SOMMAIRE: Marco Pannella, en qualité de Président du Conseil Fédéral, indique les thèmes de discussion sur lesquels les conseillers sont invités à porter leur réflexion.
Chers camarades,
1) Il n'y a pas de parti au monde, je pense, qui doivent se confronter publiquement, comme le nôtre, comme un Etat ou une Société commerciale ou encore une entreprise, avec le problème de son propre bilan, des ressources et des dépenses, de l'homogénéïté et de la pertinence des moyens et des méthodes utilisées, avec les buts poursuivis, de la transparence absolue de sa propre gestion: conditions de capacité démocratique d'autogouvernement et de gouvernement des institutions, de conquête et de préfiguration de ce "nouveau possible" qui seul peut pleinement justifier l'existence autonome d'une force politique autonome et singulière.
Cette particularité est tellement forte et extraordinaire, tellement particulière justement, que les médias, expression de la culture dominante et traditionnelle, ne sont pas en condition de transmettre, de faire connaître, critiquer ou accepter et choisir. C'est d'autre part ce qui arrive toujours plus dans la démocratie réelle d'une grande partie du monde démocratique pour les bilans publics, de l'Etat, ou des grandes sociétés privées, surtout si ce sont des multinationales.
2) Il n'y a pas de parti au monde, je pense, qui ait les caractéristiques de transnationalité, de transparticité, d'extranéïté délibérée et cultivée par l'objectif de la "prise du pouvoir", en tant que tel, et qui de facto, suppose et postule chez ses propres associés non seulement le droit, mais une sorte de devoir d'appartenance également à d'autres associations politiques.
Cette autre particularité répond à des urgences et nécessités dont les évidences risquent d'être aveuglantes, tellement elles sont claires: qui ne comprend pas que de nouveaux sujets institutionnels et politiques ne peuvent qu'être aujourd'hui - devant les problèmes de notre société et de notre temps - transnationaux, par rapport aux Etats existants, et transpartites, par rapport aux partis nationaux et idéologiques? Et qui ne voit pas le retard énorme, qui s'est déjà accumulé et le risque que les grands pouvoirs économiques, criminels, multinationaux et transnationaux ne deviennent toujours plus également les seuls lieux de véritable pouvoir politique?
3) Il n'y a pas de parti au monde, je pense, qui ait choisi et déjà pratiqué la nonviolence politique (gandhienne mais aussi laïque et humaniste) comme nécessaire, cohérent développement de la civilisation juridique fondée sur la tolérance, sur la démocratie politique, sur l'Etat de droit et les droits civils, politiques, individuels, refusant de reléguer à l'extérieur de la pertinence de la politique, de la moralité politique (comme valeurs religieuses, morales) les principes et les droits de conscience.
La particularité historique du "corps radical", tel qu'il s'est caractérisé par stratification de ses luttes et conquêtes, représente l'unique expérience raisonnable et consciemment vécue, l'unique élaboration de segments nouveaux de théorie de la praxis sociale, politique, nonviolente et laïque, neo-humaniste.
La nonviolence comme forme de dialogue, de choix déterminé d'amour délibéré dans le cadre de la confrontation politique, en premier lieu à l'égard de la personne qui incarne ou représente le pouvoir, personne physique, mais aussi juridique, pour récupérer la plénitude humaine et individuelle, personnelle, et de l'adversaire, comporte en effet, désormais, des règles nouvelles et claires. La première est que jamais, en aucun cas,les armes extrêmes de la nonviolence, le jeûne, la grève de la faim ou de la soif, ne peuvent être le fruit du désespoir, de méfiance, et doivent se fonder sur la défense et sur la revendication de ce que l'adversaire, et en premier lieu le pouvoir a l'engagement, le devoir incontestable, l'obligation juridique reconnue, l'intention manifeste, de réaliser. La nonviolence est forte, dans un certain sens absolument agressive à l'égard de la violence, elle est certainement dramatique contre l'inertie-violence. Elle est comme nous l'avons vécue et règlementée, défense et création de d
roit, de lois, de devoirs et de droits.
De nombreuses formes de lutte nonviolente sont par contre de véritables chantages, violences contre la conscience d'autrui, l'acte extrême violent et mortel, de la part de ceux qui n'ont plus que le corps à jeter dans la mort-salut, étant donné qu'ils ne peuvent plus y jeter celui de leurs ennemis.
Dans la démocratie réelle la notion de pouvoir, de la lutte politique est de nature jacobine, même si l'anti-léninisme idéologique et historique a constitué un alibi pour apparaître réellement démocrates.
La nonviolence est l'arme de l'homme désarmé, pauvre, qui n'a, ou qui ne veut mettre en jeu autre chose que la parole et l'amour - comme valeur et instrument politiques. Sa force réside dans l'humilité, dans le bon sens, dans la conviction, à savoir vaincre mais avec l'autre et non pas contre l'autre.
Il n'y a pas de parti au monde, je le répète, qui ait donné l'assaut de cette manière aux situations violentes, et qui ait vécu, depuis deux décennies au moins, selon la clarté de choix qui a conduit les étudiants de Pékin à brandir la Statue de la Liberté américaine et la nonviolence de Gandhi. Et qui ait pu et su ainsi, de manière toujours plus concrète et forte, s'armer et armer, et démontrer la supériorité de ce choix.
