiques et du système politique n'est pas au coin de la rue, si en Europe le vent ne souffle pas dans le bon sens, et qu'au contraire il souffle décidément à l'opposé des institutions politiques supra-nationales, nous tombons dans le désespoir. Nos choix nous semblent d'un seul coup erronés et désastreux.

Maintenant, il est hors de doute que ces problèmes sont plus grands que nous, c'est la raison pour laquelle nous sommes ici, et affrontons des débats aussi dramatiques. Mais cela ne signifie pas que ce ne sont pas "NOS" problèmes, ce sont nos problèmes de radicaux, parce que ce sont les problèmes centraux de notre temps. Le tracé du raisonnement que je veux développer, me dit que dans les choix des deux dernières années (réforme démocratique des institutions nationales vers le bipartisme national classique et réforme transnationale dans le sens de la construction d'institutions supranationales mais aussi de la dénationalisation et de la transnationalisation des forces politiques) il y a peut-être là, la clé de la réponse politique et institutionnelle, non seulement italienne et euro-communautaire, mais beaucoup plus générale aux problèmes politiques de notre temps.

Aujourd'hui nous assistons à cette explosion de "printemps" alternée à des évolutions dramatiques dans ce qui est encore l'empire soviétique: ils explosent partout avec leurs caractéristiques, à Moscou comme à Budapest, à Varsovie comme dans les pays de la Baltiques, et en particulier en Lettonie, en Arménie, comme à l'extérieur de l'Empire, en Yougoslavie.

Le point sensible de la crise de ce processus et de ce mouvement, n'est pas tellement, comme chacun pense, dans la possibilité d'une défaite de Gorbatchev, elle est dans les limites de ce "printemps" si beau et si riche d'espérances démocratiques: c'est le risque que ce printemps de démocratie explose en mille éclats d'un pluralisme devenu fou et ingouvernable, qui serait à l'opposé de l'alternative et de l'alternance; c'est le risque que le dégel de l'empire, au lieu d'évoluer dans la direction d'une fédération démocratique des Républiques Soviétiques, explose, comme c'est arrivé à l'Empire austro-hongrois en 1918, en une fragmentation de révoltes et de fermetures nationales et ethniques, chacune méfiante à l'égard de l'autre et toutes ensemble vouées à l'échec.

Face à ces dangers, nous qui avons été dans les rapports avec les gouvernements et les partis uniques de l'empire soviétique - pour tant d'années le parti du droit et des droits de l'homme, le parti non-violent, du respect du Traité d'Helsinki, et de la Convention des Nations-Unies, nous pourrions être la force politique en mesure de contribuer à fournir une réponse théorique et pratique, capable de constituer une réelle alternative démocratique forte. Et la réponse est justement dans les deux choix que nous avons fait depuis au moins deux ans et que nous avons inscrit dans la motion de Bologne de la même année.

Si en effet, on passait dans ces pays, du régime dictatorial, à parti unique, à un régime qui repropose automatiquement les anciennes divisions idéologiques à caractère national ou même nationaliste on passerait de l'échec désormais reconnu du modèle inefficace et antidémocratique à l'échec sûr et rapide du modèle pluripartitique et proportionnel qui a marqué l'échec de la démocratie dans une grande partie de l'Europe occidentale entre les deux guerres et qui repropose la tendance à l'instabilité, mais surtout à la stérilité des gouvernements et du gouvernement de la crise de la société mondiale et de chaque société "nationale". Peut-être, la réponse la plus efficace pourrait consister en l'enracinement du Parti radical dans ces pays.

Si de l'Europe orientale, je passe aux Etats de l'Afrique méditerranéennes, et en particulier à l'Algérie, à la Tunisie, et peut-être même aussi au Maroc, il me semble que je peux formuler l'espoir d'une solution semblable à la crise, tandis que dans toute l'Afrique francophone et anglophone, l'évolution est en cours, peut-être péniblement vers une société et un état de droit (nettement adopté par la Charte Africaine des Droits de l'Homme).

