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Sert Nela, Pannella Marco - 10 ottobre 1990
Une interview de Marco Pannella
par Nela Sert

SOMMAIRE: D'après Pannella, "la politique européenne existe réellement et en tant que telle elle doit être vraiment réalisée". Si la Communauté Européenne avait existé en tant qu'Etat, à Helsinki, sur la crise de l'Irak, il n'y aurait pas eu uniquement deux puissances, les Etats-Unis et l'URSS. Au fond, aussi bien les Etats-Unis que Gorbatchov lui-même ont besoin des "Etats-Unis d'Europe". La formation de "petits Etats nationaux" en URSS et en Europe Centrale et de l'Est est un facteur porteur de "crise". C'est pourquoi "il faut agir rapidement". Par ailleurs "les Etats-Unis d'Europe sans la Yougoslavie ne seraient pas pleinement tels", tout comme la Yougoslavie sans l'Europe "ne peut pas se sauver économiquement".

Pannella regrette ensuite que Belgrade ait refusé au parti radical la permission d'organiser son congrès à Zagreb. Les radicaux continueront cependant à s'adresser avec confiance, dans un vrai esprit gandhien, justement et surtout à Milosevic, l'homme "que tout le monde craint". Il appartient à la Serbie, où les réformes de Markovic semblent avoir obtenu du succès et suscité de l'intérêt, de montrer que sa politique à l'égard du Kosovo est la bonne. A la question si l'image négative de la Yougoslavie peut l'empêcher d'entrer en Europe, Pannella répond que sans changements le "passé" de la Yougoslave pourra faire pourrir son propre futur. A son avis, pour la Yougoslavie il n'existe pas un dilemme entre "fédération" et "confédération", le vrai problème est dans son rapport avec l'Europe, la Communauté Economique, et les Etats-Unis.

(BORBA, Belgrade, 10 octobre 1990)

Borba, Belgrade, 5 octobre 1990.

Si nous ne commençons pas à travailler rapidement à la création des Etats-Unis d'Europe une telle occasion ne se représentera peut-être jamais plus. Vous n'avez pas idée de combien coûte par an l'entretien de 12 états européens avec 12 parlements, 12 armées, 12 budgets et 12 politiques étrangères, agricoles, industrielles, du droit!

Les sondages annuels réalisés par la Communauté Européenne dans l'ensemble des 12 pays membres, montrent qu'une grande majorité de la population est pour les Etats-Unis d'Europe. Et qu'une grande majorité veut un seul gouvernement et un seul président de la Fédération européenne, déclare Marco Pannella, président du Conseil fédéral du Parti Radical Transnational et député européen.

Nela Sert: Autrefois, vous les radicaux vous étiez traités de fous pour vos idées sur les Etats-Unis d'Europe?

Marco Pannella: Les fous ce sont ceux qui ne réussissent pas à comprendre que la réalité européenne existe réellement et qu'en tant que telle elle doit être vraiment réalisée. C'est le temps même qui les démentit, car l'Europe rien qu'avec l'union économique et monétaire et avec la liberté de mouvement de la population et des capitaux depuis le 1/1/1993 ne serait plus la même qu'aujourd'hui. Mais qui peut dire que cela suffit. Que c'est ici que se termine le rapprochement. Qui pouvait prévoir il y a quelques mois que le vingtième siècle aurait vécu l'union des deux Allemagne? Et, cependant, elle a déjà eu lieu. Nous devons exploiter cette explosion car le prix que nous sommes justement en train de payer parce que l'Europe unie n'existe pas est très élevé.

Si la Communauté européenne avait réellement existé en tant qu'Etat, qui à tous points de vue aurait été la première puissance mondiale, sur la crise avec l'Irak et Helsinki il n'y aurait pas eu uniquement une rencontre entre deux puissances - les Etats-Unis et l'URSS.

