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Stanzani Sergio - 16 febbraio 1989
Relation du Premier Secrétaire au Conseil Fédéral de Strasbourg 16-19 Février 1989

SOMMAIRE: Lors de la dernière réunion du CF précédant le Congrès, le secrétaire rappelle les décisions déterminantes adoptées par le Cf de 1988, pour affronter ensuite la question de l'éventualité de la fermeture du parti et les objections de ceux qui, craignant la fermeture, ne s'inscrivent pas au Pr. Le choix transnational a-t-il été une ambition déçue, une grande illusion? Face à l'explosion de nouveaux "printemps" au sein ou à l'extérieur de l'empire soviétique d'un côté, et à l'échec des initiatives radicales dans tous les grands pays de la communauté européen de l'autre, une réponse efficace serait l'implantation du Pr dans les pays d'Europe orientale. Il n'y a qu'une seule question: que faire?. Il y a deux réponses possibles: une forte campagne d'inscriptions et d'autofinancement ou bien procéder sans hésitations à la fermeture.

Très chers camarades

En vertu des décisions adoptées à Bohinj, cette réunion est la dernière réunion du Conseil Fédéral du Parti Radical pour 1988 (nous nous réunirons encore une fois, tout de suite après le début du Congrès, mais uniquement pour en examiner et approuver l'ordre des travaux).

Nous connaissons tous les raisons et les évènements qui ont conduit à l'ajournement du 35eme Congrès du Parti à la fin du mois de mars, nous imposant - pour la première fois dans notre histoire - de manquer à l'obligation statutaire de tenir chaque année le Congrès à la date fixée.

Je saisis l'occasion pour adresser mes salutations et mes remerciements aux camarades résidents en Italie et en Yougoslavie, et en particulier à la Ligue de la Jeunesse Socialiste Slovène, qui, par leur participation assidue, ont fourni une contribution décisive à la réalisation de ce résultat de grande importance qu'a été le déroulement de notre Conseil fédéral de Bohinj.

Malgré nos sollicitations et l'engagement des camarades qui poursuivent l'oeuvre d'affirmer et développer la présence de notre parti dans ce pays, le souhait exprimé encore une fois par le Conseil fédéral, et contenu dans la motion approuvée à Bohinj, d'obtenir le consensus pour le déroulement du Congrès à Belgrade, à Lubiana ou à Zagreb, n'as pas eu de réponse concrète. Nous souhaitons cependant de pouvoir avoir l'opportunité d'ouvrir, avec les autorités et les autres organisations officielles de la République Fédérale Yougoslave et de chaque République, ce dialogue ouvert et profitable qui a été instauré avec les camarades de la Ligue de la Jeunesse Socialiste Slovène.

Je suis convaincu que les décisions adoptées et les activités menées par le parti en 1988, si elles sont considérées avec attention, mettent en relief l'effort et l'engagement de tous les camarades pour affronter et essayer de surmonter des difficultés d'exceptionnelle ampleur que le parti n'a que rarement rencontré au cours de son histoire.

LA RENCONTRE DES ORGANES STATUTAIRES DU PARTI

Le parcours effectué cette année a été caractérisé par la rencontre des organes statutaires du parti: Premier Secrétaire, Trésorier et Secrétariat, d'un côté, Conseil Fédéral de l'autre.

La fréquence et la régularité des réunions du Conseil Fédéral tenues cette année et l'extraordinaire participation à ses travaux ont constitué un élément de nouveauté dans la vie du parti et ont donné un caractère de continuité à cette rencontre mais aussi une certaine consistance et capacité de dialogue, qui ont déterminé la constitution d'un rapport de confiance effective entre ces organes, créant des moments dialectiques de vigueur et d'importance particulières.

C'est de ce rapport et de ces moments que la ligne politique suivie par le parti a émergé, alimentée par nos propositions, mais déterminée aussi par les décisions du Conseil Fédéral qui n'ont pas convenu avec ces propositions, sans léser toutefois le rapport de confiance.

LE ROLE "DIRECTIF" DU CONSEIL FEDERAL

C'est ainsi que durant cette année, le rôle directif du Conseil Fédéral a émergé, avec une importance jamais revêtue jusqu'ici.

A la veille du 35eme Congrès, je pense qu'il est important de rappeler les moments où les décisions du Conseil Fédéral ont été déterminantes.

BRUXELLES

A Bruxelles:

- le Conseil Fédéral ne pense pas qu'il faille attribuer - selon les termes du Statut - de valeur contraignante à la motion de Bologne, selon la proposition avancée durant le Conseil;

- le Premier secrétaire - en cohérence avec ce qui a été déclaré au Congrès - envisagea, dans sa relation, l'exigence d'établir la convocation d'un Congrès extraordinaire si le cours des inscriptions et de l'autofinancement n'avait pas garanti la réalisation de objectifs fixés par la motion: le Conseil Fédéral, tout en respectant les objectifs et les échéances proposées dans la relation, exclut l'éventualité d'un Congrès extraordinaire.

MADRID

A Madrid:

Le Conseil Fédéral, approuvant la relation du Premier Secrétaire et du Trésorier, prit acte - sur la base des quatre premiers mois d'activité - de l'impossibilité pour le Parti, d'atteindre dans l'année les objectifs de la motion de Bologne.

GROTTAFERRATA

A Grottaferrata:

- le Premier Secrétaire et le Trésorier proposèrent, en même temps que le lancement d'une campagne extraordinaire d'autofinancement et d'inscriptions, l'arrêt de toute activité programmée pour la réalisation de la motion de Bologne afin de tenter de sauvegarder la continuation du Parti, remise en discussion par la gravité de la crise financière et par le nombre insuffisant des inscrits;

- le Conseil Fédéral les chargea de préparer la fermeture du Parti, préparation nécessaire étant donné la très grave crise financière.

JERUSALEM

A Jérusalem:

- le Premier secrétaire et le Trésorier, constatée l'inadéquation des résultats de la campagne d'autofinancement et d'inscriptions, en en assumant la pleine responsabilité, remirent leur mandat au Conseil Fédéral, pour permettre à l'organe du Congrès d'adopter les mesures et les solutions les plus adéquates;

- le Conseil Fédéral constata, dans la motion conclusive, l'inadéquation des résultats obtenus, approuva les relations du Premier secrétaire et du Trésorier et refusa, par deux fois, leurs démissions, les engageant, en même temps que la convocation du Congrès de Zagreb, à la réalisation des dispositifs formels demandés pour l'éventuelle fermeture du Parti.

Toutes ces décisions furent proposées par Giovanni Negri à Bruxelles, par Marco Pannella à Madrid, Grottaferrata et Jérusalem, et approuvées par de plus grandes majorités par le Conseil Fédéral.

