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Pannella Marco - 10 giugno 1992
Etats-Unis d'Europe
Intervention de Marco Pannella au Parlement européen

SOMMAIRE. Il déplore que le Président du Conseil ait éludé le débat. Mais en général, pourquoi le PE devrait-il se plaindre des réactions du Conseil pour ses prises de position? Malheureusement, face à ces inattentions, le PE n'est capable que d'avancer des protestations et des chapelets de revendications, toujours régulièrement ignorées par le Conseil. Pour sa part, on comprend alors que la Commission n'entende pas s'opposer au Conseil, se contentant d'essayer de travailler avec le PE de la meilleure façon possible. Mais cela ne peut avoir lieu que grâce à la présence et au travail de Delors. Il invite encore la Commission et son président à montrer davantage de courage.

(DISCUSSIONS DU PARLEMENT EUROPEEN, 10 juin 1992)

Pannella (NI). Monsieur le Président, Monsieur le Président de la Commission je ne dirais pas Monsieur le Président du Conseil, car celui ci a fui dans les coulisses. Si les raisons de la »Realpolitik ont poussé ce dernier dans les coulisses, au lieu de rester ici à défendre la position du Conseil, cela ne peut pas lui être reproché, car c'est dans la ligne même de la politique du Conseil que d'agir ainsi. Cela est remarquablement illustré par son président en exercice qui, à défaut d'avoir honte, a cependant eu quelque pudeur à quitter ce débat. Je crois que la pudeur pourrait s'appeler aussi hypocrisie, mais je n'insisterai pas là dessus, car je suis totalement d'accord avec ce que M. De Giovanni vient de dire.

Je ne suis pas, en général, en désaccord avec ce qu'on a dit, sauf sur un point, mes chers collègues. C'est que nous devrions nous en prendre à nous mêmes avant de nous en prendre aux autres! Pourquoi devrions nous craindre les réactions du Conseil à nos prises de position? Il les ignore! Alors que, dans le rapport Martin, nous réclamions de pouvoir nous exprimer non seulement sur l'équipe, mais aussi sur le programme de la Commission, cela n'a même pas été retenu à Maastricht et notre Parlement a réagi comme il en a l'habitude! Nous avons un chapelet de revendications réalistes que nous égrenons depuis 10 ans, au nom du réalisme politique. Et, lorsque, à chaque fois, le chapelet tout entier est jeté aux poubelles, le Parlement s'en plaint et il recommence à égrener un autre chapelet. Alors, je comprends: il y a, dans la folie du Conseil, une certaine lucidité: il n'est pas en mesure de nous conduire à la réalisation des Etats Unis d'Europe ou de l'Union européenne! Il y a une crise de la démocratie dans l

a plupart de nos pays, nous la ressentons une crise de la politique communautaire et de la politique étrangère. Mais le Parlement peut il réellement reprocher au président de la Commission de ne pas avoir choisi une alliance politique, qui pouvait être aussi institutionnelle sur bien des points, opposant notre Parlement au Conseil? Quant à moi, je le fais, mais un Parlement qui n'a jamais défendu ses points de vue avec courage et rigueur n'est pas un allié fiable!

Je comprends donc la Commission qui continue à choisir cette servitude peut être glorieuse, mais j'en doute et qui essaie par tous les moyens de travailler avec le Conseil, au prix de ne plus être l'exécutif communautaire qu'elle se doit d'être. L'humilité, certes est une vertu, mais c'est une vertu funeste. Elle n'est pas acccptable, même si elle est compensée par le prestige singulier et mérité de son président!

Certes, nous aurons le président Delors pendant deux ans encore, heureusement! Mais, pouvons nous être sûrs dc son arritude, alors qu'approchent les années cruciales? M. De Giovanni, encore une fois, l'a dit: que seront 1993 ct 1994 maintenant que le long tunnel qui a commencé avec l'Acte unique va déboucher sur Maastricht, maintenant que, au dehors, l'histoire gronde et nous ensevelit tous, Conseil, Commission et Parlement! Et avec eux, l'Europe, l'inrernationale socialite, le PPE, sans oublier nos ministres des affaires étrangères! A Sarajevo, nous retrouvons l'Europe du ghetto de Varsovie. Mais, ainsi, c'est la lâcheté peut être qui nous sauve, car, en dépit de la gravité du crime que nous avons répeté après Munich, notre lâcheté nous sauve: nous avons peur d'aller jusqu'au bout. Telle est la réalité!

Dans ces conditions puis je souhaiter, contre toute attente raisonnable, Monsieur le président de la Commission, qu'à partir des deux prochaines années vous osiez relancer ce Parlement qui ne le mérite pas, mais qui a des textes souvent remarquables, ce que le Conseil n'a jamais eu depuis, malheureusement, l'Acte unique entériné par nos institutions!

En effet, en marière de politique européenne, il faudra de plus en plus regarder dans les coulisses du Conseil! Car, dans les politiques que nous allons mener envers l'Est et le reste, nous savons très bien que l'agro-alimentaire, le complexe militaro industriel, le narcotrafic seront beaucoup plus puissants que nous. Mais, j'espère malgré tout que vous irez, vous Commission, au delà de ce qu'il est raisonnable d'attendre de vous.

Cela est déjà arrivé dans le passé, Monsieur le président de la Commission. Si donc vous trouvez un texte remarquable et vous en trouverez de ce Parlement, ne le laissez pas dans les poubelles de la politique menée par nos institutions, car ce serait tout simplement le laisser dans les poubelles de l'histoire. C'est triste de le dire, mais c'est à l'exécutif, qui doit montrer le courage que nous n'avons pas en tant que parlementaires, que j'adresse cet appel et cet espoir! Quant au Conseil, c'est dans les coulisses de l'histoire qu'il a trouvé sa place. Je propose donc, Monsieur le Président, de donner dorénavant comme place fixe au Conseil, celle qu'il occupe maintenant, c'est à dire dans les coulisses, làbas, derrière!

 
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