Parlement européen 15-02-1990
Le Parlement européen,
A. alerté par la situation de plus en plus difficile existant au Kossovo, où plusieurs graves affrontements entre les forces de la police fédérale et la population locale ont causé la mort d'au moins trente personnes, des centaines de blessés et l'arrestation de milliers de personnes,
B. soulignant le succès recueilli par l'initiative de plusieurs intellectuels de créer une Alliance démocratique pour jeter les bases de la sauvegarde de l'identité de la population d'origine albanaise et de l'autonomie de la région,
C. jugeant que le procès en cours à Titova Mitrovica contre Azem Vlassi et d'autres dirigeants de la Ligue des Communistes du Kossovo soit manifestement un procès politique et représente un élément de grave contradiction vis-à-vis des efforts de démocratisation de la vie politique du pays,
D. craignant qu'une ultérieure agravation de la tension dans la région ne précipite la situation et accentue les contrastes internes entre les différentes républiques, et alimenter ultérieurement les contradictions ethniques,
E. considérant que cette situation constitue un élément d'instabilité dans les Balkans et l'Europe centrale,
F. rappelant que les droits de l'homme doivent être reconnus sans aucune discrimination à tous les peuples et que ceux-ci ont pleinement droit de se libérer de toute forme de tutèle qui porte atteinte à leur identité et que doivent être reconnus leurs efforts vers la liberté, la démocratie et le pluralisme,
G. considérant que les efforts déployés par le gouvernement Markovic pour redresser l'économie nationale, augmenter le pluralisme politique et améliorer les relations de son pays sont à considérer positivement,
1. confirme les préoccupations déjà exprimées dans sa résolution du 13 avril 1989;
2. juge nécessaire un effort extraordinaire de la part des autorités serbes ainsi que des forces représentatives de la population du Kossovo afin de parvenir à un compromis acceptable en ce qui concerne l'autonomie de la région, le problème des droits et de l'identité politique et culturelle de la population albanaise ainsi que la protection des droits des minorités serbes et du Monténégro qui cohabitent sur le territoire;
3. demande la libération de prisonniers politiques et la fin des mesures d'isolement qui sont en net contraste avec un Etat de droit;
4. demande à la Présidence de la République de réexaminer le procès contre Azem Vlassi et les autres dirigeants de la Ligue des Communistes du Kossovo et d'examiner aussi la possibilité, prévue par la Constitution, d'annuler le procès en question;
5. demande à la Commission et au Conseil de donner la suite la plus positive et la plus rapide possible à la requête avancée par le Président Markovic d'un nouvel accord de coopération avec la CEE et de prévoir la définition anticipée du troisième protocole financier et la concession de crédits à la Yougoslavie;
6. charge son Président de transmettre la présente résolution à la Commission, au Conseil et au gouvernement de la Yougoslavie.