TRIESTE-BOHINJ

A Trieste et à Bohinj la réunion a été fortement occupée par les évènements dont le Conseil Fédéral a été protagoniste; cela n'a pas empêché un débat serré et profitable qui a approfondi les aspects et les termes de la question qui nous préoccupe tan: l'éventualité de la fermeture du Parti.

L'EVENTUALITE DE LA FERMETURE DU PARTI

Je pense que ce débat a permis l'acquisition d'éléments importants d'éclaircissements et de compréhension réciproque.

Ici, à Strasbourg, Paolo Vigevano vous exposera le parcours à travers lequel il sera possible d'assurer, fin-mars, les fondements qui furent reconnus indispensables à Jérusalem pour nous permettre, au Congrès, de décider la fermeture, librement, sans empêchements formels dûs aux conditions financières et à la situation du bilan.

Ces fondements seront assurés malgré l'ajournement du Congrès (imprévu à Jérusalem), qui a consenti trois autres mois d'activité, pleine et intense.et de ce résultat nous devons donner acte à l'engagement du Trésorier.

Nous ne pouvons pas cacher que l'éventualité de la fermeture a suscité chez les militants, les inscrits, les sympathisants, désorientation et préoccupation, doutes et incertitudes, équivoques et incompréhension, comme si les organes responsables avaient été envahis par un raptus destructif et autodestructif.

LES RAISONS QUI NOUS INDUISENT A CONSIDERER LA FERMETURE SONT POLITIQUES

Les raisons qui nous induisent à considérer la question sont politiques, avant d'être économiques et financières, et sont dues avant tout au devoir de sauvegarder notre patrimoine idéal, nos valeurs et le sens de notre histoire et de nous permettre d'avoir la force de chercher d'autres solutions pour exister et de ne pas être entraînés dans une inutile tentative de survivre.

C'est une condition difficile que nous sommes en train de traverser, qui se répercute inévitablement et plus pesamment sur les camarades résidents en Italie et par conséquent sur les inscriptions.

Le trésorier affrontera également cet aspect, comme aussi l'aspect relatif à ceux auxquels revient le droit de participer au prochain Congrès avec le droit de vote, ainsi que la valeur à attribuer aux inscriptions de 1989.

LA RESISTANCE A L'INSCRIPTION DES CAMARADES QUI CRAIGNENT LA FERMETURE

Je ne veux m'adresser ici - pour l'heure - qu'à tous les camarades qui craignent l'éventualité de la fermeture et qui ne placent leurs espérances que dans la continuité de ce parti en tant que tel, instrument de lutte et d'initiative politique.

A tous ceux-là, à ces camarades desquels plus que tous les autres je me sens proche, sous le poids des responsabilités que j'ai dû assumer, je ne puis que faire remarquer la profonde, absurde contradiction de leur résistance.

Est-il possible qu'ils ne se rendent pas compte que plus cette crainte est vive et intense, plus ils risquent de le rendre possible s'ils se soustraient en ce moment, à la participation, par l'inscription, de la démonstration que ce parti qui devrait fermer, est une réalité vivante et vitale parce que préconstituée - avant que le Congrès ne commence ses travaux - de milliers et de milliers d'inscrits, prêts à soutenir leurs propres convictions au Congrès?

Comment éviter sinon, le risque que ce ne soit le Congrès qui délibère la fermeture mais eux, eux, par leur hésitation, leur absence, qui le ferment avant même que le Congrès ne soit convoqué?

Avec ce que je vais vous exposer, j'espère pouvoir vous fournir à tous et surtout à ces camarades, des arguments de confiance et d'espérance, capables de contribuer et alimenter des considérations plus sereines, plus positives sur notre futur, sur la progression et la croissance de l'action, de la vie, de notre existence de femmes et d'hommes, de citoyens, de radicaux.

NOTRE CHOIX N'A-T-IL ETE QU'UNE AMBITION DEÇUE, QU'UNE GRANDE ILLUSION?

Les décisions que nous avons prises, les initiatives que nous avons suivies, en application des propositions du secrétariat et des décisions du Conseil Fédéral, doivent-elles donc nous faire conclure que notre tentative de refondation transnationale du parti,c'est-à-dire de création, à partir du noyau représenté par le vieux Parti Radical, d'un nouveau parti transnational, a définitivement échoué?

Devons-nous peut-être conclure que notre choix n'a été qu'une ambition déçue, une grande illusion, ou dans la meilleure des hypothèses, une heureuse institution de quelque chose de grand et d'important pour laquelle cependant les temps ne sont pas encore matures?

Quant à moi je ferais attention avant de donner un tel jugement et à tirer ces conclusions. Au moment-même où, avec l'honnêteté qui est la nôtre, nous sommes aux prises avec le problème de disproportion de nos forces d'organisation et politiques et de nos énergies militantes par rapport aux objectifs que nous nous sommes fixés, nous devons faire attention à ne pas donner de réponses consolatoires et éviter la tentation de donner un jugement sur une année d'initiatrive politique, et dans laquelle, affrontant les difficultés et les insuccès, enregistrant les froideurs et les résistances, nous avons tout de même commencé à voir affleurer, pas à pas, la théorie et la pratique transnationale.

LES REPONSES JUSQU'ICI OBTENUES, FAIBLES MAIS IMPORTANTES

Il est vrai cependant que si les réponses ont été décevantes, insatisfaisantes ou tout-à-fait absentes, des réponses importantes nous sont parvenues, là-où nous sommes allé les chercher, plus consistantes que prévues, alors que nous ne les espérions plus. Et cela-aussi, il serait injuste et erroné de sous-évaluer.

Certes, il ne s'agit que de quelque chose d'extrêmement faible, qui plus est dans un domaine tout-à-fait nouveau et inexploré.

Nous étions partis il y a un an, à Bologne, avec l'intention d'aller chercher le terrain sur lequel plonger les racines du Parti transnational sur six grandes questions, différentes par leur consistance et leur latitude ou par la grandiosité et la difficulté de l'entreprise, lorsque, comme pour la question de la légalisation de la drogue, les objectifs pouvaient sembler plus limités.

Je vous fais grâce de l'analyse et du bilan de ce que nous avons réussi à faire et de tout ce qui nous reste encore à faire; cela fait du reste l'objet de tous nos débats et de toutes nos attentions. Nous le savons bien. C'est la mesure même de nos difficultés ou de notre impossibilité à continuer sur cette route.

L'ESQUISSE D'UN RAISONNEMENT QUI POURRAIT CONSTITUER LA PROPOSITION SPECIFIQUE DU PARTI TRANSNATIONAL

Mais, d'après ce qui est arrivé dans le courant de l'année, ou qui a été fait par nous-mêmes ou par d'autres, ou d'après ce que j'ai entendu ou les réflexions que je fais, j'arrive pour la première fois à trouver, peut-être, l'esquisse d'un raisonnement qui pourrait constituer la proposition politique spécifique du Parti transnational, à partir du contexte des différents régimes à parti unique (de l'Europe de l'Est, des Pays africains et du Tiers-Monde) ou, du moins, des régimes multipartites à système proportionnel d'Europe et de la Communauté Européenne, à l'exception de la Grande Bretagne.