Trois puissances se seraient rencontrées à Bruxelles et à Luxembourg: les Etats-Unis, la Russie et les Etats-Unis d'Europe.

N.S.: Les Etats-Unis et l'Union Soviétique n'ont peut-être pas avantage à voir la formation d'une troisième puissance mondiale?

M.P.: Je ne crois pas que les américains veulent être les gendarmes du monde. C'est trop cher et ça ne correspond pas à leur vocation démocratique. Et je suis convaincu que Gorbatchov est non seulement prêt à accepter les Etats-Unis d'Europe, mais qu'il en a fort besoin. Pourquoi? Parce que pour lui il est extrêmement important que d'un coté et de l'autre des frontières de l'URSS il n'y ait pas de chaos. La formation de petits états nationaux "indépendants" en URSS et en Europe Centrale et de l'Est signifie être continuellement en crise. Seule l'existence d'une grande Europe politique, démocratique, signifie l'ordre. Et Gorbatchov a un grand besoin d'ordre démocratique dans le monde, justement parce qu'il a besoin d'ordre dans son pays.

Lorsque les cartes se disposent ainsi, lorsque tout le monde est favorable, alors il faut agir rapidement. Le Parlement européen préparera avant le mois de décembre un projet de constitution des Etats-Unis d'Europe et demandera aux deux autres institutions européennes, la Commission et le Conseil, d'adopter ce projet.

Pour l'Europe ce n'est plus qu'une question de calendrier: ou bien la fait tout de suite ou alors on ne sait pas si on la fera et par quoi elle sera remplacée.

N.S.: Y a-t-il une place pour nous dans la nouvelle Europe?

M.P: Les Etats-Unis d'Europe sans la Yougoslavie ne seraient pas pleinement tels. Mais sans l'Europe la Yougoslavie explosera, elle s'appauvrira. C'est ce que j'ai dit pendant des années, aussi bien comme membre du Parti radical que comme membre du Parlement européen, à vos chefs de gouvernement et du parti. La Yougoslavie ne peut pas se sauver économiquement avec son non-alignement, car ni un marché ni une démocratie ne peuvent tenir avec 30 millions de personnes. Ni même avec 150 millions. Le fait de ne pas être allignée était compréhensible à l'époque de la guerre froide, mais à présent à l'époque du dialogue international, le non-alignement comme la prétention d'"indépendance" nationale n'est que pure folie.

Au même moment où je demandais en tant que représentant du Parti radical au Parlement européen que la Yougoslavie fut reconnue comme membre de la Communauté européenne, les militants du Parti Radical distribuaient des tracts en Yougoslavie avec la même demande et ils étaient arrêtés, condamnés et expulsés de Yougoslavie et cela pendant des années. Et lorsque nous avons voulu organiser le Congrès du Parti Radical à Zagreb, Belgrade a dit non. J'ai demandé à votre président du gouvernement de l'époque: "Pourquoi ce refus? Nous voulions organiser notre congrès en Yougoslavie pour la Yougoslavie, car elle nous semble la plus avancée par rapport aux autres pays d'Europe orientale, mais si vous continuez ainsi je crains que vous finirez à la dernière place. Si nous ne pouvons pas organiser le Congrès en Yougoslavie, Budapest ou Prague ne nous repousseront certainement pas". Et il m'a répondu: "Ce n'est pas possible - de toute façon - vous avez Cicciolina. Avec elle vous ne pouvez pas venir ici". Et alors nous somm

es allés à Budapest avec notre Cicciolina avec le slogan "Le rideau de fer tombe aujourd'hui". Tout le monde nous a dit "Vous exagérez". Vingt jours plus tard, la Hongrie a abattu le rideau de fer.

