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Spadaccia Gianfranco - 31 ottobre 1991
Ernesto Rossi et les radicaux
par Gianfranco Spadaccia

SOMMAIRE: Ernesto Rossi fut "un homme gênant de son vivant", mais son souvenir est "gênant" lui aussi: on a encore tendance aujourd'hui à le peindre comme une "belle âme", alors que l'homme, la personne, fut "sanguin et vif", "en somme le contraire d'une belle âme". C'est aujourd'hui (Spadaccia le rappelle) l'attitude du journal "La Repubblica", comme hier celle du président de la République Giuseppe Saragat qui envoya, à sa mort, un télégramme dans lequel il rendait hommage au "héros de l'antifascisme": alors que pour lui, comme pour beaucoup de ses contemporains, le vrai problème était d'oublier Rossi, de le faire oublier et de faire le silence sur ses actions et sur son oeuvre. Car Rossi fut avant tout un politique, ou plutôt un combattant politique, un militant acharné qui sut mettre toute sa vie au service des luttes considérés nécessaires - que ce fut contre le fascisme ou contre les monopoles, pour les Etats-Unis d'Europe ou contre le cléricalisme triomphant - en suscitant toujours autour de lui des é

nergies et une collaboration. Son radicalisme, mitigé par une capacité laïque de dialogue, n'était pas une chose "purement caractérielle": mais c'est justement pour cela - déplore Spadaccia - qu'aujourd'hui on tend à l'oublier ou à le cacher, comme le fait Enzo forcella, qui consacre à Rossi un article de cinq colonnes "sans mentionner le parti radical"...

L'histoire de Rossi, comme celle de Salvemini ou de Gobetti, est l'histoire du "massacre culturel" des minorités laïques et libérales du pays: "c'est là", conclut Spadaccia, "que commence le régime".

(Note: Le texte est l'intervention de Gianfranco Spadaccia au colloque sur Ernesto Rossi organisé par le club "Il Politecnico" et le journal "Critica Liberale" qui s'est tenu à Milan le 18-20 mai 1984. Cfr aussi, sur Agora', le rapport d'Angiolo Bandinelli, ayant pour titre "L'opposition comme hérésie". L'intervention est publiée dans le volume indiqué ci-après).

(ERNESTO ROSSI, UNA UTOPIA CONCRETA, par Piero Ignazi, Edizioni di Comunità, Milan, 1991)

Si Ernesto Rossi a été un homme gênant de son vivant, son souvenir est lui aussi gênant à cause de l'actualité extraordinaire de son action, de sa pensée et de son témoignage. Dans l'histoire de la politique italienne Ernesto Rossi reste quelqu'un qui brûle, qui est encore gênant, avec lequel il est difficile de se confronter. En faisant simplement quelques considérations je commencerai par le titre que le quotidien "La Repubblica" a consacré à ce colloque: "Lorsque l'âme radicale était celle d'Ernesto Rossi". Eh bien, en attendant ce mot me gêne. Lorsqu'on dit de quelqu'un que c'est une âme, on pense à une belle âme. En me souvenant d'Ernesto Rossi, je ne me souviens pas de lui comme une "belle âme". Je me souviens que c'était une personne extraordinairement sanguine et vive, capable d'une grande détermination et d'un grand courage et de grandes peurs et de grandes dépressions, d'une amitié sans bornes et d'une détermination douloureuse lorsqu'il s'agissait d'interrompre des amitiés politiques lorsqu'il en

jugeait les raisons épuisées, d'un engagement extraordinaire toujours proportionnel aux objectifs à atteindre et de névroses et d'angoisses exceptionnelles lorsque les moyens et les ressources étaient insuffisants par rapport aux objectifs. Il croyait dans les choses qu'il faisait presque jusqu'à la limite du fanatisme, mais il conservait toujours une veine caustique, irrévérencieuse, à la fois ironique et sarcastique, qu'il dirigeait également vers lui-même: le contraire en définitive d'une belle âme.