Quel est donc ce raisonnement?

Nous nous sommes fixé il y a deux ans deux objectifs ambitieux: d'une part, la réforme démocratique des institutions dans le sens bipartite et uninominaliste et, de l'autre, constituer une force politique transnationale capable d'affronter des problèmes qui ne sont plus gouvernables au niveau des institutions nationales.

NOTRE TENTATIVE VISE-T-ELLE SEULEMENT A DONNER UNE REPONSE CREATIVE A LA CRISE D'UN PETIT PARTI QUI A TOUJOURS EU DE GRANDES AMBITIONS?

Peut-être que nous tous, nous nous sommes habitués à considérer nos affirmations comme des déclarations d'intention très subjectives, très proches de notre expérience existentielle, comme une tentative de donner une réponse créative à la crise d'un petit parti qui a toujours eu de grandes ambitions: et par conséquent, une réponse très italienne parce que notre histoire est italienne et que le problème du passage de la particratie à la démocratie dans ses formes classiques du bipartisme et de l'alternance est surtout italien; c'est une réponse très européenne, eurocentriste; et en effet, notre choix transnational, dans notre conception, dans notre théorie politique, et aussi dans nos aspirations de toujours, avait et a toujours surtout une coloration fédéraliste européenne.

Et puisque nous vivons ce choix de façon subjective et existentielle, si en Italie la réforme démocratique et uninominaliste des formations politiques et du système politique ne sont pas pour tout de suite, si en Europe le vent ne souffle pas dans le sens opposé aux institutions politiques supranationales, nous plongeons dans le désespoir. Nos choix nous apparaissent tout-à-coup erronés et voués à l'échec; la volonté et l'espoir de constituer une force politique nouvelle et qui révolutionne les habitudes, les schémas et les intérêts de la politique actuelle, nous apparaissent comme un rêve impossible: une fuite à partir de nos problèmes réels, pour aller affronter des problèmes plus grands que nous.

Or, que ces problèmes sont plus grands que nous, cela ne fait aucun doute, c'est la raison pour laquelle nous sommes ici et affrontons des débats aussi dramatiques. Mais cela ne signifie pas que ce ne sont pas nos problèmes, ce sont nos problèmes de radicaux parce que ce sont les problèmes centraux de notre temps. L'esquisse du raisonnement que je voudrais développer, me dit que dans nos choix des deux dernières années (réforme démocratique des institutions nationales dans le sens du bipartisme classique et réforme transnationale dans le sens de construire des institutions supranationales, mais aussi de dénationaliser et transnationaliser les forces politiques), il y a peut-être la clé pour donner une réponse politique et institutionnelle, non seulement italienne et euro-communautaire, mais beaucoup plus générale, aux problèmes politiques de notre temps.

L'EXPLOSION DES "PRINTEMPS" A L'INTERIEUR ET A L'EXTERIEUR DE L'EMPIRE SOVIETIQUE

Nous assistons aujourd'hui à cette explosions de "printemps" en alternance avec des évolutions dramatiques au sein de ce qui est encore l'empire soviétique: ils explosent partout avec des caractéristiques qui leurs sont propres, à Moscou comme à Budapest, à Varsovie comme dans les pays baltes et en particulier en Lettonie, en Arménie, comme à l'extérieur de l'empire soviétique, en Yougoslavie.

L'accélération imposée, du moins apparemment, par le "nouveau cours" de Gorbatchev - qui peut-ête cependant la résultante d'une prise de conscience de l'impossibilité d'un gouvernement univoque, non démocratique- semble être, pour l'heure, heureusement, mais par la suite dramatiquement caractérisée par l'absence de réponses matures, fortes, adéquates aux nécessités du nouveau, à la nécessité de Réformes.

LE POINT DE CRISE POSSIBLE DU "NOUVEAU COURS" DE GORBATCHEV

Le point de crise possible de ce processus et de ce mouvement ne réside pas pas tellement, comme chacun croit, dans la possibilité d'une défaire de Gorbatchev, mais dans ce "printemps", si beau et si riche d'espérances démocratiques: il y a le risque que ce printemps de démocratie explose en mille éclats de pluralisme fou et ingouvernable, qui serait l'opposé de l'alternative et de l'alternance; il y a un risque de décongélation de l'empire, au lieu d'une évolution vers une fédération démocratique des Républiques Soviétiques, comme ce fut le cas pour l'empire austro-hongrois en 1918, avec des multitudes de révoltes et de fermetures nationales et ethniques, différentes entre-elles et toutes vouées à la faillite.

Face à ces dangers, nous qui avons été - dans notre rapport avec les Gouvernements et les partis uniques de l'empire soviétique - pendant tant d'années, le parti du droit et des droits humains, le parti nonviolent du respect du Traité d'Helsinky et de la Convention des Nations-Unies, nous pourrions être peut-être la force politique en mesure de contribuer à fournir une réponse théorique et pratique, capable de constituer une alternative démocratique réelle, forte, à cette évolution possible et à ces deux dangers. Et la réponse réside justement dans les deux choix que nous avons accompli depuis au moins deux ans et que nous avons introduit dans la motion de Bologne l'année dernière.

En effet, si l'on passait des régimes dictatoriaux, à parti unique, à des partis qui reproposent automatiquement de vieilles divisions idéologiques de caractère national ou même nationaliste, on passerait de la faillite désormais reconnue du modèle antidémocratique - qui oblige à l'immuabilité et à l'instabilité des Gouvernements - à la faillite certaine et rapide du modèle pluripartite et proportionnaliste qui a marqué la faillite de la démocratie dans une grande partie de l'Europe occidentale entre les deux guerres, et qui repropose, ponctuellement ces dernières années, la tendance à l'instabilité, mais surtout à la stérilité des gouvernements et du gouvernement de la crise de la société mondiale et de chaque société nationale.

Comme nous avons le devoir de regarder en arrière, la crise de la démocratie dans les années Vingt et Trente, durant les fascismes, de même nous avons le devoir de tenir compte des tragédies des pays de l'Europe orientale de cet après-guerre. Ceux qui ne se contentent pas d'être les objets de l'histoire et des mouvements, mais veulent être sujets et protagonistes, ne peuvent ignorer que ces dangers peuvent représenter une perspective tragique et même probable et doivent se confronter à ceux-ci, et si possible, les empêcher.

