SOMMAIRE: Les raisons pour lesquelles une série de représentants radicaux ne participeront pas à la marche "Pour la paix en ex-Yougoslavie". "Dans le manifeste de convocation de l'initiative, encore une fois, les agresseurs ne sont pas identifiés clairement, autrement dit ces politiques et ces militaires serbes qui ont imposé, depuis deux ans, une nouvelle guerre nazi-communiste au monde" et c'est justement "la continuation coupable de ce manque de clarté dans l'identification de l'agresseur" qui a porté à une "politique d'omission aveugle, et parfois même de connivence, de la part des institutions de la Communauté internationale et de la Communauté Européenne".
[Suit le texte du manifeste de convocation de la Marche Ancône-Falconara]
ET NOUS N'Y SERONS PAS (Avec regret)
Il est difficile de dire NON lorsqu'on est convaincu que ceux qui organisent une initiative comme celle de la marche de Ancône à Falconara sont poussés par une opposition sincère à la guerre et animés par une solidarité qui veut être concrète, "solide", et n'étant pas faite de paroles vides. Mais nous sommes convaincus aussi qu'une action nonviolente, et non vaguement "pacifiste", doit avoir les caractéristiques de la clarté pour être efficace et non à effet contraire. Il n'existe pas de politique qui ne se base pas sur un choix clair de partie, d'autant moins une politique de paix: il faut en définitive se ranger avant tout de manière responsable.
Dans le manifeste de convocation de l'initiative (et dans les tracts qui la publicisaient), encore une fois, on n'identifie pas avec clarté les agresseurs, c'est-à-dire ces politiques et ces militaires serbes qui ont imposé, depuis deux ans, une nouvelle guerre nazi-communiste au monde. On affirme, par exemple, que les "responsabilités principales de ce qui s'est passé" doivent être attribuées à Milosevic, faisant comprendre que les agressés aussi, ceux qui ont vu les chars attaquer et occuper plus de 65% de leur territoire partagent une partie des fautes.
Nous n'avons pas l'impression qu'il en soit ainsi. Nous croyons vraiment que la continuation coupable de ce manque de clarté dans l'identification de l'agresseur ait amené à une politique d'"omission" aveugle, et parfois même de connivence, de la part des institutions de la Communauté internationale et de la Communauté Européenne en particulier, une politique qui nous a remis la situation actuelle qui est dramatique. Une situation qui ne peut donc se résoudre, comme vous l'écrivez dans le Manifeste, en suivant la voie de la négociation... entre les parties en conflit. Il doit être clair qu'aucune "conquête" obtenue par les armes, l'épuration ethnique, la violence, les viols, ne peut faire l'objet d'un accord.
C'est pourquoi aujourd'hui - comme toujours - il ne nous suffit pas de "témoigner" vaguement contre la guerre. Il faut financer dès maintenant, et nous sommes déjà terriblement en retard, l'état civil de plus d'un million de réfugiés, construire une documentation sur leurs villes d'origine effacée par le nettoyage ethnique. Préparer, en somme, le retour chez eux de ceux qui ont été expulsés. Il faut faire pression pour que soit immédiatement institué le Tribunal International Contre les Crimes déjà délibéré par la résolution 808 du Conseil de sécurité contre les criminels "serbes" de guerre et de paix, criminels avec lesquels, par contre, les "diplomaties" se réunissent tous les jours, pour négocier des trêves pour leurs adversaires et leurs victimes.
Il faut surtout et immédiatement isoler diplomatiquement et économiquement les assassins serbes en commençant par le régime de Milosevic.
Nous sommes convaincus que seule une grande mobilisation internationale nonviolente, sur les places et dans les sièges institutionnels, puisse amener à l'isolement politique des agresseurs et donner une efficacité aussi aux efforts louables de tous ceux qui dans le monde s'emploient à la récolte d'aides humanitaires.
Emma Bonino, Président du PR
Sergio Stanzani, Secrétaire du PR
Paolo Vigevano, Trésorier du PR
Rita Bernardini, Président du Conseil Général de la CORA
Luca Frassineti, membre du Conseil Général du PR
Laura Terni, Secrétaire du Groupe Satyagraha
Laura Arconti, Secrétaire de l'Association Vie et Désarmement
Roberto Cicciomessere, député du Groupe fédéraliste Européen
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Texte du manifeste de convocation de la Marche Ancône-Falconara
POUR LA PAIX EN EX-YOUGOSLAVIE
DIMANCHE 28 MARS 9h30
DE ANCONE A FALCONARA
MARCHE NATIONALE DE LA NOUVELLE SOLIDARITE
ORGANISEE PAR L'ARCI, L'ANPAS, L'ASSOCIATION POUR LA PAIX, LES ACLI
Dans la ex-Yougoslavie, le présent est devenu l'horreur pour des millions de personnes, projetant une ombre obscure sur le futur de toute l'Europe. Deux années se sont écoulées depuis le début de la guerre et un an depuis que, en Bosnie-Herzégovine, une phase extrême a commencé pour les violences, les cruautés, les vexations.