Rossi, par exemple, avait adhéré immédiatement à la Ligue Italienne pour le divorce (1) et il avait donné tout de suite son aval aux efforts de Marco Pannella, de Loris Fortuna (2), des radicaux. Rossi n'était pas une belle âme, c'était une personne, un corps, une vie. Ce titre de "Repubblica" - de combien de mauvaise conscience ce titre est-il révélateur - m'a rappelé ma réaction lorsque j'ai lu le télégramme envoyé par Giuseppe Saragat (3), Président de la République à l'époque, à la nouvelle de sa mort. C'était un hommage extraordinaire, surement sincère, à Ernesto Rossi "héros de l'antifascisme". Je fus ému en le lisant. Mais en même temps ces expressions me gênaient. Car j'étais certain d'une chose: je n'avais jamais connu Ernesto Rossi comme un héros; il ne se sentait pas un héros, il ne s'affichait pas comme un héros.

Dans ce télégramme il ne manquait que le mot "saint", mais il était assez implicite dans les paroles du chef de l'Etat. Maintenant qu'il était mort, le Président de la République parlait ainsi d'un homme qui avait été notre maître et notre ami, et que nous avions considéré comme un hérétique piétiné, comme un leader méconnu, comme un grand radical qui ne réussissait pas à parler si ce n'est à des minorités très étroites et auquel on empêchait de transmettre les choses très importantes qu'il disait, ses batailles politiques. Ma réaction fut la suivante: voilà, maintenant qu'il est mort il devient un héros, alors que jusqu'à hier quand il était bien vivant, le problème pour Saragat aussi n'était que de l'oublier ou d'en cacher les actions.

Ce souvenir me laisse penser - ce n'est pas, croyez moi, une boutade - que les radicaux italiens sont beaux, qu'ils deviennent alors des héros et des saints, mais uniquement à leur mort. Quand ils sont sous terre, alors seulement ils deviennent beaux. Et c'est une autre façon de les tuer, pour empêcher que le souvenir devienne mémoire historique, et qu'il devienne par conséquent l'actualité de leur pensée.

Je le dis avec une profonde indignation, car quelque chose de semblable est arrivé et arrive également aux radicaux de ma génération: les radicaux sont toujours vilains dans leur actualité, dans la contemporanéité du présent; ils sont beaux au passé, et encore plus si ce passé est lointain. Comme ils sont vilains les radicaux d'aujourd'hui, comme les radicaux d'autrefois étaient beaux. Parmi les radicaux du passé il n'y a pas ceux qui sont morts désormais, ceux de la génération qui précède la nôtre; nous aussi nous en faisons partie. Comme nous sommes vilains lorsque nous nous occupons de la P2 (4) aujourd'hui, maintenant que la P2 est vaincue, et que nous ne nous contentons pas des versions tranquillisantes qui nous sont fournies. Comme nous étions beaux lorsque nous nous en occupions hier, sans être absolument écoutés, lorsqu'elle était forte et puissante. Comme ils sont vilains les radicaux d'aujourd'hui qui s'occupent de la faim et de la justice; et comme nous étions beaux lorsque nous nous occupions de

divorce, d'avortement, d'objection de conscience. Naturellement alors, dans l'actualité concrète de ces luttes, nous n'étions absolument ni sympathiques ni beaux.

Il y a une autre considération que je voudrais faire. Je suis effectivement très attaché à Ernesto Rossi. Parmi les pères électifs que nous nous sommes choisis (ils sont nombreux) c'est peut-être celui auquel nous sommes le plus attachés. La connaissance personnelle que Marco Pannella et moi-même avons eu d'Ernesto Rossi, est la connaissance d'un militant politique, d'un extraordinaire militant politique. Ici aussi on a apporté de nombreux témoignages de sa biographie, on a rappelé tant de moments différents de son histoire.

Il y a le Rossi très jeune, le Rossi de l'interventionnisme. Le Rossi qui, à la naissance du fascisme, découvre Salvemini (5) et est découvert et aimé comme un fils par Gaetano Salvemini. Il y a le Rossi de l'amitié avec les frères Rosselli (6), il y a le Rossi de "Non Mollare", de l'antifascisme militant, de la prison. Il y a les rapports de Rossi avec ses camarades de prison, et avec ceux qui sont sortis de prison, avant tout avec sa mère et avec Ada. Puis il y a le Rossi de l'après-guerre: l'extraordinaire Rossi administrateur politique, le Rossi de l'amitié avec Einaudi; il y a le Rossi fédéraliste, l'amitié, les luttes avec Altiero Spinelli (7). Puis il y a le Rossi des campagnes sur "Il Mondo" (8), de l'amitié avec Pannunzio (9), le Rossi anticlérical, le Rossi qui affronte la "Confindustria" (10) contre les monopoles. Il y a le Rossi fondateur du Parti radical avec Pannunzio et Piccardi, le Rossi infatigable des programmes radicaux et des congrès des "Amis du Mondo". Il y a le Rossi qui organise la ma

rche de la paix de 1962, et qui découvre le désarmement et l'antimilitarisme. Il y a enfin le Rossi qui rompt avec Pannunzio, Piccardi et Parri et qui crée "L'Astrolabio".