L'ENRACINEMENT DU PARTI RADICAL DANS CES PAYS

Sans présomptions et sans vélléïtés, avec humilité, mais aussi avec conviction, je dis que la réponse la plus efficace pourrait être justement représentée par l'enracinement du Parti Radical dans ces pays, avec sa radicalité laïque, tolérante, nonviolente, transnationale et par conséquent capable d'animer une perspective institutionnelle supra et multi-nationale, avec la formation d'un premier noyau de classe dirigeante, d'un première, petite, mais forte, armée de militants nonviolents pour le droit à la vie et la vie du droit, afin de réaliser sur le plan institutionnel, de l'Etat, la nouvelle société de droit et les nouveaux Etats fédéraux régionaux ou inter-régionaux, certainement nécessaires pour sortir, avec la force de la liberté, de la crise du désordre international et national, dominant aujourd'hui dans le monde.

Si, de l'Europe orientale, je me déplace vers les Etats méditerranéens d'Afrique, et en particulier vers l'Algérie, la Tunisie et peut-être le Maroc, je pense que l'on ne peut pas exclure de réponse de la crise de même nature, alors qu'en Afrique francophone ou anglophone, on peut constater une évolution vers une société et un Etat de droit (adopté avec la Charte Africaine des Droits de l'Homme).

LE PASSAGE DU ZERO A L'INFINIMENT PETIT DU 0,1

Nous avons commencé cette année à réaliser quelques petites conditions dans cette direction, mais que l'on ne doit pas cependant négliger ni même sous-évaluer, car le passage de zéro à l'infiniment petit du 0,1 peut représenter, dans la durée, un premier saut de qualité plus consistant et important que d'éphémères croissances quantitativement bien supérieures, mais destinées à rester pour toujours - une fois satisfaites - marginales et vaincues.

- La Yougoslavie nous autorise à espérer, la Yougoslavie où nous aurions voulu convoquer notre congrès et où les autorités fédérales et nationales serbes, croates et slovènes nous ont opposé un net refus. La requête du congrès, le dialogue nonviolent que nous avons engagé avec esprit d'amitié avec le peuple et le gouvernement yougoslave, les initiatives que nos camarades ont menées en Yougoslavie dans l'espace d'une année en étroite collaboration avec le secrétariat du parti et l'association radicale de Trieste, ont fait l'objet de l'intérêt porté par la presse yougoslave, et ont ouvert un débat sur notre présence, déterminant une série progressive d'inscriptions, de 135 à 240 en un mois à peine; inscriptions et réinscriptions - ont en compte aujourd'hui 320 - avec la manifestation explicite de la volonté de contribuer financièrement à l'activité du parti, surmontant les empêchements dûs aux lois en vigueur. Les camarades de Trieste travaillent durement dans la recherche de nouveaux contacts pour établir

et maintenir des rapports avec des milieux culturels et politiques toujours plus significatifs; l'activité de ces camarades est soutenue, entre-autre, par une spécifique production écrite, qui sera distribuée dans les kiosques dans les régions du Karst et de l'Istrie, comme supplément d'un quotidien slovène, ainsi que dans les usines et les bureaux des organismes d'Etat.

- Le Burkina Faso, avec la présence active au parti de Basile Guissou et du camarade Salif Diallo, et les messages significatifs du Président Campaoré et du Ministre Zango au Conseil Fédéral de Trieste-Bohinj;

- Les cinquante inscrits en Hongrie, à Budapest, dans un pays où, 32 ans après l'invasion soviétique, un processus de réforme démocratique de la société et de l'Etat a été lancé, sont l'indication ultime, la plus récente, des résultats obtenus par le parti qui, bien que minimes, suscitent la surprise et l'admiration sincère chez des personnes insoupçonnables: au niveau de ministre, les cinquante inscrits radicaux, de notre parti, constituent un fait incroyable, exceptionnel; il s'agit de cinquante inscrits en moins de trois mois.

- Les camarades polonais sollicitent des informations, des débats pour donner forme et vie à leur initiative, d'autant plus difficile que leur pays est dominé par l'église catholique, et qui ne doit pas favoriser de brèches autonomes, de lutte politique, dans le processus d'évolution en cours; les espoirs suscités par le parti radical avec l'initiative de promouvoir la constitution, au sein du Parlement européen, d'un intergroupe - capable de représenter les intérêts des mouvements pour les droits humains polonais et des autres pays de l'Est - n'ont pas eu malheureusement de la part du parti le développement souhaité, aussi bien dans le rapport avec les inscrits que dans le rapport avec des mouvements tels que "Volnosc i Pokoj" et Solidarnosc.

Ces inscrits, ces requêtes, ves sollitations vives et pressantes faites au parti sont le symptôme d'une potentialité, d'une exigence de portée bien supérieure que celle que les chiffres peuvent exprimer, dans des pays où les grandes espérances se sont rallumées, et où des faits significatifs et très importants se vérifient tous les jours.

Seule l'incapacité dans laquelle nous nous trouvons de fournir des réponses adéquates et par conséquent de produire et cultiver notre présence et notre action dans ces pays, ne nous a pas permis de vérifier l'extension de cette potentialité.

L'ECHEC DE NOS INITIATIVES, DE NOS ESPOIRS DANS TOUS LES GRANDS PAYS DE LA COMMUNAUTE EUROPEENNE

Nous devons enregistrer au contraire l'échec de nos initiatives, de nos espoirs, dans tous les grands pays de la Communauté européenne: les pays définis normalement comme pays de démocratie mature. Qu'il s'agisse de l'unité politique de l'Europe ou de la nécessité d'affronter par des politiques communes les grandes questions écologiques de notre temps; qu'il s'agisse de la responsabilité de participer au processus de paix au Moyen-Orient, sans se limiter à faire pression sur Israël, mais en s'engageant directement à assurer la stabilité et la sécurité pour Israël qui est la condition nécessaire pour la paix et pour la solution de la question palestinienne, ou bien encore qu'il s'agisse d'intervenir avec ses propres bilans, ses propres moyens, sa propre initiative politique nationale, communautaire ou internationale pour arrêter le processus de dégradation du Tiers-Monde et l'infamie pour la civilisation de notre temps de l'extermination par la faim, c'est ici, au coeur de l'europe, que nous enregistré la pl

us grande surdité envers nos thèmes, nos propositions, nos initiatives.

LA DESTINEE DU PARLEMENT EUROPEEN

La même destinée a touché le Parlement européen. Cette expression directe des peuples européens est reléguée par le sommet inter-gouvernemental de la Communauté à un rôle décoratif dénué de pouvoirs, sinon des pouvoirs ignorés par le Conseil européen et par les Gouvernements qui le composent et de dénonciations qui ne sont même pas entendues, parce que non-connues des opinions publiques.

Les gouvernements des plus grands pays de la Communauté - derrière la réthorique des affirmations de fidélité européenne - sont désormais d'accord pour empêcher la croissance d'innstitutions supranationales et démocratiques européennes et pour refuser les responsabilités de politique internationale qui découlent de la puissance économique de la Communauté qui vient tout de suite après celle des Etats-Unis d'Amérique.

