Lettre de Emma BoninoSOMMAIRE: Lettre avec laquelle est ouverte la Campagne d'inscriptions 1995 au Parti radical.
La lettre a été envoyée avec un dépliant qui illustre la situation des campagnes politiques en cours. Le dépliant est disponible, en format PDF (il peut être lu et imprimé par n'importe quel ordinateur avec le programme Acrobat Reader distribué gratuitement dans le secteur FILE AGORA').
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Chère amie, cher ami,
Mon devoir est de t'exposer, dans ses éléments essentiels, la situation dans laquelle se trouve le Parti Radical, transnational et transparti. Il dépendra de ta responsabilité de répondre ou de laisser tomber, en éludant les problèmes que je te pose.
Et donc: justement maintenant que nous pourrions fêter un succès de grand prestige, le parti traverse de nouveau une crise très difficile d'énergies et de ressources. Y-a-il de quoi s'étonner? Si un organisme se développe en ne se contentant pas de vivoter mais en poursuivant des objectifs de plus en plus difficiles, il doit se préparer à ce dilemme draconien: ou bien réussir et se développer ou bien fermer, sans tromper (ou décevoir) personne.
Que ce soit bien clair. En ce qui nous concerne, nous voulons aller de l'avant, parce que nous considérons que les raisons y sont. Juge toi-même si ce sera possible.
Le 23 novembre, au cours d'une cérémonie publique à Rome, nous avons remis au Secrétaire Général de l'ONU, Boutros Boutros-Ghali, l'Appel pour la constitution de la Cour Pénale Internationale sur les crimes contre l'humanité, souscrit à ce jour (mais les adhésions continuent à parvenir) par 7 Prix Nobel, 15 ministres ou membres de gouvernement, 117 parlementaires européens, 82 députés italiens, et 625 députés de 38 pays appartenant à plus de 157 partis politiques "nationaux".
Ce fut une cérémonie importante. Mais ce n'est pas la première fois que le représentant de la Communauté des Peuples "dialogue" avec nous, le parti politique qui s'est constitué et qui travaille ayant comme interlocuteur non pas des scénarios et des projets nationaux, mais, justement, l'ONU et les problèmes du monde d'aujourd'hui. Boutros Boutros-Ghali avait envoyé un message à l'Assemblée des parlementaires du Parti Radical, transnational et transparti, de Sofia (15-18 juillet 1993). L'Assemblée souligna dans la motion conclusive le passage - loin d'être formel - où Boutros-Ghali rappelait que "l'impératif de la paix doit avant tout s'inscrire dans la conscience des individus; l'impératif du développement est désormais ressenti comme un droit de l'homme: la démocratie est le nouvel impératif que nous assignons".
Ensuite le 2 novembre 1993, à New York, une délégation de juristes, de parlementaires et de chercheurs organisée par le parti et conduite par moi-même a rencontré le Secrétaire Général de l'ONU et lui a remis plus de 25.000 signatures venant du monde entier pour l'installation du Tribunal international ad hoc pour les crimes de guerre commis en ex-Yougoslavie. Ce fut une initiative juste et opportune: ces jours-ci, à La Haye, le Tribunal est en train de célébrer les premiers procès (notre presse, lorsqu'elle en parle, oublie bien volontiers combien il nous coûta d'obtenir cette victoire).
En Italie aussi, à l'improviste, l'engagement du parti a obtenu un résultat important: alors que dans le siège de New York, avec mes camarades du secrétariat, je mettais toute l'énergie possible pour talonner les travaux de la 49ème session de l'Assemblée Générale des Nations Unies et de son 6ème Comité, où est en discussion l'institution de la Cour pénale internationale pour les crimes contre l'humanité et la suspension - dans le monde entier - des exécutions capitales, j'ai eu l'honneur d'être nommée par le gouvernement, Commissaire de la Communauté Européenne.
Mes fonctions nous offriront l'opportunité d'affirmer également, grâce à mon travail, nos idées et nos valeurs. C'est en pensant à cela - et certainement pas à des "lotissements", des "fauteuils", et à tout ce qui nous a été reproché - que j'ai accepté ce poste.