Chacun de ces moments, chacune de ces amitiés, de ces compagnies est un segment différent de l'histoire de militant politique d'Ernesto Rossi. Et chacune de ces compagnies et amitiés est liée à un moment précis, absorbant, de son engagement politique. Toute sa vie est une bataille politique, est une lutte politique, minute après minute, jour après jour.

Lorsqu'il se battait pour le mouvement fédéraliste c'était pour obtenir les Etats-Unis d'Europe. Lorsqu'il se battait contre les monopoles c'était pour faire promulguer une loi moderne anti-monopoliste, pour réformer la bourse. Lorsqu'il écrivait ses livres sur l'anticléricalisme c'était pour proposer encore une fois, contre la Démocratie chrétienne et le Parti communiste, et la résignation des laïques, la politique anti-concordataire.

C'était un militant politique. Ce n'était pas un politicien de café, ce n'était pas un politicien idéologique. Le soir il n'allait pas à Via Veneto (11). Il n'aimait pas parler de politique. Il faisait de la politique. Il produisait de la politique. Il organisait la lutte politique. Et il avait les grandes capacités artisanales du militant politique: une machine à écrire, une table, le temps nécessaire pour travailler, une grande attention pour les petites choses sans laquelle même les grandes initiatives n'ont pas de succès. Et chaque fois, sur chaque bataille, c'était un rassembleur extraordinaire et exceptionnel d'intelligences et d'énergies, humblement entraînées et appelées à collaborer à ses idées et à ses initiatives. L'irréductible Ernesto Rossi, le radical Ernesto Rossi avait l'humilité du laïque: il croyait dans le dialogue. Et il était prêt à mettre ses idées de coté si elles apparaissaient fausses face aux objections d'autrui. Et, tout en gardant fermes les principes de la dissension, il était pr

êt à collaborer sur les choses qu'il admettait, cernant de façon laïque les raisons de convergence et de dialogue.

Mais son radicalisme aussi est une de ses qualités. Et c'est injuste de le censurer, ou de le réduire à une caricature, et à une chose purement caractérielle. C'est faux. Rossi était un homme fort de ses idées et de ses principes, ce n'était pas un fanatique. C'est cette force idéale qui le pousse, déjà au moment de l'échec du fascisme, à refuser d'entrer dans les rangs des anciens combattants de l'antifascisme d'hier pour s'intéresser tout de suite aux batailles de l'antifascisme d'aujourd'hui. C'est la même force idéale qui le pousse à déclarer immédiatement que des trois composantes du fascisme - l'alliance de la monarchie, le cléricalisme, les harnais économiques et corporatifs - seule la première avait été vaincue, alors que les deux autres survivaient au régime de Mussolini, et étaient plus vivantes et plus fortes qu'avant. Et il reprend, immédiatement, la lutte contre les monopoles, et contre la "Federconsorzi" (12) d'une part, et la lutte contre le cléricalisme de l'autre.

Le tolérant et laïque Ernesto Rossi est radical et intransigeant. Je crois qu'il faut reconnaître que nous les radicaux nous n'avons jamais fait, à l'égard de ceux que nous considérons comme nos pères électifs, un opération médiocre de revendication ou d'appropriation. Nous ne l'avons jamais fait avec Mario Pannunzio et les hommes de la gauche libérale, les premiers fondateurs du Parti Radical. Et nous ne l'avons jamais fait aussi avec Ernesto Rossi.

Nous ne l'avons jamais fait car la conscience est vive et présente en nous des diversités, des différences et même des fractures de génération qui nous séparaient d'eux. Mais c'est justement pour cela qu'est aussi vivant le sens de la continuité, la part de continuité qui ne peut pas ne pas exister ne fut-ce que pour le fait que sans eux nous n'aurions pas existé en tant que radicaux ou que nous aurions été profondément différents de ce que nous sommes devenus.