Nous avons des espoirs qui viennent de:

La Yougoslavie, où nous aurions voulu célébrer notre Congrès et où un refus des autorités fédérales nous a été opposé. La requête du Congrès, le dialogue non-violent que nous avons promu et recherché dans l'esprit d'amitié avec le peuple et le gouvernement yougoslaves, nos initiatives ont suscité l'attention et l'intérêt de la presse yougoslave, ouvert un débat sur notre présence et sur nos adhésions, en déterminant une progression des inscriptions de 135 à 240 en un peu plus d'une mois, en inscriptions et ré-inscriptions qui se sont poursuivies de façon ininterrompue - elles sont à ce jour au nombre de 320. Les radicaux de Trieste sont en train, avec les inscrits résidant en Yougoslavie, de rechercher de nouveaux contacts pour établir et maintenir des rapports toujours plus significatifs avec les milieux culturels et politiques. Ces initiatives sont soutenues par une production écrite qui, d'ici peu, sera également distribuée dans les kiosques de Karstie et d'Istrie via une insertion dans un quotidien slovè

ne en plus de la distribution dans les usines et les bureaux des organisations de l'Etat.

Le Burkina Faso, avec la présence active au Parti de Basile Guissou, et de Salif Diallo d'une part et les messages significatifs du Président Compaoré et du Ministre Zango au Conseil Fédéral de Trieste - Bohinj.

Le fait de l'existence d'un noyau de cinquante inscrits en Hongrie, à Budapest, dans un pays où, à 32 ans de l'invasion soviétique, un processus de réforme démocratique de la société et de l'Etat s'est réouvert, est une indication supplémentaire, la plus récente, de résultats obtenus par le Parti. Il s'agit, il est vrai, de cinquante inscrits trouvés en trois mois à peine, depuis que, grâce au séjour de deux de nos camarades dans ce pays, le Parti a établi un premier contact; a communiqué avec un nombre assez limité de personnes, dans un pays où avec le dur engagement que connaissent les camarades qui s'en occupent - nous avons réussi à envoyer deux numéro de "Lettres Radicales" à 500 personnes. Déjà, ces nouveaux camarades travaillent, bougent, se réunissent, demandent la présence du Parti, sollicitent des informations, des suggestions, une activité que hélas, nous ne pouvons ou nous ne savons donner sinon dans une mesure très limitée et amplement inadéquate.

Les camarades polonais - ces quelques dizaines d'inscrits qui sont arrivés pour la plupart grâce à l'action que nous avons menée dans ce pays, lorsque le "nouveau cours" rencontrait des obstacles qui apparaissaient alors insurmontables - qui sollicitent des informations, des débats pour donner corps à leurs initiatives de lutte politique, dans le processus d'évolution en cours dans ce pays; les espoirs suscités par la promotion à l'intérieur du Parlement Européen, d'un "Intergroupe pour les Droits de l'Homme dans les Pays de l'Est" - capables de "représenter" les intérêts polonais dans les Institutions européennes - n'ont malheureusement pas eu le suivi souhaité de la part du parti. Il en va de même de nos rapports avec des mouvements comme "Solidarnosc" ou "Wolnosc i Pokoj". Ces inscrits, ces sollicitations vives et pressantes qui sont adressées au Parti sont le symptôme d'une potentialité.

Seule l'incapacité dans laquelle nous nous trouvons de fournir des réponses adéquates et donc de produire et de cultiver notre présence et notre action dans ces pays, ne nous a pas permis de vérifier la consistance et l'extension de ces potentialités.

Par contre, nous devons enregistrer l'échec de nos initiatives, la chute de nos espoirs dans tous les pays de la Communauté européenne, pays normalement définis comme des pays de "démocratie mûre". Qu'il s'agisse de l'unité de la politique de l'Europe, ou de la nécessité d'affronter avec des politiques communes les grandes questions écologiques de notre temps; qu'il s'agisse des responsabilités de concourir au processus de paix au Moyen-Orient en ne se limitant pas à faire pression sur Israël, mais en s'engageant directement pour assurer la stabilité et la sécurité d'Israël, condition nécessaire tant à la paix qu'à la solution de la question palestinienne, ou bien qu'il s'agisse d'intervenir pour arrêter le processus de dégradation du Tiers-Monde et l'infamie de l'extermination par la faim, et c'est ici, au coeur de l'Europe, que nous avons hélas, constaté la plus grande surdité à nos thèmes, à nos propositions, à nos initiatives.

Le même sort a été réservé au Parlement Européen. Cette expression directe des peuples européens est reléguée par le sommet intergouvernemental de la Communauté à un rôle décoratif privé de pouvoirs.