Ces succès ont été possibles grâce aux centaines et aux milliers de citoyens qui nous ont soutenus sur le plan militant ou sur le plan financier. Une grande campagne, unique et qui ne s'est pas répétée, amena en février 1993 plus de trente mille citoyens italiens à s'inscrire, et nous recueillîmes alors 13 milliards. Sur cette base exceptionnelle de consensus et de confiance nous avons aussi développé l'année dernière d'autres initiatives dont le parcours et les résultats se trouvent dans les fiches ci-jointes.
Et toutefois - j'insiste - alors que, en rencontrant Boutros-Ghali à Rome, nous avons obtenu notre succès le plus éclatant, et les jours-mêmes où nous serons en train de vivre - à New York ou à Rome, à Moscou ou à Zagreb - les moments les plus délicats de l'initiative pour l'institution de la Cour Pénale Internationale et pour le moratoire de la peine de mort (en essayant de gagner la bataille très dure en cours à l'Assemblée de l'ONU sur ces deux thèmes), nos nécessités financière accrues risquent de rendre vain tout effort. L'argent recueilli en 1993, même s'il a été soigneusement administré, de même que celui des inscriptions et des contributions suivantes, est épuisé (les fonds, recueillis pour l'"Opération New York New York" sont, évidemment, strictement réservés aux dépenses pour cette initiative spécifique). Bref, avant la fin de l'année nous pourrions nous trouver dans l'obligation de déclarer la cessation des initiatives, et la fermeture "de fait".
Nous avons - j'ai - décidé de réagir, en inaugurant immédiatement la Campagne d'inscriptions 1995. Je le fais la conscience tranquille.
Si nous réussirons, l'année qui nous attend sera riche de rendez-vous. Nous organiserons le 37ème Congrès, où nous ferons un bilan politique des objectifs que nous nous étions fixés avec la Motion de Sofia, nous projetterons de nouvelles initiatives, nous vérifierons la congruité de la forme statutaire pour d'éventuelles corrections ou pour de nouvelles hypothèses d'organisation.
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Chère amie, cher ami,
notre parti, de grands espoirs et grandes batailles démocratiques, est nécessairement (mais oui, nous nous le sommes répétés jusqu'à l'ennui!) le parti le plus cher, probablement, de tous les partis du monde. Mais c'est là-même sa raison d'être: seul un parti qui "vaut" chaque jour, pour ses inscrits, au moins autant qu'ils sont prêts à dépenser chaque jour pour acheter un journal peut prétendre représenter de grands idéaux. Pour le reste c'est un parti pauvre, avec des structures minimales, moins qu'essentielles. Qui peut même fermer, d'un coup, s'il n'y a pas d'énergies, d'inscriptions et de souscriptions pour l'alimenter. Comme aujourd'hui, si tu ne décides pas, si tu n'agis pas.
C'est pour cela que j'ai ouvert la campagne d'inscriptions 1995. En décembre nous ferons les premiers bilans. On peut réussir, mais uniquement si toi - justement toi - tu commences à nous donner un coup de main, en t'inscrivant. Pour toi, pour moi, pour ceux qui grâce à nous ont retrouvé une partie d'eux-mêmes qui se consommait, et pour ceux qui ont trouvé quelque chose de nouveau qui a éveillé leur curiosité et qui les a passionnés et qu'ils ne voudraient pas perdre à présent. Encore une fois ensemble, pour imaginer et réaliser le futur.
Téléphone, si tu as une carte de crédit, au ++39/6/689791. Ou envoie un mandat télégraphique au "Partito Radicale, via di Torre Argentina 76, 00186 Roma", en indiquant tes données d'état-civil et le motif du versement (inscription 1995). Mais tu peux aussi utiliser le coupon joint à cette lettre, ou le CCP.
Je t'en prie. Inscris-toi, mais fais inscrire aussi tes amis!
Fais-le tout de suite, d'accord? C'est urgent!
Emma Bonino