J'ai l'impression que pour exorciser cet élément de continuité, on accomplisse fondamentalement une oeuvre de falsification historique, une censure honteuse d'une partie des choix et de la vie politique de ces hommes. Je ne parle pas uniquement d'Ernesto Rossi; je parle aussi des autres. Comment peut-on écrire en effet un article de près de cinq colonnes sur Ernesto Rossi, comme l'a fait Enzo Forcella sur "Il Messaggero", sans mentionner le Parti Radical? Le groupe du "Mondo" est décrit uniquement comme un cercle d'amis, alors que le Parti Radical disparaît. Le choix de Forcella est tout à fait compréhensible, d'un point de vue personnel: car Forcella faisait partie de ce cercle d'amis, alors qu'il ne faisait pas partie du Parti Radical. Mais il existe une autre façon d'exorciser le Parti Radical, et de sacrifier une identité historique, également personnelle, de ces hommes, à sa propre mémoire et à ses propres, différentes, expériences existentielles.

Ce n'était donc qu'un "cercle d'amis". Et politiquement, que voulaient-ils? Une troisième force, la troisième voie entre le Parti communiste et la Démocratie chrétienne: en définitive le "lamalfismo" (13) ou la préparation du centre-gauche. Mais de quelle façon? Ces hommes proposent une nouvelle fois - en polémique avec Togliatti (14) - l'anticléricalisme et la lutte contre l'art. 7 (15) et le Concordat, ils sont les premiers à dénoncer l'immoralité publique des gouvernements démocrates-chrétiens, ils sont les premiers à parler - Pannella n'a pas inventé la parole -, à la moitié des années Cinquante, de "régime"; ces hommes, sur ces choses, fondent un parti! Peut-on liquider, peut-on ignorer tout cela, sans appauvrir, sans réduire à autre chose, autrement dit sans falsifier l'expérience d'une génération de radicaux?

C'est un comportement très répandu. L'article à coté de celui de Forcella est même d'un ancien radical, Giuseppe Loteta. Il est intitulé "Le courage d'être impolitique". A une première lecture, ça peut même paraître un beau titre, un grand compliment, si l'on pense aux mauvaises habitudes et aux caractéristiques de la politique italienne pas uniquement aujourd'hui, mais à l'époque aussi. Mais ensuite la réflexion prend sa place.

Je fais de l'antifascisme militant, je me fais 13 ans de prison, le lendemain je recommence immédiatement de nouvelles batailles, toutes politiques et journalistiques, et je continue inlassablement pendant plus de 20 ans. Et je serais un "impolitique"! Treize années de prison "impolitiques", un demi-siècle de luttes "impolitiques"!

Tout ce qu'il faisait était un rude travail, souvent arraché à de nombreuses difficultés. Et chacune des périodes de son engagement politique, lorsqu'elle se terminait, chacune de ses amitiés et compagnies politiques, lorsqu'elle s'achevait, était suivie - je le rappelle parce que je ne voudrais pas apporter moi aussi une contribution à sa sanctification - par des crises nerveuses. Comme il était insupportable, comme il était difficile de rester à ses cotés dans ces moments-là! Son chien lui aussi devenait névrotique. Tant qu'il ne réussissait pas à trouver, avec difficulté, les objectifs, les moyens, les collaborations pour un nouvel engagement. Et alors il sortait de ces crises, sachant quoi faire, quelles batailles, avec quels moyens, avec quels délais, avec qui.

Tout le contraire d'un impolitique. C'était un militant politique extraordinaire, le seul parmi les radicaux de cette génération qui eut aussi une capacité extraordinaire d'agrégation d'autres énergies militantes. Il suffit de penser à l'organisation de "Non Mollare". Il suffit de penser aux Congrès des "Amis du Mondo" dont il fut le vrai organisateur.

Mais la prédisposition à ces lieux communs est aussi une autre façon de massacrer une pensée et une action politique radicalement alternatives.

Salvemini, grâce au fait qu'Ernesto Rossi lui a survécu, a vu ses oeuvres recueillies et publiées une nouvelle fois. Est-il possible qu'il n'y ait pas aujourd'hui un éditeur qui sente le besoin de publier à nouveau les livres d'Ernesto Rossi, de publier à nouveau Rosselli? Est-il possible que Gobetti (16) doit être remis en circulation uniquement lorsque Paolo Spriano ou les hommes de l'édition communiste décident de le proposer encore une fois et de le réétudier?

