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Friedman Milton - 17 ottobre 1989
Drogue - USA : Lettre ouverte à William Bennet.
par Milton Friedman

SOMMAIRE: La proposition de l'Administration Bush ne peut que faire empirer une situation déjà détériorée, puisque les mesures qui sont proposées sont précisément l'une des plus grandes causes des maux déplorés. S'il fallait déjà dépénaliser les drogues il y a 17 ans, maintenant cela s'impose encore plus, pour réduire le nombre de morts, de toxicomanes et de crimes.

("Notizie Radicali" N· 224 du 17 Octobre 1989 - "Wall Street Journal" - "Il Sole 24 Ore")

Cher Bill

Pour utiliser les éloquentes paroles d'Oliver Cromwell "Je vous supplie par le sang du Christ de considérer la possibilité de vous être trompés", à propos de la ligne que vous avez soutenu, toi et Bush pour la lutte contre la drogue. La vie que vous proposez - plus de policiers, de plus lourdes condamnations, plus d'actions militaires dans les pays étrangers, réclusion pour les consommateurs de drogue et toute une panoplie de mesures répressives - ne peut que faire empirer une situation déjà détériorée. Il est impossible de vaincre la drogue avec ce type de tactiques sans mettre en péril cette liberté humaine et individuelle que nous aimons tant, vous et moi.

Vous ne vous trompez pas en disant que les drogues sont un fléau qui est en train de dévaster notre société. Vous ne vous trompez pas en disant que les drogues sont en train de ronger le tissu social, gâchant la vie de tant de jeunes et faisant payer un prix élevé aux plus déshérités d'entre nous. Vous ne vous trompez pas en disant que la majorité des gens partage vos préoccupations. Bref, vous ne vous trompez pas dans les objectifs que vous vous êtes fixés.

Votre erreur réside dans le fait de ne pas reconnaître que les mesures que vous avez proposé sont l'une des plus grandes causes des maux que vous déplorez. Il est évident que le problème est la demande, mais pas seulement la demande. C'est la demande qui doit obligatoirement passer à travers les canaux illégaux et réprimés par la force. L'illégalité crée d'immenses profits qui financent les guerres assassines des seigneurs de la drogue; l'illégalité absorbe tous les efforts des honnêtes serviteurs de la loi, en les obligeant à concentrer toutes les ressources pour combattre les plus simples crimes de rapine, de vol et d'agression.

Les drogues sont une tragédie pour ceux qui en dépendent. Mais avec la criminalisation de leur usage, cette tragédie devient un désastre pour toute la société, sans distinction, pour ceux qui en font usage et pour les autres. Notre expérience de la prohibition de la drogue est une répétition de celle du prohibitionnisme de l'alcool dans les années Trente.

J'ai sous les yeux quelques passages d'un article que j'ai écrit en 1972 sur les "Prohibitionnisme et Drogue". Alors le problème le plus brûlant était l'héroïne provenant de Marseille; aujourd'hui c'est la cocaïne provenant d'Amérique Latine. En outre, aujourd'hui le problème est beaucoup plus sérieux de ce qu'il n'était il y a 17 ans: les personnes esclaves de la drogue, les victimes innocentes, les dealers, les aummes et les moyens financiers impliqués dans la répression, ont augmenté.

Si les drogues dures avaient été dépénalisées il y a 17 ans, le crack n'aurait jamais été inventé (il le fut parce que le coût élevé des drogues illégales en rendit rentable une version à bon marché), et il y aurait eu des milliers de morts en moins, ou peut-être même des centaines de milliers. Les ghettos de nos grandes villes ne seraient pas des no man's land infestés par la drogue et le crime. Il y aurait moins de gens en prison et l'on aurait construit moins de prisons.

La Colombie, la Bolivie et autres pays, enfin, ne seraient pas la proie de la narco-terreur et les Usa n'auraient pas déformé leur politique étrangère. "L'enfer", pour employer les mots avec lesquels le prédicateur Billy Sunday salua l'avènement du prohibitionnisme au début des années Vingt, n'afficherait pas aujourd'hui "complet".

La dépénalisation des drogues serait aujourd'hui plus nécessaire qu'en 1972; mais il faut reconnaître qu'il n'est guère possible d'éliminer complètement le mal, du moins dans un futur immédiat. Reconduire la dépénalisation, cependant, ne peut que faire empirer la situation, rendant la solution du problème encore plus difficile. Alcool et tabac causent chez ceux qui en font usage, des dommages mortels encore plus fréquemment que la drogue. La dépénalisation ne nous empêcherait pas de nous comporter face à la drogue comme nous le faisons maintenant face à l'alcool et au tabac: interdire la vente aux mineurs, interdire la publicité, et d'autres mesures de ce genre. Il serait possible de faire respecter des mesures de ce genre, mais il n'est pas possible de faire de même avec le prohibitionnisme. En outre, une partie négligeable des sommes que nous dépensons dans la tentative de réprimer l'usage de la drogue pourrait-être destinée aux soins et à la réhabilitation des drogués: dans un climat de compréhension

et non pas de punition, nous assisterions alors à une nette réduction de l'usage de drogues et des dommages que cet usage cause.

C'est du fond du coeur que j'adresse cet appel.

Tout ami de la liberté devrait-être troublé par la perspective de voir les Usa transformés en un champ de bataille, et par la vision de prisons pleines de consommateurs occasionnels de drogue, et d'une armée de personnes chargées de la répression, ayant le pouvoir d'attenter à la liberté des citoyens au moindre prétexte.

Un Pays dans lequel l'abattement d'avions "suspects" non-identifiés est pris sérieusement en considération comme une opération de guerre anti-drogue, ne correspond pas à l'idée de Pays que vous et moi souhaitons laisser en héritage aux générations futures.

 
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