Sur la politique de Londres, Paris, Bonn, vient s'aligner également celle de Madrid et Lisbonne, après leur enthousiasme initial de néophytes de la Communauté. Même le Gouvernement de Rome craint désormais l'isolement et semble lui-aussi s'aligner toujours plus sur les impositions de ses partenaires. Le débat entre les forces politiques - même celles qu'exprimèrent des hommes d'Etat d'orientation fédéraliste comme De Gasperi, Adenauer, Spaak, Monnet, Mansholt, Schumann, Martino - est tout-à-fait éteint et dominé par des considérations de realpolitik, de pouvoir et d'intérêts économiques.

Ces difficultés ne seraient pas insurmontables pour une force qui réunirait en soi, comme la nôtre, les arme de la démocratie et de la nonviolence.

Nous savons en effet, que nous ne serions pas isolés dans les opinions publiques et dans les classes dirigeantes des pays de la Communauté. Les sondages de l'Euro-baromètre nous confirment ponctuellement et périodiquement que la grande majorité des peuples européens est favorable à une plus grande intégration politique supranationale. Même en Angleterre, qui est considérée superficiellement comme un pays antifédéraliste et anticommunautaire, les sondages démontrent que Mme Thatcher et les classes dirigeantes des partis Conservateur et Labouriste sont en minorité par rapport à leurs bases et à l'opinion publique lorsque l'on demande si elles sont favorables à une politique et à des institutions communes pour gouverner la politique étrangère, les problèmes de l'environnement, la recherche scientifique et technologique, les rapports avec le Tiers-Monde.

LE PARTI DU PARLEMENT

C'est ce petit parti transnational à peine constitué, qui ces derniers mois, a eu l'honneur et la tâche de devenir en quelque sorte le parti du parlement. Je veux dire, le parti de ce qui vient d'être constitué afin qu'il devienne vite le Parlement de la nouvelle Europe. Plusieurs résolutions politiques importantes et significatives du Parlement européen portent la signature de Marco Pannella. Cette expression de Parti du Parlement, formulée il y a quelques mois par Giovanni Negri, évoque l'expression gandhienne de Parti du Congrès, élément révolutionnaire constitutif de l'indépndance indienne.

Cela peut paraître une affirmation présomptueuse et vélléïtaire, en dehors de toute réalité et possibilité. Mais je dis qu'il ne serait pas impossible au parti qui a l'effigie de Gandhi dans son propre symbole transnational de faire appel, avec la lutte politique et les armes de la nonviolence, aux opinions publiques des peuples européens pour dialoguer avec leurs gouvernements et les convaincre à abandonner leurs résistances.

Mais cette prétention est impossible, cette ambition est présomptueuse et vélléïtaire pour une autre raison. Il y a un motif bien plus grave et important qui nous pousse à parler de pays de démocratie réelle avec la même signification avec laquelle pendant des années, seuls et avec de petites minorités, nous avons parlé fe pays de socialisme réel jusqu'à ce que cette expression - en même temps que les analyses qui nous avaient conduit à la formuler - ne devienne celle du reste de la gauche italienne et européenne, et même communiste.

Connaître pour délibérer, en effet, et l'égalité des points de départ, dans les épreuves politico-électorales de nos pays, sont en train d'être annulés.

LE POUVOIR DES MEDIAS

Le fait que le pouvoir des médias, povoir en soi immense et sans comparaison possible avec tout autre pouvoir, n'est d'aucune manière organisé ni règlementé, comme au cours des siècles, se sont précisés les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, annule de facto la possibilité même d'un fonctionnement physiologique de ces pouvoirs et facilite la formation d'un pouvoir de facto, absolu et rarement "illuminé", de caractère lui aussi irresponsable, comme le pouvoir particratique qui, pour l'essentiel, est en train de réaliser des formes de monopartisme imparfait dans tous les Etats nationaux de pluripartisme proportionnaliste. Il ne faut pas non plus sous-évaluer le processus toujours plus difficile de l'alternance dans le régime démocratique bipartite du Royaume Uni.

Qu'en Slovénie, et même en Croatie, et en partie dans le reste de la Yougoslavie, l'on puisse retrouver cette année plus d'informations sur le Parti Radical qu'il y en a jamais eu en Italie et dans le monde démocratique au cours des dernières années (exception faite pour Cicciolina) ne peut guère être liquidé par le simple soupçon de provincialisme, de périphéricité, d'occasionnelle conjoncture dans ce pays.

Il ne fait pas de doutes, qu'en aucun lieu aujourd'hui, comme dans certains pays de l'Europe Orientale, il n'y a des masses de citoyens assoiffés de presse, confiants dans la force de l'information et de la circulation des idées.

LA CULTURE DOMINANTE DES MEDIAS DANS LES SOCIETES DE DEMOCRATIE REELLE CONDAMNE TOUTE FORME DE PENSEE ET D'ACTION DE LA NONVIOLENCE POLITIQUE

L'ostracisme total avec lequel la culture dominante des médias dans les sociétés de démocratie réelle condamne toute forme de pensée et d'action de la nonviolence politique - affirmée il y a plus de trente ans au Vietnam et en Extrême-Orient, en Afrique du Sud et en Europe - répond bien plus mal qu'à un dessein conscient! Il répond à une sous-culture de Jungle et non pas de marché politique, où l'exaltation de violences opposées, le quotidien, quasi sacral, obsessif, nécrophile hommage à la mort violente, constitue l'unique lexique des médias de la démocratie réelle.

Si dans les Etats totalitaires nous assistons aujourd'hui à l'implosion et à l'explosion du droit absolu du pouvoir, de l'oligarchie du pouvoir, dans le monde de la démocratie réelle, la crise du droit, du droit pénal, du droit civil, du droit international est telle, même aux yeux des experts et de la science, qu'elle peut nous faire penser que le slogan radical "pour le droit à la vie et la vie du droit" finira bien vite, probablement trop tard, par devenir celui de bien d'autres.

L'échec total d'une tendance pluridécennale à obtenir en France la formation d'objectifs et de volontés radicales, l'absolue imperméabilité du monde allemand, la totale extranéïté du monde scandinave, les inégales et maigres présences en Belgique, Espagne et Portugal, doivent être considérées comme une réalité objective: parce que la circulation des idées, des faits radicaux, la connaissance même de la vie et de l'existence de notre parti, se sont révélées pratiquement nulles, ou tellement déformées ou partielles, qu'elles ne sont pas avantageuses.