Après leur enthousiasme initial de néophytes de la Communauté, les gouvernements de Madrid et de Lisbonne semblent désormais s'aligner à la politique de Londres, de Paris et de Bonn. Même le gouvernement de Rome craint désormais l'isolement et il semble lui aussi s'aligner toujours plus souvent sur les orientations ou sur les impositions des autres partenaires. Le débat entre les forces politiques est tout à fait endormi et dominé par des considérations de real-politik, de pouvoir et d'intérêt économique.

Nous savons en effet que nous ne serions pas isolés dans l'opinion publique et même dans les classes dirigeantes de la Communauté. Les sondages de l'Euro-Baromètre nous confirment ponctuellement et périodiquement que la grande majorité des peuples européens est favorable à un degré supérieur d'intégration politique supra-nationale, même en Angleterre, pays considérée à tord comme un pays anti-fédéraliste et anti-communautaire, les sondages prouvent que Madame Thatcher et les classes dirigeantes des partis conservateurs et travaillistes sont en minorité par rapport à leurs bases et à leur opinion publique, lorsqu'on leur demande s'ils sont favorables à une politique et à des institutions communes pour gouverner la politique extérieure, les problèmes de l'environnement, la recherche scientifique et technologique, les rapports avec le Tiers-Monde.

C'est à ce petit Parti transnational à peine constitué qu'est revenu, ces derniers mois l'honneur et le devoir de devenir en quelque sorte le "Parti du Parlement", je veux dire de celui qui a été constitué pour qu'il devienne rapidement le Parlement de la nouvelle Europe. Ce n'est pas un hasard si certaines des résolutions politiques les plus importantes et les plus significatives du parlement européen, portent la griffe de Marco Pannella. Cette expression "parti du Parlement" évoque celle du "parti du congrès" de Gandhi, élément révolutionnaire constitutif de l'indépendance indienne.

Cette expression peut sembler présomptueuse, velléitaire et hors de toute réalité et de toute possibilité. Mais je dis qu'il ne serait pas impossible au Parti, qui a l'effigie de Gandhi comme symbole, de faire appel - avec les armes de la non-violence - aux opinions publiques des peuples européens, pour dialoguer avec leurs gouvernements et les convaincre d'abandonner leur résistance. Cette prétention est au contraire impossible, cette ambition est présomptueuse et velléitaire pour une autre raison. Le principe du "connaître pour délibérer et choisir", et celui de l'égalité des chances dans les épreuves politico-électorales de nos pays, est en train de se faire complètement balayer.

Le "pouvoir" des mass-médias, pouvoir en soi immense et sans comparaison, n'est organisé et réglementé d'aucune façon, alors qu'au cours des siècles, les pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires se sont précisés. Cet état de fait empêche la possibilité même d'un fonctionnement physiologique de ces pouvoirs, et favorise la formation d'un "pouvoir effectif", "absolu" et rarement "illuminé", de caractère lui-aussi "irresponsable" comme le pouvoir "particratique" qui, pour l'essentiel, est en train de réaliser des formes de monopartismes imparfaits dans tous les Etats (nationaux) de pluripartisme proportionnel, et l'on ne peut pas non plus sous-estimer le processus toujours plus difficile de l'alternance dans le régime démocratique "bipartitique" du Royaume-Uni.

Le fait qu'en Slovénie, en Croatie, et en partie dans le reste de la Yougoslavie, l'on puisse cette année, trouver plus d'informations sur le Parti Radical que tout ce qu'on a eu en Italie et dans le monde "démocratique" ces dernières années (à l'exception de l'utilisation déformée des médias sur la candidature de Cicciolina) ne peut pas être liquidé par des discours sur le prétendu provincialisme ou sur la conjoncture de ce pays.

Il ne fait aucun doute, en effet, que nulle part, aujourd'hui, comme dans certains pays d'Europe Orientale, il n'y ait des masses de citoyens assoiffés de presse, confiants dans la force de l'information et de la circulation des idées.

L'ostracisme avec lequel la culture dominante des mass-médias de la société de "démocratie réelle" condamne toute forme de pensée et d'action de non-violence politique qui s'est affirmée il y a trente ans déjà, au Vietnam et en Extrême Orient, en Afrique du Sud et en Europe, répond bien plus qu'à un dessein conscient! Il répond à une sous-culture de jungle et non de marché politique, où l'exaltation de violences opposées, l'hommage nécrophile presque sacré, quotidien et obsessif à la mort violente, constitue le seul lexique des mass-médias de la "démocratie réelle".

