Lodi GyariSOMMAIRE: On rapporte ici une grande partie de l'intervention que Lodi Gyari, ministre des affaires étrangères du gouvernement tibétain en exil, a prononcé au Congrès radical de Budapest. L'auteur remercie le Parti radical des initiatives prises en faveur de la cause tibétaine, il souligne la non-violence du mouvement tibétain et les affinités d'objectifs et de méthodes qui existent entre le Parti radical et le mouvement tibétain.
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»Nous sommes ici pour exprimer personnellement notre gratitude au Parti radical pour ses initiatives tant au Parlement européen qu'au Parlement italien pour la cause tibétaine. Nous considérons ces actions non pas comme des actions anti-chinoises, mais pro-humanité et pro-justice. En effet, monsieur le Président et chers amis, je voudrais dire que le mouvement auquel nous avons donné naissance lui aussi n'est pas anti-chinois. Nos liens historiques avec nos amis chinois ont toujours été très étroits. Nous voulons coexister avec eux; nous voudrions vivre avec eux. Depuis le début, notre mouvement a été non-violent et n'a jamais été anti-chinois. Nous nous y sommes engagés et c'est l'engagement de notre chef: il poursuivra sa lutte pour son peuple de façon non-violente et le mouvement ne deviendra jamais anti-chinois.
En lisant des publications du Parti radical, j'ai été surpris de trouver tant de ressemblances entre nos façons de penser et les vôtres, votre lutte pour une Europe unie. En effet, en 1982, lorsque avec deux collègues nous nous sommes rendus à Pékin pour entamer les discussions préliminaires avec le gouvernement chinois, c'est précisément ce que nous avons dit aux leaders chinois: il existe une tendance qui fait que diverses nations souveraines tentent de s'associer pour former des états unis; nous avons pris comme exemple le marché commun européen. Nous avons dit aux chinois que nous voulions être traités en égaux et vivre en paix avec eux, que nous voulions faire partie d'une union d'Etats d'Asie Centrale. Notre but, notre intention, n'est pas la désagrégation de la Chine, mais créer un pouvoir plus étendu, plus fort en Asie Centrale.
Ce que nous ne pouvons pas accepter - et je suis sûr que vous êtes tous d'accord sur ce point - c'est d'exister, de vivre comme des esclaves, dans un rapport - maître-esclave, gouverneur et gouverné. Cela, le peuple tibétain ne peut l'accepter, et je suis convaincu que vous aussi vous ne pourriez pas l'accepter.
Les espoirs de six millions de tibétains trouvent un écho dans les publications du Parti radical: en les lisant, ce matin, j'étais tellement surpris de trouver tant de ressemblances. J'ai lu votre lettre à sa Sainteté le Dalaï-lama, dans laquelle vous parlez de votre difficulté de résoudre des questions, par exemple, sur les droits de l'Homme, l'écosystème, les fortes limitations aux frontières des états nationaux. J'ai également lu la déclaration de Sa Sainteté au Parlement Européen et au Conseil d'Europe, et j'y ai trouvé exprimées presque les mêmes choses. J'ai lu - et je cite - que dans le monde d'aujourd'hui, tellement interdépendant, ni les nations en particulier, ni les individus ne peuvent résoudre seuls leurs problèmes. Nous avons besoin l'un de l'autre; nous devons donc acquérir un sens de responsabilité universelle. C'est ce que je dis depuis l'époque de ma première visite en Europe et en Occident, en 1973. Je me réjouis que tant de personnes en soient venues à partager ce point de vue. Et si je c
ontinuais à lire le texte du message du Dalaï-lama, je donnerais l'impression de lire vos propres publications. Et cela montre combien nous essayons tous de considérer le futur avec un plus grand sens de responsabilité.