L'INSUCCES DE NOTRE INITIATIVE ET DE NOS TENTATIVES POUR LA CONVOCATION DES ETATS GENERAUX D'EUROPE

Pour les mêmes raisons, nous avons dû - du moins jusqu'à présent - enregistrer l'insuccès de nos initiatives et de nos tentatives pour la convocation des Etats Généraux d'Europe afin de lancer un processus constituant de l'Unité politique de la Communauté, pour tester la possibilité d'affronter - avec des instruments politiques communs - au moins l'une des grandes catastrophes écologiques qui menacent la planète - le trou de l'ozone - pour tenter de constituer des réponses politiques communautaires, crédibles et efficaces, à la crise de la Yougoslavie et à la question israélo-palestinienne. Non seulement nous n'avons pas réussi à toucher les logiques anticommunautaires de la communauté des Douze, mais nous n'avons même pas réussi - du moins jusqu'ici - à agréger et organiser de significatives et consistantes minorités rangées sur les mêmes positions que les nôtres.

LES AUTRES THEMES DE LA MOTION DE BOLOGNE

La prise de conscience de ces difficultés et l'absence d'énergies nous ont empêché de reprendre l'initiative, qui aurait été nécessaire, avec l'extermination par la faim, et de tenter d'organiser le second rendez-vous des Chefs-d'Etat africain qui, il y a trois ans, grâce au Manifeste des Prix Nobel et nos sollicitations, avaient adressé un appel à la CEE et aux Nations-Unies.

Dans les autres domaines où le Congrès nous avait engagé à opérer, j'ai déjà parlé des succès et des potentialités comme des limites que notre action a relevé dans le domaine des droits humains et par rapport aux espoirs de démocratisation de l'Est Européen, tandis qu'en ce qui concerne l'initiative de la lutte pour l'abolition du prohibitionnisme, qui est le grand allié et complice des profits de la mafia et de la criminalité dans le marché de la drogue, nous avons commencé à enregistrer - surtout grâce à nos amis du Cora, et en particulier à Marco Taradash, Giancarlo Arnao et Gino Del Gatto - une première rencontre internationale. Mais au moment même où nous avons ce nouveau terrain d'affrontement politique et idéal, nous devons enregistrer, des Usa à l'Italie, et en Italie surtout à cause de Craxi, la recrudescence du prohibitionnisme avec ses mortelles illusions répressives et la reprise - sous de nouvelles formes et avec de nouveaux protagonistes - de la politique d'urgence qui a déjà provoqué tant de

désastres.

IL FAUT QUE CHACUN DE NOUS REFLECHISSE - A L'INTERIEUR ET A L'EXTERIEUR DU PARTI - SUR CES THEMES

Il faut donc que chacun de nous réfléchisse, à l'intérieur comme à l'extérieur du Parti, sur ces thèmes. Je dis chacun de nous parce qu'il ne revient pas à notre parti en tant que tel d'être lieu d'étude, de réflexion, de recherche. Activité qui retombe, à cause de cela aussi, sur la responsabilité de chacun.

Rappelons-le: nous sommes un parti d'objectifs et non pas de représentation, d'idées et non pas uniquement de personnes.

J'ai fait ces considérations - que je n'ais pas trouvé jusqu'ici pertinentes à notre tâche statutaire - pour que ce Conseil Fédéral - le dernier avant le Congrès - soit sollicité pour mieux comprendre, cette fois-ci, à quel point, derrière l'apparente, obsessive reproposition de bilans, de chiffres de dettes et de nécessité pour les dépenses courantes, d'inscrits comme "contribuables", de risques ou de conditions de "faillites", il n'a pas manqué une évaluation de la croissance certaine d'une intelligence radicale, toujours plus sûre, plus profonde et plus vaste que ce qui est nécessaire, opportun, souhaitable - comme des dangers et des dommages déjà irréversibles, que la société politique, l'humanité et le territoire dans lequel nous vivons, nous proposent.

Par le travail de Paolo Vigevano et le mien, remplissant scrupuleusement nos devoirs et nos responsabilités, les engagements que le Conseil Fédéral nous avait confié, nous avons assuré les conditions, même juridiques, pour que l'on puisse effectuer les choix que le Parti et le Congrès penseront devoir et pouvoir accomplir.

QUE FAIRE?: C'EST LE THEME DU CONSEIL FEDERAL ET DU CONGRES

Que faire? C'est le thème du Conseil Fédéral et du Congrès. Ce n'est pas au Premier Secrétaire, mais à nous tous d'essayer de répondre et trouver les réponses. Je souhaite que notre capacité, notre courage de regarder en face l'inadéquation du Parti, le fait de ne pas fuir nos responsabilités - comme nous l'avons toujours fait - devant toujours la même hypothèse et perspective de la fermeture, nous donne la possibilité de sauver et de renforcer notre patrimoine idéal et politique et d'éviter que la fermeture ne devienne dissolution, comme ce serait le cas si c'était les faits qui nous obligeaient à fermer, mais, au contraire, mais au contraire, nous donne l'occasion de promouvoir la constitution d'une initiative et d'une force politique radicale plus forte et plus grande.

NOUS AVONS DEVANT NOUS DEUX VOIES POSSIBLES

En parlant ici en tant que militant et non pas en tant que Premier Secrétaire du Parti, je dis que nous avons devant nous deux voies possibles.

VINGT A TRENTE MILLE INSCRITS ET QUATRE MILLIONS DE DOLLARS D'AUTOFINANCEMENT.

L'une de ces voies, nous l'avons essayée récemment: repousser la fermeture, en nous fixant des objectifs et en essayant de réaliser les conditions pour pouvoir l'éviter (l'équivalent de cinq mille inscrits en décembre 1986 et de dix mille en février 1987). J'ai été accusé de tout voir en termes économiques et même comptables, mais j'ai essayer de quantifier, exactement comme nous le fîmes à l'époque, les conditions nécessaires pour pouvoir poursuivre notre action avec des espérances de succès: j'ai déjà parlé e juillet dernier d'une dimension nécessaire de 20 à trente mille inscrits et de 4 millions de dollars d'autofinancement. Si ces conditions ne peuvent pas être réalisées, quelles autres conditions devraient donc se vérifier pour éviter la fermeture?

PROCEDER SANS HESITATIONS A LA FERMETURE

L'autre voie est celle de procéder sans hésitations à la fermeture, d'en établir les organes et d'en fixer les temps, trouvant dans notre parti et en chacun de nous, comme ailleurs, la force pour constituer quelque chose d'autre et de plus adéquate pour poursuivre les objectifs que nous nous sommes fixés.

Certes, cette seconde voie est apparemment plus risquée. Mais si nous savions réussir à ne pas nous laisser paralyser par la peur de la fermeture, nous pourrions peut-être trouver précisément dans nos idées la force pour faire du processus de fermeture de notre parti, le processus d'ouverture possible du nouveau qui est nécessaire de concevoir et réaliser. Nous pourrions peut-être comprendre ainsi que la fermeture peut devenir aussi un moment d'un processus constituant adressé à d'autres.

Je sais très bien qu'il y a des camarades qui pensent au contraire que le salut réside dans le retour en arrière, une retraite dans la sécurité du passé et dans le territoire de notre histoire radicale, en Italie et dans les institutions italiennes.