L'histoire de ces hommes est aussi l'histoire de ce massacre culturel d'une minorité. Leur souvenir doit être arraché, remédiant à ce massacre. Le régime, l'absence de démocratie, commence ici: de ce besoin de renverser l'identité d'autrui, de rendre méconnaissables les caractéristiques du différent, de l'hérétique.

L'actualité d'Ernesto Rossi est encore, et entièrement, ici. Ernesto Rossi, ni héros ni saint, mais Ernesto Rossi penseur et homme d'action. Ernesto Rossi militant politique, militant politique radical. C'est cet Ernesto Rossi que, dans l'intégrité de toute sa vie, dans l'actualité de sa pensée, dans ses contradictions et également dans ses erreurs, nous devons redonner à la politique et à la culture de notre pays et à la connaissance des générations futures.

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N.d.T

1 - LID. Sigle de la Ligue Italienne pour le Divorce. Fondée en 1965 par Marco Pannella, Mauro Mellini, Loris Fortuna (député socialiste) et Antonio Baslini (député libéral), elle organisa les forces en soutien de l'introduction de la loi présentée par les deux parlementaires, en misant surtout sur les énergies des séparés et de ceux qui avaient la nécessité de résoudre leurs problèmes familiaux. Elle eut un rôle essentiel dans la mobilisation des divorcés et des militants qui permirent l'introduction de la loi en Italie. Ce fut le premier exemple, en Italie, d'un organisme né autour des thèmes des droits civils. La LID était fédérée au Parti radical.

2 - FORTUNA LORIS. (Breno 1924 - Udine 1985). Homme politique, italien. Présentateur, en 1965, du projet de loi sur le divorce approuvé au parlement, après des années d'initiatives et de batailles menées aux côtés du Parti radical, en 1970. Présentateur aussi de projets de loi sur l'avortement et sur l'euthanasie passive (mais ce dernier n'est pas passé). Ministre de la Défense civile et des affaires communautaires.

3 - SARAGAT GIUSEPPE. (Turin 1898 - Rome 1988). Socialiste, exilé en Autriche sous le fascisme. Ministre dans le premier gouvernement Bonomi de 1944, président de l'Assemblée Constituante en 1946. En 1947 il dirigea la scission de l'aile droite du Parti socialiste italien (PSI) fondant le PSLI (Parti socialiste des travailleurs italiens), ensuite PSDI (Parti socialiste démocrate italien). Vive-président du Conseil et Président de la République de 1964 à 1971.

4 - P2. Nom d'une loge maçonnique, dont les adhérents étaient couverts par le secret. A sa tête se trouvait Licio Gelli. Indiquée comme le lieu où l'on trama d'obscures manoeuvres politiques et où l'on géra de gros scandales financiers. Dissoute en 1981 par décision du gouvernement. Ses adhérents subirent presque tous une longue quarantaine politique et sociale.

5 - SALVEMINI GAETANO. (Molfetta 1873 - Sorrento 1957). Historien et homme politique italien. Socialiste à partir de 1893, méridionaliste, il fonda l'hebdomadaire "L'Unità", devenu très vite un lieu important de débats. En 1925, il fonda à Florence, avec les frères Rosselli, le périodique clandestin "Non Mollare". Il se réfugia ensuite à l'étranger (USA) où il lança des campagnes d'information antifascistes.

6 - ROSSELLI CARLO. (Rome 1899 - Bagnoles de l'Orne, France, 1937). Homme politique, italien. Antifasciste, il fonda avec Nenni et dirigea le périodique "Quart Etat" (1926). Il fut exilé à Lipari (1927) d'où il s'enfuit de façon rocambolesque. En France, il fut parmi les fondateurs du mouvement "Justice et Liberté". En Espagne, il s'engagea avec les républicains en 1936. Il fut assassiné avec son frère, historien, par des membres de la cagoule, sur ordre des services secrets italiens. Son livre "Socialisme libéral", de 1928, est célèbre.

