A l'occasion des mouvements de Brasov et deux ans après leur violente répression de la part du régime de Ceaucescu, la situation des droits humains en Roumanie s'est progressivement aggravée. Des militants radicaux de plusieurs nationalités, pays et organisations politiques en défense des droits humains, ont manifesté, le 15 Novembre, à l'Est comme à l'Ouest (devant les Ambassades roumaines de: Moscou, Rome, Budapest, Bruxelles, Prague, Madrid, Varsovie, Lisbonne) pour demander le respect de l'acte final de la conférence d'Helsinki sur la sécurité et la coopération en Europe, souscrit également par la Roumanie, et qui contient de précises garanties pour la tutèle des droits humains et des libertés fondamentales.

Compte-rendu des manifestations à l'Est:

MOSCOU

Plus de cent personnes participent à la manifestation, dont une citoyenne américaine. Après trois minutes exactement, la police intervient et arrête 15 personnes, presque toutes inscrites au PR, dont Evghenja Debrianskaja et Essug Huora, la citoyenne américaine. Dans les premières heures de l'après-midi le procès a lieu et deux d'entr'eux -Clemenko Elena et Nicolaj Stromberger- sont condamnés à sept jours de prison. Tous les autres sont condamnés à des peines pécuniaires qui vont de 50 à 300 roubles. Evghenja totalise le maximum de la peine avec 1.000 roubles d'amende. Au cours de la manifestation les radicaux soviètiques ont pu distribuer un document en défense des victimes de la répression en Roumanie. Il y avait des caméras mais les manifestants n'ont pas été en mesure de dire s'il s'agissait de la police ou de la presse.

BUDAPEST

A la manifestation, promue par le PR, et à laquelle ont adhéré les organisations hongroises Fidesz, Parti d'Octobre, Parti Populaire hongrois, Comité 6 Octobre, Syndicat indépendant des travailleurs, Parti social-démocrate hongrois, Association Baicy Czilinszky, participent environ 2.000 personnes. Défilé aux flambeaux devant l'Ambassade roumaine. Après le meeting on installe la tente dans laquelle cinq roumains commencent une grève de la faim de huit jours pour dénoncer la réélection de Nicolae Ceaucescu et la perpétration d'un régime imposé par les chars-d'assaut de Stalin. "Nous sommes gouvernés par des incompétents mal-intentionnés -écrivent les grévistes de la faim- lesquels, tandis que la démocratisation se développe dans l'Europe de l'Est, s'accrochent désespérément au sceptre et à la chimère communiste... Nous faisons appel à l'opinion publique mondiale, à la conscience du monde démocratique, pour qu'il soit solidaire du peuple roumain et qu'il n'oublie pas qu'en Europe, il existe aujourd'hui encore,

un pays gardé dans le noir et dans des contraintes stalinistes". Les nouvelles de la manifestation et les photos des manifestants étaient à la une des journaux hongrois.

PRAGUE

Plus de 100 personnes manifestent, avec des flambeaux et un grand calicot "Ceaucescu, tu fais la joie de Stalin!", sous les yeux de la police qui n'intervient pas, sinon pour demander aux manifestants de se déplacer sur le trottoir à l'opposé à l'Ambassade: Plusieurs manifestants appartenant au Mouvement pacifiste indépendant et au Mouvement pour les Libertés civiques, même si très jeunes, ne se laissent pas impressionner par la police qui leur demande de décliner leur identité. Il y a l'Ansa, les Agences de presse, la Radio hongroise et une Tv allemande qui est priée de s'éloigner.

VARSOVIE

Participent à la manifestation une quarantaine de personnes et un grand nombre de photographes, journalistes, membres de la presse. La police n'intervient pas et la manifestation se déroule dans le calme.