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Havel Vaclav - 13 marzo 1989
Declaration de Vaclav Havel lors de son dernier procès

Madame le Juge, en ce qui concerne les différents arguments de l'acte d'accusation, je me suis suffisamment exprimé lors de l'interrogatoire et du procès. Pour éviter toute répétition, je vais résumer mon attitude. J'estime que l'on n'a pas réussi à prouver que je me suis rendu coupable d'incitation ou d'entrave à agent public. Je me considère donc comme innocent et demande ma libération. Néanmoins, pour terminer, j'aimerais évoquer ici un aspect de l'ensemble de ce cas dont on n'a pas encore parlé.

"Anti-national" et "anti-socialistes"

A en croire mon acte d'accusation j'ai cherché à cacher le vrai caractère anti-national et anti-socialiste du rassemblement en préparation. Par cette affirmation, qui n'est et ne peut être prouvée par rien de concret, on attribue à ma façon d'agir un objectif politique. Ce qui m'autorisent à évoquer ici même les aspects politiques de l'affaire. Je dois constater tout d'abord que les termes "anti-national" et "anti-socialiste" ont perdu depuis longtemps le moindre sens sémantique car au cours des longues années pendant lesquelles on les prononçait, ils ont fini par devenir une étiquette calomnieuse donnée à tout citoyen qui pour une raison ou pour une autre dérange le pouvoir, et cela sans le moindre rapport avec des opinions politiques. Trois Secrétaires généraux du Parti communiste tchécoslovaque, Slanky, Husak et Dubcek, ont personnellement connu ce sort à un moment ou à un autre de leur carrière! Aujourd'hui, on colle ces étiquettes à la Charte 77 et à d'autres initiatives indépendantes, bien entendu uniq

uement parce que leurs activités gênent le gouvernement qui tente ainsi de les disqualifier. Et il s'avère que ce genre de calomnies politiques purement verbales n'a pas épargné mon acte d'accusation.

Quel est donc le sens politique exact de ce que nous faisons? La Charte '77 est née et existe en tant que regroupement informel dons les membres s'efforcent de suivre la façon dont les droits de l'homme, les conventions internationales et éventuellement la Constitution sont respectés dans notre pays. Depuis douze ans, la Charte attire l'attention des autorités sur les contradictions sérieuses entre les engagements qui ont été pris et la pratique sociale. Depuis douze ans, elle attire l'attention sur les différentes tendances de crise ou malsaines, sur les cas de violation des droits constitutionnels, d'arbitraire, de désordre ou de manque de compétence. Comme je peux le constater tous les jours, la Charte exprime par son activité, l'opinion d'une partie importante de notre société. Depuis douze ans, nous proposons au pouvoir un dialogue sur ces problèmes. Depuis douze ans, le pouvoir refuse de réagir à cette initiative, si ce n'est pour nous poursuivre et nous emprisonner.

Le caractère non violent et légal de l'action de la Charte '77

Et pourtant, le pouvoir reconnaît aujourd'hui lui-même l'existence de nombreux problèmes que la Charte faisait remarquer il y a des années et qui auraient pu être résolus depuis longtemps, si l'on avait voulu nous entendre. La Charte a toujours mis l'accent sur le caractère nonviolent et légal de son action. Dans son programme, elle ne s'est jamais fixé pour but de provoquer des émeutes de rue. J'ai moi-même tenu maintes fois à attirer l'attention sur le fait que le degré de respect à l'égard des citoyens non conformistes et critiques était un baromètre du respect de l'opinion publique en général. J'ai déjà dit maintes fois qu'une absence permanente de respect envers des manifestations pacifiques de l'opinion publique risquait de provoquer des protestations de la société de plus en plus ouvertes et énergiques. J'ai répété maintes fois que personne ne pourrait tirer profit de l'attitude du gouvernement qui consistait à attendre le jour où les gens commenceraient à manifester et à se mettre en grève. Et que t

out cela pouvait être évité par un dialogue concret et par la volonté de prêter l'oreille même aux voix critiques. Les avertissements face à cette évolution n'ont pas été entendus. Aujourd'hui, le pouvoir commence à récolter les fruits de son attitude orgueilleuse.

je vais faire un aveu!

Je vais faire un aveu, le lundi 16 janvier, j'avais l'intention de quitter la Place Venceslas dès qu'on aurait déposé des fleurs au pied de la statue de Saint Venceslas pour honorer le souvenir de Jan Palach. J'ai fini par y passer plus d'une heure car je n'en croyait pas mes yeux: il se passait quelque chose que je n'aurais jamais pu imaginier. J'assistais à une intervention totalement inutile de la police contre ceux qui voulaient, en silence et sans le moindre éclat, déposer des fleurs au pied de la statue. Cette intervention a brusquement transformé ces gens en une masse de manifestants. J'ai alors réalisé combien le mécontentement devait être profond pour provoquer une telle réaction.

L'acte d'accusation cite mes propos à l'adresse des policiers dans lesquels je qualifiais la situatuon de grave. J'avais même dit qu'elle était plus grave qu'ils ne le pensaient. Le 16 janvier, j'ai compris tout à coup que la situation était plus grave que ce que je pensais moi-même. En tant que citoyen souhaitant que notre pays se développe dans la paix, je suis fermement convaincu que le pouvoir tirera une leçon de ce qui vient de ce produire et acceptera un dialogue dans la dignité avec toutes les composantes de la société sans chercher à en exclure qui que ce soit en le qualifiant d'anti-socialiste. Je suis fermement convaincu que le pouvoir cessera enfin de se comporter à l'égard des intitiatives indépendantes comme une fille laide qui brise le miroir qu'elle croit responsable de sa laideur. J'espère pour cette raison que je ne serai pas condamné une nouvelle fois malgré mon innocence.

Les dernières paroles de Vaclav Havel après le verdict:

Je ne me sens pas coupable, je n'ai donc rien à regretter. J'accepte le verdict comme un sacrifice pour une bonne cause, sacrifice qui n'en est pas un à la lumière du sacrifice absolu de Jan Palach dont nous souhaitions commémorer un anniversaire.

 
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