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Pannella Marco - 15 aprile 1989
Conférence de presse de Marco Pannella à Budapest

SOMMAIRE: Les réponses aux principales questions posées à Marco Pannella lors d'une conférence de presse donnée à Budapest quelques jours avant l'annonce de l'autorisation du gouvernement hongrois d'accueil le congrès radical à Budapest.

Q. Quelle est la place de la Hongrie dans votre campagne pour l'Union Européenne?

Ce qui se passe à Budapest est, à mon avis, au moins aussi important que ce qui se passait au coeur de l'Empire austro-hongrois quand il représentait non seulement la principale réalité multinationale de l'Europe mais aussi et surtout un élément d'équilibre qui aurait probablement dû être réformé dans un sens démocratique et républicain et non pas assassiné comme ce fut le cas en 1918.

On ne peut pas défendre le statu quo. Le problème de la Hongrie est le problème de la fragmentation de l'Europe. Le problème de la démocratie dépasse le niveau de l'Etat national. Ne vous semble-t-il pas illusoire d'espérer pouvoir donner des réponses efficaces aux grands problèmes du sauvetage de la planète et de la vie, aux problèmes du droit à la vie et de la vie du droit, à l'intérieur des limites de l'Etat national. Comment peut-on croire qu'il est possible de donner des réponses différentes aux mêmes problèmes selon qu'on soit à Budapest ou à 200 KM au Nord ou à l'Ouest. C'est impossible si l'on veut affronter les problèmes des nouvelles technologies, de l'informatisation, le problème de l'extermination par la faim ou par misère de 30 millions de personnes chaque année. Comment peut-on encore en arriver à penser que la réponse aux grands problèmes de notre temps doive valoir seulement pour 10, 15 ou 20 millions de personnes, et que la Yougoslavie doive en donner une autre, la Tchécoslovaquie, une autre

encore et ainsi de suite.

Q. Quelles sont les caractéristiques principales de votre parti?

Nous avons informé le gouvernement des caractéristiques du Parti radical et grâce à vous, nous voudrions en informer également l'opinion publique hongroise. Notre parti a ses origines en Italie, son histoire s'enracine dans ce pays. Mais son statut, contrairement à celui des autres partis en Italie, a toujours permis que des citoyens non-italiens en soient membres. En 1978, le Premier Secrétaire du Parti radical était un Français, Jean Fabre, en plus, c'était un objecteur de conscience, un nonviolent.

Dans le Conseil fédéral, qui, avec le Premier Secrétaire est l'organe suprême de direction, les italiens sont minoritaires. Basile Guissou, ancien ministre des Affaires Etrangères du Burkina Faso est l'un des quatre Vice-premiers secrétaires.

Q. Qu'est-ce qui vous différencie des autres partis?

Nous appartenons à cette catégorie de personnes qui ont la passion de travailler concrètement et de façon laïque. Nous proposons un parti nouveau, compatible avec les autres, nous n'avons aucune exclusive. On prend la carte du parti radical comme un billet d'autobus: c'est un service public. Il suffit d'acheter le billet pour pouvoir monter dans l'autobus. Au gens qui viennent prendre la carte, nous ne demandons pas d'où ils viennent, s'ils se sont lavés ou pas, de quel club ils font partie. Chez nous, le billet coûte assez cher, comme pour tous les voyages qui valent la peine, et ce n'est pas un paradoxe, si comme au début du siècle dans les partis ouvriers et les syndicats, nos militants sont en général assez pauvres.

Cependant, nous avons décidé que dans les pays où le régime monopartitique ne permet pas de s'inscrire à un autre parti, le montant d'inscription est volontaire.

Q. Quelles difficultés, le gouvernement hongrois peut-il opposer à la tenue du Congrès?

R. Les difficultés sont réelles et objectives. Il s'agit d'une manifestation qui n'a pas eu de précédent et qui est pour le moins singulière, parce qu'il s'agit du premier congrès, de la première manifestation officielle en Hongrie du premier parti transnational. Cela représente un élément de nouveauté. Il y a eu des internationales de partis, il y a des parti nationaux, mais un parti transnational et transparti, c'est-à-dire, un parti qui, du fait qu'il ne participe pas aux élections en tant que tel, n'est en concurrence avec aucun parti national, cela constitue évidemment un fait singulier.

La tenue du Congrès radical à Budapest serait quelque chose de très important pour la Hongrie, pour l'Europe, pour la démocratie. L'autorisation de tenir le Congrès à Budapest relèverait d'un choix démocratique. Quand je dis démocratique, je parle du choix de ceux qui misent aujourd'hui sur la démocratie, même s'ils proviennent de choix qui ont été d'autre nature ou même opposés. Mais, il faut juger les hommes et les institutions pour leurs faits et non pour les idéologies, c'est un principe de tolérance.

Qu'avez-vous dit au Ministre Kovacs lorsqu'il vous a reçu à propos de la tenue de votre Congrès à Budapest?

Durant l'entrevue avec le Ministre Kovacs, nous avons parlé de la Hongrie, de l'Europe, de la démocratie, de l'environnement, à un certain moment je lui ai dit: nous sommes tous les deux en train de discuter d'une façon tellement passionnée, permettez que tout le monde en discute. Au fond, le Congrès du Parti radical n'est fait que pour cela!

Q. Croyez-vous que le système démocratique soit plus adaptés à résoudre les problèmes qu'un régime autoritaire?

Nous considérons qu'il est absolument vital pour l'humanité de conquérir la possibilité de sauver la planète grâce à la démocratie et à la liberté et sans illusion sur l'efficacité du système totalitaire à résoudre les problèmes de notre temps.

Q. Le système démocratique permet-il d'éviter l'accession au pouvoir de tyrans?

Dans la démocratie, les dirigeants ne deviendraient jamais ni des Pol Pot, ni des Ceausescu. Le fait est que si vous ne permettez à personne de violer les droits des autres, que ce soit au nom d'un idéal, communiste, fasciste, radical ou autre, il est évident qu'il n'y a pas de Pol Pot possible, il n'y a pas d'Hitler possible.

Si nous avons appris quelque chose, c'est bien cela: il y a une loi absolue: c'est celle qui dit qu'aucune loi ne peut être respectée si elle viole le principe de l'égalité des droits pour tous. Celui qui gouverne doit être soumis aux lois comme celui qui est gouverné. Et vous imaginez que de cette façon, aucune dictature n'est possible, aucune dictature de la bourgeoisie, de l'aristocratie, de la monarchie ou du prolétariat.

Q. Que proposez-vous pour la Transylvanie?

Le Parti radical est un parti aux grandes idées concrètes, et sur la questions de la Transylvanie, j'ai répondu avec la grande idée concrète des Etats-Unis d'Europe.

Q. Et pour le problème immédiat des réfugiés et de la destruction des villages, de la culture...?

Si le Parti radical ne devient pas également hongrois et roumain, il manquera la réponse nonviolente, c'est-à-dire la réponse la plus forte contre les opérations de Ceausescu.

 
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