SOMMAIRE: Extraits de l'interview à propos de Ugo La Malfa, les réformes électorales, la transparticité et la transnationalité du Pr, les rapports avec le Pci.

(Notizie Radicali - 7 Août 1989)

A propos de Ugo La Malfa

"Avec Ugo La Malfa j'ai une histoire tout-à-fait particulière. Je l'ai accusé quelques fois d'être un grand mafieux: je lui contestais le fait d'être à mon égard d'une partialité indécente; je lui disais en plaisantant, "presque mafieuse". Nous avions parfois de grands conflits mais nous n'avons jamis eu un rapport de conflictualité. Nous nous entendions très bien. Au cours du dernier lustre nous avions non seulement des stratégies mais aussi des méthodes différentes, et je lui reprochais une trop faible attention à l'égard des moyens qui pour nous préfiguraient toujours les fins. Chez Giorgio aussi je retrouve un peu de cette excessive attention à l'égard de la tactique plus qu'à la stratégie..."

Rapports avec Psi et Pci

"Après les années du compromis historique et du centre-gauche, dans lesquelles le bloc laïc et le bloc communiste se faisaient concurrence dans leurs rapports avec la Dc, aujourd'hui, ils sont tous particrates. L'alternative doit donc être systématique, l'idée d'alternative de gauche en tant que telle est inhérente à la débâcle; nous changerons peu et nous perdrons bien vite".

Sur la réforme électorale

"Depuis le début des années Soixante je suis pour l'uninominale. Je suis convaincu que les règles de la démocratie, pour être laïques, doivent être claires et populaires. Dans les élections anglosaxonnes les règles sont claires; chacun pour soi, celui qui gagne prend tout. Je n'aime pas les propositions de petites manipulations sophistiquées, des intellectuels, à la "Pasquino" ou à la "Bassanini", qui proposent un peu de réforme à l'allemande, un peu à la française et ainsi de suite. La chose que je considère essentielle et que le plus analphabète, le plus imbécile d'entre nous puisse apprendre et se passionner pour la règle politique, pour ce qui arrive par le vote.

Je n'ai pas de dogmes, je pense que peut-être dans les pays anglosaxons, maintenant, un peu de proportionnelle ne ferait pas de mal. Mais chez nous, le problème fondamental est celui du rapport entre démocratie réelle et démocratie.

Sur la transparticité et la transnationalité

"Nous sommes un parti qui, en tant que tel, contrairement à tous les autres, n'a pas pour objectif, le pouvoir. L'association de la statue de la Liberté (révolution américaine, La Fayette et Toqueville, démocratie anglosaxone, l'Amérique) avec Gandhi est la quintessence de notre histoire, d'un parti transnational, transpartite, nonviolent. Et c'est ce que nous avons retrouvé à Pékin...

Or nous avons convoqué en septembre le Conseil Fédéral du Pr. Très probablement, nous devrons constater que l'on a voulu nous faire fermer et non pas que c'est nous qui le voulons. Nous sommes l'unique parti au monde qui place au centre de son propre débat politique le problème du bilan, des ressources, des entrées et des sorties, et qui le fait pour garantir l'autogouvernement et par conséquent la capacité de gouvernement de l'extérieur. Nous avons fait les calculs, nous avons besoin de 30.000 inscrits. Qui ne les a pas? Et pourtant aujourd'hui nous ne sommes que 2700. Pourquoi par exemple, ne pensez-vous pas à prendre cette carte du Pr comme un ticket de bus, pour faire une partie du trajet ensemble, pour atteindre des objectifs communs, et descendre lorsque vous en aurez envie?"

Rapports avec le Pci

"Pour certains, entre 1978 et 1981, il y a eu deux partis en Italie: le Pci et le Pr, adversaires dans les années de l'urgence, du compromis historique, des referendum. Aujourd'hui les rapports ont changé, il ne reste, semble-t-il qu'une seule divergence de fond sur la politique de la justice (la justice réelle et non pas la justice officielle que le Pci a corrigé en partie), l'opposition entre "garantistes" et "efficientistes". Et pourtant, dans ce nouveau climat d'amitié, l'importance de ce qui est écrit dans le communiqué conjoint de Stanzani et Occhetto est sous-évalué, et ces potentialités risquent de s'effilocher..."