"Une teen-ager américaine est devenue célèbre en Europe et c'est là l'objet du débat. Ce n'est pas une rock-star ou une athlète de niveau international mais une meurtrière qui s'est reconnue coupable". La jeune fille est Paula Cooper, jeune noire de Gary (Indiana), exliquait ensuite le Washington Post, dans un article de fond de première page du mois de septembre 1987 d'où est prise la citation, citation qui se déclarait en faveur de la campagne d'outre-Atlantique.

Paula Cooper a été condamnée à la chaise électrique pour un délit commis à l'âge de 15 ans: elle est devenue, en Europe, le symbole des atrocités de la peine de mort et de la campagne pour son abolition.

Le Parti radical a été, le seul, à faire démarrer la mobilisation surtout en Italie, - immédiatement après la condamnation de Paula Cooper - avec le début d'une collecte de signatures et une série de manifestations, avec la promotion de la Coordination "tu ne tueras point" qui unit, désormais, plus de cent organisations, religieuses et laïques, dans la campagne commune pour l'abrogation de la peine capitale. A partir de ce moment, on a receuillé, en Europe, à peu près trois millions de signatures; se sont mobilisées des personnalités hautement influentes comme le pape Jean-Paul II; sont parvenues au gouverneur de l'état de l'Indiana et au Président Reagan des centaines de milliers de pétitions et d'appels; il s'était créé un cas Paula Cooper, et s'est rouvert - au moins dans certains secteurs de l'opinion publique - le débat sur la peine capitale.

Et maintenant, la campagne - qui, malgré tout, jusqu'ici, a touché souvent les Etats Unis à travers la télévision et les journaux - quittera l'Europe pour se déplacer justement aux Etats-Unis, au début du printemps prochain avec une grande convention Europe-Amérique.

Car les U.S.A. sont et demeurent le premier interlocuteur, le plus immédiat de la campagne abolitionniste. Il y va de la crédibilité du monde démocratique; il y va de "l'exportabilité" des valeurs concrètes de justice et de liberté là où celles-ci sont piétinées et violées, tournées en dérision. Le Droit et les droits ne pourront être contagieux, leur respect et leur affirmation seront foulés aux pieds, tant que durera, dans l'ordre juridique d'un grand pays démocratique, la possibilité de la peine capitale.

La civilisation, c'est être différent de celui qui tue.