Intervention de Marco Pannella au Parlement européenSOMMAIRE. De l'Acte Unique à aujourd'hui, la Commission a choisi un chemin qui éloigne les peuples européens de la possibilité même de comprendre ce qui est en train de se passer. La realpolitik des institutions européennes nous oblige désormais à n'être que les "témoins" d'une "Europe dépassée" et impuissante. Les institutions européennes sont incapables de réaliser l'unité institutionnelle, et le Mouvement Européen et le Mouvement fédéraliste sont "des caricatures du passé". Il faut reprendre de nouveau la "révolution libérale", mais celle-ci passera ailleurs que par l'Assemblée parlementaire européenne".
(DISCUSSIONS DU PARLEMENT EUROPEEN, 10 juin 1992)
Pannella (NI). (IT) Monsieur le Président, Monsieur le Président du Conseil, Monsieur le Président de la Commission, chers collègues, pour reprendre l'épithète que le président de la Commission applique aux travaux du Conseil de ministres et de nos sommets, incompréhensibles ces travaux le sont à coup sûr! Malheureusement pour elle, de l'Acte unique à aujourd'hui, la Commission a choisi de faire alliance avec l'incompréhensible et d'emprunter une voie qui éloigne toujours plus nos peuples de la possibilité de comprendre ce qui se passe.
Nous avons à nouveau besoin de rêver et tout ce que vous trouvez à nous donner, ce sont de tristes utopies, encore et toujours, et je dois dire, un tantinet misérables et irréalisables. Votre realpolitik nous contraint à être, tout comme nous l'avons été au cours des cinq années écoulées, les témoins dépassée d'une Europe dépassée qui brille par son absence et son impuissance, qu'il s'agisse des problèmes du tiers monde, qu'il s'agisse des problèmes de l'ancienne Union soviétique. Votre collaboration et votre union politique témoignent de votre incapacité à réaliser l'unité institutionnelle. Vous êtes dans vos pays des gouvernements usés, de plus en plus usés, vous êtes dans vos cadres nationaux des partis de plus en plus usés, et vous êtes en train de gâcher de plus en plus les chances d'une dimension historique qui soit à la hauteur des grands problèmes de notre temps, de notre société. Nous manquons de personnalités politiques capables de percevoir cela. Le Mouvement européen et le Mouvement fédéraliste s
ont de vieilles caricatures du passé. Il faut que cette révolution liberale, cette révolution fédéraliste que nous devons accomplir se concrétise.
Pour l'heure, ce n'est pas non plus à travers cette Assemblée que s'accomplira cette révolution, car au sein de vos partis, mes chers collègues, vous n'êtes rien d'autres que les instruments, les victimes, de l'incomprehension et de l'incapacité du Conseil et, hélas, de la Commission qui a choisi d'épouser la cause du Conseil plutôt que la notre.