Si, dans les Etats totalitaires, nous assistons aujourd'hui à l'explosion du droit absolu du pouvoir, de l'oligarchie du pouvoir, dans le monde de la "démocratie réelle", la crise du droit, du droit pénal, du droit civil, du droit international est désormais telle, même aux yeux des experts et de la science, que nous pouvons tranquillement nous attendre à ce que la devise radicale "pour le droit à la vie et pour la vie du droit", finisse bien vite, mais probablement trop tard, par devenir propre à bien d'autres.

La faillite totale de notre engagement vieux de plus de 10 ans pour obtenir en France la formation d'objectifs radicaux, l'imperméabilité absolue du monde allemand, la mise en retrait du monde scandinave, les maigres présences en Belgique, en Espagne, et au Portugal, doivent être considérés aussi comme une réalité objective. Parce que la circulation des idées, des faits radicaux, la connaissance même de la vie et de l'existence de notre Parti, se sont révélées pratiquement nulles, ou alors déformées ou partielles et provoquent l'effet contraire.

C'est pour ces mêmes raisons que nous avons dû constater au moins jusqu'à présent l'insuccès de nos initiatives et de nos tentatives en faveur de la convocation des Etats Généraux d'Europe afin de lancer le processus constituant de l'Unité Politique de la Communauté, pour essayer d'affronter - avec des instruments politiques communs au moins l'une des grandes catastrophes écologiques qui menacent la planète - le trou de la couche d'ozone - pour tenter de construire des réponses politiques communautaires, crédibles et efficaces, à la crise de la Yougoslavie et à la question israélo-palestinienne. Non seulement nous n'avons pas réussi à briser les logiques anti-communautaires prédominantes dans la communauté des douze; mais nous n'avons pas non plus réussi - du moins jusqu'à présent - à regrouper et à organiser des minorités significatives et consistantes autour de nos positions.

La connaissance de ces difficultés et l'absence d'énergie nous a empêché de reprendre l'initiative qui serait toujours plus dramatiquement nécessaire, contre l'extermination par la faim, et d'essayer d'organiser le deuxième rendez-vous des Chefs d'Etats Africains, qui avaient adressé il y a trois ans, un appel à la CEE et aux Nations-Unies reprenant le Manifeste des Prix Nobel.

En ce qui concerne la lutte pour l'abolition du prohibitionnisme, qui est le plus grand allié et le plus grand complice des profits de la mafia et de la criminalité du marché de la drogue, nous avons commencé à enregistrer des résultats grâce aussi au CO.R.A., notamment avec l'organisation d'une première rencontre internationale. Mais au moment même où nous avons ce nouveau terrain d'affrontement politique et idéal, nous devons constater, des Etats-Unis à l'Europe, et en Italie surtout à cause de Craxi, la recrudescence du prohibitionnisme avec sa charge d'illusions répressives et la reprise - sous de nouvelles formes et avec de nouveaux protagonistes - de cette "politique d'urgence" qui a provoqué déjà tant de désastres. Il faut donc que chacun réfléchisse sur ces thèmes.

Ici se pose la question "que faire?"

Je souhaite que notre capacité, notre courage de regarder en face l'inadéquation du Parti, le fait de ne pas se retrancher en arrière devant la même perspective de la fermeture, nous donne la possibilité de sauver et de renforcer notre patrimoine idéal et politique et d'éviter que la fermeture ne devienne dissolution, ce qui arriverait si c'était les faits qui nous faisaient fermer.

Nous avons devant nous deux voies possibles.

Il y en a une que nous avons déjà tentée récemment, qui consiste à renvoyer la fermeture tout en la prévoyant, en nous fixant des objectifs comme conditions pour pouvoir l'éviter (l'équivalent des 10 000 inscrits de décembre 1986 et des 5 000 de février 1987).

J'ai été accusé de tout voir en termes économiques ou même comptables, mais j'ai essayé de traduire en chiffres, les conditions nécessaires pour pouvoir poursuivre notre action de 20 à 30 000 inscrits et de 4 millions de dollars d'auto-financement. Si ces conditions ne peuvent pas être réalisées quelles autres conditions devraient donc s'avérer adéquates pour éviter la fermeture ?

L'autre voie est celle qui consiste procéder sans hésitation à la fermeture, d'en établir les organes, les procédures et de fixer les temps, en trouvant dans le parti et en nous tous la force pour constituer quelque chose d'autre et de plus adéquat pour poursuivre les objectifs que nous nous sommes proposés.

