Marco PannellaSOMMAIRE: Budapest, 22 avril 1989, "le rideau de fer" est officiellement tombé. Le gouvernement hongrois a autorisé le déroulement du XXXV· Congrès du Parti radical.
Le gouvernement hongrois a autorisé le déroulement du XXXV Congrès du Parti radical (transnational et transparti), nonviolent, libertaire, des droits de l'homme. Le parti des refuzniks, des "dissidents", des militants qui depuis plus de vingt ans étaient régulièrement arrêtés dans les pays du Pacte de Varsovie pour leurs actions nonviolentes en défense des droits de l'homme et des droits civils.
Ce parti, volontairement dénudé de tout pouvoir, n'est en concurence avec aucun parti national existant. Il adopte des idées et des objectifs qui traversent les Etats nationaux et les forces politiques.
Une fois dépassé, le modèle du "socialisme réel", il est désormais urgent de se poser tous ensemble les problèmes du réajustement et de la réforme des régimes et du système de "démocratie réelle".
La vie de la planète, de la biosphère, de la terre, des eaux et la vie de l'humanité sont en danger.
Le divorce entre science et pouvoir, entre conscience et politique des institutions se vérifie chaque jour.
L'holocauste de centaines de millions d'êtres humains du Sud du monde par la faim et par la misère et l'holocauste de dizaines d'autres personnes par la guerre se renforce.
Deux tiers au moins des peuples de la terre vivent dans des régimes totalitaires, autoritaires ou militaires.
Le fléau de la prohibition des drogues sape la force des Etats et du droit et provoque la constitution de la criminalité la plus inédite et la plus dangereuse, plus forte que les Etats.
La vie du droit et le droit à la vie sont en très grave danger partout.
Une grande partie des régimes de démocratie réelle, et en leur sein, les idéaux de droit, de justice et de liberté sont paralysés.
Tout ces problèmes exigent une grande réforme planétaire, à partir de grandes fédérations des différentes régions du monde, pour instaurer un nouvel ordre politique, institutionnel, économique, capable de gouverner notre temps et notre société dans la démocratie politique.
Il convient donc de toute urgence que des personnes de bonne volonté s'organisent, donnent vie à de nouveaux sujets politiques, à de nouveaux partis, qui soient principalement transnationaux, et qui préfigurent, dans leurs méthodes, leurs moyens et dans leurs statuts, la nonviolence de la tolérance et de la liberté.
Ce supplément d'âme et d'espérance, de responsabilité et de connaissance n'est pas alternatif mais complémentaire et nécessaire pour que la fidélité et la militance de chacun trouve le contexte historique et civil, culturel et moral, qui puisse les faire croître et se réformer pour ne pas mourir.
Le Parti radical discutera à Budapest de sa propre survie, liée à une croissance forte et immédiate, des adhésions à son dessein et à sa vie. Il discutera des Etats-Unis d'Europe, condition nécessaire pour le développement et la liberté des individus et des peuples. De la réforme "anglo-saxone" des régimes "continentaux", qu'ils soient monopartitiques non démocratiques ou proportionnels et pluripartitiques. Il discutera de la nécessité que la CEE invite immédiatement la Hongrie et la Yougoslavie à faire partie de l'Union européenne. Il le fera avec toutes les personnes et toutes les forces intéressées, avec les dizaines de représentants du Parlement et du peuple européen qui ont annoncé leur participation. Il poursuivra le dialogue dans l'amitié entre les forces de pouvoir et celles d'opposition pour créer la nouvelle démocratie, la nouvelle Europe, la nouvelle Hongrie et la nouvelle Italie, la nouvelle Grande-Bretagne et la nouvelle Yougoslavie.
Ce n'est que si chacun perçoit le droit et le devoir qu'il a de venir à ce Congrès que celui-ci aura et engendrera vie et liberté.
Nous célébrerons ensemble la chute du rideau de fer, hommage aux nombreuses personnes qui sont mortes pour cet espoir ou dont la volonté, grande et généreuse, fut anéantie par la prison, la marginalisation et le déshonneur.