Dans notre pays beaucoup, vraiment beaucoup de gens ont agi pour la solidarité et la paix en ex-Yougoslavie.
Aux côtés des réfugiés, des victimes, de ceux qui ont refusé de prendre les armes, des oppositions démocratiques contre la folie de la guerre nous nous sommes engagés, partout en ex-Yougoslavie, en Italie et en Europe pour garder ouverte la voie du dialogue, de la négociation, de la solution politique - respectueuse des droits des peuples, des minorités, des personnes - contre la logique de la vexation, des "solutions armées", du nettoyage ethnique.
Nous avons manifesté jusque devant le Parlement serbe contre Milosevic, au régime duquel doivent être attribuées de loin les plus grandes responsabilités de ce qui s'est passé, partout nous avons dénoncé la spirale perverse de provocations politiques et de réponses armées dont toutes les leadership nationales ont des responsabilités dramatiques; nous nous sommes mobilisés pour la fermeture des camps de concentration et contre la barbarie des viols ethniques.
Dans les camps de réfugiés, dans les villes et dans les villages détruits, avec les aides et les volontaires, nous avons contribué à donner une voix aux valeurs de coexistence, de paix, à la confiance dans un futur multiethnique.
Partout nous avons soutenu les efforts des Nations Unies et de ses agences, pour qu'ils gèrent la crise sur la base de principes universels et équitables.
Aujourd'hui, nous sentons que ces idées doivent trouver davantage de force et de visibilité, peser dans la discussion politique, orienter les choix de notre Gouvernement, offrir une possibilité d'engagement à beaucoup d'hommes et de femmes.
Devant l'aggravation de la situation en Bosnie-Herzégovine, devant d'autres fronts de guerre qui se rallument et la menace de nouveaux conflits dans la région, nous sentons grandir l'illusion qu'une intervention armée puisse résoudre une crise aussi dramatiquement complexe, aussi bien en ex-Yougoslavie que dans toute la région des Balkans.
L'expérience des derniers mois nous dit au contraire que, pour affirmer une paix durable, il n'existe d'autre chemin que la négociation, fondée sur le respect des droits des peuples, des minorités et des êtres humains, et que toutes les pressions possibles, politiques, économiques et diplomatiques sur les parties en conflit doivent viser à ce but.
Seules les Nations Unies peuvent offrir le siège de cet accord, et être les garants effectifs de sa mise à effet. Et les Nations Unies doivent être mises dès maintenant en mesure de recevoir un mandat adéquat et les instruments nécessaires pour poursuivre et étendre leur action humanitaire et de prévention. Il est inacceptable que l'arrivée des aides soit empêchée, mais il n'appartient qu'à l'ONU de prendre les décisions nécessaires pour garantir l'ouverture et le maintien des couloirs humanitaires. La levée du siège à Sarajevo et dans les zones isolées pourrait donner une grande impulsion à la solution de la crise.
Nous sommes convaincus que le premier devoir de la communauté internationale est de poursuivre les crimes de guerre, les viols, de sanctionner toutes les violations des droits humains.
Il y a besoin, aujourd'hui plus que jamais, d'un grand exercice de responsabilité de la part de chaque pays pour éviter que des intérêts particuliers ou de puissance aggravant ultérieurement la situation. Il faut par contre développer les politiques d'aide et d'accueil pour les populations atteintes, en particulier en Italie, où la gestion des fonds alloués pour les aides est désormais un véritable scandale par manque de transparence, par incapacité de projet et de dépense, par l'absence d'une politique sérieuse d'accueil, par refus de toute reconnaissance et valorisation des initiatives de la société civile.
Nous faisons appel aux forces de paix et de solidarité pour construire ensemble un grand rendez-vous pour la paix en ex-Yougoslavie, pour un cessez-le-feu en Bosnie-Herzégovine, pour la libération de Sarajevo et de toutes les communautés assiégées, pour le salut des vies en danger, pour la défense des droits de toutes les populations atteintes. Aux forces syndicales, politiques, sociales, associatives, à l'Italie civile et démocratique nous proposons de nous retrouver Dimanche 28 Mars pour donner corps à une MARCHE DU PORT D'ANCONE A FALCONARA, siège du pont aérien pour Sarajevo. Nous voulons témoigner notre opposition active et concrète à la guerre et à la violence ethnique, avec la présence de milliers de personnes et la réalisation d'un grand convoi d'aides humanitaires.