par Marco PannellaSOMMAIRE: Que chacun, en Italie - soutient Pannella - sache faire "trésor" du "succès des valeurs et des règles démocratiques que le Pci s'est donné à lui-même et à notre vie politique". Toutefois - dit encore Pannella - le Congrès de Bologne du Pci a donné des réponses d'introversion nationale, culturelle et politique", non pas en tant que parti de masse mais en tant que groupe d'opinion ou de grand apparat conservateur". Le parti radical, qui avait vu juste et donné par conséquent une "ouverture de crédit" au Pci et à Occhetto, ne se fait pas d'"illusions". La "limite de fond" de l'opération d'Occhetto, est la crainte "manifeste" envers un choix de "modèle anglosaxon". Ce n'est pas un hasard si durant le Congrès l'initiative des communistes de l'Aquila (qui avaient ouvert un dialogue avec Pannella et les radicaux, NDT) a été cité comme l'exemple unique de ce que l'on ne doit pas faire", alors que l'on pratique l'ostracisme à l'égard de Lolli et de W.Bordon.
Il est urgent que le Pci ne présume pas de "préfigurer et décider seul" les temps et les modes du processus "constituant": un processus qui doit engager tous les intéressés, sur une ligne que Pannella lui-même avait préfiguré dans l'"Unità".
(IL GIORNALE D'ITALIA, 14 Mars 1990).
Il faut que chacun en Italie sache faire trésor du grand succès inédit des valeurs et des règles démocratiques que le Pci s'est donné à lui-même et à notre vie politique. Encore une fois nous avons été les seuls à voir juste et à l'avance: notre ouverture de crédit publique à l'égard du nouveau Pci d'Achille Occhetto, notre défense de cette crise en tant que crise de croissance et non pas de défaite, devraient nous faire réfléchir tous, et le Pci en premier, sur la ponctuelle, déconcertante capacité de la "chose" radicale de comprendre et seconder le nouveau possible dans la vie de notre société, au lieu de le "brûler". Il faut comprendre comment et pourquoi (et l'explication ne peut être limitée aux hypothétiques capacités personnelles de l'un et de l'autre) l'institution "Parti Radical" a nous a permis de voir juste là-où de grands et puissants organismes n'ont pas été en mesure de le faire.
Il faut se méfier maintenant non seulement des triomphalismes mais aussi des tendances à normaliser le caractère extraordinaire de la situation, qui est le fruit immédiat de l'évolution du Pci mais aussi d'autres anciennes luttes, très dures et coûteuses, de démocrates, de radicaux, de fédéralistes.
Le problème de la vie du Parti Radical, en tant qu'organisation internationale et transnationale, profondément ancrée en Italie, en tant qu'organisation transpartite préfigurant la réforme de la politique particratique et idéologique, est aujourd'hui tel qu'il ne tolère pas l'unanimité kabouliste du pouvoir, des médias surtout, de l'ostracisme et de l'élimination de la discussion d'une crise qui elle aussi est de croissance, alors que l'égoïsme et les anciennes scléroses du Pci concourent de manière déterminante au risque d'en faire une crise défintive, mortelle.
Le Congrès communiste a aussi révélé des limites et des retards importants. En particulier au cours de cette dernière année et des journées de Bologne, le caractère national, d'introversion nationale, culturelle et politique, du Pci, la marginalité et la désuétude des réponses "européennes" - pas du tout fédéralistes, pas du tout de parti de masse mais de groupe d'opinion ou de grand apparat conservateur - sont tels qu'ils ne permettent aucune illusion sur la capacité autonome du Pci d'assurer à une nouvelle force politique alternative en Italie ce qui est reconnu verbalement comme indispensable, nécessaire, constructif de l'avenir démocratique et pacifique possible de l'Europe et du monde.
Les très belles, nouvelles fables de La Fontaine qui couvrent le caractère abstrait et l'aplatissement vers l'anonymat de la politique qui fait de l'Internationale socialiste un grand objectif politique, le refus politique patent d'une considération pollitique quelconque des thèses de Darendhorf, amplement publicisées l'année dernière dans l'Unità, sont le corollaire de cette limite de fonds.
La timidité, pour ne pas dire la crainte manifeste, avec laquelle on exorcise un choix de modèle anglosaxon de démocratie et de réformes institutionnelles, nous préoccupe également beaucoup.
Que l'initiative, politique et innovatrice, des communistes de L'Aquila ait été citée au Congrès comme unique exemple de ce qu'il ne faut pas faire, la dégradation de Giovanni Lolli de membre du Comité Central qu'il était, à membre du Comité de Garantie, le refus d'inclure parmi les organes dirigeants Willer Bordon, l'ostracisme de Italia Radio, qui dure depuis des mois, est qui s'est accentué, à l'égard des radicaux, la suffisance avec laquelle - très rarement - les radicaux sont invités comme interlocuteurs et la surdité profonde et la dureté avec laquelle le sommet du Pci continue d'ériger et renforcer le "Mur de Berlin" contre l'adhésion à l'internationale fédéraliste, environnementaliste, démocratique, à adhésion directe des militants, de la part de membres du Pci, l'"orlandisation" suicide de la politique du Pci à Palerme en alternative à la proposition politique de certains d'entre-nous d'interrompre le cours et d'en empêcher les conséquences catastrophiques, tout cela est certainement grave et i
l faut en tenir compte.
Mais il est urgent que le Pci n'aille pas outre dans la méthode, jusqu'ici pleinement justifiée, de décider tout seul des temps et des modalités du processus "constituant". Nous ne répondrons pas aux convocations unilatérales des autres. Il faut absolument imaginer des sièges et des modalités pour un processus que j'avais proposé et préfiguré dans l'Unità, par deux fois, accueilli la première fois par un silence entêté, et qui auraient peut-être évité des affrontements inutiles, des "non" superflus, si au contraire on les avait pris en considération.
D'autre part, nulle part ailleurs comme à L'Aquila et dans les abruzzes on est allé dans ce sens. Seuls des malentendus - même sur la fameuse méthode - pas complètement désintéressés, ont empêché de le comprendre. Il faut les surmonter.