Si au lieu de notre Cicciolina, ils s'étaient rappelés de ce que nous disions et faisions depuis plus de dix ans, il n'y aurait pas eu toutes les tragédies de ces trois dernières années. En ce moment en Yougoslavie, des plus forts aux plus faibles, tous ont peur. Surtout ceux qui ont le plus de pouvoir. Et ce sont eux justement qu'il faut libérer de la peur, pour que les plus faibles n'aient pas peur d'eux. Pour ceux qui sont pour la nonviolence politique gandhienne - un principe basilaire du Parti Radical- il est essentiel d'avoir confiance en ceux qui semblent être des ennemis. Et c'est justement pour cela que je pense qu'en Yougoslavie aujourd'hui le premier interlocuteur auquel nous devons nous adresser directement, avec confiance, pour pouvoir comprendre toutes ses raisons et pour l'aider à trouver une voie d'issue, est Slobodan Milosevic.

N.S.: Et cela parce que vous pensez que ce soit lui que tout le monde craint?

M.P: Oui, oui, oui. Et pourquoi? Parce que l'image de Monsieur Milosevic, pas uniquement au Parlement Européen mais dans le monde, est négative à 80-90%, manifestement négative. Le fait est aussi que le Parlement européen a déjà dit à deux reprises: "Ou Belgrade changera de politique en ce qui concerne le Kosovo et la démocratie en général, ou l'on arrivera à une rupture entre la Communauté européenne et la Yougoslavie". En même temps l'image de Monsieur Markovic est excellente parce que ses manoeuvres économiques ont surpris positivement tout le monde. Si ces images de Milosevic et de Markovic sont exactes, je ne le sais pas et de toute façon ça ne m'intéresse pas. Admettons même que les congressmen américains et la délégation d'Helsinki qui se sont rendus récemment en Yougoslavie, ainsi que les membres du Parlement Européen ne voient pas la vraie situation. Nous, nous sommes prêts à la connaître. Et par conséquent, ou la Serbie a la capacité - et je ne comprends pas pourquoi elle ne l'a pas eue jusqu'à pré

sent et pourquoi elle l'aurait peut-être demain - de nous montrer qu'elle ne se trompe pas en ce qui concerne le Kosovo et les autres républiques et les serbes eux-mêmes - ou alors dans le cas contraire cette politique conduira au désastre aussi bien la Serbie que la Yougoslavie, en renforçant les extrémistes qui veulent que la Yougoslavie disparaisse et que la Serbie vive de nouveau des heures tragiques.

N.S.: Avec l'image si négative que le monde a de nous, il est difficile d'espérer que la Yougoslavie entre en Europe et dans les Etats-Unis d'Europe?

M.P.: Soit cela arrivera à l'improviste soit votre passé fera même pourrir votre futur et nos espoirs en vous.

N.S.: Nous sommes en train d'user notre présent avec le dilemme entre fédération et confédération. Comment la Yougoslavie fonctionnerait-elle dans les Etats-Unis d'Europe?

M.P: L'état fédéral, la démocratie sont comme le marché: ou ils sont grands ou ils n'existent pas. Pour les Etats-Unis d'Europe peu importe si la Yougoslavie sera fédérale ou confédérale. Prenez l'exemple de l'Allemagne qui est organisée en régions avec de grands pouvoirs, et de la France qui est un Etat centralisé. Chacune est membre de la Communauté économique européenne et s'engage pour les Etats-Unis d'Europe.

Le problème n'est pas dans la fédération ou dans la confédération car il peut y avoir un drame aussi bien dans le premier que dans le second cas. Que feront par exemple dans la confédération la Slovénie ou la Croatie? Est-ce qu'elles adhéreront aux Etats-Unis d'Europe, et les autres républiques yougoslaves ne le feront pas? Mais dans ce cas il n'y a pas de confédération, n'est-ce-pas? L'état fédéral, la démocratie sont comme le marché. Ou ils sont grands ou ils n'existent pas. Les mêmes règles doivent valoir pour les 30-40 régions qui forment l'Europe, pour les 80-90 langues européennes. Les mêmes pour tous.

 
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