4) Il n'y a pas de parti au monde, je pense, qui ait systématiquement et positivement pratiqué - souvent avec des succès extraordinaires dans la situation historique italienne, mais pas seulement dans cette situation - la défense des droits à la diversité, sur les idéaux et les comportements, la culture, l'histoire, la religion, la moralité, la sexualité, les situations patologiques, en cohérence avec la conviction laïque selon laquelle s'il existe des perversions il n'esxiste pas de pervers, mais - précisément - des personnes diverses. Et cela est valable pour les plus pervers: ceux qui utilisent le pouvoir en tant que violence, et se considèrent exemptés du devoir de respecter la loi, comme tout le monde.
Il n'y a pas de parti au monde qui ait été fondé, avec des règles écrites, par Statut, sur la pleine liberté et responsabilité, sur le droit à la contradiction, à la dissension, aux choix opposés dans la pratique civile et politique, de ses propres membres. Il n'existe pas de parti au monde, j'en suis sûr, qui considère que ses membres sont libres de n'appliquer aucune discipline, qui pense que tout le monde doit pouvoir, sans possibilité d'autorisation ou d'approbation de qui que ce soit, s'inscrire et avoir la plénitude des droits statutaires, grâce à la simple acquisition de la carte, comme l'on achète un billet de bus.
Un tel parti existe et a existé, durant trois décennies, et il a vu se réaliser le plus extraordinaire, unique, rapport entre inscrits et réalisations, entre entrées et dépenses, nombre et qualité de ses membres et nombre et qualité des membres des autres partis connus. En Italie, avec quelques centaines d'inscrits, puis avec un maximum de trois mille (sauf une exception), le Pr a été le parti en absolu le plus législateur et le plus agrégeant sur le plan des objectifs spécifiques, sans jamais une seule position de pouvoir à n'importe quel niveau dans les institutions et la société, locale ou nationale, faces à des partis dont les inscrits se comptaient par millions, ou centaines de milliers, et disposaient du pouvoir et de pouvoirs institutionnels et sociaux.
Ce parti, selon ses adversaires, a déterminé la survie de centaines de milliers, sinon de millions de personnes qui auraient été exterminées par la faim et la soif dans le Sud du monde; et il a été le plus efficace par sa présence dans la défense des droits humains et civils, en particulier dans les pays de dictature, en premier lieu les pays de communisme réel, et naturellement, en Italie.
Chers camarades,
Je pourrais continuer longtemps à raconter l'histoire et la nature de notre parti. Mais il suffit de ce que je viens d'évoquer pour préciser quelle est l'enjeu du Conseil Fédéral qui aura lieu à Rome, à partir du 1er Septembre, à l'Hôtel Ergife.
Les relations du Premier Secrétaire et du Trésorier, ainsi que d'autres communications des camarades du secrétariat et de la Trésorerie, des camarades qui ont affronté des tâches particulières pour le parti, nous permettent d'arriver fin-prêts comme jamais pour prendre des décisions vitales (ou mortelles) pour le Pr.
La situation et très claire: si d'un côté la demande de Parti radical (avec les caractéristiques que je viens d'évoquer) est en train de tout bouleverser, de l'autre, la situation économique, d'organisation et politique, des inscrits, est littéralement catastrophique.
Nous avons déjà pratiquement utilisé l'argent que les inscrits italiens, grâce à la présence extraordinaire aux élections, dans les institutions, en Italie et au Parlement européen, devraient toucher en 1990. Nous sommes quelques deux mille dans le monde, au lieu des trente mille qui pourraient nous permettre de vivre, opérer, contribuer à faire face aux terribles difficultés, pour tous, du moment que le monde vit.
Le Conseil Fédéral, cette année, selon la décision du Congrès de Budapest, comprend de facto la classe dirigeante du Pr, presque entièrement. J'ai décidé de l'étendre à la participation d'inscrits récents de valeur particulière. Nous serons environ une centaine. Un véritable petit Congrès. Le Conseil Fédéral sera diffusé en direct sur Radio Radicale. Le Statut et la volonté politique du Premier secrétaire et du Trésorier, du Président du Parti et la mienne, nous accordent les plus hauts pouvoirs délibératifs, et même ceux du Congrès (sous certaines conditions)
Nous espérons pouvoir compter sur la participation des camarades soviétiques, en particulier Evghenia Debrawskaia. Dans ce but, le parti est en train de vivre une mobilisation extraordinaire, malgré la période des congés d'été et les grosses chaleurs du mois d'Août.
Mais, en tous cas, je ne pourrai guère renvoyer à nouveau le Conseil en cas d'échec de l'initiative destinée à assurer la présence des camarades et des invités soviétiques.
Nous avons convoqué ces jours-ci, sur initiative du Secrétaire du Parti - un séminaire réservé aux membres du secrétariat, et aux parlementaires italiens ou européens inscrits au PR. Le résultat a été alarmant: nous n'avons pas réussi à élaborer - en annexe aux relations institutionnelles - une ou plusieurs propositions de solutions de la crise financière, économique, et d'inscrits, qui risque de se transformer en une crise définitive, sans appel.
C'est pourquoi, en particulier en ce qui concerne les points 1 et 2, je vous prie de bien étudier, à fond, les relations qui nous ont été destinées.
Nous aurons, évidemment, un grand débat important sur les perspectives politiques et sur la situation dans laquelle nous nous trouvons, les dramatiques difficultés de ces dernières années.
Mais il faut que chacun de nous prépare comme il faut les questions comme les réponses qui peuvent contribuer à avoir un débat à la hauteur de la situation dramatique du Pr.
Je vous embrasse fraternellement
Marco Pannella
P.S. Je me permets de vous recommander à tous et à chacun d'essayer de donner la priorité absolue à ce Conseil Fédéral supplémentaire. Tenez compte que vos réponses immédiates sur votre participation et sur les thèmes à l'ordre du jour de la vie du parti, seront précieuses et utiles pour tous.
Merci.