J'ai déjà donné au cours du dernier Conseil Fédéral les réponses théoriques et pratiques à ce choix possible, qui ont provoqué, dans la majorité de la presse italienne, la conviction que je proposais au Parti, l'acceptation et même le doublement du financement public. Aujourd'hui, j'opposerai une objection politique. J'ai la forte conviction qu'un parti qui s'est proposé la réforme du système politique et des formations politiques, s'il mise tout sur la conservation de soi, devient inévitablement lui-aussi un élément de conservation du système. Nous avons vu que la sortie du parti en tant que tel des institutions et des compétitions électorales, ne signifie pas nécessairement une diminution, mais une augmentation de la participation et de la présence des citoyens aux compétitions électorales et dans les institutions, même aux élections régionales et locales où le Parti, selon le choix fait dans ses Congrès, a toujours été absent.

IL FAUT ENCOURAGER L'EFFORT, QUE TANT DE CAMARADES SONT EN TRAIN D'ACCOMPLIR, DE PROMOUVOIR DES AGREGATIONS TRANSPARTITES, SUR LE VERSANT VERT-ENVIRONNEMENTAL ET SUR LE VERSANT LAIQUE

Je crois que, même dans le renversement d'alliances de la part du Parti Socialiste, notre effort, l'effort que tant de camarades sont en train d'accomplir en promouvant des agrégations transpartites, sur le versant vert-environnemental et sur le versant laïque, correspond aux choix que nous avons accompli au cours des trois dernières années, et qu'il doit être encouragé. Certes, les obstacles sont nombreux, le choix est difficile. L'interrompre en ce moment, alors qu'en Italie il faut contrecarrer les erreurs des choix socialistes actuels et fournir une réponse positive à la crise communiste et au risque d'une reprise de pouvoir démochrétien, serait une grossière erreur. Un parti qui retournerait en arrière serait un parti qui renonce à son identité et à ses perspectives.

Ceux qui, comme en particulier le camarade Mellini, non seulement semblent se sentir autorisés, mais éprouvent le besoin de lancer des accusations contre ceux qui, depuis lors postes de responsabilité du parti- institutionnels ou volontaires - du parti, arrachent chaque jour, à chaque heure, l'administration du parti et le parti lui-même, à la faillite, parlent comme de bien entendu, d'autre chose. Mais nous, à cause précisément de nos responsabilités, d'autre chose nous ne pouvons guère parler, car nous ferions comme les banqueroutiers ne peuvent éviter de faire, qu'il s'agisse de banqueroutiers frauduleux, d'état, de régime italien qui opposent, devant les huissiers qui sequestrent, les juges, la proclamation des raisons sociales de l'entreprise.

Jamais comme l'année dernière, la plu grande potentialité d'engagement des citoyens radicaux, représentants et militants du parti transnational, ne s'est manifestée en Italie -grâce au soutien partel de "lancement" que nous avons décidé d'assurer pour les élections de Catania, en Vénitie-Julienne et dans le Frioul, dans le Trentin et dans le Sud-Tyrol - tandis que les 320 inscrits, surtout slovènes, au centre de tumultueuses polémiques en Yougoslavie, sont évidemment considérés inexistants ou peu importants sur le plan de la politique de notre parti.

Et il nous paraît juste d'ajouter à ce sujet, une considération qui serait polémique, s'il n'était juste de ponctualiser par les responsabilités et l'oeuvre de chacun.

Le camarade Mellini - qui demande aujourd'hui à la classe dirigeante du parti "Qu'avez-vous fait de nos joyaux, de nos 10.000 inscrits?"- avait accusé de folie ceux qui, dans la foulée du Congrès de Florence puis de l'Assemblée de juillet 1986, avaient décidé la fermeture en ouvrant en même temps la campagne des cinq mille puis des dix mille inscrits, affirmant de cette manière qu'on n'aurait trouvé même pas deux-mille personnes qui auraient adhéré à ce projet liquidateur.

Et cela que notre histoire, celle du parti - comme de lointaines, très vieilles racines historiques de la démocratie politique - devraient avoir enseigné à tous: il n'y a pas de meilleur Parlement, qui ne soit celui qui contrôle, modifie, approuve ou rejette les bilans, les acquisitions de ressources et les critères de modalité de dépense.

Si quelque chose manque aujourd'hui, à la démocratie italienne et européenne, et à nous en premier lieu, ce n'est pas l'inventeur d'idées mais un Ernesto Rossi, toujours attentif.

Je souhaite donc que chacun fonde la proposition des choix et l'opposition à celle des autres sur la réponse préventive aux insupportables conséquences du régime particratique, d'assistance, corporatif et corrupteur italien dans la vie d'un parti comme le nôtre.

Chacun doit être prêt et disponible à assumer et revendiquer le "gouvernement" du parti, gouvernement qui est économique, financier, avant même que politique.

UNE HYPOTHESE DE DEROULEMENT DU CONGRES.

C'est en fonction de ces éléments de fait, à ces considérations, à ces réflexions et à ces questions, que nous avons dessiné une hypothèse de déroulement du Congrès; il s'agit d'une hypothèse qui devrait permettre un débat sans limites et sans voiles, ouvert à des centaines et des centaines de camarades, compte tenu aussi que le Congrès a été convoqué durant les festivités de la semaine de Pâques aussi pour cette raison, pour permettre au plus grand nombre possible de camarades de pouvoir être présents et prendre part à nos travaux.

Les camarades du secrétariat et de la trésorerie se prodiguent depuis des semaines afin que les coûts des voyages et des séjours soient limités au maximum, et dans la définition de la complexe organisation de ce qui est un véritable Congrès transnational et de ce qui sera un rendez-vous décisif pour l'histoire radicale.

Pour la participation au Congrès, si vous me le permettez, il n'y a pas d'alibi: je pense que l'on ne puisse pas assurer le fait que le coût par personne ne sera pas tellement supérieur à celui de n'importe quel précédent Congrès, bien que ce dernier se déroule au coeur de l'Europe, à Vienne. Et s'il est vrai que l'habit ne fait pas le moine, il est vrai aussi que le siège d'un Congrès contribue à faire "ce congrès", à dessiner son image.

Vienne, ça n'est pas uniquement à cause de son passé, Vienne, cça n'est pas uniquement parce que c'est le "balcon" qui contemple les pays frères et séparés d'Europe centrale et orientale, Vienne, non seulement parce qu'elle candidate à être la première - de toutes les villes possibles - treizième étoile d'Europe, mais Vienne parce qu'elle incarne notre rêve d'Europe, notre bataille fédéraliste, notre caractère nettement, durement à contre-courant au moment où des fleuves de paroles sur 1992 et des milliers de petits drapeaux jaune et bleu à douze étoiles bombarderont l'opinion publique des pays de la Cee, en proposant une vision limitée, étroite et préconfectionnée de notre continent.