Bien sûr, cette seconde voie est apparemment la plus risquée. Mais si nous pouvions réussir à ne pas nous laisser paralyser par la peur de la fermeture, peut-être que nous pourrions trouver justement dans nos propres idées la force pour faire du processus de fermeture de l'actuel Parti radical, le processus de l'ouverture possible du nouveau parti qu'il est nécessaire de concevoir et de réaliser. Peut-être que nous pourrions ainsi comprendre que la fermeture peut aussi devenir uniquement un acte et un moment d'un processus constituant de quelque chose d'autre et adressé à d'autres.

Je sais très bien qu'il y a des camarades qui pensent le contraire, que le salut se trouve dans le retour en arrière, dans le retranchement sur le passé et sur le territoire de notre histoire radicale, en Italie et dans les institutions italiennes.

Les réponses, je les ai déjà données au dernier Conseil Fédéral, et elles ont provoqué dans une partie de la presse italienne, la conviction que je proposais au Parti l'acceptation, et même le doublement du financement public. Aujourd'hui j'opposerai une objection politique. J'ai l'intime conviction qu'un Parti qui s'est proposé la réforme du système politique et des formations politiques, s'il mise tout sur le fait de se conserver, devient inévitablement lui aussi, un élément de conservation du système.

Nous avons vu que la sortie du parti "en tant que tel" hors des institutions et des compétitions électorales, ne signifie pas une diminution, mais au contraire une augmentation de la participation des citoyens, même en tant que radicaux, justement aux compétitions électorales et dans les institutions, même régionales et locales, où le parti a été toujours absent par le choix de ses Congrès. Je crois que, même dans renversement d'alliances de la part du Parti socialiste, notre effort pour promouvoir des regroupements transpartititque, tant sur le versant écologiste que sur le versant laïc, correspond aux choix que nous avons fait dans les trois dernières années. Certes les obstacles sont nombreux, le choix est difficile.

Jamais comme au cours de l'année dernière, une potentialité d'engagement des citoyens "même radicaux" responsables et militants du Parti transnational, ne s'est autant manifestée en Italie, grâce au soutien partiel de "lancement" que nous avons décidé de leur assurer pour les élections à Catane, en Vénétie-Julie et dans le Frioul, dans le Trentin et le Sud Tyrol - tandis que plus de 320 inscrits, en majorité slovènes, au centre de tumultueuses polémiques en Yougoslavie sont évidemment considérés inexistants ou peu importants sur le plan de la politique de notre Parti.

Et il nous semble juste d'ajouter à ce propos une considération qui serait polémique, si elle n'était au contraire une juste ponctualisation des responsabilités et du travail de chacun.

Mauro Mellini demande aujourd'hui à la "classe dirigeante" du Parti : "qu'avez-vous fait de nos joyaux, de nos 10 000 inscrits ?", ou bien il semble enjoindre : "Varus, rends-moi mes légions!" - il avait accusé de folie ceux qui, lors du Congrès de Florence et ensuite de l'Assemblée de juillet 1986, avaient décidé la fermeture en ouvrant simultanément la campagne avant pour les 5 000 inscrits et ensuite pour les 10 000 inscrits, en affirmant que de telle manière, on n'aurait trouvé, même pas 2000 personnes qui auraient adhéré à un tel projet de liquidation.

Et c'est cela que l'histoire du parti et de la démocratie politique devrait avoir enseigné à tout le monde: il n'y a de meilleur Parlement, qui ne soit celui qui contrôle, modifie approuve ou repousse les budgets, les acquisitions de ressources et les critères de dépenses.

le Congrès

Pour le Congrès, s'il est vrai que l'habit ne fait pas le moine, il est également vrai que le siège d'un Congrès contribue à le faire, à en dessiner l'image.

L'Europe centrale non seulement pour son passé, mais également parce qu'elle incarne, notre rêve d'Europe, notre bataille à contre-courant.

Notre Europe n'est pas en fait ce simple espace de marché qui se réaliserait aridement en 1992. Notre Europe n'est pas une jungle de l'économie et de la finance. Une Europe faible avec les forts et autoritaires avec les classes sociales et les pays plus faibles de l'actuelle communauté.

Notre Europe n'est pas celle que de larges secteurs de classes dirigeantes entendent édifier: une Europe privée d'institutions de contrôles démocratiques et souverains, une Europe tellement affectée par la terrible maladie appelée "déficit démocratique" que - et ce n'est pas seulement un paradoxe - si aujourd'hui, une réalité comme la CEE demandait l'adhésion à elle-même, à la Communauté européenne, elle se verrait repoussée pour insuffisance de qualités démocratiques. Notre Europe, ce n'est pas l'ensemble des douze pays, coincés dans leurs frontières économiques, politiques, culturelles mais c'est un nouveau sujet politique nécessaire au monde.