7 - SPINELLI ALTIERO. (Rome 1907 - 1986). Pendant le fascisme, de 1929 à 1942, il fut emprisonné comme leader des jeunesses communistes. En 1942 il rédigea avec Ernesto Rossi le "Manifeste de Ventotene", dans lequel on affirme que seule une Europe fédérale pourra éviter le retour des guerres fratricides sur le continent européen et lui rendre un rôle mondial. A la fin de la guerre, il fonda avec Rossi, Eugenio Colorni et d'autres, le Mouvement Fédéraliste Européen. Après la crise de la Communauté Européenne de Défense (1956) il devint membre de la Commission Europe, suivant de ce poste d'observation et critiquant l'évolution des structures communautaires. En 1979 il fut élu au Parlement Européen dans les listes du Parti Communiste italien (PCI), devenant l'esprit directif dans la réalisation du projet de traité adopté par ce Parlement en 1984 et connu précisément comme le "Projet Spinelli".

8 - IL MONDO. Hebdomadaire de politique et culture, fondé à Rome en 1949 par Mario Pannunzio. Pendant dix-sept ans il fut l'expression et le symbole de la meilleure tradition laïque, libérale, radicale et démocratique italienne. La plupart de ses journalistes participèrent à la fondation du Parti radical. Il cessa ses publications en 1966, et fut repris par Arrigo Benedetti en 1969. Il s'est transformé par la suite en hebdomadaire à caractère économique.

9 - PANNUNZIO MARIO. (Lucca 1910 - Rome 1968). Journaliste, italien, libéral. Directeur du quotidien "Risorgimento Liberale" entre 1943 et 1947, il fonda ensuite (1949) l'hebdomadaire 'Il Mondo" qu'il dirigea pendant dix-sept ans le faisant devenir un modèle inégalé de journalisme moderne européen. Inscrit au Parti libéral italien, il fut ensuite parmi les fondateurs du Parti radical, qu'il contribua pourtant à liquider quand fut formé le centre-gauche.

10 - CONFINDUSTRIA. Confédération générale de l'industrie

italienne.

11 - VIA VENETO. Célèbre rue du centre de Rome, qui était fréquentée habituellement le soir par le monde politique et du spectacle, surtout dans les années soixante.

12 - FEDERCONSORZI. Sigle de la Fédération italienne des syndicats agricoles. Fondée en 1892, elle exerça des fonctions d'assistance à la production, à la distribution, et d'assistance financière à l'agriculture.

13 - LA MALFA UGO. (Palerme 1903 - Rome 1979). Homme politique, italien. Parmi les fondateurs du Parti d'Action (1942), il adhéra ensuite au Parti républicain (1948) en le transformant pour essayer d'en faire le parti libéral moderne lié aux forces de production. Il fut son secrétaire de 1965 à 1975, et ensuite son président. Plusieurs fois ministre et vice-président du Conseil (1974-76). Un des pères de la libéralisation du commerce dans l'après-guerre.

14 - TOGLIATTI PALMIRO. (Gênes 1893 - Yalta 1964). Collaborateur, à Turin, de A. Gramsci, parmi les fondateurs du Parti Communiste Italien, dont il fut secrétaire de 1927 jusqu'à sa mort. En exil en Russie il fit partie du secrétariat du Komintern et eut un rôle important dans la guerre civile espagnole. Rentré en Italie en 1944, il lança une politique "nationale" à partir du vote sur les pactes de Latran, se heurtant aux forces laïques du pays. Au gouvernement de 1944 à 1947, comme ministre aussi. Après les élections de 1948, il monopolisa le rôle de l'opposition mais favorisa aussi de façon prioritaire le "dialogue" avec la Démocratie Chrétienne et le monde catholique, sans jamais rompre avec le Vatican. Le projet de "voie nationale au socialisme" n'atteignit pas son objectif de fond, et conduisit même le système politique dans une impasse, empêchant la gauche de conquérir une "alternance" de gouvernement à la Démocratie Chrétienne.

15 - ARTICLE 7. L'art. 7 de la Constitution italienne reconnaît et "constitutionnalise" le Concordat entre l'Etat et l'Eglise signé en 1929. Il fut voté à l'Assemblée Constituante par Togliatti et le Parti communiste avec l'opposition des socialistes, du Parti d'action, etc. Le Concordat fut renouvelé, sous une nouvelle formulation, en 1984 (gouvernement Craxi).

16 - GOBETTI PIERO. (Turin 1901 - Paris 1926). Il publia très jeune une revue célèbre, "La révolution libérale", amorçant une révision du libéralisme, pour l'ouvrir à la compréhension du monde ouvrier. En 1926, poursuivi par le fascisme, il émigra en France où il mourut. Il fonda la revue "Il Baretti" et publia le premier recueil de poésies de Montale.

 
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