SOMMAIRE: L'an dernier, du 20 au 22 novembre, s'est tenue en Allemagne, à Francfort-sur-Main, une conférence internationale sur les "Villes européennes au coeur du trafic clandestin de la drogue", sous l'égide du Conseil communal de la ville.
Au cours de cette assemblée a été approuvée une importante résolution que proposaient les représentants des villes d'Amsterdam, Francfort, Hambourg et Zurich. Les délégations étaient constituées de dirigeants de la police, de médecins du service publicm ainsi que de différentes autorités qui ont toutes reconnu l'échec du prohibitionnisme en matière de drogue.
Nous donnons ici un extrait de la "Résolution de Francfort" qui, précisément à cause de son caractère officiel et des perspectives de coopération qu'elle ouvre au niveau des pouvoirs locaux, représente une pierre angulaire sur la voie de la légalisation.
(Le Parti Nouveau, n.2, jullet 1991)
1. La tentative d'éliminer de notre civilisation les drogues et l'usage des drogues s'est soldée par un échec. Malgré tous les efforts déployés, la demande de drogue n'a pas disparu et tout indique qu'il nous faudra continuer à vivre à l'avenir avec la drogue et les consommateurs de drogue.
2. L'usage de drogue repose sur les carences de la société et on ne peut l'empêcher par des politiques spécifiques en matière de drogue. Dans la meilleure des hypothèses, ces politiques sont seulement en mesure de règlementer et de limiter les conséquences de la consommation de stupéfiants. Pour la majorité des consommateurs, la drogue représente un moment de l'existence, qui peut être surmonté grâce à un processus de maturation qui libère de la dépendance. Les lois sur la drogue ne doivent pas être un obstacle à ce processus mais en constituer un soutien.
3. En matière de drogue, la politique qui lutte contre la toxicomanie uniquement en punissant, en obligeant à l'abstinence et en offrant l'assistance sociale sur le seul fondement de l'abstinence est une politique de l'échec. La demande de drogue persiste, les malaises sociaux et sanitaires des consommateurs s'accroissent rapidement, un nombre grandissant de toxicomanes est atteint par l'HIV qui cause de plus en plus de victimes, le trafic de stupéfiants prend de l'ampleur et réalise des profits toujours plus importants; dans les villes, la peur augmente toujours plus suite au trafic de drogue et aux agressions qui s'ensuivent.
4. Les questions liées à la drogue ne concernent pas seulement la façon dont celles-ci agissent d'un point de vue pharmaceutique; elles sont davantage liées à la consommation illégale qui met en circulation des drogues altérées, coûteuses et dans des doses non quantifiables. La consommation illégale de drogue est la cause principale de la souffrance des toxicomanes, des décès et de la criminalité qu'elle engendre. La criminalisation est aujourd'hui le contrecoup de l'assistance et de la thérapie; elle constitue un poids que la police et l'appareil judiciaire ne sont pas en mesure de supporter.
5. La majorité des consommateurs de drogue vivent dans les villes ou s'y rendent, parce que c'est là qu'a lieu la vente et que se trouvent le milieu de la drogue et l'assistance aux drogués. C'est pourquoi la plupart de nos villes sont affligées par le problème de la drogue tandis que, par ailleurs, l'influence de ces villes sur les choix politiques en matière de drogue est limitée et inversement proportionnelle aux coûts qu'elles doivent supporter.