C'est pourquoi, après le niet du gouvernement Yougoslave pour la célébration du Congrès radical et tandis que dans ce pays-là les difficultés et les contradictions que nous connaissons bien s'accélèrent, le choix de Vienne nous semble presque naturel et obligé. Notre Europe n'est pas en effet, cet espace de marché aride qui se réaliserait en 1992, si la la perspective de 1992 reste celle qu'elle est aujourd'hui.Notre Europe n'est pas une jungle de l'économie et de la finance, faible avec les forts et tyrannique à l'égard des milieux sociaux et des pays plus faibles de l'actuelle communauté.

Notre Europe n'est pas celle qui, explicitement ou à travers des silences et des passivités hypocrites. de larges secteurs de classe dirigeantes entendent édifier: privée d'institutions, d'orientations, de contrôles démocratiques et souverains, affectée par la terrible maladie appelée "déficit démocratique", qui selon toute logique - et ce n'est pas seulement un paradoxe - si aujourd'hui une réalité comme la CEE demandait à elle-même l'adhésion à la Communauté Européenne, se verrait repoussée sa demande pour insuffisance de conditions démocratiques requises. Notre Europe, pour nous entendre, n'est pas l'ensemble des Douze pays embourbés dans leurs frontières économiques, politiques, culturelles, mais c'est un nouveau sujet politique nécessaire au monde: l'absence d'Etats Unis d'Europe est une absence de responsabilités, un vide à combler avec urgence et prudence.

Seule l'absence de projets politiques et d'horizons peut alors conduire à la tentative de contourner par les capitaux et les investissements, le mur qui partage encore le continent: la nécessité politique d'abattre ce mur et d'intégrer dans une Europe centrale et orientale, aux prises avec de graves questions actuelles, celles de savoir dans quels temps et comment gouverner la transition à la démocratie.

Vienne donc, avec les mêmes thèmes que nous voulions développer en Yougoslavie, centrée sur la nécessité, en 1989, d'un pas concret vers les Etats Unis d'Europe et sur la réflexion collective autour de l'itinéraire que nous avons essayé de parcourir, un parti transnational nonviolent pour le droit à la vie et la vie du droit.

L'esquisse du Congrès que nous vous proposons, est toutefois différente de ce qui était prévu en janvier, qui était une esquisse adéquate à un congrès plus ordinaire, même dans son caractère extraordinaire.

Il y a trois points de base qui nous ont conduit à cette esquisse différente du congrès. Je les énonce clairement afin d'éviter les malentendus et les discussions superflues.

Nous n'allons pas à Vienne pour éluder les graves problèmes du parti, posés sur le tapis depuis plus d'un an, mais pour les affronter de plein fouet. Nous n'allons pas à Vienne pour faire un débat, introverti et entortillé sur lui-même, autour de la fermeture ou de la non-fermeture, mais un débat sur les analyses et les objectifs de notre politique et consécutivement sur l'inadéquation ou pas de l'instrument parti radical. Nous n'allons pas à Vienne, enfin, pour jouer une pièce internationale stérile, avec d'imposantes leçons à donner ou à recevoir, mais pour comprendre tous ensemble quels sont ou seraient les projets politiques transnationaux concrets qu'une force adapté à ce rôle doit se donner.

C'est sur cela que, italiens et non italiens, anciens et nouveaux amis et camarades de l'Est européen, illustres et célèbres invités, sommes appelés à nous mesurer: une politique qui doit tenir compte de tout ce que l'on a jusqu'ici essayé de rappeler à votre attention, avec les implications et les développements possibles de telles considérations, avec l'engagement de les traduire en batailles perceptibles et concrètes, un parti qui doit tenir compte de sa propre vie, de sa propre existence.

Le thème du Congrès pourrait être: "1989: Etats Unis d'Europe. Le parti transnational et nonviolent pour le droit à la vie et la vie du droit".

Le Congrès - qui débutera l'après-midi du 23 pour se terminer le 27 - pourra s'articuler sur trois journées-conteneurs, sauf en ce qui concerne les relations introductives et le dernier jour consacré à un thème dont le titre me paraît suffisamment explicatif: "Démocratie. Recomposer le vieux Continent par de nouvelles institutions et de nouvelles libertés".

Il y aura la journée consacrée aux projets pour l'Europe politique et à celle de l'Est, introduite par plusieurs relations et interventions sur le risque illusoire du marché unique, sur le processus politique en cours dans l'autre Europe, sur l'exigence incontournable de convoquer les Etats Généraux d'Europe, pour lesquels nous nous sommes tant battus, avant la fin-1989, et enfin sur le problème qui tient à coeur au Congrès: à la lumière du bilan de cette année et des objectifs à poursuivre, faut-il dépasser l'outil parti radical? Et si oui, dans quelle direction? Et sinon, avec quelles perspectives de débouchés? Relations, communications, interventions d'approfondiddement, donc, pour développer ensuite le débat en séance plénière.

Le même schéma se répètera le lendemain, sur l'autre aspect de la politique transnationale radicale, autour du thème: "Nonviolence. Affirmer le droit à la vie contre les menaces contre la paix et l'écosystèmes", avec des relations et des interventions introductives sur la lutte contre l'extermination par la faim, l'intervention extraodinaire manquée malgré la crise théorique et pratique de toutes les principales propositions et initiatives sur le développement, l'explosion de tragédies macroécologiques qui sont filles de l'homme et non de la nature, la grande espérance de pas des Nations Unies et de leur Conseil de Sécurité et encore sur les questions relatives au comment et au quand ce parti sera en mesure, concrètement de pas être marginal, mais protagoniste de véritable lutte politique transnationale.

Démocratie et nonviolence, notre continent et le Sud du monde, la construction de l'Etat de droit et l'affirmation du droit à la vie: ce sont-là les défis que nous n'arrivons pas à éloigner du périmètre de notre conscience, de notre moralité, de notre politique. Et c'est cette moralité, cette conscience de radicaux, qui doit nous conduire à nous demander à nous-mêmes, si notre parti peut vivre ou si cette politique exige d'autres voies, d'autres moyens. C'est une question douloureuse, je le sais. Pouvez-vous penser qu'elle n'est pas douloureuse pour moi, surtout pour moi?

Préparons alors ce Congrès: les deux premières journées consacrées aux deux grandes faces de la médaille que nous appelons "transnationale" et la troisième journée au débat sur les délibérations que nous devrons effectuer. Faisons-le en commençant à raisonner et à proposer dès ce Conseil Fédéral. Faisons-le en remplissant le mois qui nous sépare de ce rendez-vous par des interventions et des dialogues. Faisons-le en aidant à une grande participation, qualitative et quantitative, de chacun de nos pays au Congrès.

Et, d'ors et déjà, je veux remercier ici les invités qui ont déjà accepté d'intervenir, et qui sont sans doute liés par la question centrale du Congrès sur la destinée de notre parti.

 
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