Seule l'absence d'horizon peut alors conduire à la tentative de contourner avec les capitaux et les investissements, le mur qui divise encore le continent, en éludant ce que l'on ne peut éluder: à savoir la nécessité politique d'abattre ce mur et d'intégrer dans une Europe centrale et orientale, aux prises avec de graves questions de savoir comment et dans quels temps gouverner la transition vers la démocratie.

Nous n'allons pas au Congrès pour éluder les graves problèmes du Parti mais au contraire, pour les affronter de plein fouet. Nous n'allons pas au Congrès pour faire un débat, tout introverti autour de la fermeture ou de la non-fermeture, mais un débat sur les analyses et les objectifs de notre politique et par conséquent sur l'inadéquation ou pas de l'instrument parti radical. Nous n'allons pas au Congrès enfin pour faire une stérile passerelle transnationale, mais pour comprendre tous ensemble quels sont ou quels pourraient être les projets concrets politiques transnationaux qu'une force adéquate doit donner à ce rôle.

Et, c'est sur cela que, italiens et non-italiens vieux et nouveaux amis et camarades de l'Est européen, hôtes illustres et importants, nous sommes appelés à nous mesurer: une politique qui doit faire ses comptes avec ce que j'ai essayé jusqu'ici de chercher et de rappeler à notre attention, avec les implications et les développements possibles de telles considérations, avec l'engagement de les traduire en batailles perceptibles et concrètes, un parti qui doit, qui ne peut pas ne pas faire ses comptes avec son adéquation, et donc avec sa vie, son existence.

Il nous semble que le thème du Congrès peut être: "1989 : Etats-Unis d'Europe. Le Parti transnational et non-violent pour le droit à la vie et à la vie du droit".

Le Congrès pourra s'articuler comme suit: en dehors du premier jour dédié aux rapports introductifs et du dernier jour dédié au vote des motions, la deuxième journée pourra être consacrée au thème : "Démocratie". "Reconstituer le vieux continent avec de nouvelles institutions et de nouvelles libertés".

Ce sera la journée dédiée aux projets pour l'Europe politique et à celle de l'Est, introduite par certains rapports et certaines interventions sur le risque illusoire du marché unique, sur le processus politique en cours dans l'"autre Europe", sur l'impossibilité de faire abstraction de l'exigence de convoquer ces Etats Généraux d'Europe, pour lesquels nous nous sommes tant battus, avant 1989 et enfin sur la question qui tient à coeur au Congrès : à la lumière du bilan de cette année et des objectifs à poursuivre, faut-il dépasser l'"outil" parti radical? Et, si oui, vers quelle direction? et si non, avec quelles perspectives et quels débouchés? relations, communications, interventions d'approfondissement, donc, pour ensuite développer le débat en séance plénière.

affirmer le droit à la vie

Le même schéma se répétera dans la journée suivante consacrée à l'autre aspect de la politique transnationale radicale : "Non-violence. Affirmer le droit à la vie contre les menaces à la paix et à l'écosystème, avec les rapports et les interventions introductives sur la lutte contre l'extermination par la faim, l'absence d'intervention extraordinaire nonobstant la crise théorique et pratique de toutes les propositions et initiatives sur le "développement", l'explosion de tragédies macro-écologiques qui sont les filles de l'homme et de la nature, le grand espoir que des pas conséquents soient effectués par les Nations-Unis et le Conseil de Sécurité et encore sur les questions relatives au comment et combien ce parti est en mesure, peut et pourra être non pas marginal mais protagoniste de véritables luttes politiques transnationales.

Démocratie et non-violence, notre continent et le Sud du Monde, la construction de l'Etat du droit et l'affirmation du droit à la vie: ce sont les défis pour la conscience de plusieurs d'entre nous. Ce sont des défis que nous réussissons à éloigner de notre conscience, donc de notre moralité, cette conscience de radicaux, qui doit nous porter à nous demander sans détours, à nous-mêmes, participants de ce Congrès et à tous nos hôtes et invités, à la presse, à l'opinion publique, si et comment notre parti peut vivre, ou si et comment cette politique a besoin, au contraire, d'autres voies et d'autres moyens.

 
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