SOMMAIRE: Le Parlement européen débat des thèmes à l'ordre du jour pour le Conseil européen de fin avril, en présence des Présidents de la Commission et du Conseil. Marco Pannella saisit l'occasion pour souligner qu'il est nécessaire de réformer immédiatement les institutions de la Communauté, en réalisant les Etats-Unis d'Europe, reprochant aux sommets institutionnels de prononcer souvent des paroles vaines, qui par la suite ne se traduisent pas en actions ponctuelles et incisives. (16-5-90)
Pannella (NI). - Messieurs les Présidents du Parlement, de la Commission et du Conseil, il suffirait d'une analyse de langage ou de logique formelle pour comprendre beaucoup plus que ce que le concept exposé nous aide à comprendre. Le chancelier Kohl ne fait que répéter qu'il y a une souveraineté allemande unifiée qui va être gagnée et conquise, qu'il y a une patrie allemande. L'Europe, c'est le cadre, ou le processus. C'est tout!
Monsieur le Président du Conseil, je sais bien que vous nous honorez de votre présence, mais nous, nous voyons les présidences successives qui, depuis 1983, 1984 et 1985, disent chaque fois que le Parlement doit avoir des pouvoirs plus grands. La façon de ne jamais nous les donner, c'est de répéter cette rengaine, excusez-moi, cela en est une et elle est écoeurante, elle est même, en quelque sorte, vexante. C'est cette complainte sur des pouvoirs que vous ne nous donnez pas. Ou ils sont constituants ou ce sont les pouvoirs, Monsieur le Président de la Commission, de l'Acte unique qui nous clouent à un travail qui n'est pas parlementaire et qui alourdit et affaiblit notre capacité politique dans la dialectique interinstitutionnelle, quoiqu'il y ait un hommage, évidemment, au Parlement qui ait été fait dans cette direction.
Alors, sachons très bien que l'évolution des termes, Monsieur le Président de la Commission, est une chose très sage, c'est l'évolution de la nature, de l'histoire, vu dans son développement dramatique, cohérent et de fond. Mais si au moment où les fruits sont mûrs vous ne les cueillez pas, vous avez lepourissement et les fruits tombent! Et je crois que nous en sommes à ce point. Vous l'aviez compris, Monsieur le Président de la Commission. Vous l'aviez compris et vous aviez eu des accents de parlementaire, je crois que cela tic nous déplaît pas, et de parlementaire épris de démocratie et de légalité. Alors, Monsieur le Président du Parlement, je crois qu'il y a quelques jours, en commémorant l'un de ses grand-pères, on a encore une fois dit: union politique, et, après, fédération. Mais, quelle union politique? Il faut dire laquelle! Sinon, on est toujours dans la coopération politique! Donc, permettez-moi de dire que nous devons nous préoccuper d'une chose. Le chancelier Kohl dit: processus et cadre. Si c'e
st l'Europe des patries et des souverainetés; si c'est l'Allemagne, cette Allemagne réunifiée n'a jamais existé en tant que telle au niveau de la démocratie. C'est une nouvelle donnée et si cela se réalise, non pas dans le cadre de la patrie et de la souveraineté européenne, je crois que de mauvais jours se préparent de toute façon pour ceux qui croient que démocratie, liberté et Europe constituent un ensemble très difficilement surmontable de l'Europe, des Etats-Unis d'Europe aujourd'hui.